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Expliquer le comportement des Chevatim à des enfants

Rédigé le Dimanche 13 Novembre 2016
La question de Hana C.

Bonjour Rav,

J'enseigne à mes élèves la Parachat Miketz, et je me dis qu'il y a des choses qui sont difficiles à comprendre, comme par exemple le fait que les Chevatim (tribus) ont accusé Binyamin de "voleur fils de voleuse", ou encore quand ils l'ont bousculé violemment...

Comment les qualifier de Tsadikim ensuite ? Sans parler de la vente de Yossef...

Comment expliquer à des enfants ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Bonjour,

En effet, lorsque les frères de Yossef quittèrent le palais royal, Ménaché les poursuivit et leur prouva qu’ils étaient malhonnêtes après avoir trouvé la « coupe du roi » dans le sac de Binyamin.

Comme vous le mentionnez, ils le traitèrent de « voleur fils de voleuse » en faisant allusion à Ra’hel Iménou qui s’empara des statuettes de son père. Voir Béréchit, chapitre 31, verset 19.

Il n’est pas nécessaire de dire aux enfants que les frères frappèrent violemment Binyamin, comme cela est rapporté dans les Midrashim.

Le vol de Ra’hel Iménou est-il vraiment un vol ?

Nos Sages disent : ces statuettes étaient utilisées pour faire de la 'Avoda Zara.

Donc, Ra’hel voulait éloigner son père de la faute. Voir fin du Rachi sur Béréchit, chapitre 31, verset 19.

Selon Rabbénou ‘Hananel, rapporté dans Rabbénou Bé’hayé, c’est pour montrer à Lavan que ses dieux-idoles n’avaient aucune valeur, puisqu’elles ont été volées par un être humain.

Selon le Méchekh ‘Hokhma, Ra’hel s’empara des statuettes afin qu’Hachem puisse se dévoiler à son père après leur fuite et qu’Il le mette en garde. Hachem ne se dévoile pas dans les lieux où il y a de la 'Avoda Zara. Donc, pour qu’Hachem menace Lavan, il fallait obligatoirement les faire disparaître.

D’après le Targoum Yonatan, le Pirké Dérabbi Eliezer, et de nombreux autres commentateurs, ces statuettes étaient fabriquées ainsi : on égorgeait le fils aîné de la famille, on retirait ses cheveux de la tête, on le plongeait dans du sel afin qu’il ne pourrisse pas, et on le plaquait au mur après une certaine procédure de sorcellerie pour se prosterner devant lui. Cha'aré Aharon sur Béréchit, chapitre 31, verset 19, page 358.

Dans Béréchit, chapitre 19, verset 20 [le verset qui suit le « vol » de Ra’hel], il est dit : « Ya'acov vola [trompa] l’esprit de Lavan… en s’enfuyant sans lui dire quoi que ce soit ».

Il va sans dire qu’il ne s’agit pas de cambriolage ou de toute autre action malhonnête.

D’ailleurs, le Targoum traduit « Vatignov » [verset 19] par « Vekhassiat » et « Vayignov » [verset 20], par « Vékhassi ». Ces termes signifient cacher, dissimuler.

Il est vrai qu’extérieurement l’action est semblable à un vol, mais ce sur quoi il faut se concentrer, c’est le but recherché à travers cette action.

Il y a d’autres explications à ce sujet, mais, pour des enfants, suffisons-nous de cela.

Lorsque les frères de Binyamin le traitèrent de voleur, c’était sous l’effet de la colère, à un moment où toute la famille était en danger et courait de réels risques.

Bien entendu, ils profitèrent de la « fameuse action » de Ra’hel Iménou pour accuser [à tort] Binyamin.

En résumé :

Le vol est interdit.

Mais, parfois, il ne l’est pas.

Tout dépend des intentions de l’acteur et de ce que pense la Torah à propos d’une telle action.

Seconde explication

Dans Mikhtav Mééliyahou, volume 1, page 161-166, le Rav Dessler traite des « fautes » de nos ancêtres.

Le Rav 'Haïm Chmoulévits, également, traite de ce sujet dans Si'hot Moussar, année 5732, page 71.

Voici un bref résumé de leur analyse :

En fait, il est impossible de traiter d'un tel sujet, car nous n'avons aucune notion de la stature des personnes de l'époque.

Sachant également que la puissance des tentations de l'époque n'est plus semblable à celle d'aujourd'hui, toute tentative à ce sujet est plus ou moins vouée à l'échec.

D'autre part, lorsque les versets mentionnent une faute à propos de telle ou telle personne, c'est suivant l'appréciation et l'évaluation de la Torah.

Un acte qui, pour nous, serait une Mitsva, pourrait être un crime selon la Torah.

Une action qui, pour nous, serait de la charité, peut être considérée un meurtre ou du vol, selon la Torah.

L'analyse du meilleur microscope [humain] ne sera jamais assez précise pour aboutir à un résultat satisfaisant.

Il en est de même à propos de Ra’hel et des frères de Yossef, il est possible que des termes ou des actions soient mentionnés dans les versets, mais ce ne sont pas des mots à prendre à la lettre comme nous l’entendons dans un discours d’êtres humains.

En d’autres termes : tout dépend du niveau spirituel de la personne en question. Une même action peut être considérée comme une Mitsva, alors que, pour une autre, c’est une « faute ».

Pour illustrer cela, imaginons une splendide robe de mariée blanche. La moindre petite tache insignifiante lui ferait perdre toute sa splendeur.

Hachem est parfait. La Torah est parfaite. La moindre imperfection ne passe pas inaperçue.

Il y a des dizaines d’exemples à ce sujet.

Un exemple parmi tant d’autres :

Rav Safra vendait à ses clients sa marchandise pour le prix auquel il avait pensé en premier lieu, même si ses clients proposaient des prix bien plus élevés.

Pour lui, ne pas agir ainsi était considéré comme du mensonge.

Voir Talmud Baba Batra 88a et Talmud Makot 24a.

Il en est de même pour les actions de Ra’hel et des frères de Yossef :

Il est possible d’y trouver quelques infimes imperfections, comme cela est mentionné dans certains commentaires de nos Sages, les ‘Hakhamim ou des commentateurs qui les succédaient.

Les frères de Yossef considéraient certaines de ses actions comme étant des fautes très graves, c’est pourquoi ils le jugèrent en conséquence.

La Torah ne dissimule rien et met au grand jour la moindre des failles possibles.

Cette réponse est à développer davantage, mais suffisons-nous de cela pour l’instant.

Dans une classe d’enfants, il faut s’attarder sur la première explication.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Pniné haTorah

Pniné haTorah

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