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Comment réparer la tentation des garçons ?

Rédigé le Jeudi 27 Février 2014
La question de Avigaelle A.

Bonjour Rav,

J'a lu dans la rubrique du site "Question au Rav", que notre mission sur terre consistait à réparer la plus grande de nos tentations en s'aidant de la meilleure de nos bonnes Midot.

Si la plus grande de mes tentations est de toucher des garçons et faire des 'Avérot dans ce domaine, je n'aurais donc plus ce Yétser Hara' pour les autres garçons une fois mariée puisque j'aurais mon mari avec qui je pourrais faire ce que je voudrais la moitié du temps.

J'ai vraiment passé en revue tous mes Yetser Hara', et c'est sans aucun doute le plus fort.

Comment est-ce que cela peut être le travail de toute une vie ?

De plus, ma plus belle Mida est le 'Hessed et l'amour gratuit de tout le Klal Israël. Comment puis-je combiner ces deux pôles pour réaliser ma mission ?

La réponse de Rav Yossef LORIA
Rav Yossef LORIA
1202 réponses

Je vous transmets un chapitre de mon prochain ouvrage Béézrat Hachem, concernant ce sujet si fragile et si délicat. Faites en bonne utilisation et que D.ieu vous aide à vous sortir de ce péché, si vous le désirez fermement. 

Les différentes manières de réparer la faute :

1.     L’étude de la Torah

Nos maîtres du Talmud expliquent le verset qui traite des différents sacrifices : « Voici la loi (Torah) des sacrifices : ‘ola, min’ha , ‘hatat , acham , milouïm , zeva’h chélamim ». Celui qui s’investit dans la sainte Torah, sera considéré comme s’il avait apporté tous ces sacrifices. Rava disait : quiconque s’adonne à l’étude de Torah, n’aura pas besoin d’offrir différents sacrifices, car le mérite de l’étude de la Torah l’emporte sur les offrandes. Le Talmud conclut : celui qui s’investit dans l’étude de la Torah, D.ieu lui pardonne toutes ses fautes, comme il est dit : « Par les actes de bonté et la vérité (représentant la Torah qui n’est que vérité), la faute sera pardonnée ».

De même, le Zohar stipule : « L’homme qui étudie la Torah est considéré comme s’il offrait tous les sacrifices du monde (les sacrifices au Temple avaient pour but, notamment, de pardonner les fautes), Dieu lui pardonne toutes ses fautes et plusieurs trônes lui sont réservés dans le monde futur ».

Aussi, le Midrach nous apprend : si l’homme a trébuché dans la faute, que doit-il faire pour vivre ? S’il avait l’habitude de lire une page de Torah par jour, qu’il en lise, à partir de maintenant, deux par jour. S’il avait l’habitude d’étudier un chapitre par jour, qu’il en étudie désormais deux par jour.

Enfin, les décisionnaires tranchent qu’il est défendu à une personne qui s’adonne complètement à l’étude de la Torah d’entreprendre un jeûne volontaire quelconque car cela amoindrit ses capacités intellectuelles et physiques. Or, la Torah a un impact supérieur contre les méfaits du mauvais penchant, plus que tout jeûne ou mortification corporelle.

Certains décisionnaires qui traitent du pardon des fautes pendant les jours de repentir entre Roch Hachana et Yom Kippour, énoncent au nom du Arizal : « Les textes qui traitent des mortifications (jeûnes, souffrances…) à s’infliger pour le pardon des fautes ne sont en vigueur que pour celui qui ne s’investit pas dans l’étude de la Torah. Mais celui dont la Torah représente l’occupation principale, celui qui s’y adonne et peine dans l’étude, n’a pas besoin de s’infliger de souffrances comme réparation, car toute la peine et les efforts qu’il investit dans l’étude compensent les souffrances qu’il aurait dû endurer. Il lui est même interdit de jeûner, de peur qu’il ne s’affaiblisse dans l’étude. La Torah représente, en effet, le feu et l’eau qui purifient tous ceux qui l’étudient, et c’est le seul remède efficace contre le mauvais penchant. »

Ainsi, l’un des grands décisionnaires tranche : « Même si l’homme est passible de retranchement (Karète) et des quatre peines de mort, s’il se repent et se renforce constamment dans l’étude de la Torah, par ce mérite il sera épargné des souffrances car son investissement dans l’étude de la Torah représente sa réparation ».

