Bonjour,
Je suis enseignant, et nous avons commencé à aborder la Méguilat Routh, et donc l'origine de la monarchie d'Israël.
Dans une classe de seconde, comment répondre à cette question : "comment excuser une conduite indécente comme celle de Tamar envers Yéhouda, ou celle de Routh envers Bo'az, sous prétexte qu'Hachem préparait l'étincelle de Machia'h ? Donc aujourd'hui, on peut se laisser succomber à la faute, car peut-être que c''est un ange qui nous y a poussé ?"
Tels sont les termes de l'élève !
Pourriez-vous m'aider à lui donner une réponse cohérente ?
Merci d'avance.
Chalom Ouvrakha,
Dans un premier temps, essayez gentiment de remettre vos élèves à leur place en leur expliquant que l'interprétation petite des gens petits que nous sommes ne peut être qu'erronée lorsque nous parlons de Tsadikim Yessod 'Olam (piliers du monde), comme Tamar, qui était prête à mourir brûlée plutôt que de faire honte à Yéhouda, ou encore Ruth, qui a suivi sa belle-mère dans la misère et l'abnégation par amour de D.ieu.
Après leur avoir fait un peu comprendre de qui on parle, expliquez-leur qu'il ne s'agit pas de "succomber à la faute" dont nous parlons ici, mais d'une volonté pure d'avoir une descendance qui donnera naissance au Machia'h ben David. Il est important de préciser qu'à leur époque, une femme pouvait tout à fait s'acquérir par la Bia (relation), tant que ce n'était pas fait Dérekh Znout (débauche). Il va sans dire que Tamar et Ruth avaient l'intention de devenir les femmes respectueuses de Bo'az et Yéhouda, et non de s'adonner à un acte de débauche, 'Hass Véchalom, même si leur approche n'a pas été conventionnelle.
En ce qui concerne Yéhouda, Rachi nous enseigne que c'est un Malakh (ange) qui l'a poussé, et, même si ceci pourrait quand même être considéré comme une faute à son niveau, il l'a largement réparé en reconnaissant en public sa faute par la honte terrible qu'il ressentit alors. D'après l'une des explications de Rachi, Tamar devint par la suite la femme de Yéhouda, et, même si Bo'az est décédé au lendemain de sa relation avec Ruth, il est bien évident que son intention était d'en faire sa femme.
Le Rav Pinkous (Tiférèt Chimchon Bamidbar) nous explique que la raison pour laquelle l'approche de Ruth ne fut pas conventionnelle était tout simplement qu'aucun envoyé n'aurait accepté de proposer le Yiboum à Bo'az qui était le grand Rav de sa génération, et il avait alors 80 ans, alors que Ruth était Moavia et il n'était pas clair aux yeux de tous qu'il était possible de la convertir. De plus, elle était alors une jeune femme, et le Chidoukh semblait tout à fait absurde.
Le Malbim nous enseigne explicitement que Ruth a bien dévoilé à Bo'az la pureté de ses intentions, qui était d'accomplir la Mitsva de Yiboum pour donner une descendance spirituelle à son mari défunt Makhlon. De la part de Ruth, il s'agissait encore d'un acte de sacrifice extraordinaire de renoncer à se marier avec un homme de son âge afin d'avoir un avenir heureux d'une vie de couple "normale"; elle s'est sacrifiée par bonté envers l'âme de son mari défunt.
Au lendemain de la nuit de noce, Bo'az quitta ce monde; et Ruth ne posa aucune question et n'émit aucune plainte face à la justice Divine, et elle ne chercha même pas à se remarier, puisque son but essentiel était atteint : mettre au monde un enfant dans la sainteté et dans la pureté. Cet enfant (Ovad) deviendra un grand Tsaddik et mettra au monde Ichaï, qui mettra au monde David Hamélèkh.
Kol Touv.