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Essorer et absorber Chabbath

Rédigé le Mercredi 26 Mars 2014
La question de Johanna D.

Bonjour,

J'aimerais savoir si pendant Chabbath, il est interdit d'essorer, d'absorber, ou les deux ?

Par exemple, est-ce que je peux poser une éponge sur une surface mouillée mais sans l'essorer ?

De plus, si je me tache, est-ce que je peux mouiller légèrement un sopalin et frotter la tache avec si aucune goutte ne s'échappe ?

Merci beaucoup.

La réponse de Rav Yossef LORIA
Rav Yossef LORIA
1206 réponses

Essorer un vêtement

Le fait d’essorer un vêtement peut impliquer deux interdictions : la première est « d’essorer » le vêtement du liquide qui est absorbé par le textile, et la seconde interdiction est de « blanchir » le tissu en retirant l’eau imbibée entre les fibres du tissu.

L’interdiction de « blanchir » s’applique seulement lorsque le tissu est imbibé d’eau[1] ; en essorant un tel vêtement, on enfreint l’interdiction de blanchir du fait que le tissu est plus resplendissant.

Même lorsque le tissu est imbibé d’un autre liquide, il est aussi défendu de l’essorer. Si l’on désire récupérer le liquide qui coule du vêtement, le fait de l’essorer représente une interdiction de la Torah, mais si le liquide n’est pas utilisé, il s’agit d’une interdiction d’ordre rabbinique[2]. 

Il est donc défendu d’insérer des morceaux de tissu humide en les enfonçant énergiquement dans un orifice, si ceci peut provoquer l’écoulement du liquide[3]. Si le liquide est récupéré dans un récipient, cet acte représente une interdiction de la Torah[4]. 

Utilisation d’une éponge

 Il est défendu d’utiliser une éponge mouillée pendant Chabbath, car on essore nécessairement le liquide imbibé. Si on ne tient pas directement l’éponge avec ses mains, mais par l’intermédiaire d’un manche, ceci est permis[1]. Cette permission se limite seulement à une utilisation modérée qui n’entraînera pas nécessairement un écoulement du liquide imbibé dans l’éponge.

Liquide versé sur la nappe

Si une boisson a été versée sur une nappe en tissu, il faudra prendre soin de ne pas racler énergiquement la nappe avec un couteau ou une cuillère, afin de ne pas essorer la nappe : on agira délicatement afin de retirer seulement le liquide à la surface.

De plus, s’il s’agit d’eau, on prendra soin de ne pas enfreindre également l’interdiction de « blanchir » la nappe[1]. Si le liquide est coloré, on doit prendre soin de ne pas transgresser l’interdiction de « teindre » en étalant la boisson sur la nappe[2].

Si le liquide a été versé sur une nappe en plastique ou toute matière qui n’absorbe pas, on n’utilisera pas d’éponge pour ne pas enfreindre l’interdiction « d’essorer ». En revanche, il est possible d’utiliser une éponge dotée d’un manche, si on essuie la table délicatement.

Il est de même permis d’utiliser délicatement un torchon ou une serviette dont il nous importe peu qu’elle soit imbibée d’eau[3]. S’il s’agit d’une grande quantité d’eau, on tâchera d’utiliser une serviette épaisse afin d’éviter de l’essorer lorsqu’on la retire de la table. Il est alors préférable d’utiliser une raclette[4].

Il en est de même si de l’eau (ou autre liquide) a été versée sur le sol ; il est permis de l’essuyer délicatement avec une serpillère. Mais s’il s’agit d’une grande quantité d’eau, on utilisera une raclette et non une serpillère, de crainte d’enfreindre l’interdiction « d’essorer »[5].

On évitera aussi d’utiliser des serviettes en papier s’il s’agit d’une grande quantité d’eau car il est à craindre qu’elles s’imbibent totalement de liquide. De ce fait, il est difficile de les déplacer sans essorer l’extrémité de la serviette lorsqu’on la retire de la table.

Il semble qu’il soit possible de déplacer ces serviettes totalement imbibées d’eau à l’aide d’ustensiles intermédiaires (des couverts par exemple), pour éviter de les toucher directement avec ses mains[6].

[1] Le Biour Halakha, paragraphe 18, parole «Tov » interdit de racler l’eau même délicatement, à moins qu’il ne s’agisse d’un cas de grande nécessité. Le Ben Ich 'Haï, Parachat Pekoudei, paragraphe 6, défend d’étaler de l’eau même délicatement sur les parties sèches de la nappe ; Kaf Ha'haïm, paragraphe 107. Le Kaf Ha'haïm, paragraphe 109 mentionne l’opinion du Pri Mégadim selon laquelle, l’interdiction de « blanchir » s’applique aussi avec des boissons colorées, si la nappe est sale.

[2] Michna Beroura, paragraphe 55.

[3] Michna Beroura, chapitre 302, paragraphe 60 ; Chemirat Chabbath Kéhilkhata, chapitre 15, paragraphe 15.

[4] Or Létsion, tome 2, chapitre 24, paragraphe 8.

[5] Chemirat Chabbat Kéhilkhata, chapitre 23, paragraphe 7.

[6] Cette situation semble similaire à celle d’une éponge qu’il est défendu de déplacer avec les mains, mais seulement si elle est dotée d’un manche. Le Or’hot Chabbath, chapitre 13, paragraphe 48, permet de retirer un chiffon totalement imbibé d’eau, qui est tombé à l’intérieur d’un évier. Néanmoins, cette permission semble contredire l’interdiction mentionnée dans le Michna Beroura, chapitre 320, paragraphe 48, de toucher une éponge avec les mains (il est difficile de faire la distinction entre une éponge et un chiffon). Ainsi, il convient de retirer le chiffon à l’aide d’un intermédiaire (des couverts par exemple), et non directement avec les mains.

[1] Choul’han ‘Aroukh, chapitre 320, paragraphe 17 ; Michna Beroura, paragraphes 47 et 48 selon l’explication rigoureuse du Rambam et de Rachi.

[1] Selon le Taz, l’interdiction s’applique aussi pour du vin blanc, car il a des propriétés similaires à l’eau.

[2] Opinion du Choul’han ‘Aroukh, chapitre 320, paragraphe 18, selon le Biour Halakha, parole «Yech mi chématir ». Néanmoins, il mentionne l’opinion de certains décisionnaires stipulant que l’interdiction de « blanchir » s’applique aussi aux autres liquides et pas seulement à de l’eau : le fait d’essorer un tel vêtement représente une interdiction de la Torah, même si le liquide qui coule n’est pas récupéré.

[3] Choul’han ‘Aroukh, chapitre 320, paragraphe 16 ; Michna Beroura, paragraphe 44.

[4] Choul’han ‘Aroukh, chapitre 320, paragraphe 18 ; Michna Beroura, paragraphes 52 et 53.

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