Il est écrit dans notre paracha de la semaine, Vaet'hanane (3, 23), "וָאֶתְחַנַּן אֶל יְהוָה בָּעֵת הַהִוא לֵאמֹר" (J’implorai l’Eternel en ces temps en disant.)
Il est écrit dans le Midrach que Moché adressa à ce moment cinq-cents- quinze prières à D.ieu (comme la valeur numérique de « Vaét’hanan »), pour avoir le droit d’entrer en Terre sainte. Par l’effet de ces prières, il eut tout au moins le mérite de voir la Terre de ses ancêtres.
De nombreuses histoires relatent comment les grands Justes de notre peuple s’épanchaient en prières et ne ménageaient pas leurs supplications, dans l’espoir que D.ieu accepte de les exaucer.
Il est ainsi raconté que du temps de l’exil babylonien, le prophète Daniel avait trouvé grâce aux yeux du roi Darius, lequel, impressionné par la formidable sagesse du prophète, l’avait désigné pour être son plus proche ministre. Evidemment, cette situation déplut fort aux autres ministres royaux, qui jalousèrent Daniel pour ce privilège unique. Ces hommes s’efforcèrent par de multiples manœuvres de discréditer Daniel aux yeux du monarque, notamment en portant sur son compte de fausses accusations. Mais leurs intrigues restèrent totalement stériles. Finalement, ils mirent au point une stratégie des plus fourbes pour arriver à leurs fins. Ils se dirent : « Si nous ne parvenons pas à mettre en doute la fidélité de Daniel envers le roi, nous pouvons cependant l’inciter à transgresser les ordres royaux. » Pour ce faire, les ministres décidèrent de faire entériner une loi stipulant que pendant trente jours, toute requête personnelle ne pourrait être adressée qu’au roi en personne, et interdisant à quiconque de formuler des prières à une divinité ou même à un simple sujet du royaume.
Les ministres du roi demandèrent donc une audience au roi, pendant laquelle ils lui firent part de leur idée : « Majesté ! Compte tenu des importantes conquêtes que vous avez opérées ces derniers temps et de vos nombreuses absences du palais, votre souveraineté a plus que jamais besoin d’être raffermie aux yeux de tous vos sujets. A cette fin, nous vous proposons de décréter que pendant les trente prochains jours, toute requête ou demande ne soit adressée qu’à Sa Majesté et à nul autre. Quiconque contreviendrait à cet ordre et adresserait une prière à une divinité ou même à un simple sujet, sera puni de mort et jeté dans une fosse aux lions. Nous vous demandons de bien vouloir entériner cette loi et d’envoyer des missives aux quatre coins du royaume, pour que tous reconnaissent votre autorité suprême ! »
Le roi reçut ce projet favorablement et apposa son sceau sur l’édit interdisant toute forme de prières à l’intérieur du royaume de Babylone. Daniel, lorsqu’il fut informé de ce nouveau décret, décida de placer sa confiance en D.ieu. Il continua à prier comme de coutume, dans la pièce supérieure qu’il avait fait aménager chez lui, et où une fenêtre était ouverte en direction de Jérusalem. Sans éprouver la moindre crainte, Daniel poursuivit ses prières quotidiennes, se prosternant devant le Créateur et Le remerciant pour tous Ses bienfaits.
Les ministres royaux, qui guettaient les faits et gestes de Daniel, le trouvèrent un beau jour prosterné en direction du Temple, en adressant des prières à D.ieu. Ils allèrent aussitôt rendre compte de cet outrage au roi : « Voyez, Majesté, cet homme en qui vous aviez confiance bafoue vos ordres et les transgresse délibérément. A présent, il vous incombe d’affirmer votre autorité et de condamner Daniel à être jeté dans une fosse aux lions conformément à votre décret ! » Le roi, profondément meurtri par cette nouvelle, s’efforça de disculper Daniel par de multiples prétextes. Mais rien n’y fit, les ministres les rejetèrent tous en bloc et maintinrent que Daniel méritait la mort. A court d’arguments, Darius se vit contraint de mettre la loi en application et fit chercher Daniel par une troupe armée. Le prophète fut sur-le-champ jeté dans une fosse remplie de bêtes féroces et on la referma avec un lourd rocher sur lequel le roi apposa son sceau. Pendant que les ministres exultaient, le roi retourna dans ses appartements le cœur lourd et alla dormir aussitôt, sans même prendre la peine de souper.
Cette même nuit, le roi ne parvint à trouver le sommeil, tenaillé par le sordide complot qu’avaient tissé ses ministres contre son plus proche conseiller. Dès le lever du soleil, il s’empressa de retourner à la fosse aux lions et s’approchant de l’épais rocher, il cria : « Daniel ! Serviteur du D.ieu de vie ! Le D.ieu que tu sers t’a-t-Il sauvé des fauves ? » Il entendit alors un cri venant du fond de la fosse : « Mon roi ! Puissiez-vous vivre à jamais ! Oui, mon D.ieu a entendu ma prière et a envoyé jusqu’à moi un ange protecteur, qui a muselé les lions. Comme vous le voyez, je suis encore bien en vie, par la grâce de l’Eternel ! » Lorsque Darius entendit ce cri, il éprouva une joie immense et profonde. Il somma ses serviteurs de faire sortir Daniel de la fosse, qui en remonta sain et sauf. Tous purent voir comment le prophète avait été épargné d’une mort certaine par le mérite de sa foi dans le D.ieu de ses ancêtres.
Sur-le-champ, le roi exigea qu’on fasse amener les ministres ainsi que toute leur famille, et les fit tous jeter dans la fosse. Pendant qu’on les faisait descendre dans le trou béant, et avant même qu’ils n’en atteignent le fond, les lions les taillèrent en menus morceaux et les dévorèrent sans en épargner un seul. Daniel fut réhabilité et il garda sa dignité jusqu’à la fin de sa vie. Après cet épisode, le roi Darius promulgua un édit dans tout son royaume, imposant à ses sujets de craindre et de vénérer le D.ieu de Daniel, le Maître Qui règne d’un bout à l’autre du monde. A l’annonce de ce formidable miracle, tous virent comment D.ieu protège ceux qui lui sont fidèles et les sauve des complots de leurs ennemis.