Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l'Éternel, ton Dieu, te donnera, dans chacune de tes tribus; et ils devront juger le peuple selon la justice.
Des juges et des policiers
Les « juges » sont ceux qui rendent la justice
Et des policiers
Ce sont ceux qui, sur leurs ordres, châtient le peuple, ceux qui frappent et ligotent avec un bâton et un fouet jusqu’à ce qu’on ait accepté la sentence du juge (Sanhèdrin 16b)
Dans toutes tes portes
Dans chaque ville
Selon tes tribus
Ces mots font suite à : « tu te donneras ». Des juges et des policiers tu te donneras selon tes tribus, dans toutes tes portes que Hachem, ton Eloqim, te donne
Selon tes tribus
Cela nous apprend que l’on installe des juges pour chaque tribu et pour chaque ville
Ils jugeront le peuple…
Nomme des juges compétents et justes pour qu’ils rendent des jugements justes
16,19
Ne fais pas fléchir le droit, n'aie pas égard à la personne, et n'accepte point de présent corrupteur, car la corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes.
Tu ne feras pas pencher le jugement
A prendre au sens littéral
Tu ne reconnaîtras pas les figures
Même pendant qu’ils exposent leurs demandes. C’est une injonction faite au juge pour qu’il ne soit pas affable envers l’un et sévère envers l’autre, [comme en] faisant s’asseoir l’un et en laissant l’autre debout. Car on perd ses moyens si l’on voit le juge témoigner des égards à son adversaire (Chevou‘oth 30a)
Et tu ne prendras pas de corruption
Même pour rendre une sentence équitable (Sifri)
Car la corruption aveuglera
Dès qu’on a accepté un présent corrupteur, il devient impossible de ne pas marquer de la bienveillance [à celui qui l’a offert] et de ne pas trancher en sa faveur (Ketouvoth 105b)
Les paroles des justes
Les paroles qui forment le fondement d’une justice impartiale (voir Rachi Chemoth 23, 8)
16,20
C'est la justice, la justice seule que tu dois rechercher, si tu veux te maintenir en possession du pays que l'Éternel, ton Dieu, te destine.
La justice
Pars à la recherche d’un bon tribunal (Sifri)
Afin que tu vives et que tu prennes possession
La nomination de juges intègres suffit à garantir la vie d’Israël et la continuité de son maintien sur sa terre
16,21
Ne plante chez toi ni bosquet ni arbre quelconque auprès de l'autel que tu devras ériger à l'Éternel, ton Dieu;
Tu ne te planteras pas d’achéra
Cela vient consacrer sa culpabilité dès le moment où il l’a planté. Et même s’il ne l’adore pas, il transgresse l’interdiction de le planter
Tu ne te planteras pas d’achéra
C’est l’interdiction de planter un arbre ou de construire une maison sur le mont du Temple
16,22
et n'érige pas de statue chez toi, chose odieuse à l'Éternel, ton Dieu.
Et tu ne te dresseras pas de monument
Une pierre dressée pour y offrir des sacrifices, même au Ciel
Que hait
Il a ordonné de faire un autel de pierres et un autel de terre, et cela Il le hait car c’était la pratique des habitants de Kena‘an. Il est vrai qu’Il l’aimait à l’époque des patriarches, mais maintenant Il le hait depuis que ceux-là en ont fait un instrument d’idolâtrie
17,1
"N'immole à l'Éternel, ton Dieu, ni grosse ni menue bête qui ait un défaut ou un vice quelconque; c'est un objet d'aversion pour l'Éternel, ton Dieu.
Tu ne sacrifieras pas […] toute chose mauvaise
C’est l’interdiction de rendre pigoul (« réprouvée ») une chose sainte (voir Rachi Wayiqra 7, 18) par une parole impie (Sifri). On en a tiré d’autres déductions dans le traité Zeva‘him (36a et b)
17,2
S'il se trouve dans ton sein, dans l'une des villes que l'Éternel, ton Dieu, te donnera, un homme ou une femme qui fasse une chose coupable aux yeux de l'Éternel, ton Dieu, en violant son alliance;
Pour transgresser Son alliance
Que Hachem a contractée avec vous [en vous interdisant] d’adorer les idoles
17,3
qui soit allé servir d'autres divinités et se prosterner devant elles, ou devant le soleil ou la lune, ou quoi que ce soit de la milice céleste, contrairement à ma loi:
Que je n’ai pas ordonné
D’adorer (Meguila 9b)
17,4
instruit du fait par ouï-dire, tu feras une enquête sévère; et si la chose est avérée, constante, si cette infamie s'est commise en Israël,
Exacte
Le témoignage est avéré
17,5
tu feras conduire aux portes de la ville cet homme ou cette femme, coupable d'un tel crime, l'homme ou la femme! Et tu les lapideras, pour qu'ils meurent sous les pierres.
