Bonjour Rav,
Quelle bénédiction réciter sur de la pâte de fruit (pâte d'abricot) ?
Merci.
Bonjour,
La Guémara (Brakhot 38a) nous enseigne que l’on récite "Boré Péri Ha'ets" sur une pâte de datte.
Il en sera de même a priori sur la pâte d’abricot on l’on récitera "Ha'ets".
Toutefois, le Troumat Hadéchèn (Siman 29) déduit des propos de Rachi que cela s’applique si la pâte est partiellement écrasée ; mais si elle est entièrement écrasée, on récitera Chéhakol.
Mais selon le Rambam (Perek 5,4) ainsi que la majorité des Richonim, on récitera la bénédiction du fruit même si la pâte est entièrement écrasée, et que l’on ne reconnaisse plus vraiment l’aspect du fruit.
En pratique le Choul’han 'Aroukh (202,7) retient l’opinion du Rambam, tandis que le Rama craint a priori l’opinion du Troumat Hadéchèn qui préconise de faire Chéhakol dans le doute, et ainsi procèdent les Ashkénazim [Michna Beroura 202,42 qui écrit toutefois que dans le cas où l’on reconnaît l’aspect du fruit ,on fera alors la bénédiction du fruit (Voir Pisské Techouvot 202,15 pour plus de précision à ce sujet )].
Concernant les Séfaradim, on retrouve deux écoles :
- certains pensent qu’il convient d’appliquer le principe de Safek Berakhot Lehakel contre le Choul’han 'Aroukh et donc de réciter Chéakol sur la pâte de fruit (si elle est entièrement écrasée et méconnaissable) ;
[Ben Ich 'Haï Pin’has Ot 12; Kaf Ha’haïm 202,57 (Voir aussi le Or Létsion 2 Perek 14,2 qui est d’avis que l’on récitera Chéhakol pour une pâte entièrement écrasée, même si l’on reconnaît la forme du fruit]
- d’autres pensent que l’on récitera la bénédiction du fruit à l’instar du Choul’han 'Aroukh sans craindre le principe de Safek Berakhot Léhakèl, que ce soit selon le fait que l’avis du Troumat Hadéchèn est un avis trop minoritaire [Voir Birkat Hachem 3 page 79/80] ; ou que ce soit selon le fait que, même selon le Troumat Hadéchèn, on sera acquitté a posteriori si l’on récite la bénédiction du fruit [Yabi'a Omèr 7 Siman 29 et 'Hazon 'Ovadia Brakhot page 136].
En tous les cas, il sera préférable de réciter la bénédiction sur un aliment dont la bénédiction est identique au fruit qui a était écrasé, et de penser à l’acquitter [Pisské Techouvot 202,15 Klal 5, note 85]. A posteriori, si l’on a déjà récité la bénédiction sur le fruit en question (sans penser à acquitter la pâte) et que l’on s’apprêter à manger cette pâte, on ne récitera pas de nouveau la bénédiction de Chéhakol, car il est à craindre que l’on soit déjà acquitté selon l’opinion majoritaire citée plus haut [Halikhot Brakhot Tome 2 fin de la page 43].
Enfin, dans le cas où l’on reconnaît la forme du fruit, il ne sera pas nécessaire de se montrer rigoureux et on pourra réciter a priori la bénédiction sur le fruit.
Il en sera de même pour de la pomme de terre écrasé comme les banatages, ou les Latkes où l’on récitera Haadama sans souci puisque l’on reconnaît la forme de la pomme de terre [Halikhot Brakhot 202,31].
Kol Touv.