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5 questions sur des contradictions du Tanakh

Rédigé le Mercredi 24 Septembre 2014
La question de Gary M.

Bonjour Rav,

Voici mes questions :

1) - Béréchit 46, 21 : "Et les fils de Benjamin : Béla, Béker, Achbêl, Ghêra, Naamân, Éhi, Rôch, Mouppim, Houppim et Ard’."

- Chroniques 7, 6 : "Benjamin : Béla, Békher, Yedïaêl, soit trois."

> Un endroit où il est écrit que Binyamin a 10 enfants et un autre où il en a 3...

2) - Chmouel II 24, 9 : "Joab remit au roi le résultat du dénombrement du peuple : Israël comptait huit cent mille hommes valides, pouvant tirer l'épée, et Juda en comptait cinq cent mille."

- Chroniques I 21, 5 : "Joab remit à David le résultat du dénombrement du peuple : tout Israël comptait onze cent mille hommes, pouvant tirer l’épée, et Juda comptait quatre cent soixante-dix mille hommes, pouvant tirer l’épée."

> Contradiction?

3) Chroniques I : il y a beaucoup de différences de noms entre les versets 8 - 31 et 9 - 37.

4) - Dévarim 2, 19 : "tu vas arriver en face des enfants d'Ammon. Ne les attaque pas, ne les provoque point : je ne te permets aucune conquête sur le sol des enfants d'Ammon, car c'est aux descendants de Loth que je l'ai donné en héritage."

- Yéhochoua 13, 25 : "et ils eurent pour territoire Yazer et toutes les villes du Galaad, et la moitié du pays des Ammonites, jusqu'à Aroêr qui est en face de Rabba."

> Le pays des Ammonites a été donné à moitié à Gad alors que Hachem avait dit de ne pas le toucher ?

5) - Rois II 8, 26 : "Achazia avait vingt-deux ans à son avènement, et il régna un an à Jérusalem. Le nom de sa mère était Athalie; elle était fille d'Omri, roi d'Israël."

- Chroniques II 22, 2 : "Âgé de quarante-deux ans à son avènement, il régna un an à Jérusalem. Le nom de sa mère était Athalie; elle était fille d’Omri."

> 22 ans ou 42 ans ???

La réponse de Rav Yehiel BRAND
Rav Yehiel BRAND
1213 réponses

Bonjour,

Voici les réponses :

1) Vous ne citez que le verset 7,6, où en effet ne figurent que 3 noms. Ce verset est une introduction aux prochains versets, qui présentent les chiffres des soldats du roi David ; les descendants du premier fils, Béla, furent 22 034 :

« Fils de Béla: Etsbon, Uzzi, Uziel, Jerimoth et Iri, cinq chefs des maisons de leurs pères, hommes vaillants, et enregistrés dans les généalogies au nombre de vingt-deux mille trente-quatre ».

Le prochain verset rapporte les 20 200 soldats, issus d’un autre fils, Béchér : 

« Fils de Béker: Zemira, Joasch, Éliézer, Eljoénaï, Omri, Jerémoth, Abija, Anathoth et Alameth, tous ceux-là fils de Béker, et enregistrés dans les généalogies, selon leurs générations, comme chefs des maisons de leurs pères, hommes vaillants au nombre de vingt mille deux cents ».

Puis les descendants de Yedïaêl, 17 200 :

« Fils de Jediaël: Bilhan. Fils de Bilhan: Jeusch, Benjamin, Éhud, Kenaana, Zéthan, Tarsis et Achischachar, tous ceux-là fils de Jediaël, chefs des maisons de leurs pères, hommes vaillants au nombre de dix-sept mille deux cents, en état de porter les armes et d'aller à la guerre ».

Mais le livre des Chroniques ne s’arrête pas ici. Il rapporte par la suite d’autres descendants de Binyamin :

« Benjamin engendra Béla, son premier-né, Aschbel le second, Achrach le troisième, Nocha le quatrième, et Rapha le cinquième » (8, 1).  

