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En pleine 'Amida : qu'est-ce qui passe en premier ?

Rédigé le Lundi 28 Mars 2016
La question de Anonyme

Chalom Rav,

Si, lorsque je fais ma 'Amida :

- On toque à la porte et je suis la seule à pouvoir ouvrir.

- Ma mère m'appelle pour me demander quelque chose.

- Le téléphone sonne et risque de réveiller l'un de mes parents.

- J’entends du Lachon Hara'.

- Un bébé pleure et je suis seule avec lui.

Quel est la Halakha dans chacun de ces cas ? Quelle Mitsva a le dessus ?

Je sais que l'idéal est de prendre ses précautions, mais, parfois cela ne suffit pas... J'ai l'impression qu'il y a toujours quelque chose pour me déconcentrer dans la Téfila, si ce n'est pas moi qui suis déconcentrée...

Merci beaucoup.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
8142 réponses

Chalom Ouvrakha,

Tout d'abord, nous allons donner quelques règles de base pour répondre à vos questions.

Nous avons le droit de nous déplacer au milieu de notre prière ('Amida) pour aller chercher un Siddour par exemple, car il s'agit d'un besoin en rapport avec la Téfila (Rama 96, 2). Ainsi, on peut se déplacer pour consulter une Halakha qui nous importe au sujet de la Téfila, et on peut même, en cas de besoin, questionner une autorité rabbinique au sujet de la Halakha de notre prière ('Hayé Adam 25, 9 rapporté dans le Michna Broura 104, 2).

A plusieurs reprises, nous retrouvons des exemples dans le Choul'han Aroukh (80, 27; 82, 2; et 103, 2). Nous voyons entre autres qu'un Siddour un Talith qui est tombé peut être ramassé si cela dérange notre concentration pour notre prière (Choul'han Aroukh 86 et 87, et Michna Broura 96, Sé'if Katan 7).

Lorsque nous avons le choix entre terminer rapidement sa prière ou s'interrompre en se déplaçant, le Ba'h et le Eliyah Rabba nous disent qu'il vaut mieux conclure rapidement, alors que le Peri Mégadim nous dit que nous pouvons nous déplacer et que ce n'est pas la peine d'activer sa prière. Le Michna Broura (Sé'if Katan 4) a rapporté les deux avis sans trancher.

Selon les règles de base susmentionnées, lorsque l'on tape à la porte (ou que le téléphone sonne) et que vous êtes la seule à pouvoir ouvrir, si cela vous dérange pendant votre Téfila, vous pouvez vous déplacer pour ouvrir la porte (ou répondre au téléphone), sans parler, puisque cela n'est pas nécessaire. Voir Téfila Kéhilkhata chap. 12, Halakha 86.

Aussi, si un bébé pleure et que cela vous dérange, si vous arrivez à régler le problème en faisant des allusions avec vos mains par exemple, cela est très bien, sinon, vous pouvez émettre des sons vocaux (voir Béèr Moché tome 3, 12), et, si cela ne suffit pas, vous pouvez alors vous déplacer pour le faire stopper, mais sans parler, et si cela est obligatoire, vous pouvez aussi parler. En effet, dans ces cas, vous êtes dérangé et vous avez du mal à vous concentrer dans votre prière (voir Téfila Kéhilkhata page 247, note 86).

Vous remarquerez que ces dérogations ne sont données que lorsque votre concentration est dérangée, et, de nos jours, puisque de toutes les façons notre concentration est très minime, certains Rabbanim ('Aroukh Hachoul'han 104, 4, et Techouvot Véhanhagot tome 3, 35) ne donnent pas facilement cette dérogation (ils ne la donnent que dans le cas où la personne sera totalement déconcentrée).

Dans tous les cas, à partir du moment où nous parlons à Hachem ("Ado-nay Séfatay Tifta'h" jusqu'à ce que l'on fasse les trois pas en arrière), on ne peut s'interrompre pour personne, parents inclus, même pour un roi d'Israël (Chou'han Aroukh 104, 1).

Néanmoins, s'il s'agit d'une Mitsva, par exemple le respect de ses parents etc., et que cette Mitsva ne pourra pas être repoussées à plus tard, si nous avons déjà dit la dernière Brakha ("Sim Chalom"), on pourra dire "Yiyou Lératsone Imré Fi" (Michna Broura Sé'if Katan 9), et, si possible, faire les trois pas habituels en arrière, et dire "Ossé Chalom" ('Aroukh Hachoul'han 8) pour accomplir cette Mitsva qui ne peut pas attendre.

Si vous entendez du Lachon Hara', puisqu'il s'agit d'un interdit, vous pouvez vous déplacer pour prier dans un autre endroit, même si cela ne vous dérange pas.

Toutefois, s'il s'agit d'une grande perte d'argent (non pas un manque à gagner), par exemple que l'on appelle quelqu'un pour lui signaler une inondation qui causera une grande perte 'Hass Véchalom, ou que sa voiture est mal garée et qu'il va recevoir un PV etc., certains permettent de s'interrompre en se déplaçant (Birkat Habayit Cha'ar 40, 5) (sans parler, voir Michna Broura Sé'if Katan 2).

Dernière précision, si le temps d'interruption était aussi grand que le temps normal pour réaliser toute sa Téfila, selon le Choul'han Aroukh (104, 5), vous devez reprendre à partir du début de la Téfila, et, selon le Rama, puisque nous sommes en cas de force majeure, on reprendre uniquement à l'endroit où nous nous sommes arrêtés.

En conclusion : dans tous les cas, nous ne pouvons nous interrompre que si nous sommes réellement dérangés dans notre Kavana (pensée et concentration), et s'il est question d'une 'Avéra comme le Lachon Hara', on pourra se déplacer ailleurs.

Aussi, il vaut mieux s'interrompre en faisant des gestes plutôt que d'émettre un son vocal, et, en dernier recours, se déplacer ou même parler, si besoin.

Kol Touv.

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