Tu feras sortir cet homme-là […] vers tes portes…
Il est erroné de traduire l’expression : « vers tes portes » par : « vers la porte de ton tribunal ». Car on nous a appris que « vers tes portes » signifie : « la porte où il a pratiqué l’idolâtrie » (Ketouvoth 45b). A moins que ce ne soit effectivement la porte du tribunal ? [Cela ne se peut, car] il est écrit ici : « tes portes », et il est également écrit plus haut (verset 2) : « tes portes ». De même que « tes portes » dont il est question plus haut sont celles où on a pratiqué l’idolâtrie, de même « tes portes » dont il est question ici sont-elles celles où on a pratiqué l’idolâtrie. Il faut traduire par : « vers tes cités » (voir Rachi supra 16, 18)
17,6
C'est sur la déposition de deux ou de trois témoins que sera mis à mort celui qui encourt la peine capitale; il ne pourra être supplicié sur le dire d'un seul témoin.
Deux ou trois
Si la déposition de deux témoins suffit à constituer un témoignage valable, pourquoi le texte spécifie-t-il [encore] : « trois » ? C’est pour assimiler le témoignage de trois à celui de deux : De même que deux témoins concourent à former un témoignage unique, de même trois témoins concourent-ils à former un témoignage unique, de sorte qu’ils ne peuvent être déclarés « conspirateurs » que s’ils ont tous été confondus (Makoth 5b)
17,7
La main des témoins doit le frapper la première pour le faire mourir, et la main du peuple en dernier lieu, et tu extirperas ainsi le mal du milieu de toi.
17,8
Si tu es impuissant à prononcer sur un cas judiciaire, sur une question de meurtre ou de droit civil, ou de blessure corporelle, sur un litige quelconque porté devant tes tribunaux, tu te rendras à l'endroit qu'aura choisi l'Éternel, ton Dieu;
Lorsque mystérieuse (yipalé)
La racine palè exprime l’idée de séparation et d’éloignement : Lorsque la chose est éloignée de toi et qu’elle t’est cachée
Entre sang et sang
Entre du sang impur et du sang pur (Nidda 19a)
Entre sentence et sentence
Entre une sentence d’acquittement et une sentence de condamnation
Et entre affection et affection
Entre une affection [de tsara‘ath] impure et une affection pure
Des choses de querelles
Une affaire où les Sages de la ville sont en désaccord : L’un déclare impur ce que l’autre tient pour pur, l’un proclame coupable celui que l’autre dit innocent
Tu te lèveras
Cela nous apprend que le Temple est le lieu le plus élevé de tous les endroits (Sanhèdrin 87a)
17,9
tu iras trouver les pontifes, descendants de Lévi, ou le juge qui siégera à cette époque; tu les consulteras, et ils t'éclaireront sur le jugement à prononcer.
Les pontifes
Les kohanim issus de la tribu de Léwi
Et vers le juge qui sera en ces jours-là
Tu dois lui obéir même s’il n’atteint pas les compétences de ses prédécesseurs. Seul compte le juge qui t’est contemporain (Roch hachana 25b)
17,10
Et tu agiras selon leur déclaration, émanée de ce lieu choisi par l'Éternel, et tu auras soin de te conformer à toutes leurs instructions.
17,11
Selon la doctrine qu'ils t'enseigneront, selon la règle qu'ils t'indiqueront, tu procéderas; ne t'écarte de ce qu'ils t'auront dit ni à droite ni à gauche.
