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Changement de "Zougot" en "Tanaïm"

Rédigé le Lundi 00 Novembre
La question de Michaël B.

Chalom,

Pourquoi a-t-on subitement changer cette appellation "Zougot" pour Tanaim alors que les Zougot étaient aussi des Tanaim ?

Toda

La réponse de Rav Yehiel BRAND
Rav Yehiel BRAND
1213 réponses

Bonjour,

Personne n’a changé cette appellation de "Zougot" pour "Tanaïm".

Le mot "Zougot" signifie deux personnalités rabbiniques parmi les Tanaïm, qui étaient à la tête du peuple juif pendant deux siècles à l’époque du deuxième Beth Hamikdach.

Lors de sa construction (-352), bien que soumis à Darius roi de Perse, les juifs jouissaient d’un certain degré d’indépendance. A leur tête se trouvaient deux chefs, Zeroubabel fils de Shéaltiel, roi de la lignée du roi David (Ezrah, 5, 2) pour le politique, et Ezrah (le chef des 120 Sages, les Anché Knesset Hagdola), à qui le roi perse avait donné le pouvoir exclusif pour créer et diriger un état avec l’application des Lois de la Torah (Ezrah, 7, 11-26).

Après la disparition de Darius, battu par Alexandre le Grand qui conquit le proche Orient, les juifs se soumirent aux Ptoléméens, la branche égyptienne des successeurs d’Alexandre ; cela se passe 34 ans après la construction du Beth Hamikdach (Talmud 'Avoda Zara 9a). La royauté juive disparait, et le dernier des Anché Knesset Hagdola, Chim'on Hatsaddik, devient par la force des choses le dirigeant religieux et politique du peuple juif. Après sa mort, l’investiture de son fils Honio comme Cohen Gadol tourne à la tragédie (Talmud Ména'hot 109b); Honio rate sa mission, et son neveu Joseph, voyou et traitre, s’accapare avec ruse et avec l’aide des ptoléméens le pouvoir sur les juifs (Flavius, Antiquité, livre 12, 4 et suite). Commence alors l’époque de la hellénisation, qui aboutit aux persécutions des juifs religieux, par les juifs hellénisants et par les grecs, et par la suite au soulèvement des Hasmonéens.

Après Chim'on Hatsaddik, le Sanhédrin est dirigé par Antignos de Soho (Avot 1, 3), mais Joseph et ses fils attirent des voyous et des gens de moins en moins religieux, et la situation s’empire.

Pour gérer les affaires politiques et religieuses compliquées, les Sages mettent alors deux des leurs, un duo, ou "Zougout" des Sages à la tête du peuple ; l’un comme Nassi (président) doté aussi d’un pouvoir politique, et l’autre comme Av Beth-Din, qui gère plutôt les affaires religieuses ('Haguigua 16a-b). Les premiers sont Yossi ben Yoézer Hacohen et Yossi ben Yohanan de Jérusalem (Avot 1, 4). Ils sont les derniers appelés "Ich Haéchkolot", dirigeants possédant toutes les qualités (Sota 47). Yossi ben Yoézer, le dernier "Tsaddik complet" du peuple juif (Temoura 16b), meurt comme martyre, brûlé vif en public par son neveu Alkimous, le chef des juifs hellénisants, qui se repent par la suite (Beréchit Rabba 65).

Depuis Moché jusqu’à Yossi ben Yoézer, tous les doutes en matière de Halakha furent tranchés par la majorité du Sanhédrin. Mais depuis l’époque de Yossi ben Yoézer, à cause des persécutions, les Sages ne purent se réunir, on ne put savoir ce que pensait la majorité, et le premier doute Halakhique vit le jour (Temoura 16b).

Après leur disparition, un autre duo gérait les juif, Yéhochoua ben Pera'hia et Nitai d’Arbel, puis Yehouda ben Tabai et Chim'on ben Chéta'h, puis Chémaya et Avtalyon, puis Hillel et Chamay.

Après Hillel, son fils Rabban Gamliel Hazaken fut nommé Nassi. Il semble que les Sages, pour faire face aux pouvoir des monarques hérodiens accaparés par les saducéens, ont alors rehaussé le pouvoir du Nassi.

Ainsi, après la catastrophe de Bétar et les pires des persécutions, la génération du "Chmad", les Sages reconstruisirent le peuple et ses dirigeants face au pouvoir du gouvernement romain. Le Nassi de l’époque, Rabbi Chim'on ben Gamliel (fils de Rabbi Gamliel de Yavné, fils de Rabban Chim'on ben Gamliel, fils de Rabban Gamliel Hazaken) a décidé de réhausser l’image et le pouvoir du Nassi. Ce procédé ne plait plas à Rabbi Méir et à Rabbi Nathan, le Av Beth-Din, mais ce dernier l’accepte après avoir vécu une intervention du Ciel à travers un rêve (Horayot 13b).

Kol Touv.

Mékorot / Sources : Pirké Avot.
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