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Acheter à sa femme des cadeaux au-dessus de ses moyens ?!

Rédigé le Jeudi 9 Juin 2016
La question de Avraham C.

Bonjour Rav,

Comment le Talmud peut conseiller de façon si évidente d'acheter à son épouse des cadeaux au-dessus de ses moyens (Baba Metsia 59a) ?

Il y a pourtant un Rambam explicite (Hilkhot Ichout, chapitre 15, Halakha 19) qui dit que, si le mari a de l'argent, il multipliera les dépenses pour son bien (de l'épouse) selon ses moyens.

Ce qui veut dire que, premièrement, si le mari n'a pas les moyens, il n'a pas à le faire (acheter des cadeaux), et, s'il a les moyens, il doit le faire à hauteur de ses moyens et pas plus (pas s'endetter ou rentrer dans des frais non maîtrises).

Qu'en est-il ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Bonjour,

Vous écrivez : « Comment le Talmud peut conseiller de façon si évidente d'acheter à son épouse des cadeaux au-dessus de ses moyens (Baba Métsia 59a) ? »

Réponse :

L’enseignement auquel vous faites allusion ne figure pas dans Baba Métsia 59a mais dans Yébamot 62b et Sanhédrin 76b.

Dans Baba Métsia 59a, nos Sages traitent de ce sujet, mais ce qui est mentionné est : « Lé'olam Yéhé Adam Zahir Bikhvod Ichto » -  « il faut prendre garde au respect de sa femme ».

Il est vrai que dans le Talmud ‘Houlin 84b, nos Sages disent qu’il faut « habiller sa femme et ses enfants au-dessus de ses moyens », mais certains de nos maîtres [Lev Aryé sur ‘Houlin 84b] disent que c’est uniquement  si pour lui, l’homme s’habille en-dessous de ses moyens [comme cela est mentionné dans cette référence]. Donc, avec la différence, « il habillera sa femme et ses enfants - « Kéfi Mamono » - selon ses moyens ». Mais en aucun cas au-dessus de ses moyens, comme cela est rapporté dans :

Rambam, Hilkhot Ichout, chapitre 15, Halakha 19,

Rambam, Hilkhot Yom Tov, chapitre 6, Halakha 18,

Rambam, Hikhot Déot, chapitre 5, Halakha 10.

Certains commentateurs [Maharcha et Daméssek Eliezer sur ‘Houlin 84b] disent : en cas de besoin, si l’homme n’a pas les moyens, il lui est possible d’emprunter une somme d’argent [dans l’intention de rembourser sa dette et en ayant confiance en Hachem qui l'aidera dans ce sens] afin d’habiller sa femme et ses enfants. Mais, pour lui-même, il n’empruntera pas.

Vous concluez :

« Ce qui veut dire que, premièrement, si le mari n'a pas les moyens, il n'a pas à le faire (acheter des cadeaux), et, s'il a les moyens, il doit le faire à hauteur de ses moyens et pas plus (pas s'endetter ou rentrer dans des frais non maîtrises). »

Réponse :

Attention, même si le mari n’a pas les moyens financiers d’offrir à sa femme des cadeaux d’une grande valeur, il lui est absolument possible de lui offrir de l’attention, de l’affection, de la considération, de la sympathie ou / et de s’offrir lui-même; et cela est une obligation !

L’enseignement mentionné dans le Talmud Yébamot 62b est le suivant :

« A qui aime sa femme comme lui-même et l’honore plus que lui-même […] s’applique le verset : Tu jouiras de la paix dans ta demeure ».

Le Maharal de Prague explique :

Logiquement et normalement, chacun s’aime. Donc, chacun doit, également, aimer sa femme, car c’est une ordonnance de la Torah : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Voir Vayikra, chapitre 19, verset 18.

Il n’est pas logique d’aimer l’autre plus que soi. Cela mérite un approfondissement, mais laissons cela pour une autre occasion.

Donc, il faut aimer sa femme comme soi-même.

Cependant, en ce qui concerne le respect, il faut que ce soit plus que pour soi-même.

Pourquoi ?

Première raison

Car l’honneur et le respect ont été créés pour les autres [pas pour soi].

Chacun d’entre nous doit renoncer aux respects et fuir les honneurs. Voir Pirké Avot, chapitre 4, Michna 21, et chapitre 6, Michna 6.

Mais attention : il ne faut pas se conduire de la sorte envers sa femme. Car elle mérite tous les honneurs [possibles] ! Voir Rambam dans Hilkhot Ichout, chapitre 15, Halakha 19.

‘Hidouché Aggadot sur Talmud Yébamot 62b.

Il est à noter que c’est, également, une conduite à avoir envers les autres, et pas uniquement envers sa femme.

D’ailleurs, nos Sages dévoilent : l’une des premières questions que l’on posera à l’homme après 120 ans est : « As-tu considéré ton prochain comme un roi [et toi, comme son serviteur] ? »

Voir Torat Haadam Laadam, volume 3, pages 29-34.

Cette grande nécessité de l’honneur de la femme peut être expliquée par ce qui suit :

Le châtiment de la femme après avoir fauté fut entre autres « Ton désir te portera vers ton époux et lui [l’homme] te dominera ». Voir Béréchit, chapitre 3, verset 16.

Elle avait « ordonné » à son mari [Adam] de manger du fruit de l’arbre interdit; désormais, mesure pour mesure, elle serait soumise à sa volonté.

Les femmes sont, donc, tributaires des hommes.

La femme est dépendante de son mari.

Le Rav Hirsch écrit : « L’obéissance à la Torah réhabilite la femme et lui permet de retrouver son statut privilégié de "couronne de son mari" et de "perle précieuse". Voir Michlé chapitre 12, verset 4 et chapitre 31, verset 10. Rapporté dans Le ‘Houmach, édition Edmond. J. Safra, page 19.

Il lui est interdit de lui inspirer une peur et il doit s’adresser à elle avec le plus grand des respects.

Le but recherché à travers cela est, donc, de radoucir la sentence de la femme et de l’amadouer afin qu’elle ne croule pas sous l’autorité du mari insensible.

Je pense que c’est l’une des explications qu’il faut donner aux quelques mots de l’explication de Rachi sur cet enseignement [« Dézilouta Déitéta Kaché Midégavra »].

Seconde raison

L’honneur et le respect dont il s’agit sont l’achat de beaux habits et de bijoux [selon ses moyens].

Les femmes sont plus sensibles que les hommes quant à leur apparence extérieure.

Voir Rachi sur Yébamot 62b et Sanhédrin 76b ainsi que Maharcha sur Yébamot 62b.

Donc, il faut prendre cela en considération et ne pas ignorer cette nature intrinsèque.

C’est, en fait, la mise en garde mentionnée dans Baba Métsia 59a : « Lé'olam Yéhé Adam Zahir Bikhvod Ichto » -  « il faut prendre garde au respect de sa femme ».

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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