Pour prix de votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir, l'Éternel, votre Dieu, sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu'il a juré à vos pères.
Ce sera
Si vous écoutez les mitswoth faciles, celles que l’on peut piétiner avec ses « talons » (‘iqvaw)
Hachem te gardera…
Il te gardera Sa promesse
7,13
Il t'aimera, te bénira, te multipliera, il bénira le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, ton blé, ton vin et ton huile, les produits de ton gros et de ton menu bétail, dans le pays qu'il a juré à tes pères de te donner.
La portée (chegar) de tes bœufs
Les nouveau-nés de ton bétail, ceux que la femelle rejette (mechaguèreth) de ses entrailles
Et les fécondités (we‘achteroth) de ton menu bétail
Mena‘hem explique le mot ‘achteroth par : « les forts béliers du Bachane » (Tehilim 22, 13), c’est-à-dire l’élite du troupeau, comme dans : « ‘Achteroth-Qarnayim » (Beréchith 14, 5), dénomination qui comporte une connotation de « force ». Le Targoum Onqelos traduit par : « les troupeaux de tes moutons ». Quant à nos maîtres, ils ont expliqué comme suit : Pourquoi les appelle-t-on ‘achteroth ? Parce qu’elles « enrichissent » (me‘achiroth) leurs propriétaires (‘Houlin 84b)
7,14
Tu seras béni entre tous les peuples; parmi toi comme parmi tes bêtes, aucun sexe ne sera stérile.
Stérile
Inapte à procréer
7,15
L'Éternel écartera de toi tout fléau; et toutes ces funestes plaies de l'Egypte, que tu connais bien, ce n'est pas à toi qu'il les infligera, mais à tes adversaires.
7,16
Tu anéantiras donc tous les peuples que te livre l'Éternel, ton Dieu, sans laisser ton œil s'attendrir sur eux, de peur que tu n'adores leurs divinités; car ce serait un piège pour toi.
7,17
Peut-être diras-tu en ton cœur: "Ces nations-là sont plus considérables que moi; comment pourrai-je les déposséder?"
Peut-être (ki) diras-tu dans ton cœur
Le mot ki s’emploie ici nécessairement dans le sens de « peut-être » : « Peut-être diras-tu dans ton cœur », parce que ces nations sont nombreuses : « Je ne pourrai pas les déposséder. » Ne parle pas ainsi, « ne les crains pas » ! Et il n’est pas correct de rendre le mot ki par l’une des autres significations qu’il est susceptible de comporter (Roch hachana 3a), car il convient de préserver la valeur de : « ne les crains pas »
7,18
Ne les crains point! Souviens-toi sans cesse de ce que l'Éternel, ton Dieu, a fait à Pharaon et à toute l'Egypte;
7,19
des grandes épreuves que tes yeux ont vues; de ces signes et de ces prodiges, de cette main puissante et de ce bras étendu, par lesquels t'a émancipé l'Éternel, ton Dieu. Ainsi fera-t-il de tous les peuples que tu pourrais craindre.
Des épreuves
Des mises à l’épreuve
Et des signes
Exemples : « Il fut serpent » (Chemoth 4, 3), « elles seront sang dans le sec » (Chemoth 4, 9)
Et des prodiges
Les plaies extraordinaires
Et la main
C’est la peste
Et le bras
C’est l’épée de la plaie des premiers-nés
7,20
De plus, l'Éternel, ton Dieu, suscitera contre eux les frelons, pour achever les survivants qui se seraient dérobés à toi.
Le frelon
Sorte d’insecte ailé qui projetait contre eux du venin, qui les châtrait et les rendait aveugles en quelque lieu où ils se cachassent (Sota 36a)
7,21
Ne tremble donc pas devant eux, car l'Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, un Dieu grand et redoutable!
7,22
L'Éternel, ton Dieu, écartera ces peuples de devant toi, mais peu à peu; tu ne pourras pas les détruire rapidement, car les bêtes sauvages se multiplieraient autour de toi.
De peur que se multiplient sur toi les bêtes du champ
Tandis que s’ils accomplissent la volonté de Hachem, ils n’ont rien à craindre de ces bêtes, comme il est écrit : « Et la bête du champ sera en paix avec toi » (Iyov 5, 23). Mais Il savait à l’avance qu’ils allaient pécher un jour
7,23
Mais l'Éternel, ton Dieu, les mettra à ta merci; il répandra parmi eux un grand trouble, jusqu'à ce qu'ils soient détruits.
Il les troublera (wehamam)
Le mot wehamam est ponctué de deux qamats, car le mèm final ne fait pas partie de la racine. C’est comme s’il était écrit : wehèm otham. En revanche, dans le verset : « … de faire passer en force (wehamam) les roues de son chariot » (Yecha’ya 28, 28), le mèm final fait partie de la racine. Aussi le mot est-il ponctué moitié d’un qamats moitié d’un pata‘h, à l’instar des autres verbes dont le radical est formé de trois lettres
7,24
Il mettra leurs rois dans ta main, et tu effaceras leur mémoire sous le ciel; pas un ne te tiendra tête, de sorte que tu les extermineras tous.
7,25
Les images de leurs divinités, vous les détruirez par le feu. Ne cède pas à la tentation de garder l'argent ou l'or qui les couvre, il ferait ton malheur; car il est en abomination à l'Éternel, ton Dieu,
7,26
et tu ne dois pas apporter une abomination dans ta demeure, tu serais anathème comme elle: déteste-la, repousse-la avec horreur, elle est vouée à l'anathème!
8,1
"Tous les préceptes que je vous impose en ce jour, ayez soin de les suivre, afin que vous viviez et deveniez nombreux, quand vous serez entrés en possession de ce pays, que l'Éternel a promis par son serment à vos pères.
