Bonjour Rav,
Le jour du Chabbath, il est interdit de mettre de la pommade sur une partie du corps sauf si elle est absorbée.
Est-il donc permis de prendre, pendant Chabbath, une pommade "solide" (c'est-à-dire qui ne s'absorbe pas) pour la rendre liquide afin d'en faire une pommade qui s'absorbe ?
Merci beaucoup.
Chalom Ouvrakha,
Je rappelle juste qu'étaler une pommade qui s'imprègne ne fait pas l'unanimité parmi les décisionnaires.
Pour le reste, vous posez une excellente question : a-t-on le droit de transformer un solide en liquide ou pas ?
On retrouve plusieurs exemples à ce sujet dans la Halakha, voir Guémara Chabbath 51b et Rachi, Choul'han Aroukh 323, 10 au sujet d'un savon dans lequel on ajoute beaucoup d'eau, et la chose est permise car on sépare les éléments avec de l'eau. Voir aussi à ce sujet 'Hazon Ich 58-7 et 9.
Par contre, des propos du Choul'han Aroukh 320, 9, nous voyons qu'il est interdit de casser de la glace congelée, car nous transformons un solide en liquide. Quoi qu'il en soit, mettre ce glaçon dans de l'eau est permis. Ainsi, le Choul'han Aroukh 318, 16 permet de poser une sauce congelée à côté d'une source de chaleur, même si ce solide deviendra liquide.
Néanmoins, le Rama (328, 16) semble l'interdire, mais l'autoriser en cas de besoin. Aussi, dans le Siman 326, 10, le Rama semble à nouveau suivre son avis et interdire la chose.
Nous pouvons déjà établir que mettre un liquide sur une pommade pour la transformer en liquide est permis selon le Choul'han Aroukh, et à éviter selon le Rama. Par contre, la rendre liquide en l'écrasant etc. est interdit, même pour le Choul'han Aroukh.
Néanmoins, nous pouvons constater que le Choul'han Aroukh 326, 10 permet cet acte (avec un savon solide), même si nous rendons liquide un solide avec nos mains.
De fait, il y a une différence entre casser de la glace avec ses mains - ce qui est interdit même selon le Choul'han Aroukh susmentionné - et transformer un solide quelconque en liquide - qui est autorisé selon le Choul'han Aroukh.
En effet, le Maguen Avraham rapporté dans le Michna Beroura (326, Sé'if Katan 30) nous explique que toute l'interdiction (selon le Choul'han Aroukh) est en vigueur uniquement lorsqu'il s’agit d'un aliment qui est prévu pour être consommé sous forme de liquide, mais toute substance comme le savon qui n'est pas prévu à être consommé sous forme de liquide, nous pouvons le liquéfier.
Conclusion : selon le Rama, il faudra éviter de transformer un solide en liquide, même si on verse uniquement le liquide sur cette substance (ce n'est que pour les aliments que cette opération est permise), et, selon le Choul'han Aroukh, pour une pommade, puisqu'elle n'est pas prévue pour être liquide, l'opération sera permise, même si nous voulons exercer cette transformation directement.
Kol Touv.