A droite ni à gauche
Même s’il te présente la droite comme étant la gauche et la gauche comme étant la droite, et à plus forte raison s’il te dit de la droite qu’elle est la droite et de la gauche qu’elle est la gauche
17,12
Et celui qui, téméraire en sa conduite, n'obéirait pas à la décision du pontife établi là pour servir l'Éternel, ton Dieu, ou à celle du juge, cet homme doit mourir, pour que tu fasses disparaître ce mal en Israël;
17,13
afin que tous l'apprennent et tremblent, et n'aient plus pareille témérité.
Et tout le peuple entendra
D’où l’on apprend que l’on attend jusqu’à la fête de pèlerinage [suivante] et que c’est alors qu’on procède à son exécution (Sanhèdrin 89a)
17,14
Quand, arrivé dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, tu en auras pris possession et y seras bien établi, si tu dis alors: "Je voudrais mettre un roi à ma tête, à l'exemple de tous les peuples qui m'entourent",
17,15
tu pourras te donner un roi, celui dont l'Éternel, ton Dieu, approuvera le choix: c'est un de tes frères que tu dois désigner pour ton roi; tu n'auras pas le droit de te soumettre à un étranger, qui ne serait pas ton frère.
17,16
Seulement, il doit se garder d'entretenir beaucoup de chevaux, et ne pas ramener le peuple en Egypte pour en augmenter le nombre, l'Éternel vous ayant déclaré que vous ne reprendrez plus ce chemin-là désormais.
Il ne se multipliera pas des chevaux
Uniquement de quoi équiper ses chars, afin de ne pas ramener le peuple en Egypte (Sanhèdrin 21b), car c’est de ce pays-là que viennent les chevaux, ainsi qu’il est écrit à propos de Chelomo : « Un char montait et sortait d’Egypte pour six cents pièces d’argent, et un cheval pour cent cinquante (I Melakhim 10, 29)
17,17
Il ne doit pas non plus avoir beaucoup de femmes, de crainte que son cœur ne s'égare; même de l'argent et de l'or, il n'en amassera pas outre mesure.
Et il ne se multipliera pas des femmes
Pas plus de dix-huit. Nous apprenons en effet que David avait six femmes et qu’il lui a été dit : « … Et si c’est trop peu, j’y ajouterai deux fois autant » (II Chemouel 12, 8 – 3, 2 à 5 ; Sanhèdrin 21a)
Et d’argent et d’or il ne se multipliera pas beaucoup
Pas plus qu’il n’en faut pour la solde [de ses soldats] (Sanhèdrin 21b)
17,18
Or, quand il occupera le siège royal, il écrira pour son usage, dans un livre, une copie de cette doctrine, en s'inspirant des pontifes descendants de Lévi.
Ce sera
S’il agit ainsi, il méritera que son royaume se maintienne
Le double de cette loi-ci
Deux livres de la Tora : l’un que l’on dépose parmi les trésors, et l’autre qui part en guerre et en revient avec lui (Sanhèdrin 21b). Le Targoum Onqelos rend cette expression par : « copie », le mot « double » comportant une connotation de répétition et de parole
17,19
Elle restera par devers lui, car il doit y lire toute sa vie, afin qu'il s'habitue à révérer l'Éternel, son Dieu, qu'il respecte et exécute tout le contenu de cette doctrine et les présents statuts;
Les paroles de cette loi-ci
A prendre au sens littéral
17,20
afin que son cœur ne s'enorgueillisse point à l'égard de ses frères, et qu'il ne s'écarte de la loi ni à droite ni à gauche. De la sorte, il conservera longtemps sa royauté, lui ainsi que ses fils, au milieu d'Israël.
Et en sorte qu’il ne s’écarte pas de la mitswa
Y compris une mitswa facile [transmise] par un prophète
Afin qu’il prolonge les jours
On peut déduire une négation d’une affirmation. C’est ce que nous trouvons chez Chaoul à qui Chemouel a dit : « Tu attendras sept jours jusqu’à ce que je vienne vers toi pour offrir des ‘oloth » (I Chemouel 10, 8), et plus loin : « Il attendit sept jours » (I Chemouel 13, 8), mais sans tenir sa promesse d’attendre pendant toute la journée. Et à peine avait-il fini d’offrir une ‘ola que Chemouel est arrivé et lui a dit : « Tu as commis l’absurdité de ne pas observer la mitswa que t’a ordonnée Hachem […] et désormais ta royauté ne subsistera pas » (I Chemouel 13, 13 et 14). D’où nous apprenons qu’il a été puni pour n’avoir pas observé une mitswa facile [transmise] par un prophète
Lui et ses fils
D’où nous apprenons que si son fils est digne de régner, il a priorité sur tout autre (Horayoth 11b)
18,1
"Il n'est accordé aux pontifes, descendants de Lévi, à la tribu de Lévi en général, ni part ni héritage comme au reste d'Israël: c'est des sacrifices de l'Éternel et de son patrimoine qu'ils subsisteront.