Toute la mitswa
A prendre au sens littéral. Quant à l’explication midrachique, elle consiste à dire que si l’on a commencé d’exécuter une mitswa, il faut la terminer, car elle n’a droit à cette appellation qu’au bénéfice de celui qui la termine, comme il est écrit : « Et les ossements de Yossef, que les fils d’Israël avaient fait monter d’Egypte, ils les ont enterrés à Chekhem » (Yehochou‘a 24, 32). Et pourtant, n’est-ce pas Mochè tout seul qui s’est occupé de les faire monter (Chemoth 13, 19) ? En fait, du moment qu’il n’a pas eu le temps de mener la mitswa à bonne fin et que ce sont les enfants d’Israël qui l’ont terminée, c’est à leur bénéfice qu’elle a été nommée
8,2
Tu te rappelleras cette traversée de quarante ans que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait subir dans le désert, afin de t'éprouver par l'adversité, afin de connaître le fond de ton cœur, si tu resterais fidèle à ses lois, ou non.
Si tu garderas Ses mitswoth
En ne Le mettant pas à l’épreuve et en ne Le critiquant pas
8,3
Oui, il t'a fait souffrir et endurer la faim, puis il t'a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères; pour te prouver que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais qu'il peut vivre de tout ce que produit le verbe du Seigneur.
8,4
Tes vêtements ne se sont pas usés sur toi, tes pieds n'ont pas été meurtris, durant ces quarante années.
Ton vêtement ne s’est pas usé
Les nuées de gloire nettoyaient et repassaient leurs vêtements, les restituant comme raccommodés. Leurs enfants aussi, au fur et à mesure qu’ils grandissaient, voyaient leur vêtement grandir avec eux, de la même manière que la coquille de l’escargot se développe avec lui
Ne s’est pas enflé (vatséqa)
Ne s’est pas gonflé comme de la pâte (batséq), comme enflent les pieds de ceux qui marchent pieds nus
8,5
Tu reconnaîtras donc en ta conscience que si l'Éternel, ton Dieu, te châtie, c'est comme un père châtie son fils;
8,6
et tu observeras les commandements de l'Éternel, ton Dieu, en marchant dans ses voies et en le révérant.
8,7
Car l'Éternel, ton Dieu, te conduit dans un pays fortuné, un pays plein de cours d'eau, de sources et de torrents, qui s'épandent dans la vallée ou sur la montagne;
8,8
un pays qui produit le froment et l'orge, le raisin, la figue et la grenade, l'olive huileuse et le miel;
Olivier à huile
Des olives qui produisent de l’huile
8,9
un pays où tu ne mangeras pas ton pain avec parcimonie, où tu ne manqueras de rien; les cailloux y sont du fer, et de ses montagnes tu extrairas du cuivre.
8,10
Tu jouiras de ces biens, tu t'en rassasieras. Rends grâce alors à l'Éternel, ton Dieu, du bon pays qu'il t'aura donné!
8,11
Garde-toi d'oublier l'Éternel, ton Dieu, de négliger ses préceptes, ses institutions et ses lois, que je t'impose en ce jour.
8,12
Peut-être, jouissant d'une nourriture abondante, bâtissant de belles maisons où tu vivras tranquille,
8,13
voyant prospérer ton gros et ton menu bétail, croître ton argent et ton or, se multiplier tous tes biens,
8,14
peut-être ton cœur s'enorgueillira-t-il, et tu oublieras l'Éternel, ton Dieu, qui t'a tiré du pays d'Egypte, de la maison de servitude;
8,15
qui t'a conduit à travers ce vaste et redoutable désert, plein de serpents venimeux et de scorpions, sol aride et sans eau; qui a fait, pour toi, jaillir des eaux de la pierre des rochers;
8,16
qui t'a nourri, dans ce désert, d'une manne inconnue à tes aïeux, car il voulait t'éprouver par les tribulations pour te rendre heureux à la fin;
8,17
et tu diras en ton cœur: "C'est ma propre force, c'est le pouvoir de mon bras, qui m'a valu cette richesse."
8,18
Non! C'est de l'Éternel, ton Dieu, que tu dois te souvenir, car c'est lui qui t'aura donné le moyen d'arriver à cette prospérité, voulant accomplir l'alliance jurée à tes pères, comme il le fera à cette époque.
8,19
Or, si jamais tu oublies l'Éternel, ton Dieu, si tu t'attaches à des dieux étrangers, que tu les serves et que tu leur rendes hommage, je vous le déclare en ce jour, vous périrez!
8,20
Comme ces peuples que l'Éternel fait disparaître devant vous, ainsi vous disparaîtrez vous-mêmes, pour n'avoir pas obéi à la voix de l'Éternel, votre Dieu!
9,1
Ecoute, ô Israël: tu franchis maintenant le Jourdain, pour aller déposséder des nations plus grandes et plus puissantes que toi aux villes importantes, dont les remparts touchent le ciel;
Plus grandes et plus puissantes que toi
Tu seras puissant, mais elle seront plus puissantes que toi
9,2
une peuplade nombreuse et géante, des enfants d'Anak! Et tu sais toi-même, tu l'as souvent ouï dire, qui peut tenir tête aux enfants d'Anak?
9,3
Tu reconnaîtras donc que c'est l'Éternel, ton Dieu, qui marche devant toi, comme un feu dévorant; c'est lui qui les anéantira, lui qui les fera plier devant toi, si bien que tu les vaincras et les détruiras sans peine, comme l'Éternel te l'a promis.
9,4
Ne dis pas en ton cœur, lorsque l'Éternel, ton Dieu, les aura ainsi écartés de devant toi: "C'est grâce à mon mérite que l'Éternel m'a introduit dans ce pays pour en prendre possession," quand c'est à cause de la perversité de ces peuples que l'Éternel les dépossède à ton profit.
Ne dis pas dans ton cœur
Que c’est « mon mérite et la perversité de ces peuples qui en ont été la cause »
9,5
Non, ce n'est pas à ton mérite ni à la droiture de ton cœur que tu devras la conquête de leur pays: c'est pour leur iniquité que l'Éternel, ton Dieu, dépossède ces peuples à ton profit, et aussi pour accomplir la parole qu'il a jurée à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob.
Ce n’est pas à cause de ta justice […] que tu viens pour prendre possession […] mais (ki) c’est à cause de la méchanceté de ces nations
Le mot ki s’emploie ici dans le sens de : « mais » (Roch hachana 3a)
9,6
Sache-le, ce ne peut être pour ta vertu que l'Éternel, ton Dieu, t'accorde la possession de ce beau pays, puisque tu es un peuple réfractaire.