Il faut savoir que la première et principale réparation de la grave faute d’émettre sa semence en vain et du manque de pudeur pour les femmes, est l’investissement dans l’étude de la Torah, car l’étude de la Torah purifie et nettoie l’âme.

 2.     Prier et pleurer sur cette faute

Il est écrit dans le Talmud :

Rav explique le verset des Psaumes : « Montre moi un signe favorable afin que mes ennemis voient et aient honte car Tu es l’Eternel mon aide et mon consolateur », David demanda à L’Eternel : « Maître du monde ! Pardonne-moi pour cette faute ». Dieu lui répondit : « Je te pardonne ! ».

Le Midrach explique également que le verset « Lâche-moi et je les exterminerai ! » veut dire qu’après la faute du veau d’or, Moché saisit D.ieu comme un homme saisit son ami par son vêtement et Lui dit : « Maître du monde ! Je ne Te lâcherai pas jusqu’à ce que Tu leur pardonnes ». Il se vit répondre : « J’ai pardonné comme tu me l’as demandé ! »

Aussi, le Midrach explique le verset des Psaumes « Et mon cœur retentit en moi » en disant que quiconque sait qu’il a commis une faute, s’il pleure sur ses égarements par crainte de leurs conséquences néfastes et supplie l’Eternel de lui pardonner, il se verra assuré d’avoir toutes ses fautes pardonnées.

Le Zohar conclut : « La prière est plus chère que tous les sacrifices et que toutes les espérances ». Rabbi ‘Haïm Vittal rapporte l’enseignement du Talmud : {תהילים יב-ט} כרום זלות לבני אדם אמר ליה אלו דברים שעומדים ברומו של עולם ובני אדם מזלזלין בהן . La prière est l’un des fondements du monde, mais les êtres humains ne lui accordent pas suffisamment d’importance. En effet, explique-t-il, la portée de la prière est supérieure à celle des sacrifices, comme le témoigne le verset « A quoi me servent tous vos sacrifices ? dit D.ieu » et suit la recommandation « Et abondez en prière ». De même que les sacrifices expient les fautes de l’homme, la prière leur fait obtenir l’expiation.                      

Le Zohar raconte : « Rabbi Abba et Rabbi Yossi rencontrèrent un homme dont le visage était particulièrement marqué. Rabbi Abba dit à Rabbi Yossi : « Changeons de chemin pour ne pas rencontrer ce mécréant, car son visage est empli d’impureté ! » Rabbi Abba demanda à l’inconnu de quoi il s’était rendu coupable pour que l’impureté soit visible sur son visage. L’homme se mit à pleurer et lui répondit que plusieurs années auparavant, il avait gravement fauté dans le domaine de la sainteté (des mœurs) après s’être enivré. Lorsqu’il revint à lui, il demanda à Rav Simlaï une réparation pour ses graves fautes. ‘Depuis ce jour-là, poursuivit-il, je fais un véritable repentir et, chaque jour, je prends un récipient que je remplis des larmes que je verse par regret pour mes fautes et après cela je rince mon visage avec toutes ces larmes !’ Rabbi Abba lui annonça alors que son repentir avait été agréé devant l’Eternel. Cet homme s’engagea à s’adonner à l’étude de la Torah jour et nuit. Le Rav lui demanda son nom. Celui-ci lui répondit : « Eleazar ». Le Rav lui dit : « El ‘azar (El-Dieu et ‘azar-a aidé) veut littéralement dire que Dieu est venu à l’aide. Ton nom est le signe que L’Eternel t’a aidé et t’a porté secours. » Le Rav le bénit et se sépara de lui ».

A la lumière de ce passage du Zohar, nous expliquerons allégoriquement le verset des Psaumes : « Ceux qui sèment avec des pleurs récolteront dans la joie » de la manière suivante :

-          « Ceux qui sèment » : fait allusion à ceux qui émettent leur semence en vain. Comment pourront-ils réparer cette faute et vivre dans la joie ?

-          « Avec des pleurs » : répond le verset. Par les larmes qu’ils versent sur cette faute, ils réparent le dommage qu’ils ont causé à l’alliance sacrée.

-          « Ils récolteront dans la joie » signifie que leur repentir sincère sera accepté par Dieu et qu’ils se réjouiront d’avoir obtenu le pardon.

