Bonjour Rabbi,
J'aimerais savoir si c'est autorisé de consommer (une seule fois) une plante hallucinogène (l'ayahuasca) pour expérimenter une forme de transe ?
Merci de votre réponse.
Chalom,
Vous posez une excellente question.
En effet, il peut être tentant de consommer une plante hallucinogène pour expérimenter, comme vous le dites, une forme de transe. L'être humain, du fait de l'âme divine qu'il porte en lui, aspire à un contact avec le divin, ou tout au moins avec une certaine forme de spiritualité. Ce désir est donc parfaitement légitime et même louable.
Cependant, il existe deux façons de répondre à ce besoin : une façon conforme à la Torah et une façon qui ne l'est pas. Répondre à ce besoin légitime d'une façon conforme à la Torah consiste à étudier la Torah et à pratiquer ses Mitsvot, et ceci pour la bonne raison qu'il n'existe pas de raccourci.
La façon non conforme à la Torah de répondre à ce besoin, consiste par exemple à consommer une plante hallucinogène pour essayer de ressentir des sensations d'un autre monde. Il est vrai que les gens qui consomment des hallucinogènes peuvent vous parler de toutes sortes de sensations paradisiaques ou de visions qui sortent de l'ordinaire. Mais vous devez savoir que toutes ces sensations, pour extraordinaires qu'elles soient, ne constituent qu'un ersatz de spiritualité. La spiritualité authentique se trouve exclusivement à l'intérieur de la Torah et toutes les autres formes de spiritualité, sans exception aucune, ne sont au mieux que de pâles copies, ou au pire des formes d'impureté ou d'idolâtrie (cf http://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/science-torah/le-regard-de-la-torah-sur-les-sciences-profanes_2655.html).
Vous cherchez en réalité à vous rapprocher de D.ieu. En tant que Juif, vous avez la chance d'être à la bonne adresse. L'étude intensive de la Torah, associée à une pratique rigoureuse des Mitsvot, vous permettront d'atteindre, avec l'aide de D.ieu, les plus hauts niveaux de spiritualité. Bien entendu, il faudra leur associer la prière, à la fois dans sa forme institutionnalisée, telle qu'elle apparaît dans les Sidourim (les livres de prière), et aussi sous un aspect plus informel, dans le cadre de ce qu'on appelle la Hitbodédoute, qui est un dialogue personnalisé entre vous et D.ieu. Les livres du Rav Chalom Arrouch ("Le jardin de la foi", "Les portiques du remerciement" etc.) pourraient vous y aider grandement.
D'autre part, la consommation de plantes hallucinogènes, en plus du danger spirituel qu'elle comporte, présente un certain nombre de risques médicaux. En l'occurrence, la consommation d’Ayahuasca induit des phénomènes tels que nausées, vomissements, diarrhées. Dans certains cas, elle peut induire des malaises physiques et psychiques ainsi que des dépressions aggravées. On a même pu constater des cas de suicide.
Pour toutes les raisons précédemment évoquées, il apparaît que la consommation de Ayahuasca dans le but d'entrer en transe, est strictement interdit. Il existe un impératif mentionné dans la Torah de protéger sa vie "Vénichmartem Méod Lénafchotékhem", que l'on peut traduire par « Vous garderez extrêmement vos âmes" (Dévarim 4,15). Cet impératif nous enjoint de protéger nos vies sur un plan physique, et à plus forte raison sur un plan spirituel (Traité Bérakhot 32b).
Votre désir d'accéder à la spiritualité est parfaitement légitime et provient de votre Néchama (âme divine). Il faut simplement l'orienter de façon positive et éviter de prendre les chemins de traverse où les soi-disant raccourcis, qui constituent autant de pièges et d'embûches redoutables. Vous pensez probablement qu'il est nécessaire de s'élever jusqu'au Ciel pour communier avec le divin, d'où votre désir d'entrer en transe ; mais sachez qu'il n'en n’est rien. Bien au contraire, il est écrit dans la Torah : "Elle n'est pas au Ciel... car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour l'accomplir" (Dévarim 12,14).
Cela signifie qu'il n'est nullement besoin d'accomplir des exploits spirituels pour se rapprocher de D.ieu. C'est pourquoi il est dit que la Torah n'est pas au Ciel. Il suffit simplement de l'étudier ("dans ta bouche") et d'intégrer ses paroles au point qu'elles fassent partie de notre identité profonde ("dans ton cœur"). On se rendra compte alors que la Torah et la communion avec le divin est à notre portée ("car la chose est très proche de toi").
En vous souhaitant une réussite véritable dans votre quête de spiritualité !