9,7
Rappelle-toi, n'oublie jamais, combien tu as mécontenté l'Éternel, ton Dieu, dans le désert! Depuis le jour où tu es sorti du pays d'Egypte, jusqu'à votre arrivée en ce lieu-ci, vous avez été rebelles envers le Seigneur!
9,8
Au Horeb même, vous avez mécontenté le Seigneur, et il s'irrita contre vous, au point de vouloir vous anéantir.
9,9
Je m'étais retiré sur la montagne pour recevoir les tables de pierre, les tables de l'alliance contractée par le Seigneur avec vous. Je restai sur la montagne quarante jours et quarante nuits, ne mangeant pas de pain, ne buvant point d'eau;
Je me suis assis (waéchév) dans la montagne
Il n’est de yechiva (« action de s’asseoir ») que dans le sens de : « demeurer » (Meguila 21a)
9,10
et le Seigneur me remit les deux tables de pierre, burinées de son doigt divin, et contenant toutes les paroles que le Seigneur vous avait adressées sur la montagne, du milieu du feu, le jour de la convocation.
9,11
Ce fut au bout de quarante jours et de quarante nuits que le Seigneur me remit les deux tables de pierre, tables de l'alliance;
.
9,12
et il me dit alors: "Va, descends d'ici en toute hâte, car on a perverti ton peuple, que tu as conduit hors de l'Egypte; ils ont tôt abandonné la voie que je leur avais prescrite, ils se sont fabriqué une idole!"
9,13
Puis, l'Éternel me parla ainsi: "J'ai observé ce peuple: or, c'est un peuple rétif.
9,14
Laisse-moi, je veux les anéantir, je veux effacer leur nom sous le ciel, et faire naître de toi une nation plus grande et plus nombreuse que celle-ci."
9,15
Et je redescendis de la montagne, qui était alors en feu, tenant les deux tables d'alliance de mes deux mains;
9,16
et je vis qu'en effet vous aviez péché contre l'Éternel, votre Dieu, vous vous étiez fait un veau de métal, prompts à quitter la voie que le Seigneur vous avait indiquée;
9,17
et je saisis les deux tables, je les jetai de mes deux mains, je les brisai à vos yeux.
9,18
Puis je me prosternai devant le Seigneur, restant comme la première fois quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain ni boire d'eau, à cause du grave péché que vous aviez commis en faisant ce qui déplaît au Seigneur, ce qui devait l'offenser.
Je me suis laissé tomber devant Hachem
Ainsi qu’il est écrit : « Et maintenant je monterai vers Hachem, peut-être ferai-je propitiation… » (Chemoth 32, 30). Cette ascension-là a duré quarante jours, et elle s’est donc terminée le 29 av. Car [Mochè] était monté le 18 tamouz, et ce jour-là 29 av, le Saint béni soit-Il s’est réconcilié avec Israël et a dit à Mochè : « Sculpte pour toi-même deux tables de pierre » (Chemoth 34, 1). Quarante autres jours se sont écoulés, qui se sont donc terminés le jour de Kippour. Ce jour-là, le Saint béni soit-Il s’est réconcilié avec Israël dans la joie et a dit à Mochè : « J’ai pardonné, selon ta parole » (Bamidbar 14, 20), d’où sa fixation comme jour de pardon et d’absolution. Et d’où sait-on qu’Il s’est réconcilié avec une totale bienveillance ? De ce qu’il est écrit, à propos des quarante jours consacrés aux dernières tables : « Et moi, je me suis tenu debout dans la montagne comme les premiers jours… » (infra 10, 10). De même que les « premiers » ont été placés sous le signe de la bienveillance, de même l’ont été les « derniers ». On peut donc en déduire que les [quarante jours] intermédiaires ont été placés sous le signe de la colère
9,19
Car j'étais effrayé de cette colère et de cette indignation dont le Seigneur était animé pour votre perte. Mais, cette fois-là encore, le Seigneur m'exauça.
9,20
Aaron aussi avait gravement irrité l'Éternel, qui voulait l'anéantir: j'intercédai pour Aaron aussi dans ce temps-là.
Et Hachem s’est irrité contre Aharon
Parce qu’il vous avait écoutés
Pour le détruire
Il s’agit de l’extermination des enfants, comme dans : « J’ai détruit son fruit par en-haut » (‘Amos 2, 9)
J’ai prié aussi pour Aharon
Ma prière a été efficace pour obtenir un demi-pardon : Deux [de ses fils] sont morts et deux sont restés en vie
9,21
Et votre ouvrage impie, ce veau que vous aviez fabriqué, je m'en saisis, le jetai au feu, le mis entièrement en pièces et le réduisis en menue poussière; puis je répandis cette poussière dans le torrent qui descend de la montagne.
Moulu (ta‘hon)
Le mot ta‘hon est au gérondif, comme : « allant en détruisant ». En français : « moulant »
9,22
De même à Tabéra, à Massa, à Kibroth-Hattaava, partout, vous avez irrité le Seigneur.
9,23
Et quand l'Éternel voulut vous faire partir de Kadêch-Barnéa, en disant: "Allez prendre possession du pays que je vous ai donné", vous avez désobéi à la parole de l'Éternel, votre Dieu, vous n'avez pas eu foi en lui, vous n'avez pas écouté sa voix!
9,24
Oui, vous avez été rebelles envers le Seigneur, depuis que je vous connais!
9,25
Je restai donc prosterné devant le Seigneur pendant les quarante jours et les quarante nuits que j'ai dit, car le Seigneur menaçait de vous anéantir,
Je me suis laissé tomber
Ce sont les mêmes [quarante jours] que ceux dont il vient d’être question (verset 18). Le texte les mentionne ici une seconde fois car il y décrit l’ordre de sa prière, comme il est écrit : « Hachem Eloqim ! Ne détruis pas ton peuple… » (verset 26)
9,26
et j'implorai le Seigneur, et je dis: "Seigneur-Elohim! N'extermine pas ton peuple, ton héritage, que tu as sauvé par ta puissance, que tu as, d'une invincible main, fait sortir de l'Egypte!
