Chalom,
Je voudrais comprendre comment font les Rabbanim pour donner de nouvelles interprétations de la Torah ('Hidouch), puisque nous n'avons pas le droit d'utiliser les règles d'herméneutique ?
Bonjour,
Il n’est aucunement nécessaire de faire appel aux règles mentionnées dans votre question pour être l’auteur d’explications ayant le statut d’un ‘Hidouch.
Le ’Hidouch est l’explication d’un texte, une interprétation, une décision ou une déduction assez originale qui de prime abord, n’est pas évidente [et parfois, semblerait irrecevable].
Rabbi ‘Haïm de Volozin affirme que le ‘Hidouch est, en fait, la compréhension parfaite d’un enseignement donné.
La Torah est tellement vaste et profonde que la compréhension de ses enseignements doit, souvent, faire appel à une sagesse spéciale et à un approfondissement particulier.
Il faut souvent aller en profondeur pour atteindre les perles qui se trouvent loin de ceux qui ne se suffisent que d’une étude superficielle.
Après une étude sérieuse et conforme aux exigences de nos maîtres, il est, généralement, possible de dévoiler des merveilles étant cachées et dissimulées derrière des mots et des idées - apparemment - simples, accessibles et à la portée de tous.
Parfois, et même assez souvent, ce n’est qu’après avoir étudié un même passage, plusieurs fois que les trésors qui y sont dissimulés surgissent à la surface du cerveau.
Voir Talmud Erouvin 54a, fin de la page.
Les enseignements de nos Sages sont « pauvres » [« insuffisamment » détaillés] à certains endroits, mais ils sont « riches » par ailleurs.
Voir Talmud Yéroushalmi, Roch Hachana, chapitre 3, Halakha 5.
Plus la connaissance des textes est étendue, plus leur compréhension sera seine et parfaite.
La splendeur de cette vérité devient éclatante lorsque l’on étudie les commentaires de Tossefot et des autres Richonim tout au long du Talmud où l’on s’aperçoit de l’étendue de leur connaissance.
La clarté et la profondeur de leurs explications sont le résultat « incontournable » de la profondeur de leur analyse mais aussi et surtout de l’étendue de leur connaissance.
Ils nous donnent l’impression d’être en présence d’une découverte, mais en fait, il s’agit, assez souvent, d’un complément de connaissance jetant une lumière sur l’enseignement qui jusqu’alors était plongé dans une obscurité épaisse et impénétrable.
Dans son Guide des égarés [partie 1, début du chapitre 34], le Rambam dit qu’assez souvent, la compréhension d’un sujet n’est possible qu’après l’introduction de certaines connaissances [parfois, nombreuses]. Sans ces introductions, le sujet restera obscur et inaccessible.
Certains n’ont pas la patience de s’attarder sur ces introductions et ignorent ces étapes si essentielles pour aller trouver une idée qui s’avèrera être au goût fade et médiocre.
Ce qui a été dit plus haut est, en fait, un bref développement de cette idée du Rambam.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.