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Comment étudier la Guémara "en profondeur" ?

Rédigé le Dimanche 7 Juin 2020
La question de Anonyme

Chalom Rav,

Quelle est la méthode à adopter pour étudier la Guémara "en profondeur" (Bé'iyoun) ?

Merci d'avance et Kol Touv.

La réponse de Rav Chalom GUENOUN
Rav Chalom GUENOUN
318 réponses

Bonjour à vous,

La Guémara, comme vous le sous-entendez, nécessite une méthodologie. C'est ce que l'on apprend dans les Yéchivot.

Tout d’abord, avant l'approfondissement de l'étude de la Guémara, il y a ce que l'on appelle le Pchat de la Guémara, c'est-à-dire, comprendre le sens simple de l'information, comprendre ce qui a été dit. Puis s’efforcer de déduire les Nafkaminot, c'est-à-dire les lois qui découlent de cette information. Par exemple : si la Guémara nous dit qu'un homme est 'Hayav (coupable) lorsqu'il émet un faux serment, il faut se demander dans quels cas exactement il est 'Hayav. Dans tous les cas ? Sur toutes les sortes de serments ? Dans toutes les situations dans lesquelles il jure ?, etc. Ce travail sert, dans un premier temps, à délimiter le Din (la règle) énoncé, savoir s'il s'agit d'une règle absolue ou porteuse d’exceptions, afin de bien isoler et définir le Issour (l'interdit).

Une fois ce travail effectué, on s’attellera à bien comprendre la Svara (l'idée) qui est dégagée de telle ou telle loi, c'est-à-dire quel est le sens du Issour ou du Hétèr (permission). Ce travail est essentiel, il constitue le fondement du Iyoun (approfondissement). Savoir quel est le sens des choses et chercher à comprendre pourquoi la Torah ou les Sages (s'il s'agit d'un interdit des Sages) l'ont interdit.

Au-delà de la recherche de la Svara déduite d'un cas, il faut toujours s'efforcer de discerner la Svara de chacun des intervenants de la Guémara. Dans ce qu'il dit, que veut-il dire ? On déduit une Svara par le Dikdouk (précision) des mots, mais aussi par la logique. L'idée doit sortir des mots, c'est-à-dire qu'elle doit être exprimée par "ces mots-là" et il faut chercher l'idée qui est mis en relief par la syntaxe de la phrase. Après le Dikdouk des mots vient l'aspect logique d'une information émise par un Sage qui ne peut être illogique ou insensé, cela nous guide pour savoir si nous l'avons correctement compris. Il est bon de se servir du raisonnement par l'absurde pour vérifié la véracité d'une information par exemple. Il ne peut pas avoir dit ça, car si c'est bien cela qu'il a dit, le Din aurait dû être énoncé autrement.

Un autre moyen dont nous disposons pour approfondir la Svara d'un Sage ou d'un Din est le 'Hechbone (calcul), c'est-à-dire que nous calculons l'idée que nous croyons avoir déduis, puis nous la soumettons à la suite des informations de la Sougia (du sujet traité). Si cela ne s'oppose à aucune étape ni à aucune autre idée émise par le Sage en question, nous pouvons la garder et continuer avec, jusqu'à preuve du contraire. Cela nécessite que nous conservions nos différentes compréhensions "au frais" et que nous les confrontions à l'ensemble du sujet traité, pour les valider ou pour les invalider. Pour se faire, il faut faire preuve de flexibilité et constamment remanier ses idées, jusqu'à ce qu'elles s'intègrent toutes dans un ensemble logique et cohérent. Tel un grand puzzle construit et structuré.

Il est bon également de connaitre quelques règles talmudiques de base, ce que vous apprendrez chez un maître qui vous les enseignera.

Et n'oubliez pas les paroles de la Guémara : "Nikarim Divré Emet" "Les paroles de vérité se reconnaissent", alors soyez bien attentif...

Kol Touv et Brakha Véhatsla'ha.

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