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De quelle boulangerie manger du pain ?

Rédigé le Dimanche 27 Avril 2014
La question de Martine Z.

Chalom,

Peut-on manger du pain de n'importe quelle boulangerie ou alors faut-il que le four soit allumé par un Juif pour que le pain soit autorisé ?

La réponse de Rav Yossef LORIA
Rav Yossef LORIA
1206 réponses

Chalom

Certains décisionnaires affirment que si une boulangerie utilise de la graisse animale pour d'autres aliments, il sera défendu de s'y procurer aussi des aliments constitués d'ingrédients tolérés tels que du pain.

En effet, il est difficile de s'assurer avec certitude que la graisse interdite ne soit pas entrée en contact avec les aliments permis. Il est à craindre que la transmission s'effectue lors d'un contact avec les mains, sur le  plan de travail, sur les plaques du four, ou lors de différentes circonstances dans lesquelles il est fortement à craindre que la graisse ne se soit mélangée à l’aliment permis [1].

Toutefois, certains affirment que ces contacts représentent une situation de doute, il y a donc lieu de tolérer la consommation des aliments permis[2].

D'autres décisionnaires l'interdisent même en cas de doute[3]. En effet, ils affirment qu'il est difficile de veiller que la graisse ne se transmette pas au contact des mains ou lors d'une cuisson au même endroit. Tel est l'avis de la majorité des décisionnaires d'Europe[4]. Toutefois, ceci concerne principalement un four dans lequel le pain et les aliments à base de graisse  animale sont cuits en même temps[5]. 

S'ils sont cuits consécutivement, et que des plaques différentes sont utilisées pour la cuisson du pain, il y a lieu de se montrer plus indulgent, du fait que les aliments sont secs. Il est donc peu probable que des vapeurs et des éclaboussures ne s'en dégagent, les résidus éventuels étant immédiatement brûlés par les parois bouillantes du four.

En revanche, à notre époque, un grand nombre de fours utilisés par les boulangeries sont des fours à vapeur dans lesquels les vaporisateurs d'eau incorporés améliorent la cuisson par humidification. Il sera alors défendu d'utiliser ces fours si des aliments interdits y ont été cuits. Certains artisans utilisent aussi des émulsifiants prohibés. Enfin, nombre d'entre eux utilisent de la levure artisanale qu'ils ont confectionnée à partir des pâtisseries invendues de la veille, qui sont elles-mêmes totalement prohibées.

Ces remarques concernent principalement le pain de production artisanale. S'il est confectionné à l’échelle industrielle, comme dans les supermarchés ou lorsque le pain est manufacturé (et tous les ingrédients soigneusement vérifiés), un mélange de graisse animale avec le pain est moins à craindre puisque les mesures d'hygiène sont plus strictes et les risques de mélanges, moindres. Néanmoins, la confection à l’échelle industrielle suscite d’autres problèmes de cacherout : il convient de se plier aux restrictions publiées dans les listes du consistoire régional.

Il convient donc à chaque responsable de communauté de surveiller scrupuleusement l'ensemble des boulangeries-pâtisseries de son quartier, afin de vérifier la composition du pain et de s'assurer que les fours servent seulement à la cuisson du pain ou, tout au moins, dans le cas de fours à chaleur thermique, de vérifier que les plaques sont uniquement réservées à cet usage[6].

Sans ces démarches préalables, il est difficile de permettre la consommation du pain fabriqué par un boulanger non-Juif.

Enfin, la dernière étape consiste à procéder à l'allumage du four, afin de consommer du pain cuit dans un four allumé par un Juif dans la mesure du possible. Toutefois, dans les régions où la coutume est de consommer du pain cuit par un non-Juif, cet acte représente une mesure de rigueur et reste secondaire par rapport aux interdits précédemment cités.


[1]Pit'hei Techouva, paragraphe 2 ; Kaf Ha'haïm, paragraphe 22.

[2]Divrei Yossef, chapitre 28.

[3]Iguerot Moché, tome 2, chapitre 33.

[4]Mayim Rabim, chapitre 5 à 14.

[5]Chemech Outsedaka, tome 1, Yoré Dé’ah, chapitre 47.

[6] Certains permettent la consommation de pain dans les boulangeries non-juives après avoir vérifié les composants du pain en questionnant le boulanger. Cependant, la loi juive n’accorde pas toujours de crédibilité à un artisan à moins de pouvoir vérifier et contrôler les propos du non-Juif. De plus, dans le cas d’un doute concernant une interdiction de la Torah (graisse animale, levure artisanale et autres), le non-Juif n’a aucune crédibilité. (Chakh et Taz, chapitre 98, paragraphe 2). Enfin, c’est seulement si le non-Juif raconte « naïvement » et qu’il ne sait pas que ses aliments sont interdits, qu’il sera crédible. Mais, s’il est conscient que ses paroles ont une conséquence au niveau de la loi juive, il perd sa crédibilité. C’est pourquoi, il incombe aux dirigeants de la communauté de procéder à ces vérifications. 

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