Le Chevet Hamoussar écrit : « Si l’homme a fauté dans ce domaine, qu’il pleure, prenne ses larmes, qu’il les pose sur son front et dise : ‘Que mes larmes éteignent la colère Divine‘, car cette faute entraine une grande colère» Tel est également le conseil de Rabbeinou Yona, qui explique que la réparation des mauvaises visions est de verser des larmes sur ses fautes. Le Roi David a ainsi écrit dans les Psaumes : « Mes yeux ont fait couler des fleuves d’eau parce qu’ils n’ont pas observé Ta Torah ».

De plus, il faut savoir que lorsque l’homme faute, il s’accoutume à cette impureté et il lui devient alors difficile de s’en détacher. Cependant, lorsqu’il s’attriste et pleure sur cela, il s’écarte et se détache de cette impureté. Cela l’aide considérablement dans son repentir et dans le chemin nouveau qu’il désire entreprendre.

Le Talmud stipule ainsi :

 « Depuis la destruction du Beit Hamikdach, les portes de la Prière se sont fermées comme le témoigne le verset « Même lorsque je crie et j’implore, ma prière est obstruée », mais les portes des pleurs seront toujours ouvertes comme mentionné dans les Psaumes « Ecoute ma prière, ô Dieu ; accepte mes supplications, et ne reste pas insensible à ma larme ».

3.     Se tremper au mikvé (bain rituel)

Il est rapporté au nom du Arizal que lorsque l’homme a eu une perte de semence, tant qu’il ne s’est pas trempé au mikvé (bain rituel), l’impureté est constamment visible sur son front. Cependant, s’il s’immerge dans les eaux purificatrices du mikvé, elle n’apparait que très faiblement au cours de cette journée.

C’est pourquoi si l’homme a subi un accident nocturne (perte de semence due à un rêve) ou que son penchant a réussi à le faire trébucher dans cette grave faute, qu’il aille au Mikvé et se trempe afin de retirer l’impureté qui règne sur lui. En revanche, il ne devra en aucun cas se dire « Je vais fauter intentionnellement puisque je pourrai ensuite me tremper et redevenir pur… » car pour ceux qui agissent ainsi, le repentir devient plus difficile et n’est pas toujours agréé devant l’Eternel. C’est seulement, a posteriori, après qu’il ait commis la faute et désire se repentir sincèrement, que l’efficacité du mikvé est irrécusable.

Le Rav Pin’has de Karits stipule au nom du Rabbin de Prémichlan :

Pour purifier un ustensile en argile devenu impur, la Torah nous propose une seule solution : le briser. L’homme également provient de la terre ; ainsi, pour se purifier il devra avoir le cœur brisé par un repentir profond et des regrets sincères, et après cela il se purifiera.

4.     Faire mériter le public (Zikouy Harabim)

Rav Aharon Raata stipule dans son œuvre Taarat Hakodech :

« Nos grands maîtres nous ont fait savoir que l’une des plus grandes réparations, particulièrement efficace pour expier la profanation de l’alliance sacrée, est de faire mériter le public dans ce domaine afin qu’il se renforce pour préserver la sainteté. Il n’est cependant pas donné à tout le monde de faire partie de la catégorie de personnes qui se consacrent à cette noble tâche. C’est pourquoi celui qui s’efforce de propager des ouvrages ou des cours qui traitent de ce sujet afin que d’autres l’étudient, entre incontestablement dans la catégorie de ceux qui font mériter le public. En effet, tous ceux qui étudieront ces ouvrages s’amélioreront sans aucun doute dans ce domaine, et capteront certainement un éclaircissement ou une mesure de prévention qui les aidera à préserver leur alliance, même par un effort minime dans le domaine du regard, de la pensée ou encore de l’acte. En effet, nos maîtres ont enseigné que les justes réparent là où ils ont fauté. Le Zohar souligne aussi que l’essentiel de la réparation doit se situer dans le domaine où la faute a été commise. »

On raconte à ce propos qu’un jour, une personne proféra des propos calomnieux sur notre maître, le ‘Hafetz Haïm. Quelque temps plus tard, l’auteur de ces diffamations fut frappé par de nombreuses souffrances. Il comprit qu’il était le seul fautif : il avait calomnié le grand Sage de la génération et décida de se rendre chez le ‘Hafetz Haïm pour lui demander pardon.

