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Croire aux prédictions des voyants

Rédigé le Jeudi 10 Novembre 2016
La question de Anonyme

Chalom,

Comment considérer les prédictions des voyants, qui lisent dans les lignes de la main et prédisent le futur ?

Merci.

La réponse de Rav Yaakov Israel LUGASSY
Rav Yaakov Israel LUGASSY
308 réponses

Bonjour,

Les lignes de la main et les traits du visage décrivent le Mazal de l’homme. Celui-ci est fixé par un décret divin. Selon le Mazal qui prévalait lorsqu’il est né, l’homme sera plus tard riche ou pauvre, peu ou beaucoup éprouvé dans sa vie, etc. D.ieu décide de son sort, du châtiment et de la récompense qu’il recevra.

Il s’agit donc de savoir si l’homme a la possibilité de changer les données de son Mazal.

Dans le Talmud (Chabbath 156a), Rabbi ’Hanina affirme que le peuple d’Israël est soumis au Mazal alors que pour Rabbi Yo’hanan, il est au contraire au-dessus du Mazal. Rachi explique qu’il n’y a pas de Mazal pour le peuple juif, car par la prière et le mérite, le Mazal de l’homme peut être modifié.

Le Éven Ezra (Chemot 33, 21) nous révèle qu’il n’y a pas de Mazal pour celui qui observe la Torah et les Mitsvot. Par contre, un juif non pratiquant est soumis au Mazal.

Le Or Ha'haïm (Devarim 15, 5) nous enseigne que le Mazal peut changer lorsqu’un homme parvient à acquérir un mérite particulier.

Dans l’ouvrage Réaya Méhémana (Parachat Pin’has), il est expliqué qu’après le don de la Torah, les enfants d’Israël ne furent désormais plus soumis aux astres et aux Mazalot. C’est ce qu’affirme le Tossfot Yom Tov (fin du traité de Kiddouchin).

De même, le Maharcha (fin du traité de Kikdouchin) et le Méïri (Baba Kama 80b) écrivent que la prière, la Tsédaka et les mérites peuvent transformer ce qui a été fixé dans les astres. La mort peut se transformer en vie, la tristesse en joie et le deuil en fête !

Rabbénou Bé’hayé dans son livre Kad Hakéma’h (volume sur la Parnassa) explique qu’en priant, on peut changer le destin, même s’il est stipulé dans le Talmud (Mo'èd Katan 28) que : « La subsistance ne dépend pas du mérite de l’homme, mais du Mazal ».

En résumé, celui qui se renforce dans la Torah et les Mitsvot ne doit pas craindre sa destinée. Aucun pouvoir ne peut agir sur lui, puisqu’il s’élève au-dessus des astres, qui se trouvent dans le monde de l’action, pour se connecter à D.ieu.

Ce fut le cas d’Avraham Avinou, qui changea de destinée et fut sauvé de la stérilité. D.ieu lui dit : « Sors de l’astre où tu es né ! » Ce fut aussi le cas de Binyamin, qui vécut plus longtemps que ce qui lui avait été fixé au Ciel ainsi que de Rav Houna qui vécut des années supplémentaires car il travaillait sur ses traits de caractère. Ce fut enfin le cas de la fille de Rabbi Akiva, qui selon les astrologues devait mourir le jour de son mariage et qui fut finalement sauvée par le mérite de la Tsédaka.

Les lignes de la main prédisent une certaine situation, mais celle-ci peut être permutée grâce à la prière et à la Tsédaka.

Il est donc préférable que l’homme ne s’intéresse pas aux lignes de sa main et ne cherche pas à découvrir son futur. Mieux vaut vivre sans se poser de questions dans ce sens !

Le Rav Morgensteïn dans son livre Yam 'Hokhma, ajoute que de nos jours, nous n’avons pas réellement accès à cette science, ce que nous en percevons est une vision extérieure qui ne reflète pas la vérité.

Pour celui à qui on a déjà prédit que sa vie sera écourtée, qu’il en tire une leçon ! Nos Sages posent la question : « Qui est assuré de vivre ? » Et de répondre : « Repens-toi aujourd’hui car peut-être demain tu mourras !»

Se rappeler du jour de la mort est un haut niveau. Celui qui l’atteint éprouve un bonheur indicible. « Heureux celui qui a toujours peur ! », disent nos Sages. C’est une peur qui n’est pas nocive car : « La crainte de D.ieu rallonge la vie. »

La plupart des gens ne craignent pas la mort. C’est ce qui est expliqué dans le Zohar Hakadoch : l’homme a au fond de lui la sensation d’être éternel. S’il voit des malheurs s’abattre sur le monde, il pense qu’ils ne le toucheront pas. Celui qui a déjà consulté des voyants n’a pas besoin de s’attrister ; qu’il exploite cette donnée pour se renforcer dans la Torah et les Mitsvot ! Il n’a rien à craindre puisque le peuple d’Israël est au-dessus du Mazal. Ainsi, il grandira et acquerra des hauts niveaux spirituels.

Il y a une autre raison pour laquelle il est préférable de s’éloigner de cette science. Comme on le sait, la Torah interdit sévèrement la médisance. Or, il n’y a pas de distinction entre le fait d’écouter de la médisance concernant autrui et celui d’écouter de la médisance concernant sa propre personne, puisque les voyants, en prédisant éventuellement un avenir négatif à ceux qui viennent les consulter ne font rien d’autre que de la médisance ! Dans les deux cas, il est interdit d’y prêter foi, si ce n’est dans le but constructif de réparer ses travers. Ainsi, celui qui croit aux prédictions des voyants le concernant mais n’utilise pas ces données pour s’amender commet une grave faute, celle d’écouter de la médisance !

Kol Touv.

Rabbi 'Haïm Kanievsky

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