9,27
Souviens-toi de tes serviteurs, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob; ne considère pas l'insoumission de ce peuple, sa perversité ni sa faute,
9,28
de peur qu'on ne dise, dans ce pays d'où tu nous as fait sortir: "C'est que l'Éternel n'avait pas le pouvoir de les introduire dans le pays qu'il leur avait promis; ou bien, par haine pour eux, il les a fait sortir d'ici pour les immoler dans le désert."
9,29
Et pourtant, ils sont ton peuple et ton héritage, que tu as délivré par ta haute puissance, par ton bras triomphant!"
10,1
"En ce temps-là, l'Éternel me dit: "Taille toi-même deux tables de pierre pareilles aux premières, et viens me trouver sur la montagne; fais-toi aussi une arche de bois.
En ce temps-là
A la fin des quarante jours, Il s’est réconcilié avec moi et m’a dit : « Sculpte pour toi-même… » (Chemoth 34, 1) et ensuite : « Tu feras une arche. » Mais moi, j’ai commencé par fabriquer l’arche, car où aurais-je mis les tables quand je serais revenu les portant à la main ? Cette arche n’était pas celle qu’a fabriquée Betsalél, car on n’a entrepris la construction du tabernacle qu’après le jour de Kippour. C’est en effet lorsque [Mochè] est redescendu de la montagne qu’il leur a prescrit les travaux du tabernacle. Et Betsalél a commencé par construire le tabernacle, et ensuite l’arche et les ustensiles (Berakhoth 55a). C’est donc que cette arche-là était une autre, celle qui les accompagnait à la guerre, tandis que celle qu’a fabriquée Betsalél ne les a accompagnés à la guerre qu’à l’époque de ‘Eli. Ils en ont été punis et elle a été capturée (I Chemouel 4, 11)
10,2
J'écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières que tu as brisées, et tu les déposeras dans l'arche."
10,3
Je fis une arche en bois de chitîm, je taillai deux tables de pierre, semblables aux précédentes; puis je montai sur la montagne, les deux tables à la main.
10,4
Et l'Éternel grava sur les tables la même inscription, les dix paroles qu'il vous avait fait entendre sur la montagne, du milieu du feu, le jour de la convocation; puis l'Éternel me les remit.
10,5
Je redescendis de la montagne, je déposai les tables dans l'arche que j'avais faite, et elles y sont restées, ainsi que l'Éternel me l'avait prescrit.
10,6
(Or, les enfants d'Israël partirent de Beéroth-Benê-Yaakân pour aller à Mocêra: là est mort Aaron, là il a été enseveli, et son fils Eléazar l'a remplacé dans le sacerdoce.
Et les fils d’Israël sont partis de Beéroth-Benei-Ya‘aqan pour Mosséra
Que vient faire ce thème-là dans le présent contexte ? Et d’ailleurs, ont-ils vraiment marché de Beéroth-Benei-Ya‘aqan vers Mosséra ? Ne sont-ils pas arrivés à Benei-Ya‘aqan venant de Mosséroth, comme il est écrit : « Ils partirent de Mosséroth, ils campèrent à Benei-Ya‘aqan » (Bamidbar 31, 33) ? Par ailleurs, il est écrit : « Là est mort Aharon ». Mais n’est-il pas mort à Hor-la-montagne ? Si l’on effectue des calculs, on s’aperçoit qu’il y a eu huit étapes de Mosséra à Hor-la-montagne (voir Rachi Bamidbar 21, 4 et 26, 13). [Notre texte] fait partie, en fait, des reproches [que Mochè a adressés au peuple] : « Vous avez encore fait ceci : Lorsque Aharon est mort à Hor-la-montagne à la fin des quarante années, et que les nuées de gloire ont disparu, vous avez eu peur d’une guerre avec le roi de ‘Arad. Vous vous êtes donné un chef pour retourner en Egypte, et vous avez rebroussé chemin sur huit étapes jusqu’à Benei-Ya‘aqan et de là à Mosséra. Là se sont battus avec vous les fils de Léwi. Ils ont fait des morts parmi vous, et vous parmi eux, jusqu’à ce qu’ils vous aient fait revenir en arrière. Vous êtes effectivement revenus à Goudgoda, qui est ‘Hor-le-Guidgad. » (Bamidbar 33, 32)
10,7
De là, ils allèrent à Goudgoda, et de Goudgoda à Yotbatha, contrée abondante en cours d'eau.
Et depuis ha-Goudgoda
Et vous avez, à Mosséra, observé un deuil rigoureux pour la mort de Aharon, laquelle avait été la cause de cela, et sa mort vous est apparue comme si elle avait eu lieu à cet endroit-là. Mochè a fait en sorte que ce reproche suive immédiatement [le récit] du bris des tables afin de souligner que la mort des justes est aussi pénible au Saint béni soit-Il que le jour où les tables ont été brisées, et [aussi] pour nous faire savoir que leurs paroles : « Donnons-nous un chef et retournons en Egypte ! » (Bamidbar 14, 4), pour nous séparer de Lui, lui ont été aussi pénibles que le jour où ils ont fabriqué le veau d’or
10,8
A cette même époque, l'Éternel distingua la tribu de Lévi, en la chargeant de porter l'arche de la divine alliance, de faire en permanence le service du Seigneur et de donner la bénédiction en son nom, comme elle l'a fait jusqu'à ce jour.
En ce temps-là
Ces mots font suite à ce qui précède
En ce temps-là
La première année de votre sortie d’Egypte. Vous y avez commis la faute du veau d’or, contrairement des descendants de Léwi, que Hachem a séparés de vous. Ce verset-ci fait immédiatement suite à celui du retour à Benei-Ya‘aqan afin de marquer que là non plus les descendants de Léwi n’ont pas péché, mais qu’ils sont restés fermes dans leur foi
Pour porter l’arche
Les lewiim
Pour se tenir devant Hachem
Les kohanim. Il s’agit ici de la bénédiction sacerdotale
10,9
C'est pourquoi Lévi n'a reçu part ni héritage avec ses frères: c'est Dieu qui est son héritage, ainsi que l'Éternel, ton Dieu, le lui a déclaré).
