Bonjour Rav,
En quoi consiste précisément le Chabbath Hagadol ?
Bonjour,
Le Chabbath précédant la fête de Pessah est un Chabbath « comme tous les autres » mais il porte le nom Chabbath Hagadol, le grand Chabbath.
Certains disent « Chabbath Hagadol Chalom » ou « Chabbath Hagadol Mévorakh » au lieu de dire « Chabbath Chalom » !
Voir ‘Hida dans Ma’hzik Brakha, chapitre 430, passage 2 et Kaf Ha’haïm, passage 2.
Dans certaines communautés Ashkénazes, il est habituel de lire une partie de la Haggada - Depuis Avadim Hayinou jusqu’à Lékhapèr ‘Al ‘Avonoténou.
Voir Rama sur Choul'han ‘Aroukh, chapitre 430.
Nos maîtres expliquent cette appellation de plusieurs manières :
Première raison
En raison du grand miracle qui se produisit le Chabbath précédant la sortie d'Egypte. Le jeudi 1 Nissan, Hachem ordonna à Moshé et Aharon d'aller parler aux Bneï Israël en ces termes : "Le dix du mois de Nissan [voir Tossefot, passage Véoto sur Talmud Chabbath 87b], chaque chef de famille devra prendre un agneau sans défaut, âgé de moins d'un an et l'attachera au pied de son lit pendant quatre jours. Dans l'après-midi du quatorze Nissan, il faudra le sacrifier en tant que Korban Pessah." Moshé s'exclama : "Comment est-il possible d'accomplir une telle Mitsva alors que l'agneau est l'idole des Egyptiens ? L'Egypte toute entière laissera éclater sa fureur contre Tes enfants ! Voir Chémot 8, verset 22. Dans la plupart des cas, on encourait la peine de mort.
Hachem répondit : "Je t'assure qu'ils ne sortiront pas de ce pays sans avoir égorgé les dieux de l'Egypte et montré leur inanité." En effet, lorsque les Egyptiens virent leurs dieux sur le point d'être sacrifiés, ils se mirent à pleurer, ne protestèrent pas et n'osèrent pas faire le moindre mal aux Bneï Israël.
Rabbi David Aboudarham (1260-1340) raconte que les Egyptiens décidèrent de passer tous les juifs au fil de l'épée. Mais Hachem les frappa par toutes sortes d'ulcères : Il brûla leurs intestins [d'après certaines versions : leurs yeux], ce qui les empêcha de les approcher.
C'est donc la veille du Chabbath 10 Nissan que les Bneï Israël prirent les agneaux dans leurs maisons, sans que les Egyptiens n'expriment la moindre contestation.
En sacrifiant la divinité égyptienne, ils démontrèrent la sincérité de leur Téchouva et l'abandon de toutes leurs fautes antérieures. Ils ne ressentaient aucune peur et s'exposèrent courageusement à tous les risques encourus, animés d'un attachement absolu à la volonté du Créateur.
Le moment venu, on les égorgea publiquement en plein jour, tandis que leur sang était appliqué aux portes de toutes les maisons juives. On les consomma ensuite aux yeux de tous, par groupes de plusieurs familles, en s'efforçant de ne rien en laisser. Les restes devaient être brûlés le lendemain matin ce qui constituait le plus grand déshonneur pour le peuple Egyptien.
Voir Tour et Choul'han ‘Aroukh, chapitre 430 et Michna Broura, passage 1.
Il est à noter que le miracle dura 4 jours [du Chabbath 10 Nissan jusqu'au mercredi 14 Nissan]. C'est donc le quatrième jour que nous aurions dû mettre en évidence puisque c'est alors que les agneaux furent sacrifiés; Pourquoi n'est-ce pas le cas ?
Certains de nos maîtres répondent à cette question en affirmant qu'il fallait marquer le début du miracle car c'est à ce moment que les Egyptiens auraient dû commencer leurs protestations et leurs vengeances à l'encontre des Bneï Israël.
Voir Beth Yossef et Levouch, chapitre 430.
