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Des enfants qui meurent, pourquoi ?

Rédigé le Mardi 15 Mars 2016
La question de Gabriel C.

Bonjour Rav,

Comment la Torah explique-t-elle que parfois de jeunes enfants meurent dans des accidents.

N'ayant jamais fauté, comment se peut-il qu'Hachem les laisse mourir ?

J'aimerais comprendre.

Cordialement.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
8190 réponses

Chalom Ouvrakha,

Cette question est souvent plus sentimentale qu'intellectuelle, ce qui nous rend la réponse, quelle qu'elle soit, difficile à accepter.

En effet, la règle et l'ordre des choses font que ce sont les enfants qui rendent les derniers honneurs à leurs parents, mais, lorsqu'il s'agit 'Hass Véchalom du contraire, ce n'est plus dans l'ordre des choses, et cela rend l'événement extrêmement pénible, à la limite de l'insupportable. Apparemment, c'est aussi, comme vous le soulignez, une injustice flagrante, puisque les enfants n'ont pas fauté et ne sont pas responsables de leurs actes.

Pour pouvoir aborder la réponse, nous devons donc tout d'abord essayer de se détacher de nos émotions, ou, en tout cas, ne pas laisser nos sentiments prendre le dessus.

Ce n'est, certes, pas facile, surtout si nous sommes directement concernés, mais je ne dis pas qu'il ne faut pas pleurer, ce serait presque inhumain de ne pas pleurer dans des circonstances aussi terribles, mais si l'on veut accepter la réponse, on devra, pour cela, au préalable, se séparer de nos émotions. Ensuite, nous allons nous poser la question à nouveau, et on pourra alors peut-être réussir à "comprendre" les réponses données.

Voici à présent ce que je suis en mesure de vous écrire.

Tous les êtres humains sont ici-bas pour remplir une mission, et ils ont un but qui leur est propre. Néanmoins, certains ont des très grands rôles à jouer, et d'autres plus minimes.

Par exemple, imaginons-nous qu'un Tsaddik qui a accompli toute sa vie la Torah et les Mitsvot (qui a donc joué un très grand rôle), mais n'a cependant pas respecté une Mitsva; par exemple, il était tellement bon et généreux qu'il n'a pas suffisamment réprimandé son entourage. Après 120 ans, arrivé en-haut, on demande à ce Tsaddik ce qu'il préfère, passer quelques jours au Guéhinam (enfer) pour réparer cette faute, ou bien redescendre ici-bas (ce qui n'est pas moins pénible pour celui-ci), et, après quelques jours ou quelques mois, peut-être quelques années, quitter ce monde par une mort tragique, et, ce, afin de punir à titre expiatoire un couple de leur mauvais comportement ?

Qu'est-ce que ce Tsaddik va choisir ? Ce Tsaddik va supplier les juges de lui accorder une nouvelle vie de quelques jours, et ensuite mourir. Ainsi, il aura réparé sa faute et montra directement au Gan Eden (c'est pourquoi la majorité des enfants qui meurent sont certainement des âmes réincarnées de Tsadikim).

J'ai moi-même assisté à l'enterrement d'un enfant qui a porté le nom d'un Tsaddik et qui est mort d'une mort tragique le même jour du décès de ce même Tsaddik.

Aussi, selon le Rav Noda Biyéhouda (Yoré Déa 164), certaines 'Avérot commises par un enfant, même avant la Bar Mitsva, peuvent condamner l'enfant.

C'est donc que, parfois, il y a des raisons qui sont la cause de la mort des enfants, mais nous ne pouvons jamais en être certains; c'est une possibilité à méditer. Il peut même s'agir des parents ou de l'entourage qui faute et qui engendre la mort... d'un enfant !