C’est pourquoi Léwi n’a pas eu de part
Parce qu’ils ont été séparés pour le service de l’autel et qu’ils ne sont pas disponibles pour labourer et ensemencer
Hachem est son héritage
Il perçoit un salaire préparé dans la maison du roi
10,10
J'étais donc resté sur la montagne, comme la première fois, quarante jours et quarante nuits; et l'Éternel m'exauça cette fois encore, il ne voulut pas t'exterminer,
Et moi
Pour recevoir les secondes tables. Et comme il n’a pas été précisé plus haut la durée de son séjour dans la montagne lors de la dernière ascension, le texte y revient et commence par
Comme les premiers jours
Ceux des premières tables. De même qu’ils se sont écoulés sous le signe de la bienveillance, de même en a-t-il été de ceux-là. Les jours intermédiaires, en revanche, que j’y ai passés à prier pour vous ont été placés sous le signe de la colère
10,11
et il me dit: "Va, dirige la marche de ce peuple, pour qu'il atteigne et conquière le pays que j'ai juré à leurs pères de leur donner."
Hachem m’a dit…
Bien que vous vous soyez écartés de Lui et que vous ayez péché avec le veau d’or, Il m’a dit : « Va, conduis le peuple… » (Chemoth 32, 34)
10,12
Et maintenant, ô Israël! Ce que l'Éternel, ton Dieu, te demande uniquement, c'est de révérer l'Éternel, ton Dieu, de suivre en tout ses voies, de l'aimer, de le servir de tout ton cœur et de toute ton âme,
Et maintenant
Même si vous avez fait tout cela, Sa miséricorde et Son amour vous restent acquis. Et malgré tous les péchés que vous avez commis à Son encontre, Il ne vous demande rien d’autre que de Le craindre, etc
Si ce n’est la crainte
D’où l’interprétation de nos maîtres : Tout est dans les mains du Ciel, à l’exception de la crainte du Ciel (Berakhoth 33b)
10,13
en observant les préceptes et les lois du Seigneur, que je t'impose aujourd'hui, pour devenir heureux.
Pour garder les mitswoth de Hachem
Et même cela, ce n’est pas à titre désintéressé [que vous devez le faire], mais « pour le bien pour toi », afin que vous perceviez une récompense
10,14
Vois, l'Éternel, ton Dieu, possède les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu'elle renferme:
Voici
Tout lui appartient, et malgré cela « Hachem s’est attaché seulement à tes pères », entre toutes choses
10,15
et pourtant, ce sont tes pères qu'a préférés l'Éternel, se complaisant en eux; et c'est leur postérité après eux, c'est vous qu'il a adoptés entre tous les peuples, comme vous le voyez aujourd'hui.
En vous
Comme vous vous voyez aimés d’entre tous les peuples, en ce jour-ci
10,16
Supprimez donc l'impureté de votre cœur, et cessez de roidir votre cou.
L’excroissance de votre cœur
Ce qui bouche votre cœur, sa cuirasse
10,17
Car l'Éternel, votre Dieu, c'est le Dieu des dieux et le maître des maîtres, Dieu souverain, puissant et redoutable, qui ne fait point acception de personnes, qui ne cède point à la corruption;
Et le Maître des maîtres
Aucun maître ne pourra jamais vous sauver de Sa main
Qui ne lèvera pas la face
Si vous vous affranchissez de Son joug
Et ne prendra pas de corruption
Pour se Le concilier avec de l’argent
10,18
qui fait droit à l'orphelin et à la veuve; qui témoigne son amour à l'étranger, en lui assurant le pain et le vêtement.
Qui fait la justice de l’orphelin et de la veuve
Il vient d’être question de Sa puissance, et à côté de Sa puissance tu trouveras Son attachement envers les humbles (Meguila 31a)
Et qui aime l’étranger pour lui donner du pain et un vêtement
C’est là une chose importante, car c’est ce que notre patriarche Ya‘aqov demandait de tout son être dans sa prière : « … s’Il me donne du pain à manger et un vêtement pour me vêtir » (Beréchith 28, 20)
10,19
Vous aimerez l'étranger, vous qui fûtes étrangers dans le pays d'Egypte!
Car vous avez été étrangers
Le défaut dont tu es affligé, n’en fais pas reproche à autrui (Baba Metsi‘a 59b)
10,20
C'est l'Éternel, ton Dieu, que tu dois révérer, c'est lui que tu dois servir; attache-toi à lui seul, ne jure que par son nom.
Hachem
Tu Le serviras et t’attacheras à Lui, et une fois franchies toutes ces étapes, alors tu pourras jurer par Son nom
10,21
Il est ton honneur, il est ton Dieu, celui qui a fait pour toi ces grandes et prodigieuses choses que tes yeux ont vues!
10,22
Tes ancêtres étaient soixante-dix âmes quand ils vinrent en Egypte; et maintenant l'Éternel, ton Dieu, t'a multiplié comme les étoiles du ciel."
11,1
Tu aimeras donc l'Éternel, ton Dieu, et tu observeras ses lois, ses statuts, ses préceptes, en tous temps.
11,2
Reconnaissez en ce jour, car ce n'est pas à vos enfants que je parle, eux qui ne connaissent pas, qui n'ont point vu, reconnaissez les enseignements de l'Éternel, votre Dieu, sa grandeur, sa main puissante et son bras étendu;
Vous saurez aujourd’hui
Appliquez-vous à savoir, à comprendre et à accepter mes reproches
Car pas à vos fils
Ce n’est pas avec eux que je parle maintenant, car eux pourraient dire : « Nous, nous n’avons pas su, ni n’avons vu tout cela.
