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Deux questions sur Pourim

Rédigé le Mardi 8 Avril 2014
La question de Yossi D.

Chalom Rav !

Permettez-moi de vous poser ces "petites questions" en l'attente d'une réponse :

1) Je me demande pourquoi la fête de Pourim où les juif furent sauvés de la menace d'extermination de Haman porte le nom de Pourim. Pourtant, le nom "Pourim" signifie "le tirage au sort" que Haman a fait pour exterminer les juifs.

En d'autres termes, pourquoi donner un nom qui rappelle quelque chose de tellement triste a une fête tellement joyeuse ?

2) Je me demande aussi pourquoi lors de la fête de Pourim, qui est seulement une fête des Sages et non pas de la Torah, on a la Mitsva de se rendre ivre, alors que lors des autres fêtes comme Pessa'h, Souccot etc., on a l'interdiction de boire jusqu'à se rendre ivre (Choul'han Aroukh Hilkhot Yom Tov, à la fin du Siman 529). A priori ça devrait être le contraire ?

Merci d'avance Rav, et Pourim Saméa'h !

La réponse de Arié HADDAD
Arié HADDAD
752 réponses

Chalom,

La réponse à votre première question sera fournie par une petite analyse du texte de la Méguilat Esther.

Il est écrit : « Donc, le douzième mois, qui est le mois d'Adar, le treizième jour du mois, où l'exécution de l'ordre du roi et de son édit venaient à échéance le jour même où les ennemis des juifs avaient espéré prendre le dessus sur eux ce fut le contraire qui eut lieu, les juifs allant, eux, prendre le dessus sur ceux qui les haïssaient ». (9,1)

Puis : « C'est pourquoi on appela ces jours-là POURIM, du nom de Pour », (9,26) le mot Pour signifiant « tirage au sort » en Perse.

La Méguila a donc choisi ce nom de Pourim en insistant sur le fait que cette date avait été fixée par le sort, de par l’initiative d’Haman qui pensait sans doute ainsi mettre toutes les chances de son côté. Mais « ce fut le contraire qui eut lieu » car le Peuple Juif n’a pas à redouter ce genre de déterminisme, et preuve en est qu’il a été sauvé précisément au moment de l’année où il aurait dû être anéanti. C’est pour rappeler ce contexte que les Sages de cette époque ont choisi le nom Pourim, comme pour dire que nous ne sommes justement pas soumis au Pour !

Concernant votre question au sujet de l’obligation de boire à Pourim en quantité plus importante qu’au cours des fêtes, il faut distinguer les contextes. Pendant les fêtes, il existe une Mitsva de se réjouir et de se rappeler les bontés d’Hachem de nous avoir sorti d’Egypte (pour Pessa'h et Souccot) et de nous avoir donné la Torah (pour Chavou'ot). La consommation de viande et de vin sont des éléments qui aident à accéder à cette joie et une quantité moyenne de vin suffit.

Par contre, si Pourim est un fête, la consommation de vin n’a pas pour objectif l’accession à la joie mais le souvenir d’un renversement de situation centré autour de festins : au début, l’erreur des Juifs d’avoir assisté au festin d’A’hachvéroch, et à la fin les festins qu’Esther a organisé au cours desquels elle a confondu Haman.

Il faut boire, selon les textes, jusqu’à « ne plus distinguer entre Maudit soit Haman et Béni soit Mordekhaï », ce que certains expliquent ainsi : ne plus distinguer quel fut le côté le plus positif, la neutralisation de notre ennemi ou les honneurs et la reconnaissance accordés à notre Guide qui a su discerner la source du décret planant sur le peuple juif et y remédier. Le vin, lorsqu’il est bu en quantité, trouble les esprits et cette confusion rappelle celle qui animait les Juifs de cette époque : ils étaient conjointement témoins de la chute de leur ennemi et de l’élévation de leur dirigeant spirituel.

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