Bonjour Rav,
Pourquoi, lorsqu'on allume les bougies de Chabbath, on se cache les yeux avec les mains ?
Pourtant, lorsqu'on fait une Brakha (Chéhakol ou autre), on ne se cache pas les yeux.
Merci de votre réponse.
Bonjour,
Afin de comprendre correctement la coutume en question, il faut introduire certains concepts de Halakha.
En général, toutes les Brakhot relatives aux Mitsvot [à quelques exceptions près] doivent être récitées avant de les accomplir.
Voir Talmud Pessa'him 7b.
Une fois la Mitsva accomplie, il n'est plus possible de réciter la Brakha.
Les détails concernant ce sujet sont très vastes.
En ce qui concerne l'allumage des bougies du Chabbath
Dans la majorité des communautés Séfarades, on récite tout d'abord la Brakha et seulement ensuite, on commence l'allumage. Ceci, conformément à la règle citée ci-dessus.
Dans certaines communautés Séfarades et dans la plupart des communautés Ashkénazes, on procède, tout d'abord, à l'allumage et, seulement ensuite, on récite la Brakha.
La raison est mentionnée dans les écrits des décisionnaires se rapportant au Choul'han 'Aroukh-Ora'h 'Haïm, chapitre 263, Halakha 5 :
La récitation de la Brakha peut être considérée comme une acceptation du Chabbath, à la suite de laquelle tous les travaux sont interdits.* Voir Choul'han 'Aroukh Harav, chapitre 263, Halakha 8, Michna Broura, chapitre 263, passage 27 et Rav Avraham 'Haïm Naé dans Ktsot Hachoul'han, volume 3, chapitre 74, Halakha 7.
Mais pour se conformer à l'exigence précitée [réciter une Brakha avant l’accomplissement d’une Mitsva] :
1. De suite après l'allumage de la dernière bougie, les femmes ont l'habitude de se couvrir les yeux avec les deux mains afin de ne pas tirer profit de la lumière.
2. Une fois le dernier mot de la Brakha prononcé, elles retirent les mains des yeux afin d'en tirer profit.
3. En agissant de la sorte, on considère que la Brakha récitée précède la Mitsva de profiter des lumières. Voir Choul'han 'Aroukh, chapitre 263, fin de la Halakha 5, Choul'han 'Aroukh Harav, chapitre 263, Halakha 8 et Rav Avraham 'Haïm Naé dans Ktsot Hachoul'han, volume 3, chapitre 74, Halakha 7.
* Il est à noter que Rabbi Akiva Eïger, un géant parmi les plus grands décisionnaires des siècles passés [1761-1838], a quitté ce monde sans avoir mérité de trouver la réponse au pourquoi de cette manière de faire, car il est évident qu'aucune femme n'a l'intention d'accepter le Chabbath en prononçant le mot Chabbath dans la Brakha.
Voir ses notes sur Choul'han 'Aroukh, chapitre 263, Halakha 5 [page 129, dans Choul'han 'Aroukh, édition Makhon Yéroushalaïm].
Il y a de nombreuses réponses à cette question.
L'auteur du Pisské Techouvot [nouvelle édition 5775, chapitre 263, note 164] propose ce qui suit :
Certaines femmes de l'époque pensaient, à tort, qu'il était permis de faire des travaux après l'allumage des bougies car elles entendaient le mot "Chabbath" de la Brakha et remarquaient que l'on procédait à l'allumage par la suite.
Elles se disaient : "S'il est encore permis d'allumer les bougies, il est donc permis de faire tout autre travail".
Pour éviter une telle erreur, il a été instauré par les grands maîtres de l'époque d'allumer en premier lieu et de réciter la Brakha par la suite.
Une autre réponse est rapportée par Rav Avraham 'Haïm Naé dans Ktsot Hachoul'han, volume 3, chapitre 74, note 19.
Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.