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Les Kitniot : liste et explications

Rédigé le Jeudi 15 Mars 2018
La question de Anonyme

Chalom Rav,

Je suis à la recherche d'une liste exhaustive des Kitniot de Pessa'h.

Je ne trouve que des explications par-ci, par-là, sur le net, et cela ne me semble pas suffisant.

Pourriez-vous me dire où je pourrais la trouver s'il-vous-plaît ?

Merci beaucoup et Kol Touv.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40333 réponses

Bonjour,

Etant données les différentes raisons citées dans la suite de cette réponse, il est possible d'établir la liste suivante :

Le riz,

Les petits-pois,

Les fèves sèches,

Les fèves fraîches [de nombreux décisionnaires les incluent dans les Kitniot],

Les graines de courge sèches,

Les lentilles,

Les pois chiche,

Les haricots blancs / rouges,

Les haricots verts [de nombreux décisionnaires les incluent dans l'interdiction],

Le cumin,

Le colza,

Les graines de Pavot,

Le poivre noir,

Le poivra blanc,

Le poivre gris,

Le millet,

Le glucose [s'il n'a pas pour origine l'une des 5 céréales, il peut être fabriqué à base de maïs],

Les graines de moutarde [et donc, la moutarde],

Les graines de tournesol [et donc, l'huile de tournesol],

Les grains de sésame,

Le chanvre,

La luzerne,

Le maïs,

Le fenugrec,

La gesse,

Le safran,

Le lupin,

Le quinoa. Certains le considèrent comme des Kitniot, d’autres, non. Dans Chéma' Chlomo volume 6, Ora'h 'Haïm, réponse 4, Rav Chlomo Amar développe ce sujet en long et en large. Il pense, personnellement, que le quinoa ne fait pas partie des Kitniot.

Les cacahuètes [la plupart des décisionnaires ashkénazes en interdisent la consommation].

Attention ! Certains des produits cités ci-dessus sont sujets à discussion. Il se pourrait qu'un même produit soit interdit dans une communauté, alors que dans une autre, il soit permis de le consommer.

Attention ! De nombreux produits contiennent des Kitniot en quantité minime, ils sont interdits au même titre que les Kitniot, elles-mêmes.

Ceci est une évidence qu'il faut tout de même rappeler, car, assez souvent, il faut faire preuve de vigilance afin de discerner une présence de Kitniot dans certains produits.

Les Kitniot regroupent toutes les graines ou légumineuses, à l'exception des 5 céréales : le blé, l'orge, l'épeautre, le seigle et l'avoine.

Il est important de noter que ces 5 céréales peuvent devenir 'Hamets au contact de l'eau ou de certains autres liquides.

Toutes les autres graines et leurs dérivés n'entraînent pas un processus de 'Hamets et sont donc permis d'après la Torah.

Cependant, dans les communautés Ashkénazes et certaines communautés Séfarades, on a l'habitude de ne pas en consommer durant la fête de Pessa'h, suite à une instauration datant de plus de dix siècles. Voir Birké Yossef, chapitre 453, Kaf Ha’haïm, chapitre 453, passage 10 et chapitre 464, passage 7.

En cas de force majeure [personnes malades ou enfants en bas âge], les Kitniot sont permises, après avoir consulté une autorité rabbinique compétente.

Bien entendu, il faudra alors redoubler d'attention et vérifier correctement s'il n'y a pas une présence de graines risquant de devenir « interdites » au contact de l'eau.

Cette coutume, devenue une Halakha [loi], est rapportée par Rabbi Moché Issarlès [≈1530-1572 / Le Rama] dans le Choul'han 'Aroukh, chapitres 453 et 464.

Il est à noter que dans certaines communautés Séfarades, c'est uniquement certaines sortes de graines qui sont touchées par l'interdiction des Kitniot, alors que dans certaines communautés, c'est uniquement le riz que l'on évite de consommer.

Sans doute, ces anciennes coutumes ont vu le jour au sein de différentes communautés Séfarades, à travers le monde.

Les raisons de cette interdiction

De nombreuses interdictions ou restrictions ont vu le jour au cours des générations, alors que certains de nos maîtres ont ressenti un besoin "brûlant" d'intervenir, pour éviter de voir certains domaines de la Halakha, s'affaiblir, voire même, disparaître.

La Torah nous ordonne de nous soumettre à l'autorité ultime des maîtres en Torah, non seulement afin de préserver le trésor qui nous est tellement cher, mais surtout parce que la compréhension de ses enseignements n'est pas à la portée de tout un chacun.

Il est donc nécessaire et indispensable de s'en remettre à ceux qui en détiennent les clés.

Si les circonstances d'une certaine époque rendaient nécessaires une nouvelle instruction, celle-ci devenait obligatoire pour tout juif.

Il se peut que l'on soit convaincu que leurs décisions soient inexactes ou injustifiées [c.q.f.d.], il faudra néanmoins leur obéir.

Si un juif désobéit aux décisions des chefs spirituels de sa génération et à plus forte raison à celles des chefs de générations antérieures, il transgresse un commandement de la Torah.

A l'époque du Beth Hamikdach, il pouvait même encourir la peine de mort, si certaines conditions étaient remplies. Voir Talmud Sanhédrin 86b-89a.

