Bonjour Rav,
Je connais une personne qui se convertit, dont le père est juif.
Mais, alors que sa conversion avance, elle ne fait aucun effort dans sa Tsni'out.
Dois-je faire ou dire quelque chose ?
Chalom,
Votre question est liée à deux problématiques distinctes : 1) La place de la Tsni'out dans la conversion ; 2) Le rôle des personnes extérieures à la conversion.
1) L'une des sources desquelles on apprend le principe de la conversion au judaïsme est le livre de Ruth. Na'omi, sa belle-mère, lui indique un échantillon des Mitsvot de la Torah afin que Ruth décide si elle se sent capable de se convertir. Parmi les lois enseignées, elle lui dit : "Il nous est interdit de nous isoler [entre hommes et femmes]". [cf Ruth 1, 16-18 ; Yebamot 47b]. Derrière cette règle du Yi'houd (interdiction de l'isolement entre hommes et femmes), ce sont toutes les règles de décence dans l'attitude qui sont allusionnées; aussi bien quant aux règles vestimentaires, que comportementales (Tsni'out). Leur respect est fondamental, car cela marque une véritable séparation avec le modèle occidental moderne, mettant beaucoup l'accent sur le culte du corps et l'abolition des limites entre hommes et femmes.
En outre, une conversion est valable à condition d'avoir l'intention d'accepter toutes les Mitsvot de la Torah. Si une personne refuse d'accepter ne serait-ce qu'une seule Mitsva, cela rend la conversion invalide. Par conséquent, une femme qui considérerait que les lois de Tsni'out ne la concernent pas ne pourrait pas se convertir [cf. Békhorot 30b ; Hilkhot Issouré Bia 14, 8 ; Michnat Haguer, Hilkhot Guérim 2, 11-12]
2) Il est une Mitsva d'aimer la personne convertie [Hilkhot Déot 6,4] et de ne pas la blesser par des paroles, ce qui est plus grave encore qu'envers une personne juive de naissance [cf. Hilkhot Mékhira 14, 15-17]. Etant donné que selon certains décisionnaires, ces Mitsvot ont cours même durant le processus de la conversion [cf. Michnat Haguer, Hilkhot Guérim 14, 2], il faut être extrêmement vigilant à ne pas réprimander de manière potentiellement blessante une personne en cours de conversion. S’il ne s’agit que d’erreurs involontaires, il convient de lui faire remarquer avec tact et politesse, en lui demandant systématiquement d’en discuter par la suite avec son Rav référent.
Toutefois, ceci est valable lorsque des éléments objectifs montrent son sérieux. Mais si elle se comporte volontairement de manière contraire à la Torah, il convient d’en informer les autorités rabbiniques responsables. [cf. davantage à ce propos dans mon dernier ouvrage La conversion au judaïsme, une identité juive en devenir 2, 11 ; pp.84-85].
A votre disposition pour davantage de précisions,
Kol Touv.