Toute la tribu de Léwi
Qu’ils soient sains ou porteurs de défauts corporels
De part
Dans le butin
Ni d’héritage
Dans le pays
Les sacrifices par le feu de Hachem
Ce qui est consacré au sanctuaire
Et Son héritage
Ce sont les produits consacrés consommables hors des limites [de Jérusalem] : les prélèvements [pour les kohanim] et les ma‘asroth. En revanche
18,2
Ils n'auront point d'héritage au milieu de leurs frères: c'est Dieu qui est leur héritage, comme il le leur a déclaré.
Héritage
… Il n’aura pas d’héritage complet au milieu de ses frères. On a expliqué dans le Sifri que l’expression : « il n’y aura pas pour lui d’héritage » s’applique au reste de l’héritage, [celui des trois peuples non immédiatement dépossédés (voir Rachi Beréchith 15, 19)]
Au milieu de ses frères
Il s’agit de « l’héritage des cinq [peuples] », mais je ne sais pas en quoi il consiste. Il me semble que l’on appelle « pays des cinq peuples » le pays de Kena‘an situé de l’autre côté du Yardén, « pays des deux peuples » – Emori et Kena‘ani, c’est-à-dire celui de Si‘hon et de ‘Og – et « héritage du reste » – y compris le Qeini, le Qenizi et le Qadmoni. C’est ainsi que l’explique [le Sifri], dans le chapitre relatif aux dons [promis à Aharon], à propos du verset : « C’est pourquoi Léwi n’a pas eu de part… » (supra 10, 9), lequel constitue un avertissement concernant le territoire du Qeini, du Qenizi et du Qadmoni. Nous trouvons dans l’enseignement de Rabi Qalonimous la manière dont on doit lire le Sifri : « Et il n’y aura pas pour lui d’héritage » – il s’agit de « l’héritage des cinq » ; « au milieu de ses frères » – il s’agit de « l’héritage des sept », à savoir l’héritage des cinq tribus et l’héritage des sept tribus. Etant donné que Mochè et Yehochou‘a n’ont réparti l’héritage qu’entre cinq tribus exclusivement – Mochè ayant attribué leur part à Reouven, à Gad et à la moitié de la tribu de Menachè, et Yehochou‘a à Yehouda, à Efrayim et à [l’autre] moitié de la tribu de Menachè, les sept autres [tribus] s’étant servies elles-mêmes après la mort de Yehochou‘a, on parle séparément des « cinq » et des « sept »
Comme Il lui a parlé
« Tu n’hériteras pas dans leur terre […] je suis ta part… » (Bamidbar 18, 20)
18,3
Voici quel sera le droit dû aux pontifes par le peuple, par quiconque tuera une bête, soit de gros ou de menu bétail: il en donnera au pontife l'épaule, les mâchoires et l'estomac.
De la part du peuple
Et non de la part des kohanim
Ou bovin ou mouton
A l’exclusion de l’animal sauvage (‘Houlin 132a)
L’épaule
Du genou à la plante du pied, ce que l’on appelle [en français médiéval] : « espaldon »
Et les deux mâchoires
Y compris la langue. Les commentateurs ésotériques enseignaient : l’épaule à cause de la main [de Pin‘has], comme il est écrit : « il prit une lance dans sa “main” » (Bamidbar 25, 7), les mâchoires à cause de la prière, comme il est écrit : « Pin‘has se dressa et pria » (Tehilim 106, 30), et l’estomac (qéva) à cause de : « et la femme vers son bas-ventre (qovatha) » (Bamidbar 25, 8)
18,4
Les prémices de ton blé, de ton vin, de ton huile, les prémices de la toison de ton menu bétail, tu les lui donneras.
