Cher Rav Ayache,
Kvod Harav,
Après avoir écouté votre cours très intéressant à plusieurs reprises sur le fait de regarder une vitrine le Chabbath, il subsiste une question.
Dans une premier temps, vous dites qu'un homme ne peut entrer dans son champ puisqu'il est évident qu'on sait ce qu'il y fera.
Dans un second temps, vous dites qu'une personne peut faire du lèche vitrine, mais n'a néanmoins pas le droit d'y rentrer puisque l'on sait ce qu'elle y fera (comme pour la personne rentrant dans son champ).
Alors comment est-il possible de dire qu'un homme puisse rentrer dans une boutique pour saluer une personne ? Ne sommes-nous pas dans un cas de 'Hiloul Hachem puisqu'il est évident qu'un homme qui verrait un autre homme rentrer dans un magasin, peu importe les raisons, se dirait qu'il transgresse Chabbath ?
Merci par avance de votre réponse.
Kol Touv.
Chalom,
Il est vrai qu’en vertu du principe rapporté dans la Parachat Matot (Bamidbar 32, 22) : « Viyitem Mélaïm MéHachem Oumiisraël » (Pessa’him 13), il faut éviter de se mettre dans une situation où l’on risque que les gens qui nous voient pensent que l’on transgresse même simplement un interdit d’ordre rabbinique.
Cependant, il faut distinguer ce genre de précaution avec certains interdits d’ordre rabbinique explicites que nos Sages ont interdit à cause du regard de l’autre, ce que l’on appelle Issour Michoum Marite Ha’ayine, comme par exemple de boire du sang de poisson, que nos Sages ont interdit car celui qui nous voit peut penser que l’on boit du sang de bétail. Il ne serait permis de boire du sang de poisson que si, à proximité, se trouve un signe distinctif qui fait comprendre que c’est du sang de poisson, comme par exemple des écailles (l’exemple du sang de poisson est rapporté dans la Guémara et le Choul’han Aroukh). Ou encore, il est interdit d’étendre du linge mouillé pendant Chabbath, car une personne qui verrait cela penserait que l’on a lavé ce linge pendant Chabbath.
Aujourd’hui, on ne peut pas rajouter à ce qu’ont déjà interdit nos Sages à cause du regard de l’autre.
C’est pour cette raison qu’il n’y a pas d’interdit catégorique de rentrer dans un magasin pendant Chabbath pour saluer une personne que l’on connait, bien que l’on préconise de faire attention aux suspicions que cela peut engendrer. Si cela évite de vexer une personne, il n’y a aucun problème, même si cette personne n’est pas juive (car voir un juif souriant et sympathique engendre toujours une bonne vision des juifs en général).
Par contre, rentrer dans un magasin Chabbath pour voir s’il y a des choses intéressantes à acheter en semaine est interdit, pas à cause de Marite Ha’ayine, mais parce qu’il y a un interdit de s’affairer Chabbath à des choses qui sont interdites de faire pendant Chabbath, comme au titre d’en parler, de la même manière que nos Sages ont interdit à un homme d'entrer dans son champ pour voir quels sont les travaux à y faire, et n’ont pas interdit à un homme de rentrer dans son champ pour s’y balader, bien que des gens le voyant pourraient supposer qu’il prépare quoi faire pour la semaine.
Kol Touv.