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Comment les Rabbanim ont-il ajouté des Brakhot ?!

Rédigé le Mercredi 7 Juin 2017
La question de Samuel C.

Bonjour aux Rabbanim,

J'étais en train d'étudier les Hilkhot Brakhot du Séfer Ahava du Rambam, quand je me suis posé une question.

J'ai du mal à comprendre comment les Rabbanim de l'époque de la Michna ont pu imposer des Brakhot à faire avant de manger.

Je m'explique : on a une interdiction "Al Tossif", d'ajouter, et, pour moi, le fait de créer une Brakha rentre complètement dans cette interdiction. D'autant plus qu'il y a d'innombrables règles à étudier pour éviter de faire une Brakha en vain.

Comment se fait-il que les grands des générations passées aient ajouter des Brakhot au risque que beaucoup des gens du peuple se trompent sur la Brakha (en fonction des circonstances) et en viennent à transgresser un interdit de la Torah ?

D'un côté, les 'Hakhamim (Sages) mettent énormément de barrières pour éviter de transgresser un interdit de la Torah (par exemple, Chabbath), et d'un autre, ils ont créé des Brakhot qui, sans une étude sérieuse de leurs lois, peuvent nous amener à transgresser facilement une interdiction de la Torah.

Merci de m'éclairer.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40095 réponses

Bonjour,

Le fait que nos Sages, les ‘Hakhamim, aient instauré des Brakhot non mentionnées explicitement dans la Torah n’est absolument pas une transgression de l’interdiction Bal Tossif - ajouter des nouvelles Mitsvot ou transformer celles qui sont mentionnées dans la Torah. Dévarim, chapitre 4, verset 2.

Premièrement

La Torah leur a octroyé le droit d’instaurer les Mitsvot qu’ils jugeront nécessaires. Qu’il s’agisse de l’allumage des bougies de Chabbath ou de ‘Hanouka, de la lecture de la Méguila, de la Nétilat Yadaïm, ou de toute autre Mitsva.

Voir Dévarim, chapitre 17, versets 10-11.

Le verset dit : « Qu'ils respectent Mon observance et ne s'exposent pas, à cause d'elle, à un péché, car ils mourraient pour l'avoir violée... ». Vayikra, chapitre 22, verset 9.

Nos Sages déduisent de ce verset qu'une mise en garde est adressée aux autorités de chaque génération afin qu'elles prennent les mesures nécessaires pour que des transgressions ne soient pas commises. Les autorités rabbiniques ont le devoir et l'obligation d'ériger une "haie protectrice autour de chaque Mitsva", pour éloigner les hommes du péché et pour leur faire prendre conscience de la gravité des interdictions.

Voir Vayikra, chapitre 18, verset 30, Talmud Mo'èd Katane 5a, Talmud Yébamot, 21a

Avant le don de la Torah, Hachem s'adressa à Moché en lui disant : « Rends-toi près des Bné Israël et tu les sanctifieras aujourd'hui et demain et qu'ils lavent leurs vêtements. Qu'ils soient prêts pour le troisième jour; car, le troisième jour, Je descendrai aux yeux de tout le peuple, sur le Mont Sinaï... ». Voir Chémot, chapitre 19, versets 10-15.

Moché reçoit l'ordre d'apprendre aux Bné Israël à se préparer au don de la Torah, en prenant certaines dispositions de purification.

Ces purifications devaient durer deux jours (voir le verset précité), et le troisième jour, Hachem devait donner la Torah.

Mais Moché comprit qu'il convenait d'ajouter un troisième jour à titre de précaution particulière. Il ordonna donc au peuple de se préparer sur une période de trois jours.

Hachem approuva cette initiative. Voir Talmud Chabbath 87a et Talmud Yébamot 62a.

Pourquoi Moché a-t-il ressenti ce besoin ?

Il le fit pour dresser un Guédèr - une haie protectrice - autour de ce commandement Divin. Hachem avait, en effet, exigé la sainteté pour le grand jour du Matan Torah.

Il prit donc l'initiative de prolonger la préparation, afin de garantir un certain degré de sainteté. Et il trouva dans les paroles mêmes d'Hachem l'argument qui pouvait lui permettre de justifier cette prolongation. Voir Talmud Chabbath 86-87.

Le Rav Munk écrit à ce sujet : « Moché inaugura ainsi, au moment précis du don de la Torah, le principe fondamental de la Torah orale en tant que protection de la Torah écrite. C'est, en effet, aux hommes qu'il appartient de creuser, d'étudier, et d'analyser la parole Divine pour chercher, dans un élan d'amour et de vénération, à connaître son sens le plus intime et sa pensée la plus profonde. Cet exemple donné par Moché à toutes les générations futures fut récompensé par Hachem qui approuva son initiative ».

Ceci est vrai, également, pour les Mitsvot positives.

Deuxièmement

Une seconde réponse à votre question est mentionnée explicitement dans le Talmud Brakhot 35a [je vous conseille d’étudier cette page du Talmud].

En résumé :

Nos Sages ont trouvé une allusion aux Brakhot précédant la consommation des aliments dans un verset de la Torah - Vayikra, chapitre 19, verset 24.

D’autre part, selon la conclusion figurant dans la page du Talmud précitée, l’obligation de réciter une Brakha avant la consommation d’un aliment est une logique pure. Il n’est pas nécessaire de la mentionner explicitement dans un verset :

Il est interdit de tirer profit de ce monde sans en reconnaître, au préalable, l’origine et la grandeur de Celui qui a tout créé. Tout ce qui s’y trouve n’a été créé qu’afin de pouvoir Le découvrir et mieux Le connaître.

Voir Talmud Brakhot 35a et Yéshaya [Isaïe], chapitre 43, verset 7.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Mékorot / Sources : Rav Elie Munk.
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