La primeur de ta céréale
Il s’agit de la terouma, pour laquelle le texte n’a stipulé aucun taux (voir Rachi Bamidbar 15, 20). Mais nos maîtres en ont fixé un : de la part d’une personne généreuse, un quarantième ; de la part d’une personne mesquine, un soixantième ; et de la part d’un homme moyen, un cinquantième (Teroumoth 4, 3). Et c’est en s’appuyant sur un verset qu’ils ont fixé le minimum à un soixantième, comme il est écrit : « … le sixième d’un eifa pour un ‘homer de froment et le sixième d’un eifa pour un ‘homer d’orge » (Ye‘hezqèl 45, 13). Le sixième d’un eifa équivaut à la moitié d’un séa. Si l’on donne un demi séa par kor, cela fait un soixantième car un kor vaut trente séa
Et la primeur de la toison de ton menu bétail
Lorsque tu procèdes à la tonte annuelle de ton troupeau, donnes-en la primeur au kohen. Le texte n’a stipulé pour ce don aucun taux. Mais nos maîtres en ont fixé un : un soixantième. Et à partir de combien de moutons est-on tenu de donner la primeur de la toison ? A partir de cinq brebis, comme il est écrit : « cinq moutons faits » (I Chemouel 25, 18). Rabi ‘Aqiva a enseigné : « la primeur de la toison », deux ; « de ton menu bétail », quatre ; « tu lui donneras », cinq [en tout] (Sifri)
18,5
Car c'est lui que l'Éternel, ton Dieu, a désigné entre toutes les tribus, pour remplir, en permanence, son ministère au nom de l'Éternel, de père en fils, à jamais.
Pour se tenir
D’où l’on apprend que l’on ne peut servir que debout
18,6
Lorsque le Lévite, quittant l'une de tes villes, une localité quelconque en Israël où il habite, viendra, de son plein gré, à l'endroit élu par le Seigneur,
Et quand viendra le Léwi
J’aurais pu penser que le texte parlât du simple léwi. Aussi est-il écrit : « il servira » (verset 7), donc à l’exclusion des lewiim, qui ne sont pas aptes à servir (Sifri)
18,7
il pourra servir au nom de l'Éternel, son Dieu, comme tous ses frères les Lévites, qui se tiennent là devant l'Éternel.
… Il servira
Cela nous apprend qu’un kohen peut venir présenter ses propres sacrifices, nedava ou sacrifice obligatoire, même si ce n’est pas son tour de garde (Baba Qama 109b). Autre explication : Cela nous enseigne encore que les kohanim qui viennent en pèlerinage peuvent présenter des sacrifices étant de garde, et officier dans les sacrifices occasionnés par la fête, comme les moussafim de la fête, et ce même si ce n’est pas leur tour de garde
18,8
Il jouira d'une portion égale à la leur, indépendamment de ses ventes sur les biens paternels.
Part comme part ils mangeront
Cela nous apprend que l’on partageait les cuirs et la viande des boucs de‘hataoth. J’aurais pu penser qu’il en fût de même des offrandes apportées hors de la fête, comme les temidim, les moussafim de chabath, les nedarim et les nedavoth. Aussi est-il écrit : « outre ses ventes sur les biens paternels », c’est-à-dire hormis ce que leurs pères ont vendu à l’époque de David et de Chemouel, lorsque les tours de garde ont été instituées et qu’ils se les sont réparties mutuellement : « Prends ta semaine et je prendrai la mienne ! » (Souka 56a)
18,9
Quand tu seras entré dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, ne t'habitue pas à imiter les abominations de ces peuples-là.
