Chalom Rav,
J’ai besoin de votre aide sur la situation suivante.
Mes parents sont divorcés et se sont remis avec des non-juifs. Ma sœur est mariée avec un non-juif également. Mon frère, Baroukh Hachem, est marié avec une juive.
Nous n'avons jamais reçu une éducation très religieuse étant plus jeunes.
Je me pose beaucoup de questions sur le fait que les enfants de mon frère et les miens voient que certains membres de leur famille sont avec des non-juifs et trouvent cela normal et, ainsi, en viennent à fréquenter eux aussi des non-juifs, 'Hass Véchalom.
Comment éviter cela ?
Chalom,
Vous soulevez ici un problème de fond.
La seule manière d'éviter des mariages mixtes est de donner à vos enfants une éducation juive religieuse de haut niveau. On ne peut pas éduquer ses enfants sans leur donner la moindre notion de judaïsme et exiger d'eux qu'ils épousent des conjoints et conjointes juifs. Il existe une notion très importante en terme d'éducation juive. C'est ce que j'appellerai la notion de cohérence.
Il vous faut fournir à vos enfants un environnement cohérent avec les valeurs que vous voulez leur transmettre. On ne peut pas décider de vivre d'une manière complètement détachée de la pratique et de l'étude de la Torah et exiger des enfants qu'ils fassent bien mieux que leurs parents sur le plan religieux.
Il y a également une deuxième notion très importante : c'est ce que l'on appelle en hébreu la "Messirout Néfèch", ce que l'on peut rendre en français par "abnégation". On doit être prêt à réaliser de nombreux efforts pour que nos enfants soient éduqués dans la Torah.
Je vais vous donner un exemple concret d'abnégation pour l'éducation juive de ses enfants. Vous avez peut-être entendu parler de Rabbi Réphaël Baroukh Tolédano, né en 1890, un des plus grands dirigeants du judaïsme contemporain. Il était le président du tribunal rabbinique de Mèknès, au Maroc, et dirigeait de ce fait l'une des plus grandes communautés juives d'Afrique du Nord. C'était un homme d'une intégrité extraordinaire qui se dévouait à l'étude et à l'enseignement de la Torah tout en réalisant des actions de bienfaisance sans nombre dans son entourage proche et au delà. Il était parfaitement fidèle à l'héritage de ses pères et refusait de renoncer au moindre Minhag (coutume religieuse) reçu de ses ancêtres, continuant ainsi la tradition marocaine et espagnole.
Cependant, lorsqu'il se rendit compte que le niveau d'enseignement de la Torah au Maroc ne permettrait pas à ses fils et petits-fils de continuer à grandir et à s'élever spirituellement, du fait de l'implantation des écoles de l'Alliance Israélite Universelle qui avait commencé dès le début du vingtième siècle, en 1902, et de l'assimilation causée par ces écoles, il n'hésita pas à les envoyer à Londres, à la Shneider Yéchiva, en 1949, pour qu'ils puissent continuer à s'épanouir dans la Torah. Parmi eux, son fils Ya'acov était alors âgé de seize ans.
Cela signifiait, pour de jeunes adolescents élevés au Maroc, affronter un climat complètement différent, le froid, la brume, la pluie. Cela signifiait apprendre une nouvelle langue, puisque les cours étaient donnés en Yiddish, et s'adapter à une mentalité et une culture totalement différentes. Mais pour Rabbi Réphaël Baroukh Tolédano, toutes ces difficultés devaient être surmontées pour pouvoir atteindre le but suprême : transmettre la Torah à la nouvelle génération, même si, pour cela, il fallait s'exiler au bout du monde...
Tout ceci vous montre à quel point vous devez être prêt à faire des efforts et à investir de votre temps et de votre argent pour fournir à vos enfants la meilleure éducation juive. Il s'agit de la priorité absolue et vous devez être prêt à faire le maximum pour cela.
Sachez cependant que, même si vous faites le maximum, cela ne suffit pas. Il vous faudra également prier de tout votre cœur, avec des larmes, et supplier Hachem de guider vos enfants sur la voie de la Torah. Rabbi Réphaël Baroukh a fait le maximum pour l'éducation juive de ses enfants, mais il a prié toute sa vie et de tout son cœur, avec des larmes sincères, pour mériter des enfants et des petits-enfants qui étudient, pratiquent et enseignent la Torah.
Ses prières ont été exaucées, Baroukh Hachem, et ses descendants éclairent jusqu'à aujourd'hui le monde entier par leurs enseignements de Torah. Pour vous donner quelques exemples, son fils, Rabbi Ya'acov Tolédano, a fondé les célèbres institutions Merkaz Hatorah au Raincy, en banlieue parisienne. Son petit-fils, Rabbi Nissim Tolédano, a fondé en Israël la prestigieuse Yéchiva "Chéérit Yossef" dans la ville de Béèr Ya'acov, et cette liste n'est pas exhaustive.
Le dévouement et la prière pour la réussite de l'éducation des enfants donnent des résultats extraordinaires. Puisse l'exemple de ce grand Tsadik vous inspirer et vous donner les forces nécessaires pour éduquer vos enfants dans la Torah.
Béhatsla'ha.