11,3
les signes et les œuvres qu'il a opérés au sein de l'Egypte, sur Pharaon, roi d'Egypte, et sur tout son pays;
11,4
ce qu'il a fait à l'armée égyptienne, à ses chars et à sa cavalerie, alors qu'il les submergea sous les eaux de la mer des Joncs, quand ils vous poursuivaient, et que l'Éternel les fit disparaître jusqu'à ce jour;
11,5
ce qu'il vous a fait dans le désert, jusqu'à votre arrivée en ce lieu;
11,6
ce qu'il a fait à l'égard de Dathan et d'Abirâm, fils d'Elïab, descendant de Ruben, quand la terre ouvrit son sein et les engloutit avec leurs familles et leurs tentes, et tous leurs adhérents, à la vue d'Israël entier.
Au milieu de tout Israël
En quelque endroit où l’un d’eux s’enfuyait, la terre se crevassait sous lui et l’engloutissait. Telles sont les paroles de Rabi Yehouda. Ce à quoi lui a objecté Rabi Nè‘hèmia : « N’est-il pas écrit ailleurs : “La terre ouvrit sa bouche… ” (Bamidbar 16, 32) ? “Sa bouche” et non : “ses bouches” ! » Il lui demanda : « Comment expliquer alors les mots : “au milieu de tout Israël” ? » Il a répondu : « La terre a pris la forme de la pente d’un entonnoir, et où que se trouvât l’un d’eux il était précipité vers le lieu où était située la crevasse » (Bamidbar raba)
Et tout l’univers (hayeqoum) qui était dans leurs pieds
Il s’agit de l’argent de l’homme : il le fait tenir (qoum : « debout ») sur ses pieds (Sanhèdrin 110a)
11,7
Ce sont vos propres yeux qui ont vu toutes ces grandes œuvres opérées par l'Éternel!
Car ce sont vos yeux qui ont vu
Ces mots font suite à ce qui précède : « Car je ne parle pas à vos fils, qui n’ont pas connu… » (verset 2), mais c’est à vous que je parle, « dont les yeux ont vu…
11,8
Gardez donc tous les commandements que je vous donne aujourd'hui; alors vous serez forts, et vous obtiendrez la possession du pays où vous allez, pour le conquérir.
11,9
Alors aussi vous vivrez de longs jours sur cette terre que l'Éternel a juré à vos ancêtres de donner à eux et à leur postérité, terre où ruissellent le lait et le miel.
11,10
Car le pays où tu vas pour le conquérir ne ressemble point au pays d'Egypte, d'où vous êtes sortis; là, tu devais semer ta graine et l'humecter à l'aide du pied, comme en un jardin potager.
N’est pas comme le pays d’Egypte
Mais il est mieux que lui. Cette promesse a été faite à Israël lorsqu’il est sorti d’Egypte, car ils disaient : « Peut-être ne nous dirigeons-nous pas vers un pays aussi bon et aussi beau que celui-ci ! » J’aurais pu penser que le texte décrivît ici [Erets Yisrael] à son désavantage, comme pour leur dire : « Il n’est pas comme le pays d’Egypte, mais pire que lui. » Aussi est-il écrit : « … et ‘Hèvron a été construite sept ans avant Tso‘an d’Egypte » (Bamidbar 13, 22). C’est un même homme qui les a construites : ‘Ham a construit Tso‘an pour son fils Mitsrayim, et ‘Hèvron pour Kena‘an. D’ordinaire, on commence par construire du beau, et ensuite du laid, car l’on utilise pour le second ce qui reste des matériaux employés pour le premier. Et ce que l’on préfère passe toujours avant le reste. C’est donc que ‘Hèvron était plus belle que Tso‘an. Quant à l’Egypte, elle est le plus beau de tous les pays, comme il est écrit : « … comme le jardin de Hachem, comme le pays d’Egypte » (Beréchith 13, 10). Or, Tso‘an était la plus belle ville de toute l’Egypte, puisqu’elle servait de résidence aux rois, comme il est écrit : « Car ses princes ont été à Tso‘an » (Yecha’ya 30, 4). Pour ce qui est de ‘Hèvron, son état de « résidu » d’Erets Yisrael, d’où son utilisation comme lieu de sépultures, ne l’empêchait pas d’être plus belle que Tso‘an. Ce verset est expliqué d’une autre manière dans le traité Ketouvoth (112a) : Se peut-il que l’on construise pour son fils cadet avant de construire pour son aîné ? En réalité, ‘Hèvron a été bâtie sept fois plus solidement que Tso‘an
D’où vous êtes sortis
Pas même comme le pays de Ra‘amsés où vous avez résidé et qui constitue ce qu’il y a de mieux en Egypte, comme il est écrit : « … dans la meilleure partie du pays, dans le pays de Ra‘amsés… » (Beréchith 47, 11). Cette province-là non plus n’est pas comme Erets Yisrael
Et arrosais avec ton pied
Il te fallait, pour irriguer la terre d’Egypte, élever l’eau du Nil avec tes pieds. Il fallait que tu te réveilles de ton sommeil et que tu peines, seules les parties basses étant irriguées et non les plus élevées. Il te fallait donc élever l’eau depuis les parties basses vers les parties élevées. Mais ce pays-ci, « il boit l’eau à la pluie des cieux » (verset suivant) : Tu pourras dormir dans ton lit, le Saint béni soit-Il se chargeant d’irriguer simultanément les parties basses comme les parties élevées, ce qui est apparent comme ce qui ne l’est pas
Comme un jardin à légumes
Auquel les pluies ne suffisent pas et que l’on irrigue à pied et en portant l’eau sur l’épaule
11,11
Mais le pays que vous allez conquérir est un pays de montagnes et de vallées, abreuvé par les pluies du ciel;
Un pays de montagnes et de vallées
La montagne est plus prisée que la plaine. On peut, dans la plaine, sur une surface d’un kor, semer un kor. Sur une montagne, en revanche, pour une surface d’un kor, on sèmera cinq kor : un sur chacun de ses quatre versants et un à son sommet
Et de vallées
Ce sont les plaines
11,12
un pays sur lequel veille l'Éternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l'œil du Seigneur, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin.