Tu n’apprendras pas à faire
Mais tu apprendras à comprendre et à enseigner (Sanhèdrin 68a), c’est-à-dire à comprendre la laideur de leurs actions et à apprendre à tes enfants de ne pas les imiter, car ces sont des pratiques idolâtres
18,10
Qu'il ne se trouve personne, chez toi, qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille; qui pratique des enchantements, qui s'adonne aux augures, à la divination, à la magie;
Qui fasse passer son fils et sa fille dans le feu
C’est le culte du Molèkh. On dresse des bûchers se faisant face, et on le fait passer entre les deux (Sanhèdrin 64b)
De faiseur (qossém) de sortilèges
Qu’est-ce qu’un qossém ? C’est quelqu’un qui prend son bâton et lui demande : « Irai-je ou n’irai-je pas ? » C’est ainsi qu’il est écrit : « Mon peuple interroge son morceau de bois et son bâton lui répond » (Hoché‘a 4, 12)
De magicien (me‘onén)
Rabi ‘Aqiva a enseigné : Ce sont ceux qui privilégient [certaines] époques (‘onoth) en disant : « Telle époque est propice pour commencer. » Et les autres Sages ont enseigné : Ce sont ceux qui captent le regard des yeux (‘énayim) [par illusionnisme]
De devin
Son pain est-il tombé de sa bouche ? Un cerf lui a-t-il coupé sa route ? Son bâton lui est-il tombé des mains ? (Sifri)
18,11
qui emploie des charmes, qui ait recours aux évocations ou aux sortilèges ou qui interroge les morts.
Et de charmeur de charme
Quelqu’un qui rassemble des serpents, des scorpions ou d’autres animaux sauvages en un même lieu
Et de questionneur d’évocation
C’est une forme de sorcellerie appelée pythom, où le magicien fait parler par son aisselle et où il fait remonter un cadavre sous son aisselle (Sanhèdrin 65a et b)
Et de sortilège
Il introduit dans sa bouche l’os d’un animal appelé yado‘a et il le fait parler par magie (ibid.)
Et d’interrogateur vers les morts
Par exemple, celui qui fait monter un mort sur ses parties génitales, ou celui qui interroge un crâne
18,12
Car l'Éternel a horreur de quiconque fait pareilles choses; et c'est à cause de telles abominations que l'Éternel, ton Dieu, dépossède ces peuples à ton profit.
Quiconque fait ces choses-là
Le texte ne dit pas : « celui qui fait toutes ces choses-là », mais : « quiconque fait ces choses-là », même une seule (Sifri)
18,13
Reste entièrement avec l'Éternel, ton Dieu!
Intègre tu seras avec Hachem
Marche avec Lui avec intégrité, aie confiance en Lui, et ne scrute pas l’avenir. Mais accepte avec intégrité tout ce qui t’advient, et alors tu seras avec Lui et tu seras Sa part
18,14
Car ces nations que tu vas déposséder ajoutent foi à des augures et à des enchanteurs; mais toi, ce n'est pas là ce que t'a départi l'Éternel, ton Dieu.
Ce n’est pas ainsi que t’a donné
Le Saint béni soit-Il d’écouter les magiciens et les faiseurs de sortilèges, car Il a fait reposer la chekhina sur les prophètes et sur les ourim et toumim
18,15
C'est un prophète sorti de tes rangs, un de tes frères comme moi, que l'Éternel, ton Dieu, suscitera en ta faveur: c'est lui que vous devez écouter!
Du milieu de toi
Tout comme je suis « du milieu de toi, d’entre tes frères », Il te l’élèvera à ma place, et ainsi de suite de prophète en prophète
18,16
Absolument comme tu l'as demandé à l'Éternel, ton Dieu, au mont Horeb, le jour de la convocation, quand tu as dit: "Je ne veux plus entendre la voix de l'Éternel, mon Dieu, et ce feu intense, je ne veux plus le voir, de peur d'en mourir;
18,17
et le Seigneur me dit alors: "Ils ont bien parlé.
18,18
Je leur susciterai un prophète du milieu de leurs frères, tel que toi, et je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai.
18,19
Et alors, celui qui n'obéira pas à mes paroles, qu'il énoncera en mon nom, c'est moi qui lui demanderai compte!
18,20
Toutefois, si un prophète avait l'audace d'annoncer en mon nom une chose que je ne lui aurais pas enjoint d'annoncer, ou s'il parlait au nom d'une divinité étrangère, ce prophète doit mourir."
