Bonjour Rav,
Pourriez-vous m'éclairer sur le sens de la Brakha "Roka' Haarets 'Al Hamayim" ("qui a étendu la terre sur les eaux") que l'on récite tous les matins.
Il semble que ce soit pour remercier Hachem de pouvoir marcher sur la terre ferme sans être submergé, mais il y a tellement d'autres phénomènes physiques qui nous permettent de survivre dans ce monde (la pesanteur, l'oxygène, les astres qui se maintiennent dans l'espace, etc.), pourquoi donc remercier sur la terre ferme en particulier ?
Avec mes remerciements et mes compliments pour votre immense travail.
Bonjour,
1. Il faut savoir, tout d’abord, que l’origine de cette louange se trouve dans le Téhilim 136, verset 6 : Léroka’ Haarets ‘Al Hamayim, Ki Lé'olam ‘Hassdo.
2. Comme vous le mentionnez, en récitant cette Brakha, nous reconnaissons la grandeur et la puissance d’Hachem, en apercevant et en tirant profit des splendeurs de la nature, et plus particulièrement, en marchant sur la terre ferme sans être submergé par les mers et les océans qui nous entourent.
3. Il est interdit de tirer profit de ce monde sans reconnaître, au préalable, que tout provient d’Hachem et qu’Il est le Maître Créateur de ce monde, le Tout-puissant. Contrairement à une idée reçue, ceci n’est pas valable, uniquement, pour les aliments que nous consommons. Cela touche la moindre « chose » dont nous jouissons, ici-bas.
C’est pourquoi, nos Sages, les ‘Hakhamim ont instauré la récitation de la série de Brakhot du matin.
Voir Talmud Brakhot 35a et 60b, Tour, chapitre 46, Levouch, chapitre 6, Halakha 1, Michna Broura, chapitre 46, passage 1.
4. Il y a, en effet, certaines choses de ce monde, nous apportant un certain profit et sur lesquelles nous ne récitons pas de Brakha. Nos maîtres se posent la question et apportent, pour chacune d’entre elles, une réponse adéquate.
Voir, par exemple, Mor Ouktsia [Rabbi Yaacov Emden] sur le Tour chapitre 240, passage Akhène Yech Chééla, Noam Elimélekh, Parachat Vayichla’h, passage O Yomar Vayéavek Ich ‘Imo.
5. Vous écrivez : « Mais il y a tellement d'autres phénomènes physiques qui nous permettent de survivre dans ce monde (la pesanteur, l'oxygène, les astres qui se maintiennent dans l'espace, etc.), pourquoi donc remercier sur la terre ferme en particulier ? »
Réponse :
Comme, nous l’avons mentionné dans le paragraphe 3, nous avons l’obligation de reconnaître [et pas uniquement, de remercier] la grandeur et la toute puissance du Maître-Créateur du monde, Hachem, avant de tirer profit de la moindre « chose » dont nous jouissons, ici-bas.
Si l’on peut s’exprimer ainsi, il n’y a pas d’exception à cette règle.
Une preuve ?
Nos Sages disent que nous avons l’obligation de faire des louanges au Maître-Créateur du monde, Hachem, pour chaque inspiration et chaque expiration de notre respiration.
Voir Midrash Rabba [Vilna], chapitre 14, passage 9 sur Parachat Béréchit et Midrash Rabba [Vilna], chapitre 2, passage 37 sur Parachat Vaét’hanan.
Il suffit de lire attentivement le texte de nos prières pour s’apercevoir qu’il n’y a rien, dans ce monde, ne justifiant pas, pleinement, le chant des louanges d’Hachem.
Une autre preuve ?
Suite à un épisode de sa vie, David Hamélekh composa un Téhilim pour faire les louanges d’Hachem lorsqu’il s’aperçut de l’importance de la folie - dérèglement de la santé mentale, ayant pour conséquences des troubles du comportement.
Oui, il composa, dans la joie, le Téhilim 34, pour remercier Hachem d’avoir créé la folie.
Voir Rachi sur Téhilim 34, verset 1, Méam Loez sur Samuel 1, chapitre 21, verset 11 et sur Téhilim 34, Yalkout Chimoni sur Samuel 1, passage 131, Cho’her Tov, passage 34 sur Samuel 1, Michebetsot Zahav sur Samuel 1, chapitre 21, verset 14.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.