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Donner la Judée Samarie pour la paix ?

Rédigé le Mardi 20 Novembre 2018
La question de Claude L.

Bonjour Rav,

Faut-il donner la Judée Samarie pour la paix ?

La réponse de Rav Emmanuel BOUKOBZA
Rav Emmanuel BOUKOBZA
351 réponses

Chalom,

Vous posez une question très importante.

Il est vrai que longtemps, dans une partie importante de l'opinion publique israélienne, il était courant de penser que la restitution de ce que l'on appelle communément "les territoires" amènerait la paix avec nos voisins arabes. Ainsi, au lendemain de la guerre des six jours en 1967, la gauche israélienne, alors au pouvoir, avait proposé aux puissances arabes belligérantes, la restitution des territoires conquis nouvellement en échange de la paix. L'Etat d'Israël s'était alors heurté à ce qu'il est convenu d'appeler le triple non de Khartoum : "Pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d'Israël, pas de négociation avec Israël".

La guerre de Kippour, qui avait vu l'existence d'Israël pratiquement remise en cause (au point où Golda Meir, alors Premier ministre, avait donné l'ordre aux bombardiers stratégiques de Tsahal de décoller pour larguer une bombe atomique sur l'Egypte et les avait rappelés en vol, suite à la manœuvre victorieuse d'Ariel Sharon sur le canal de Suez), a changé la donne. Sous la pression américaine, Israël et l'Egypte signent les accords de Camp David en 1978. Pour la première fois est mis en application un principe nouveau, qui est celui de la paix contre les territoires. Israël restitue la presqu'île du Sinaï dans son intégralité à l'Egypte, qui en échange reconnaît Israël.

La paix avec l'Egypte est perçue à l'époque comme une victoire diplomatique pour Israël, reconnu officiellement par son principal ennemi. Victoire diplomatique, en effet, mais défaite stratégique sur le terrain, puisqu'Israël recule. Ce premier recul engendrera un autre recul, non moins important d'un point de vue stratégique et militaire, à savoir les accords d'Oslo avec l'OLP en 1992, qui permettent à cette organisation terroriste d'accéder à un statut quasi-étatique et à une reconnaissance officielle d'Israël, au prix, il est vrai, d'un renoncement au terrorisme (tout au moins sur le papier) contre Israël.

Il existe à l'époque une divergence d'opinion entre les Guédolim (Grands de la génération), notamment entre Rav Chakh et Rav Ovadia Yossef. En effet, Rav Chakh, rejoint en cela par Rav Chlomo Zalman Auerbach et Rav Yossef Chalom Elyachiv, s’opposèrent vigoureusement aux accords d'Oslo, en affirmant que ces accords constituaient un Issour Gamour (interdiction absolue), un danger de mort et qu’ils amèneraient à des effusions de sang (rapporté dans "Un siècle de Torah, Rav Chakh" p.130. Auteur du livre : Rav Yaacov Soudry).

Pour sa part, Rav Ovadia Yossef estimait que, puisqu'il s'agissait d'obtenir la paix et donc de sauver des vies humaines, il était permis de renoncer à une partie d'Erets Israël. Cependant, la réalité sur le terrain a montré que l'OLP n'a pas tenu ses engagements et a, au contraire, préparé un nouvel affrontement avec Israël pendant de longues années. Cet affrontement avec Israël a eu lieu en l'an 2000, lors de la seconde Intifada, marquée notamment par les attentats-suicides dans les bus.

Suite à cela, le Rav Ovadia Yossef changea sa position et ne considérait plus la restitution des territoires comme un moyen efficace d'obtenir la paix. Par ailleurs, les accords d'Oslo ont ouvert la voie au retrait unilatéral d'Israël de la totalité de la bande de Gaza en 2005. Ce retrait, comme on pouvait s'y attendre, a créé un quasi-Etat terroriste au cœur d'Israël et ouvert un front qui n'existait plus depuis 1967, mettant sous le feu arabe des villes comme Ashkélon, Sdérot ou Béèr Chéva.

De tous ces points évoqués, il apparaît clairement que les différents retraits d'Israël ne sont nullement un facteur de paix, mais constituent un recul stratégique important pour l'Etat hébreu, une victoire militaire pour ses ennemis et un encouragement à la terreur.

De notre point de vue à nous, ce que nous pouvons faire est de nous renforcer dans la pratique et l'étude de la Torah, seule garante de notre survie miraculeuse. De plus, comme chacun le sait : "Hakol Kol Ya'acov Véhayadayim Yédé 'Essav" "La voix est celle de Ya'acov et les mains sont celles d'Essav" (Béréchit 27,22). Lorsque la voix de Ya'acov se fait entendre dans les lieux d'étude de la Torah et les synagogues, alors les mains d'Essav (désignant ici nos différents ennemis) n'ont pas d'emprise sur nous.

La Judée-Samarie est le cœur spirituel (en effet, s'y trouve Jérusalem), historique et stratégique de l'Israël de toujours, et de l'Etat d'Israël d'aujourd'hui. Nous devons prier Hachem pour qu'Il nous permette de conserver cette merveilleuse région dans l'enceinte du peuple juif et de voir s'établir sur la totalité d'Erets Israël, la royauté d'Hachem.

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