Connaître l'heure grâce à l'horloge d'une église

Rédigé le Jeudi 11 Juin 2020

La question de Anonyme

Bonjour Kvod Harav,

Est-il permis de connaitre l'heure en se basant sur le bruit de la sonnerie de l'horloge d'une église ?

Car, malheureusement, à Paris, l'église fait sonner toutes les heures et demi-heures.

Du coup, sans le vouloir, on sait automatiquement et indirectement quelle heure il est.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN

41463 réponses

Bonjour,

1. Etant donné que les cloches ne sont pas des objets de ‘Avoda Zara - elles ne sont pas adorées - il n’est pas interdit d’en tirer profit en les écoutant, et surtout, lorsque l’on y est contraint. Voir Michné Halakhot, volume 4, réponse 111 [arguments concernant l'horloge des églises], Sobou Tsiyon, page 89, réponse 300.

Elles sont, généralement, utilisées pour annoncer les offices, les mariages ou les enterrements ou accompagner certaines cérémonies. Elles ont, donc, le statut de Noy.

Voir Choul'han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 142, Halakha 15 et Sifté Cohen, passages 33-34.

2. Dans le même ordre d’idée, Rav Moché Feinstein n’interdit pas de regarder les croix car elles ne sont pas adorées.

Voir Iguerot Moché, Yoré Déa, volume 1, réponse 69.

3. Il est à noter que de nombreux décisionnaires pensent que de nos jours, les non-juifs n’ont pas le statut de ‘Ovdé ‘Avoda Zara étant donné qu’ils ignorent les détails des cultes [Ma’assé Avotéhème Bidéhème].

Voir Rambam dans son Pirouch Hamichnayot sur ‘Houlin, chapitre 1, Choul'han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 148, Halakha 12, Michné Halakhot, volume 19, réponse 115, passage Héter Che’hitat Koumar, Ben Israël Lanokhri, volume 4, page 396, note 32, Roua’h ‘Haïm, passage 2 sur Choul'han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 148.

Il est possible de s’appuyer sur cette opinion pour ce qui est de votre question.

4. Il n’est pas interdit de régler sa montre en regardant l'horloge fixée sur une église car elle n’a pas été placée pour faire partie d’un culte quelconque, mais, uniquement, pour offrir aux habitants une commodité.

Voir Min'hat El'azar, volume 2, réponse 73, Michné Halakhot, volume 4, réponse 111, Min'hat Its'hak, volume 4, réponse 87.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Mékorot / Sources : Choul'han 'Aroukh - Yoré Déa, Chakh, Iguérot Moché, Pirouch Hamichnayot, Michné Halakhot, Ben Israël Lénokhri, Roua'h 'Haïm, Min’hat Elazar.

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5 commentaires

Dimitri B.

13/06/2020 - 21h33

Bonsoir Rav Dayan ! Existe-t-il des catégories d'idolâtrie ? Entendez est-ce que la Torah fait la distinction entre celui qui adore une statue ou un arbre de celui qui accepte que le Créateur existe, et qu'il se serait incarné en un homme ?

Rav Gabriel D.

13/06/2020 - 21h26

Très cher Chloumi A.
La référence du Min'hat Its'hak est : Volume 4, réponse 87.

Rav Gabriel D.

13/06/2020 - 21h12

Très cher Mickaël O.
L'histoire que vous racontez est une autre version de celle qui se trouve dans l'ouvrage "Toratekha Cha'achoua'y", page 212 et dont les héros sont Rav Aharon Kotler et le Admour de Kofchtinits.

Chloumi A.

12/06/2020 - 16h31

Merci au Rav Dayan pour sa réponse toujours aussi érudite !

Merci aussi à Mickaël O. pour ce commentaire qui nous fait bien réfléchir. H'azak Oubaroukh !
J'ai vu que l'on peut aussi retrouver cette histoire dans cette référence:
[...] lire la suite du commentaire

Mickaël O.

12/06/2020 - 08h40

Cher Rav Dayan,

La question de cet internaute est loin d’être anodine et très pertinente. Et je voudrais, avec votre permission, vous rapporter une histoire véridique rapportée par le Rav Meir Sitruk de la rue Pavée a Paris. Il y avait un bakhour [...] lire la suite du commentaireCher Rav Dayan,

La question de cet internaute est loin d’être anodine et très pertinente. Et je voudrais, avec votre permission, vous rapporter une histoire véridique rapportée par le Rav Meir Sitruk de la rue Pavée a Paris. Il y avait un bakhour yeshiva brillant qui, sans que personne ne comprenne pourquoi, a complètement chuté dans son limoud. A tel point qu’il est parti voir un jour le Rosh Yeshiva pour lui annoncer que sa valise était prête et qu’il quittait la Yeshiva et le Olam Hatorah - bar minan. Alors le Rosh Yeshiva, estomaqué, lui demande s’il y a eu des problèmes avec qui que ce soit et le bakhour a répondu que non, il n’y avait eu aucun problème avec personne. Alors le Rosh Yeshiva lui demande d’attendre la fin de la journée avant de partir. Ce qu’accepte le bakhour. En attendant le Rosh Yeshiva demande conseil en urgence au Rav Steinmann a qui on explique la situation dramatique. Et le Rav Steinmann dit : "il faut lui acheter un réveil et le régler 2 minutes avant son heure habituelle du lever". Face a cette réponse, le Rosh Yeshiva était encore plus décontenancé car on parlait d’un jeune qui voulait tout abandonner, qui n’avait plus du tout de gout pour le limoud et la Torah - lo alenou. Mais le Rav Steinmann a donné cette réponse "lui acheter un réveil, qu’il règlera 2 minutes avant son heure habituelle". Sur ce, le Rosh Yeshiva revient, achète un réveil et demande a ce bakhour de passer une dernière nuit ici au prétexte que tous ses amis lui fassent demain un au-revoir comme il se doit. Le bakhour accepte et le Rosh Yeshiva lui donne ce réveil et lui demande de le régler 2 minutes avant son heure habituelle. Le bakhour ne comprend pas trop pourquoi mais accepte par égard pour le Rosh Yeshiva. Au matin, tout le monde se lève, fait son seder et ce bakhour, ému par la chaleur des ses amis, décide ne partir que l’après-midi après la pause. Et puis l’après-midi, il se dit autant bien finir avec eux et partir le soir. Et puis le soir, il se dit qu’il partirait le lendemain matin, avec son réveil réglé "2 minutes avant son heure habituelle". Il se lève le lendemain et se dit que c’est dommage, qu’il vaut mieux partir vendredi a la fin de la semaine. Puis vendredi, il se dit c’est dommage, autant passer un dernier shabbat avec eux, il partira motzae shabbat. Puis motzae Shabbat, il se dit qu’il partira dimanche matin a la première heure. Et finalement il n’est pas parti du tout, il est resté a la Yeshiva et tout est rentré dans l’ordre baroukh Hashem ! Des semaines plus tard, le bakhour dit au Rosh Yeshiva qu’il a oublié de le remercier pour le réveil parce que jusque-la il n’en avait pas. Alors le Rosh Yeshiva lui a demandé a l’aide de quoi il se réveillait ? Et le bakhour de répondre, je me calais sur le son des cloches de l’Eglise en face de la yeshiva… Alors le Rosh Yeshiva a compris le conseil extraordinaire du Rav Steinmann et de quelle manière, le son - a priori anodin - de ces petites cloches ont pu créer une klipa noire et épaisse qui a bien aillit emporter ce bakhour…