Ici le livre ne présente plus le nombre des guerriers, mais ne s’intéresse plutôt qu’à la généalogie jusqu’au roi Saul :

« Ner engendra Kish; Kish engendra Saül; Saül engendra Jonathan, Malki Schua, Abinadab et Eschbaal » (8, 33).  

En ce qui concerne le manque de certains descendants de Binyamin, il  se peut aussi que certaines familles disparaissaient pendant la terrible guerre que les juifs ont déclenché contre Binyamin :

« Le nombre total des Benjamites qui périrent ce jour-là fut de vingt-cinq mille hommes tirant l'épée, tous vaillants » (Juges, 20, 46).  

2) Cette question figure dans le Talmud, qui propose plusieurs réponses. Pour ma part, je vous répondrais, en examinant soigneusement les versets. Le verset dans Samuel dit :

« Israël comptait huit cent mille hommes valides, pouvant tirer l'épée ».

Dans le verset dans Chroniques, il manque le mot « valide » :  

« Tout Israël comptait onze cent mille hommes, pouvant tirer l’épée ».

Le texte est écrit en hébreu, et il utilise le mot « 'Haïl ». Ceci ne signifie pas exactement « valide », mais plutôt « chevronné ». En fait, le texte parle de 800 000 soldats chevronnés, qui ont déjà porté autrefois des armes. Par contre, dans le livre des Chroniques, on cite 1 100 000 soldats « qui porte armes », mais pas des soldats chevronnés, car 300 000 ne furent que des nouveaux recrutés.

En ce qui concerne les soldats de la tribu de Yéhouda, le texte dans Samuel ne mentionne pas « pouvant tirer des épées » :

« Juda en comptait cinq cent mille ».

Mais dans les Chroniques, figurent les mots pouvant tirer l’épée :

« Juda comptait quatre cent soixante-dix mille hommes, pouvant tirer l’épée ».

En fait, une armée n’est pas composée que par des soldats « pouvant tirer l’épée », mais aussi par des gens de la logistique, qui ne portent pas d’armes. Il y avait en fait que 470 000 porteurs d’armes ; les 30 000 autres n’en portaient pas. Peut-être étaient-ils des commandants, choisit parmi la tribu de Yéhouda, duquel a été issu le roi David lui-même, et en lesquels le roi avait une plus grande confiance, comme témoigne le livre de Samuel de nombreuses fois.

En fait, Joab a apporté ces deux comptes au roi ; un compte figure dans le livre de Samuel, et l’autre dans les Chroniques. Ce dernier livre en fait rapporte de nombreux faits qui ne furent pas rapportés dans les autres livres qui l’ont précédé.  

3) Si certains noms ont changés, c’est entre autre à cause du fait qu’avec le temps, certaines personnes jouèrent un rôle si important, que toute la famille s’appelle dès lors en son nom.

Si d’autres noms ne figurent plus, c’est entre autre du fait qu’ils ne jouèrent pas un grand rôle, et que sa famille fut alors inséré parmi d’autres.

Ce phénomène se trouve déjà explicité par la Torah elle-même. Joseph, en dehors de ses deux enfants cités, Ménaché et Ephraim, en avait d’autres, qui furent intégrés parmi les familles de Ménaché et Ephraim :

« Maintenant, les deux fils qui te sont nés au pays d'Égypte, avant mon arrivée vers toi en Égypte, seront à moi; Éphraïm et Ménashé seront à moi, comme Reuben et Shimon. Mais les enfants que tu as engendrés après, eux seront à toi; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leur héritage » (Genèse, 48, 6).

Sachez d’ailleurs, que celui qui étudie le livre des Chroniques, ne doit pas ignorer ce verset :

« Tout Israël est enregistré dans les généalogies et inscrit dans le livre des rois d'Israël, et Yéhouda fut emmené captif à Babylone, à cause de ses infidélités » (9, 1).

