Bonjour Rav,
Simple question concernant le passage de Echet 'Hayil "Mensonge est la grâce, vanité est la beauté", d’habitude, n’est-ce pas la beauté qui est associée au mensonge et au superficiel ?
Merci.
Bonjour,
L'explication qui suit est entièrement basée sur le commentaire du Gaon de Vilna sur Michlé 31, verset 30.
Essayons, tout d'abord, de définir ce que sont la beauté et la grâce [le charme].
Le beau [Yofi] possède certaines valeurs esthétiques [forme, aspect visuel, etc.]. Il fait naître, naturellement, un plaisir et une émotion agréable.
Il va sans dire que cela peut varier en fonction de chacun et comme disait David Hume : « La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente. »
Le charme et la grâce ['Hène] peuvent être définis comme étant les qualités prêtées à qui exerce une attraction et qui plait à autrui. Ils se distinguent de la beauté car ils ne sont pas forcément liés à des considérations strictement esthétiques ou à des règles de beauté bien précises [canons], mais plutôt à une situation particulière, à des attitudes, des gestes, une intonation, etc., c'est-à-dire à un contexte. Ils sont difficilement définissables et se rapprochent de la "séduction" ou du "charisme".
Chékèr Ha'hène
Chéker signifie mensonge. Il convient mieux au 'Hène car, comme expliqué précédemment, la grâce et le charme ont "besoin" de "transmettre" des messages "ayant pour but" d'attirer, de charmer, de conquérir, de fasciner.
Chlomo Hamélekh nous met, donc, sur nos gardes : Chèkèr Ha'hène ! : Attention aux messages reçus, ils peuvent cacher ou dissimuler des choses néfastes. En effet, le mensonge consiste à déguiser la pensée dans l'intention de tromper et a pour but de cacher ou de dire le contraire de la vérité.
Hévèl Hayofi
La beauté n'a pas besoin de convaincre, de captiver ou de séduire. Elle n'a pas besoin d'arguments pour amener l'autre à se rendre compte de ce qu'elle propose. Elle ne fait pas croire, etc. Donc, pour dissuader l'homme de se fier à la beauté, il faut lui dire que, contrairement à ce que l'on perçoit / voit, elle n'a pas de valeur réelle. C'est certainement beau, mais ce n'est pas obligatoirement, bon. C'est le sens du terme Hével = qui ne donne rien, inutile, sans valeur.
Le beau, d'une manière générale
Il est à noter que nous avons l'obligation d'acquérir des Téfilines, Mézouzot, et autres articles religieux qui soient écrits avec le plus grand soin et la plus grande perfection sur le plan de la Halakha. Le Midrach indique qu'un juif doit utiliser le sens esthétique inné, commun à tous les hommes, pour acquérir de beaux objets de Kédoucha plutôt que de s'efforcer d'acquérir des objets dont la valeur est éphémère, comme de beaux meubles ou de beaux habits.
Le désir de beauté et de perfection dans l'accomplissement des Mitsvot tel que la Torah le conçoit demande une éducation de soi. Il contraste avec la triste réalité d'une Bar Mitsva à 20 ou 30 000 euros [buffet, orchestre et tout le reste] pour laquelle on n'a acheté que la paire de Téfilines la moins chère.
De même, les gens dépensent de fortes sommes pour ne meubler leurs maisons que d'objets de première qualité et avoir le plus bel intérieur, alors qu'ils n'ornent cette même maison que des Mézouzot les plus simples. Voir Le Midrach raconte - Chémot, page 184.
Il va sans dire que si l'on propose une charmante jeune fille en mariage et qu'elle fait naître un plaisir admiratif, il ne faudra absolument pas repousser la proposition car la Torah attache de l'importance à cette grande qualité. Talmud Ketoubot 59b, Baba Kama 82a, Iguerot Moché, 'Hochen Michpat, volume 2, réponse 66.
Nous ne nous attardons pas sur ce point car ce n'est pas le sujet essentiel de la question.
Pour d'autres détails, voir ici :
https://www.torah-box.com/question/faire-les-mitsvot-sans-etre-perfectionniste_5358.html
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.