Voici quelques raisons concernant l'interdiction des Kitniot, rapportées dans les écrits de nos maîtres :

1. Assez souvent, des graines faisant partie des 5 céréales se trouvent mélangées aux autres graines et il est très difficile de s'en apercevoir. Voir Tour et Beth Yossef, début du chapitre 453.

Bien entendu, en les cuisant ou en les mettant en contact avec de l'eau, on obtiendra du 'Hamets sans le savoir. Les surfaces agricoles où l'on cultive ces différentes graines ne sont pas obligatoirement éloignées les unes des autres. L'exploitation des champs s'effectue généralement avec les mêmes engins agricoles. Dans bien des cas, la commercialisation et la distribution des récoltes s'effectuent dans les mêmes locaux et avec les mêmes accessoires. Tous ces facteurs favorisent le mélange des graines, et c'est pour éviter de tels risques que nos maîtres sont intervenus pour nous éloigner de toute transgression.

2. Il est habituel de produire des farines à base de certaines graines [Maïzena, etc.]. Certaines personnes pourraient confondre les farines n'entraînant pas un processus de 'Hamets avec celles provenant des 5 céréales. Pour éviter toute confusion, nos maîtres ont frappé d'interdit un certain nombre de graines. La fécule de pomme de terre n'est pas touchée par cette interdiction étant donné qu'elle n'est pas issue de graines. Voir Iguerot Moché, Ora’h ‘Haïm, volume 3, réponse 63.

3. Dans le même ordre d'idée, certains de nos maîtres font remarquer que les 5 céréales sont utilisées pour la fabrication de pains ou de plats cuisinés, au même titre que certaines graines permises. Pour éviter toute confusion, nos maîtres ont frappé d'interdit toutes les graines risquant d'induire en erreur la communauté. Voir Tour et Beth Yossef, début du chapitre 453.

4. Certaines graines n'entraînant pas un processus de 'Hamets ont une grande ressemblance avec certaines graines faisant partie des 5 céréales. Ceci est valable, notamment, pour certains types de riz. Pour éviter toute confusion, nos maîtres ont frappé d'interdit un certain nombre de graines risquant d'induire en erreur certaines personnes. Voir Méiri sur Talmud Pessa’him35a.

5. Dans certains cas, la production des 5 céréales n'offre pas des graines charnues et celles-ci prennent l'apparence de graines permises. Pour éviter toute confusion, nos maîtres ont interdit toutes les graines risquant d'induire en erreur certaines personnes. Voir Biour Halakha, début du chapitre 453.

6. Certains décisionnaires incluent dans l'interdiction des Kitniot toutes les graines dont le stockage est réalisé d'une façon plus ou moins identique à celui des 5 céréales. Voir Michna Broura, chapitre 464, passage 5.

7. Certains décisionnaires incluent les graines de moutarde [par exemple] du fait qu'elles poussent sur des épis, ce qui rappelle fortement les 5 céréales. Voir Choul'han ‘Aroukh Harav, chapitre 453, Halakha 4.

Voici les critères se trouvant dans les écrits de nos maîtres, permettant de classifier, plus ou moins précisément, les différentes graines interdites faisant partie des Kitniot :

Toutes les graines qui, une fois semées, produisent des graines identiques font partie des Kitniot et sont donc interdites.

Ces graines doivent être consommables. [Certains décisionnaires permettent donc l'huile fabriquée à base de graines de coton. Voir Mikraé Kodech, Pessah, volume 2, chapitre 60, passage 2.

Sont donc exclues les graines produisant les légumes ayant une chair, tels que les tomates, les concombres, les navets, les radis, les poivrons, les aubergines, les courgettes, les pommes de terre...].

Les fruits et légumes poussant sur un arbre ne sont pas considérés comme des Kitniot, même s'ils contiennent des graines.

EXPLICATIONS GÉNÉRALES :

1. Certains de nos maîtres pensent que le quinoa ne fait pas partie des Kitniot car il s’agit d’une graine provenant d’une plante n’ayant pas de ressemblance avec les autres produits de la terre desquelles sont issues la plupart des graines faisant partie des Kitniot.

2. Dans les tomates, il y a des graines. Elle n’a pas été incluse par la très grande majorité des décisionnaires dans les Kitniot car après tout, il s’agit d’un "légume" et non d’une "graine".

3. Cependant, étant donné que les graines de quinoa sont traitées et commercialisées d’une manière semblable aux autres graines, elles ont donc une certaine ressemblance avec les Kitniot.

4. C’est pourquoi de nombreux décisionnaires l’incluent dans la catégorie des Kitniot.

5. Pour d'autres explications concernant les critères décisifs permettant de classifier les Kitniot, lire la réponse ci-dessus.

6. Rav Moché Feïnsteïn pense que les Kitniot doivent inclure uniquement les graines « connues » à l’époque ou l’instauration a vu le jour. Pour le quinoa : il faut vérifier. Ce n’est pas une évidence ; l y a plusieurs avis [historiques / scientifiques] à ce sujet. Iguerot Moché, Ora’h ‘Haïm, volume 3, réponse 63.

7. Il va sans dire que si l’on désire adopter une attitude permissive, c’est à condition que les graines soient minutieusement vérifiées.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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