Dont Hachem ton Eloqim s’enquiert
Mais ne s’enquiert-Il pas de tous les pays, comme il est écrit : « … pour faire pleuvoir sur une terre inhabitée » (Iyov 38, 26) ? Il ne prend soin, en fait, s’il est permis de s’exprimer ainsi, que de ce pays-là, et l’attention qu’Il lui porte L’amène à prendre soin également des autres
Toujours les yeux de Hachem
Pour vérifier ses besoins et y renouveler Ses décrets, parfois en bien parfois en mal, comme expliqué dans le traité Roch hachana (17b)
Depuis le commencement de l’année
A Roch hachana est décidé ce qui arrivera jusqu’à la fin de l’année (Roch hachana 8a)
11,13
Or, si vous êtes dociles aux lois que je vous impose en ce jour, aimant l'Éternel, votre Dieu, le servant de tout votre cœur et de toute votre âme,
Ce sera
Ces mots font suite à ce qui précède : « … il boit l’eau à la pluie des cieux » (verset 11)
Ce sera
Si tu écoutes [ce qui t’a déjà été enseigné] autrefois, tu comprendras le neuf (Souka 46b). De même : « Ce sera, si oublier, tu oublies… » (supra 8, 19) – si tu commences d’oublier, un jour viendra où tu oublieras tout. C’est ainsi qu’il est écrit dans une meguila : « Si tu m’abandonnes un jour, deux jours t’abandonnerai-je » (Sifri)
Je vous ordonne aujourd’hui
[Que mes mitswoth] vous soient aussi neuves que si vous les aviez entendues aujourd’hui même (Sifri)
Pour aimer Hachem
Que tu ne dises pas : « Je vais étudier pour devenir riche, pour que l’on m’appelle : “Maître”, pour percevoir un salaire. » Mais tout ce que vous faites, faites-le par amour, et les honneurs finiront par venir (Nedarim 62a)
Et pour le servir de tout votre cœur
Un service qui est dans le cœur, à savoir la prière. La prière est en effet appelée « service », comme il est écrit : « Ton Eloqim que tu “sers” sans cesse… » (Daniel 6, 17). Or, existe-t-il un « service » en Babylonie ? C’est donc qu’il priait, comme il est écrit : « Ses fenêtres étaient ouvertes dans sa chambre vers Jérusalem et il priait trois fois par jour » (ibid. verset 11). De même est-il écrit pour David : « Puisse ma prière être déposée comme de l’encens devant toi » (Tehilim 141, 2)
De tout votre cœur et de toute votre âme
N’a-t-il pas déjà été prescrit : « de tout ton cœur et de toute ton âme » (supra 6, 5) ? Il s’agit là-bas d’une prescription adressée à l’individu, ici d’une prescription adressée à la collectivité
11,14
je donnerai à votre pays la pluie opportune, pluie de printemps et pluie d'arrière-saison, et tu récolteras ton blé, et ton vin et ton huile.
Je donnerai la pluie de votre pays
Faites ce que vous devez, je ferai ce que je dois (Sifri)
En son temps
Pendant la nuit, afin qu’elles ne vous importunent pas. Autre explication : « En son temps » – les nuits de chabath, quand les gens sont tous chez eux
Pluie d’automne (yorè)
C’est l’ondée qui tombe après les semailles et qui détrempe (marwè) le sol et les graines (Ta‘anith 6a)
Et pluie de printemps (oumalqoch)
C’est l’ondée qui tombe peu de temps avant la moisson pour remplir l’épi sur sa tige (ibid.). Le mot malqoch désigne quelque chose de « tardif », le Targoum Onqelos rendant : « Les “chétives” [au sens de : « tardives » – voir Rachi Beréchith 30, 42)] furent à Lavan » (ibid.) par : leqachiya. Autre explication : On l’appelle malqoch parce qu’elle tombe sur les épis (meliloth) et sur les tiges (qachin)
Tu réuniras ta céréale
C’est toi qui les feras entrer chez toi, et non tes ennemis, ainsi qu’il est écrit : « Je ne donnerai plus ta céréale à tes ennemis […] mais les mangeront ceux qui les auront récoltées » (Yecha’ya 52, 8 et 9). Et ce ne sera pas ainsi qu’il est écrit : « Quand Israël avait semé, accouraient Midyan et ‘Amaleq » (Choftim 6, 3)
11,15
Je ferai croître l'herbe dans ton champ pour ton bétail, et tu vivras dans l'abondance.
Je donnerai de l’herbe dans ton champ
Pour que tu n’aies pas à mener [ton bétail] dans le désert. Autre explication : Pour que tu puisses faucher ta récolte [en tant que fourrage] pendant toute la saison des pluies et la jeter à tes bêtes. Et si tu cesses de le faire trente jours avant la moisson, tu ne seras pas pour autant à court de céréales
Tu mangeras
Ces mots constituent une bénédiction distincte : le pain qui passera dans les entrailles sera bénédiction : tu mangeras et seras rassasié
11,16
Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction, que vous ne deveniez infidèles, au point de servir d'autres dieux et de leur rendre hommage.
Prenez garde à vous
Gardez-vous, lorsque vous aurez mangé et que vous serez rassasiés, de vous révolter, car on ne se révolte contre le Saint béni soit-Il que si l’on est rassasié, comme il est écrit : « De peur que tu ne manges, ne sois rassasié […] et que ton gros bétail et ton menu bétail ne se multiplient… » (supra 8, 12 et 13). Et qu’est-il écrit ensuite ? « Et que ton cœur ne s’élève, et que tu n’oublies Hachem… » (ibid. verset 14)
Que vous ne vous détourniez
En abandonnant la Tora, et alors « vous servirez d’autres dieux ». Car l’abandon de la Tora conduit à s’attacher à l’idolâtrie. C’est ainsi que David a dit : « Car ils m’ont repoussé aujourd’hui, m’empêchant de m’attacher à l’héritage de Hachem, en disant : “Va adorer d’autres dieux !” » (I Chemouel 26, 19). Mais qui lui avait parlé ainsi ? Il s’était dit, en fait : « Puisque je suis repoussé de l’étude de la Tora, me voici tout près d’adorer d’autres dieux.
