Chalom Kvod Harav,
Comment expliquer (et comprendre) que la Torah ait mis en place un système de condamnation à mort, alors qu’elle prône la vie et la protège dans tous les cas (en effet, presque tous les commandements de la Torah sont mis de côté pour sauver une vie) ?
Même s’il est dit qu’un Sanhédrin qui condamne à mort tous les 70 ans est sanguinaire, comment comprendre déjà l’existence d’une peine de mort pour une "religion" si vivante, vivifiante et qui protège la vie coûte que coûte.
Toda Rabba.
Bonjour,
1. Lorsqu’une personne a commis un meurtre [homicide volontaire], la Torah prévoit la peine de mort.
L’une des raisons est : la terre doit être gérée par une justice sévère et inflexible permettant d’y vivre sans craindre la « loi du plus fort ». Cette justice doit reconnaître les droits de chacun et empêcher les assassins de mettre fin à la vie de qui bon leur semble.
Cette justice doit, donc, éviter les situations où c’est le plus fort ou le plus méchant qui imposent leur volonté et comme l’écrit l’homme le plus intelligent de tous les temps, le roi Chlomo : « Un roi grandit [construit] son pays par la justice ». Voir Michlé 29, verset 4, Talmud, Makot 7a, fin de la Michna et Séfer Ha’hinoukh, Mitsva 47.
2. Il est à noter que pour mettre à mort un fauteur, il doit transgresser la faute en présence de deux témoins. Ces derniers doivent l'avertir et lui annoncer ce qu'il risque d'une manière très détaillée. S'il est certain que le fauteur a bien écouté l’avertissement et qu'il répond : "Oui, je sais mais je veux, tout de même, transgresser la faute", alors, et seulement, alors, il doit être jugé par un tribunal.
Voir tous les détails de l'avertissement dans Rachi, passage Hitrou sur Talmud, Sanhédrin 81b et Encyclopédia Talmoudit, volume 11, pages 291-314.
3. Rabbi Tarfon et Rabbi Akiva affirmèrent que s'ils faisaient partie du grand tribunal jugeant les peines de mort, aucun fauteur n'aurait été mis à mort [ils auraient tout fait pour trouver un vice de forme]. Rabbi Eliézer dit : "Si un tribunal réussi à mettre à mort, plus d'un fauteur, tous les 70 ans, c'est un tribunal meurtrier." Voir Talmud, Makot 7a.
4. D’une manière générale, la vie n’a été octroyée à l’être humain par le Créateur, tout puissant, qu’à condition qu’il en use à bon escient. Si le fauteur prouve qu’il use de ses jours à mauvais escient, mieux vaut qu’il soit « aidé à quitter ce monde » afin qu’il n’accumule pas des accusations et qu’il puisse mériter le monde futur en faisant Techouva avant de quitter ce monde. Talmud Chabbath 32a, Talmud Sanhédrin 43b et 45b : Kol Hamoumatin Mitvadine.
Un exemple : l’enfant rebelle [Bène Sorère Oumoré], à propos duquel, la Torah dit : « Mieux vaut qu’il meurt en étant méritant, avant [qu’il ne cause trop de dégâts et] qu’il ne soit trop tard ». Talmud Sanhédrin 71b et 72a.
5. Les fautes entraînant une peine de mort sont, parfois, une preuve que le fauteur n’est pas en mesure de vivre au sein de la société car il constitue un vrai danger pour l’entourage. Exemple [Chémot 21, verset 15] : celui qui frappe ses parents. Voir Le Guide des égarés [Rambam], volume 3, chapitre 41 et Séfer Ha’hinoukh, Mitsva 48.
Tout n'a pas été dit à ce sujet.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.