Que je ne lui ai pas ordonné de déclarer
Mais que j’ai ordonné à un autre que lui (Sanhèdrin 89a)
Et qui parlera au nom d’autres dieux
Même s’il se conforme à la halakha, en interdisant ce qui est interdit et en permettant ce qui est permis
Mourra
Par strangulation. Trois cas de peines capitales sont de la compétence des tribunaux humains : pour avoir prophétisé ce qu’on n’a pas entendu, ou ce qui n’a pas été dit à soi-même mais à un autre que soi, et pour avoir prophétisé au nom d’autres dieux. Celui qui, en revanche, se retient de livrer sa propre prophétie, ou qui transgresse ce qu’a dit un prophète, ou qui transgresse ce qu’il a dit lui-même, sa mort est décrétée par le Ciel, comme il est écrit : « Moi, je redemanderai de lui » (verset 19)
18,21
Mais, diras-tu en toi-même, comment reconnaîtrons-nous la parole qui n'émane pas de l'Éternel?
Et lorsque tu diras dans ton cœur
Vous vous le demanderez un jour lorsque ‘Hanania ben ‘Azzour viendra prophétiser : « Voici, les ustensiles de la maison de Hachem reviendront bientôt de Bavel » (Yirmeya 27, 16), et que se dressera Yirmeya pour proclamer que « les colonnes et la mer de cuivre ainsi que les autres ustensiles que Nevoukhadnétsar n’avait pas emportés à Bavel lors de l’exil de Yekhonya seront emportés avec l’exil de Tsidqiyahou » (ibid. 19 et suivants)
18,22
Si le prophète annonce de la part de l'Éternel une chose qui ne saurait être, ou qui n'est pas suivie d'effet, cette annonce n'aura pas été dictée par l'Éternel; c'est avec témérité que le prophète l'a émise, ne crains pas de sévir à son égard.
Ce que déclarera le prophète
Lorsqu’il dira : « Voici ce qui vous adviendra ! », et que vous verrez que cela ne se réalisera pas, « cette parole-là est ce que Hachem n’a pas déclaré », et tu le mettras à mort. [Le présent verset] s’applique à celui qui prédit un événement à venir. Mais si quelqu’un vient dire : « Faites ceci ou cela, et c’est sur l’ordre du Saint béni soit-Il que je le dis ! », un autre texte (supra 13, 4) est déjà venu édicter le précepte que si quelqu’un vient te fourvoyer hors de l’une des mitswoth, tu ne l’écouteras pas, à moins qu’il ne soit reconnu comme un juste parfait (Sanhèdrin 89b). Cela a été le cas, par exemple, pour Eliyahou au mont Carmel lorsqu’il a offert des sacrifices sur une bama (« autel individuel ») (I Melakhim 18) à une époque où cela était interdit, cela afin de détourner Israël [de l’idolâtrie] (Yevamoth 90b). Tout dépend des circonstances du moment et de [la nécessité d’élever] une haie protectrice contre une brèche. Voilà pourquoi il est écrit : « “Lui” vous l’écouterez » (verset 15)
Tu n’auras pas peur de lui
Tu ne te retiendras pas de porter contre lui une accusation, et tu ne craindras pas d’être puni à cause de lui
19,1
"Quand l'Éternel, ton Dieu, aura fait disparaître les peuples dont il te donne le territoire, quand tu les auras dépossédés et que tu seras établi dans leurs villes et dans leurs maisons,
19,2
tu te réserveras trois villes dans ce pays dont l'Éternel, ton Dieu, t'accorde la possession.
19,3
Tu devras en faciliter l'accès et diviser en trois parts le territoire du pays que l'Éternel, ton Dieu, te fera échoir; et cela, pour que tout meurtrier s'y puisse réfugier.
Il faut que, depuis le point marquant la frontière jusqu’à la première des villes de refuge, la distance soit la même que de cette ville jusqu’à la deuxième, la même que celle de la deuxième à la troisième, et la même que celle de la troisième jusqu’à l’autre frontière d’Erets Yisrael (Makoth 9b)
19,4
Or, voici dans quel cas le meurtrier, en s'y réfugiant, aura la vie sauve: s'il a frappé son prochain sans intention, n'ayant pas été son ennemi antérieurement.
19,5
Ainsi, il entre avec son compagnon dans la forêt pour abattre du bois; sa main brandissant la cognée pour couper l'arbre, le fer s'échappe du manche et atteint le compagnon, qui en meurt: l'autre alors pourra fuir dans une de ces villes et sauver sa vie.