Le Rav ne lui tint pas rigueur et le bénit. Mais il lui demanda : « Comment voudrais-tu que je te pardonne alors que tu as déjà propagé cette calomnie ? » Le visiteur se mit à pleurer et à supplier le juste de lui accorder son pardon. Le Rav lui répondit qu’il devait écrire toutes ces calomnies sur des feuilles de papier, les déchirer et les jeter par la fenêtre afin que le vent les disperse. Persuadé qu’une fois toutes ces calomnies détruites et éparpillées, le Maître lui pardonnerait, le visiteur se réjouit et se mit à l’œuvre immédiatement. Bientôt, tous les morceaux de papier s’envolèrent par la fenêtre.

Lorsqu’il termina, le ‘Hafets ‘Haïm lui enjoint de tous les rassembler. Le visiteur fort étonné se demanda comment il pourrait réunir tous ces morceaux de papier que le vent avait éparpillés en toutes directions. Comprenant son étonnement, le ‘Hafetz Haïm lui fit remarquer : « Comment veux-tu que je te pardonne alors que tes propos se sont envolés et éparpillés partout !»

L’histoire s’achève ainsi, mais ce grand Sage enseigne d’autre part, que la réparation pour celui qui a fauté par la médisance est d’enseigner au public les lois de chemirat halachon traitant de ce sujet et de faire connaitre au plus grand nombre la gravité de cette interdiction. Ainsi sa faute sera-t-elle réparée et pardonnée.

Cet enseignement s’applique aussi au domaine de la sainteté, bien que la gravité de la faute d’émission de semence en pure perte soit extrême car elle fait descendre les âmes ainsi créées un peu partout sur terre. Le fait de faire mériter le public afin qu’il préserve l’alliance sacrée représente donc l’une des plus grandes réparations de cette faute.

La récompense de celui qui fait mériter le public

Voici les paroles de Rabbi ‘Haïm Vital à propos du mérite de celui qui fait profiter le public spirituellement :

« Quiconque affaiblira les forces de l’impureté et s’efforcera de rechercher les personnes qui fautent pour les ramener au repentir retirera d’elles cette empreinte d’impureté. Rabaissant ainsi les forces du mal, il méritera que son trône et son âme soient placés au-dessus des anges les plus élevés… »

5.     La période de Chovavim

Une coutume ancestrale instauré par le Arizal consiste à jeûner pendant quatre-vingt quatre jours et ces jeûnes débuteront pendant la période de Chovavim (il sera expliqué par la suite l’alternative pour celui qui ne peut jeuner autant). Cette période de six semaines en tout débute de la lecture de la section Chemot jusqu’à la lecture de Michpatim. Les lettres qui forment le mot Chovavim sont les acrostiches des sections hebdomadaires lues pendant cette période : Chemot (shin-ש), Vaéra (vav-ו), Bo (beth-ב), Bechalah (beth-ב), Yitro (youd-י), Michpatim (mém-מ) = שובבים.

Ces jeûnes ont été essentiellement instaurés pour la réparation de la faute liée à l’alliance. Cette période est, en effet, très propice au pardon de cette transgression.

Comme nous l’avons expliqué, cette période de six semaines débute à la parachat Chemot pour se terminer à la parachat Michpatim. Ces sections traitent de la naissance du ‘am Israël en tant que peuple, de l’esclavage du peuple juif, de  la miraculeuse sortie d’Egypte, de l’ouverture de la mer rouge ainsi que du don de la Torah au mont Sinaï.

Nos Sages décrivent le processus de l’esclavage en Egypte ainsi : lorsqu’Adam s’est séparé d’Eve durant cent trente ans (après la faute), il engendra des forces spirituelles négatives à cause des gouttes de semence qu’il a émises involontairement pendant cette longue séparation. Toutes ces gouttes furent réparées et élevées durant l’esclavage égyptien (en effet, les souffrances qu’un homme subit dans ce monde ont pour but d’effacer ses fautes).

La période des Chovavim est donc particulièrement propice à la réparation de cette transgression. Ces six semaines captent l’influence spirituelle des événements décrits dans ces sections hebdomadaires de la Torah. Ainsi, chaque année, nous pouvons bénéficier du flux spirituel positif qui s’est dévoilé à l’époque de nos patriarches comme le décrit la Torah.

Comme de nombreuses personnes ne sont pas capables de jeûner pendant toute cette période, une alternative consiste à « racheter » ces jeûnes.

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