Bonjour Rav,
J’ai rencontré une personne récemment et, dès les premiers instants, c’était étrange pour nous deux : l’impression de se connaître déjà, un besoin irrésistible d’être avec l’autre, une idéalisation, des pensées omniprésentes pour cette personne, une sensation de connexion avec cette personne…
On m’a parlé de « relation Karmique » un proche d’une vie antérieure, qui revient pour que quelque chose soit réparé.
Je sais que ce concept n’est pas juif et j’aimerais savoir s’il y a une explication juive à cette situation qui ne m’est jamais arrivé par le passé.
Merci d’avance pour votre lumière.
Bonjour,
Je partagerai votre question en deux :
1) Si vous êtes déjà mariée et avait rencontré une nouvelle personne ou bien vous êtes célibataire et cette rencontre n’est pas dans l’optique d’un Chidoukh (rencontre en vue d'un mariage), sachez que tous les sentiments décrits dans votre question proviennent uniquement du mauvais penchant incitant ainsi à la faute ; et l’on se doit de fuir une telle situation.
Le verset (Michlé 9, 17) affirme : "L'eau volée est savoureuse, le pain dérobé est délicieux", ce qui signifie qu’une relation basée sur la faute est beaucoup plus tentante et excitante, car le mauvais penchant s’enflamme envers elle (voir Ibn Ezra ibid.) ; le sentiment que vous ressentez dans cette rencontre n’est autre que celui de la transgression, mais ce n'est pas un véritable amour. Votre vrai Zivoug est le mari avec lequel vous vivez aujourd'hui (ou si vous êtes célibataire, votre Zivoug sera celui qui vous épousera).
Le 'Hazon Ich avait l’habitude d’affirmer que ce que le monde laïc dénomme "amour", nous le qualifions de "Karèt" (retranchement de l'âme, survenant suite à une transgression grave) [voir Néfech Chimchon (Sidour Hatéfila page 159)].
Sachez aussi que même les défendeurs du concept "relation Karmique" admettent que ce genre de relation n’est pas éternelle, et soulignent qu'un tel lien ne signifie pas que ces deux personnes sont des âmes sœurs.
2) Par contre, si votre question fait référence au fait de contracter un Chidoukh (rencontre en vue d'un mariage) avec une telle personne dans l’intention d’un mariage proche, il faut savoir que la Torah n’enraye pas une telle attirance, au contraire, elle prône toute démarche encourageant l’affection et l’amour dans le couple (voir traité Ketoubot 17a, Baba Métsi'a 87, Yébamot 62b et Rachi commençant par "Véhanossé"). De même, la Torah conditionne le choix de la future
conjointe par le fait qu’elle trouve grâce à ses yeux et lui convienne ; et pour cette même raison, le Rambam (Ichout chap. 3, 19) et le Choul’han 'Aroukh (Even Ha'ézer 35, 1) interdisent d’épouser une femme avant de l’avoir vu au préalable.
Il va sans dire que lors des rencontres, il faudra obligatoirement éviter toute situation problématique qui pourrait entraîner de trébucher. Le 'Hazon Ich affirmait que tous les couples qui fautent de n’importe quelle manière avant le mariage, sont témoins de nouveaux problèmes après le mariage (voir 'Hout Chani 'Hovat Halev page 210, remarque 5).
Le Séfer 'Hassidim (chap. 496) fait remarquer qu’il est possible que deux personnes s’aiment "sans raison" et ne soient pas forcements destinées à se marier, et d’expliquer que c’est en fait le fruit d’un projet divin afin qu’il dédaigne les autres femmes qui ne lui sont pas destinées.
En revanche, lorsque nous remarquons que deux pères de famille s’apprécient énormément, le Séfer 'Hassidim (chap. 1023) explique que cela pourrait provenir du fait que leur "Mazal" discerne le futur mariage de leur descendance (ensemble), c’est pourquoi, le cœur des deux parents ressent déjà ce sentiment d’affection réciproque.
Cordialement.