Ce verset en fait nous enseigne que, bien que les rois juifs ont enregistré tous les juifs dans des livres de généalogie, mais puisque 10 tribus furent exilés loin, à Halah et Habor etc., et que leur majorité n’est plus revenue, nombreux de leurs livres de généalogie furent perdus.

Quant à Ezra et ses pairs, qui nous présentent le livre des Chroniques, ils ne pouvaient s’appuyer essentiellement que sur les livres trouvés parmi la tribu de Yéhouda. Cette tribu ne fut exilée qu’en Babylonie, et elle est revenue dans son pays, avec les livres de généalogie dans sa possession (Talmud Yérouchalmi, apporté par Rachi, 7, 13).

4) Votre question ressemble fortement à l’argument qu’avait objecté le roi d’Amon aux juifs, il y a presque 3000 ans :

« Le roi des fils d'Ammon répondit aux messagers de Yftach : C'est qu'Israël, quand il est monté d'Égypte, s'est emparé de mon pays, depuis l'Arnon jusqu'au Jabbok et au Jourdain. Rends-le maintenant de bon gré » (Juges, 11, 13).

Mais Iftach lui répond que les juifs n’avaient rien prit chez les ammonites, mais que ces derniers avaient perdu une partie de leur territoire pendant la guerre contre Si'hon, et les juifs l’ont pris de la main de Si'hon :

« Yftach envoya de nouveau des messagers au roi des fils d'Ammon, pour lui dire: Ainsi parle Yftach: Israël ne s'est point emparé du pays de Moab, ni du pays des fils d'Ammon. Car lorsque Israël est monté d'Égypte, il a marché dans le désert jusqu'à la mer Rouge, et il est arrivé à Kadèsh. Alors Israël envoya des messagers au roi d'Édom, pour lui dire: Laisse-moi passer par ton pays. Mais le roi d'Édom n'y consentit pas. Il en envoya aussi au roi de Moab, qui refusa. Et Israël resta à Kadèsh. Puis il marcha par le désert, tourna le pays d'Édom et le pays de Moab, et vint à l'orient du pays de Moab; ils campèrent au-delà de l'Arnon, sans entrer sur le territoire de Moab, car l'Arnon est la frontière de Moab. Israël envoya des messagers à Sihon, roi des Amoréens, roi de Hesbon, et Israël lui dit: Laisse-nous passer par ton pays jusqu'au lieu où nous allons. Mais Sihon n'eut pas assez confiance en Israël pour le laisser passer sur son territoire; il rassembla tout son peuple, campa à Jahats, et combattit Israël. L'Éternel, le Dieu d'Israël, livra Sihon et tout son peuple entre les mains d'Israël, qui les battit. Israël s'empara de tout le pays des Amoréens établis dans cette contrée. Ils s'emparèrent de tout le territoire des Amoréens, depuis l'Arnon jusqu'au Jabbok, et depuis le désert jusqu'au Jourdain ».

En fait, la Torah raconte déjà que le roi d’Emori, Si'hon, a fait la guerre contre le premier roi de Moab, et avait pris une partie de sa terre, jusqu’au fleuve Arnon :

« Car Hesbon était la ville de Sihon, roi des Amoréens; il avait fait la guerre au précédent roi de Moab, et lui avait enlevé tout son pays jusqu'à l'Arnon » (Bamidbar, 21, 24).

5) Le père du roi Achazia, le roi Yéhoram, tomba gravement malade :

« Après tout cela, l'Éter-nel le frappa d'une maladie d'entrailles qui était sans remède; elle augmenta de jour en jour, et après beaucoup des années, les entrailles de Yéhoram sortirent par la force de son mal. Il mourut dans de violentes souffrances » (Chroniques, 21, 17-19).

En fait, sa maladie dura 20 ans, et pendant ce temps, c’est son fils Achazia, âgé alors de 22 ans, qui géra les affaires de l’état. Quand enfin son père meurt, il avait déjà atteint l’âge de 42 ans, et il géra les affaires encore un an, jusqu’à sa propre mort.

Kol Touv.

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