Nous comprenons tout à fait que, si Réouven a mis le feu chez lui, la conséquence sera que la maison de son voisin Chimon sera aussi brûlée, et, parfois, même Chimon peut trouver la mort à cause de la bêtise de Réouven. Nous comprenons que l'homme est tellement libre qu'il peut choisir de se donner la mort et de causer la mort à autrui, c'est le prix à payer lorsqu'on donne le libre arbitre. Hachem a mis l'homme dans un monde où il pourra pousser ses choix à l'extrême, et Hachem n'intervient pas. Si Hachem intervenait, ce serait la fin du libre arbitre, et donc un non-sens à notre existence même.

Aussi, nous devons comprendre qu'Hachem a consulté la Torah et a ensuite créé le monde, c'est-à-dire que les lois de la Torah avec ses interdits sont aussi importantes et aussi strictes - et parfois immuables - que les lois de la nature... Une 'Avéra, c'est un feu qui a été allumé chez Réouven, et Chimon son voisin risque d'en être endommagé ! La 'Avéra a elle aussi des répercussions sur l'entourage, et, plus celui-ci est proche du fauteur, plus cet entourage est susceptible d'être touché, et parfois ce sont les enfants aussi qui en subissent les conséquences.

C'est ce que le Rambam dans le chapitre 6 des Hilkhot Téchouva nous enseigne : il y a des fautes qui obligent Hachem à porter la punition sur le corps de la personne ou sur ses biens, voire même sur ses propres enfants en bas âge, car la Torah n'envisage pas de punir un être sans que celui-ci n'ait eu le libre arbitre, c'est donc qu'Hachem le punit par rapport au comportement de ses parents (traduction libre).

On retrouve cette idée dans les lois de "Ir Hanida'hat", cette ville devenue idolâtre pour laquelle la Torah nous ordonne de ne pas avoir de pitié et de l'anéantir (après avertissement) complètement... Il s'agit aussi des enfants présents, comme nous le souligne le Rambam Hilkhot 'Avoda Zara chapitre 4, Halakha 6, car les enfants sont "victimes" du mauvais comportement de leur entourage.

Il est bien dommage que l'on comprenne cela dans le domaine matériel, mais que nous ayons du mal à le digérer dans le monde spirituel... Une 'Avéra c'est de la radioactivité dangereuse pour tout l'entourage, les enfants inclus.

Certains Rabbanim ont tranché, par rapport à cette idée, qu'un père peut dire la Brakha de Hagomèl à la place de son fils, car s'il était arrivé quelque chose de mal à cet enfant, le père en est (aussi) fautif (Tachbets tome 4, 4) ! La Halakha n'a cependant pas été retenu ainsi, pour d'autres raisons.

Nos Sages aussi s'interrogent (Mo'èd Katan 25a, voir aussi Chabbath 105b, 32b, 33a et b, et Baba Metsia 102a, Sota 13b, ainsi que Ketouvot 8b) pourquoi les enfants meurent-ils aussi petits ? Et la Guémara répond : parce que les adultes n'ont pas su pleurer lorsqu'il fallait pleurer lors de la mort et du deuil d'une personne qui était pieuse (Cachère).

C'est-à-dire que, si nous sommes "insensibles" à ce qui se passe de grave autour de nous, Hachem va employer un moyen radical pour nous sensibiliser : la mort de ses propres enfants en bas âge (voir Or Layécharim du Rav Zéra'h Aydelits page 207).

Il y a donc des 'Avérot qui causent la mort aux enfants, et nos Sages nous ont donné la liste. Le décès d'un enfant peut être dû à un vœu (Néder) non respecté (Chabbath 32b) ou au non-respect des Halakhot de Mézouza, et nos Sages le déduisent du verset explicite qui est écrit au sujet de la Mézouza que nous lisons tous les jours "afin que s'allongent vos jours et les jours de vos enfants". La Torah nous explique que la Mézouza donne une longue vie, et, 'Hass Véchalom, on en déduit le contraire si la Mézouza n'est pas placée.

Le roi David, après avoir constaté la mort de cent innocents par jour, a décidé d'instaurer cent Brakhot par jour (Ména'hot 43a), c'est-à-dire que, normalement, il devrait y avoir des centaines de morts par jour, et, par le mérite des cent Brakhot que nous disons journalièrement, nous sauvons des innocents.