D’autres dieux
Qui sont « autres » pour leurs adorateurs : On crie vers eux et ils ne répondent pas, se comportant ainsi comme des étrangers (Sifri)
11,17
La colère du Seigneur s'allumerait contre vous, il défendrait au ciel de répandre la pluie, et la terre vous refuserait son tribut, et vous disparaîtriez bientôt du bon pays que l'Éternel vous destine.
Sa récolte
Même ce que vous lui aviez apporté, [elle ne le rendra pas], ainsi qu’il est écrit : « Vous avez beaucoup semé, et peu récolté » (‘Haggaï 1, 6)
Vous serez détruits bientôt
En plus de toutes les autres punitions, je vous exilerai du pays qui vous aura fait pécher. Cela ressemble à un roi qui aura envoyé son fils assister à un festin et qui, depuis son trône, l’aura mis en garde : « Ne mange pas plus qu’il ne t’en faut, afin de rester propre lorsque tu rentreras à la maison ! » Mais le fils, qui n’aura pas tenu compte de l’avertissement, aura mangé et bu plus que de raison, il aura vomi et éclaboussé tous les convives. Ceux-ci l’auront empoigné par les mains et par les pieds et l’auront jeté hors du palais (Sifri)
Bientôt
Je ne vous accorderai pas de sursis. Et si vous deviez objecter qu’Il a pourtant octroyé un sursis à la génération du déluge, comme il est écrit : « Ses jours seront de cent et vingt années » (Beréchith 6, 3 ; voir Rachi ibid.), [la différence tient à ce que] la génération du déluge n’avait personne sur qui prendre d’exemple, tandis que vous avez, vous, sur qui prendre exemple (Sifri)
11,18
Imprimez donc mes paroles dans votre cœur et dans votre pensée; attachez-les, comme symbole, sur votre bras, et portez-les en fronteau entre vos yeux.
Vous mettrez ces miennes paroles-là
Même après que vous aurez été exilés, distinguez-vous par les mitswoth : Mettez les tefilin, faites des mezouzoth, afin qu’elles ne vous soient pas à votre retour comme des nouveautés. C’est ainsi qu’il est écrit : « Fais-toi des signes distinctifs ! » (Yirmeya 31, 20) (Sifri)
11,19
Enseignez-les à vos enfants en les répétant sans cesse, quand tu seras à la maison ou en voyage, soit que tu te couches, soit que tu te lèves.
Pour en parler
Dès le moment où l’enfant sait ce qu’est parler, enseigne-lui : « Mochè nous a prescrit une loi… » (infra 33, 4), et que ce soit ainsi qu’il apprenne à parler. D’où l’enseignement : Lorsque l’enfant commence à parler, son père doit lui parler en « langue sacrée » et lui enseigner la Tora. Et s’il ne le fait pas, c’est comme s’il l’enterrait, comme il est écrit : « Vous les enseignerez à vos fils pour en parler…
11,20
Inscris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes.
11,21
Alors la durée de vos jours et des jours de vos enfants, sur le sol que l'Éternel a juré à vos pères de leur donner, égalera la durée du ciel au-dessus de la terre.
Afin qu’augmentent vos jours et les jours de vos fils
Si vous agissez ainsi ils augmenteront, et sinon ils n’augmenteront pas. Car on peut interpréter ce que dit la Tora de manière à déduire une affirmation d’une négation, et inversement
De leur donner
Il n’est pas écrit ici : « de “vous” donner », mais : « de “leur” donner ». D’où nous apprenons que la Tora contient une allusion à la résurrection des morts (Sanhèdrin 90b)
11,22
Oui, si vous observez bien toute cette loi que je vous prescris d'accomplir, aimant l'Éternel, votre Dieu, marchant toujours dans ses voies et lui demeurant fidèles,
Garder
Cela constitue une exhortation à bien rester sur ses gardes, et à veiller avec soin à étudier, de manière à ne pas oublier
De marcher dans toutes Ses voies
De même qu’Il est miséricordieux, de même sois-le à Son imitation. De même qu’Il est bienfaisant, de même sois-le à Son imitation
Et de vous attacher à Lui
Est-il possible de parler ainsi ? N’est-il pas « un feu dévorant » (supra 4, 24) ? En réalité, attache-toi aux disciples et aux Sages, et je te le compterai comme si tu t’attachais à Lui
11,23
l'Éternel repoussera toutes ces nations devant vous, et vous déposséderez des peuples plus grands et plus forts que vous.
Hachem dépossédera
Si vous faites ce que vous devez, je ferai ce que je dois
Et plus puissantes que vous
Pour forts que vous soyez, ils sont plus forts que vous. Car si Israël n’était pas fort, que voudrait dire cet éloge décerné aux Emoris : « plus puissantes que vous » ? C’est donc que vous êtes effectivement plus forts que les autres nations, mais que celles-là sont plus fortes que vous
11,24
Toute région où se posera la plante de vos pieds, sera à vous: depuis le désert jusqu'au Liban, depuis le fleuve, le fleuve de l'Euphrate, jusqu'à la mer occidentale, s'étendra votre territoire.
11,25
Nul ne pourra tenir devant vous; l'Éternel, votre Dieu, répandra votre terreur sur tous les lieux où vous porterez vos pas, ainsi qu'il vous l'a déclaré.
Pas un homme ne se tiendra devant vous…
Il n’est question ici que d’un « « homme ». D’où sait-on que [cela s’applique aussi] à une nation, à une famille ou à une femme ? De ce qu’il est écrit : « il ne se tiendra », en aucun cas. Dans ce cas, pourquoi le texte parle-t-il d’un « homme » ? Même [un homme] comme ‘Og, roi du Bachane
Votre frayeur et votre terreur
Quelle différence sépare-t-elle « frayeur » et « terreur » ? « Votre frayeur » s’appliquera sur les peuples voisins, et « votre terreur » sur les peuples éloignés
Frayeur
Expression de crainte « soudaine »
Terreur
Expression d’angoisse « à long terme »
Comme Il vous a parlé
Et où a-t-Il ainsi parlé ? « J’enverrai ma frayeur devant toi… » (Chemoth 23, 27)