Seconde raison
D'après certains de nos maîtres [voir Tossefot, passage Véoto sur Talmud Chabbath 87b] c'est un autre grand miracle qui se produisit le Chabbath précédant Pessah :
Lorsque les premiers-nés égyptiens entendirent l'avertissement de Moshé à propos de la plaie dans laquelle ils allaient tous périr, ils implorèrent leurs pères : "Par pitié, laissez partir les Juifs ! Dans le passé, tout ce que Moshé a prédit s'est produit, nous ne voulons pas mourir !"
Les pères égyptiens refusèrent de les écouter et répondirent : "Chaque homme a dix fils. Mieux vaut, pour chaque famille, sacrifier un fils plutôt que libérer ces Juifs !"
En voyant que leurs pères étaient sans pitié, les premiers-nés décidèrent de faire appel à Pharo car ils étaient certains qu'il allait être d'accord de les libérer : il est lui-même un premier-né.
Ils plaidèrent devant lui : "Accorde la liberté aux Juifs ! Pourquoi devrions-nous être tous anéantis et toi avec nous ?
- Expulsez ces hommes du palais ! ordonna Pharo en colère à ses serviteurs. Nous devons tous être prêts à sacrifier nos vies pour empêcher les Juifs de partir !"
Les premiers-nés rentrèrent chez eux, mais avant minuit, ils firent des ravages dans le pays; ils tirèrent leurs glaives et dans une rage aveugle, tuèrent leurs pères et tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin [d'après certains, ceci se déroula durant le Chabbath précédant la libération].
Le Midrash dit que 600 000 égyptiens furent tués.
Les premiers-nés prirent toutes sortes de précautions dans l'espoir d'être sauvés de la plaie.
Certains furent cachés par leurs parents [qui étaient encore en vie] dans des temples d'idolâtrie où ils pensaient qu'ils seraient en sécurité.
Beaucoup coururent se réfugier dans le pays de Gochen, et dormirent dans les mêmes lits que les Bneï Israël.
Troisième raison
Rabbi David Aboudarham rapporte, au nom de certains de nos maîtres que durant ce Chabbath, nos ancêtres accomplirent pour la première fois les Mitsvot d'Hachem [notamment celles qui concernaient le Korban Pessah. Voir Chémot 12, versets 3-20.
Voir Chaaré Aharon, passage Véyech Méfarchim sur Chémot, chapitre 12, verset 3.
D'où le terme Gadol signifiant, également, important et notable. C'est donc un jour anniversaire de grande importance, à noter dans nos calendriers :
Quatrième raison
Parce qu'en ce Chabbath, les membres de la communauté s'attardent au Beth-Haknesset afin d'étudier les nombreuses lois de la fête et les différents Midrashim relatant les miracles de la sortie d'Egypte. Ce Chabbath paraît donc plus long que les autres, d'où l'appellation en question.
Voir Cha'aré Aharon sur Chémot, chapitre 12, verset 3.
Cinquième raison
En raison du grand nombre de fidèles qui se rassemblent au Beth-Haknesset pour écouter le discours du Rav de la communauté, concernant les nombreuses lois de la fête.
Voir Cha'aré Aharon sur Chémot, chapitre 12, verset 3.
Sixième raison
Ce Chabbath est celui qui a précédé la libération de nos ancêtres après un exil long et douloureux. C'était donc une journée de grande importance, pleine d'espoir, ouverte sur un avenir brillant et plus prometteur. Tout le monde s'est accordé à le surnommer : Chabbath Hagadol, le Grand Chabbath, nom qui est resté jusqu'à notre époque.
Septième raison
Même si nos ancêtres se reposaient durant Chabbath tout en étant en l'exil, ils savaient qu'ils retrouveraient les souffrances et les atrocités égyptiennes dès le début de la semaine suivante. De ce fait, leur repos était en quelque sorte "éphémère" et imparfait. Cependant, le dernier Chabbath passé en Egypte fut une vraie source de repos et de soulagement, puisqu'il était à leurs yeux le début d'un long Chabbath, durant lequel ils allaient enfin retrouver la détente, le bonheur et la tranquillité.
Voir Torah Chléma, Parachat Bo dans les Milouïm, chapitre 6, passage 7.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.