Je pioche pour vous les écrits du Séfer 'Hassidim qui reprend quelques passages des paroles de nos Sages et rajoute son avis personnel sur la question : parfois c'est à cause des parents qui n'ont pas respecté les 'Onot (journées de séparation obligatoires avant les règles) ou qui n'ont pas fait attention aux règles du Mikvé (509), et, parfois, les parents ont fauté et n'obtiennent le pardon qu'à travers la mort de leurs propres enfants (5, 1); Hachem donne naissance à une âme pure qui ne vient au monde que pour servir de punition aux parents.

Autre raison : le 'Ayin Hara' (792), surtout sur des jumeaux la première année. Parfois, c'est la sorcellerie (781), et parfois le climat local ne convient pas (247).

L'un des élèves du Ba'al Chem Tov (dans son livre "Toldot Ya'acov Yossef" Parachat Nasso) explique que le Zéra' Lévatala (subvenir à ses besoins n'importe comment) cause la mort des enfants.

Enfin, j'aimerais conclure avec une explication extraordinaire du Rav Its'hak Yéchouroun, dans son fascicule "Affronter le deuil", page 17, qui a été écrit pour l'élévation de l'âme de la Rabbanite Liliane Yéchouroun, à qui je voudrais, au passage, rendre hommage, car elle a été pour moi plus qu'une simple "Ganénèt" à Marseille.

Lors du quatrième jour de la création, D.ieu dit : "qu'il y ait des luminaires (Mé-orot) dans les étendues du ciel" (Béréchit 1, 14). Le texte utilise le terme "Méorot" sans la lettre Vav, et on pourrait lire aussi "Mé-érot", qui veut dire "malédiction". En effet, le Midrach confirme que c'est un jour de malédiction car les enfants sont susceptibles de devenir malades et de mourir... Certains avaient même la coutume de jeûner le mercredi pour éviter la mort de leurs enfants.

Le Midrach révèle donc qu'une maladie mortelle a été créée le quatrième jour. A priori, cette information ne semble pas avoir un intérêt particulier. Et si, quelle qu'en soit la raison, les maladies devaient être créées, la question est de savoir pourquoi l'allusion à ce fait se trouve dans le mot "Méorot", "les luminaires". Il nous semble, a priori, que la souffrance infligée par la maladie est l'antithèse même de la lumière !

Nous sommes en droit de présumer que la réponse se trouve dans l'information selon laquelle la mort qui est apparue le quatrième jour oblige les parents à intensifier les prières et les jeûnes ce jour-là.

Telle est donc la finalité même de cette mort ! Elle n'est pas une fin en soi, mais un moyen pour permettre à l'homme de rester à la recherche de son Créateur (Méorot), et ce, même si on ne comprend pas le pourquoi.

Un jour, je suis allé consoler un grand Rav qui avait perdu sa fille dans des circonstances extrêmement tristes. Celui-ci m'a dit la chose suivante : il y a des gens qui croient en Hachem et, une fois qu'il leur arrive un évènement tragique comme la Shoah etc., décident de ne plus croire en Lui. Nous avons l'habitude de dire qu'ils étaient croyants jusqu'à l'évènement, et, après l'évènement, ils sont devenus non-croyants, mais c'est faux, m'a dit ce Rav. En fait, si quelqu'un flanche au moment de l'épreuve, c'est que depuis le départ il n'était pas croyant, car il croyait en quoi ? Si tout allait bien, ce n'était pas une foi (Emouna), car la foi ne commence qu'à partir de l'acceptation de l'épreuve. Et le Rav a finit en me disant : "ce n'est qu'à partir d'aujourd'hui que je suis devenu croyant, croyant dans le sens profond du terme, j'accepte malgré tout !"

"Lui, notre Rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même; D.ieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit."

Qu'Hachem fasse que nous ne connaissions aucun malheur, et que notre délivrance vienne très prochainement, Amen.

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