Bonjour Rav,
J’ai entendu que l’on ne pouvait pas couper un vêtement ou une étiquette sur soi, car réservé aux endeuillés. Y a-t-il une source à cela ?
Merci Rav.
Bonjour,
Le Rav Bentsion Moutsafi m'a confirmé qu'il y a bien une source à cela, mais il ne me l'a pas indiqué.
Je me permets donc de vous fournir deux sources possibles à cela :
1) Il ressort des propos du Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm chap. 167, 18) que celui qui recite la bénédiction sur le pain et le distribue aux convives ne doit pas le leur donner en main propre, mais uniquement le poser en face d'eux, car ce sont les endeuillés qui ont pour habitude de recevoir le pain en main propre, et le Michna Beroura (168, 90) d'expliquer la raison pour laquelle il ne faut pas agir ainsi : pour justement ne pas les comparer aux endeuillés et attirer sur eux un mauvais sort. Notons cependant qu'il ne s'agit pas d'un interdit mais plutôt d'un mauvais signe, comme le souligne le 'Aroukh Hachoul'han (167, 31).
2) Dans le même ordre d'idée, nous déduisions des propos du Rama (Ora'h 'Haïm chap. 132, 2), que les parents peuvent empêcher leur fils de réciter le Kaddich en faveur d'un défunt, et le Lévouch (Ora'h 'Haïm chap. 133) de justifier leur crainte : l'assemblée pourrait interpréter cette récitation du Kaddich par le décès de ses parents, et qu'en l'exprimant de vive voix, les gens pourraient entrainer une telle réalisation, et, ce, en vertu du principe exprimé dans le Talmud (Mo'èd Katan 18a), "Brit Krouta Lasfatayim", à savoir que la bouche possède un certain pouvoir d'exécution [voir aussi Responsa Pri Hassadé (tome 4, chap. 92) et 'Hazon Ovadia (Avélout tome 1, pages 338 et 344)].
On peut donc peut-être déduire de ces enseignements qu'il ne faut pas effectuer tout acte qui pourrait être interprété comme un acte de deuil ; or, le fait de couper un vêtement sur soi est effectivement réservé aux endeuillés. Rappelons cependant qu'il ne s'agit pas d'un interdit explicite, mais plutôt d'un mauvais signe à éviter, et, dans tous les cas, il serait tout à fait permis de retirer une étiquette, car cela ne représente en rien une coutume d'endeuillé.
Mon maître, le Rav Dayan chlita, fait remarquer qu'il existe aussi une coutume à ne pas coudre un habit sur soi, pour la même raison, à savoir que cela pourrait s'apparenter à un défunt pour lequel on coud l'habit qu'il porte.
J'espère que les informations apportées ici vous satisferont, et n'hésitez pas à nous contacter de nouveau pour toutes question supplémentaire.
Cordialement.