Sa main brandira
Au moment d’abattre la hache sur le bois. Selon le Targoum Onqelos, « sa main s’est déplacée pour abattre le coup de hache sur le bois ». Le Targoum Yonathan rend : « car les bœufs avaient glissé » (II Chemouel 6, 6) par : « les bœufs l’avaient fait déplacer »
Glissera le fer depuis le bois
Certains de nos maîtres enseignent : Le fer s’est échappé du manche. D’autres : le fer a détaché un fragment de l’arbre à abattre. Ce fragment a jailli et a tué (Makoth 7b)
19,6
Autrement, le vengeur du sang pourrait, dans l'effervescence de son cœur, courir sus au meurtrier, l'atteindre si le chemin était long, et lui porter un coup mortel; et cependant, il ne méritait point la mort, puisqu'il ne haïssait pas l'autre antérieurement.
De peur que le vengeur du sang poursuive
Raison pour laquelle je t’ordonne d’aménager le chemin et de nombreuses villes de refuge
19,7
C'est pour cela que je te donne cet ordre: Réserve-toi trois villes.
19,8
Que si l'Éternel, ton Dieu, élargit ta frontière, comme il l'a juré à tes ancêtres, et te donne la région entière qu'il a déclaré octroyer à tes pères,
Et s’Il élargit
Ainsi qu’Il a juré de te la donner, à savoir le territoire du Qeini, du Qenizi et du Qadmoni (Beréchith 15, 19)
19,9
à condition que tu t'appliques à accomplir toute cette loi que je t'impose en ce jour, d'aimer l'Éternel, ton Dieu, et de marcher constamment dans ses voies, alors tu ajouteras encore trois villes à ces trois-là;
Tu t’ajouteras encore trois
Soit neuf en tout : trois au-delà du Yardén, trois en pays de Kena‘an, et trois plus tard
19,10
afin que le sang innocent ne soit pas répandu au sein de ce pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage, et qu'une responsabilité sanglante ne pèse point sur toi.
19,11
Mais si quelqu'un, animé de haine pour son prochain, le guette, se jette sur lui et le frappe de manière à lui donner la mort, puis se réfugie dans une des villes en question,
Et lorsqu’un homme aura de la haine pour son prochain
C’est la haine qu’il lui porte qui le conduit à lui tendre un piège. D’où l’on a enseigné que lorsqu’un homme a transgressé une mitswa « facile », un jour viendra où il transgressera une mitswa « difficile ». Pour avoir transgressé l’interdiction de haïr (Wayiqra 19, 17), un jour viendra où il commettra un meurtre. Voilà pourquoi il est écrit : « et lorsqu’un homme aura de la haine pour son prochain… », alors qu’il aurait suffi d’écrire : « lorsqu’un homme se lèvera, tendra un piège à son prochain et le frappera à mort… »
19,12
les anciens de sa ville le feront extraire de là et le livreront au vengeur du sang pour qu'il meure.
19,13
Que ton œil soit sans pitié pour lui; tu feras disparaître d'Israël le sang innocent, et tu t'en trouveras bien.
Ton œil n’aura pas pitié de lui
Tu ne dois pas dire : « Le premier est déjà mort ! Pourquoi tuerions-nous celui-là ? Cela ferait deux yisraélim de tués ! » (Sifri)
19,14
Ne déplace point la borne de ton voisin, telle que l'auront posée les devanciers, dans le lot qui te sera échu sur le territoire dont l'Éternel, ton Dieu, t'accorde la possession.
Tu ne reculeras pas la limite
Même sens que dans : « Ils ont reculé en arrière » (Yecha’ya 42, 17). On repousse en arrière, à l’intérieur du champ de son voisin, la marque qui signale la limite séparatrice d’un terrain, cela afin d’agrandir le sien. Mais n’est-il pas déjà écrit : « Tu ne pilleras pas » (Wayiqra 19, 13) ? Pourquoi le texte stipule-t-il : « tu ne reculeras pas » ? Cela nous apprend que celui qui déplace une borne [marquant la propriété] d’autrui transgresse deux interdictions. J’aurais pu penser qu’il en fût ainsi même hors d’Erets Yisrael. Aussi est-il écrit : « dans ton héritage dont tu hériteras… » – C’est en Erets Yisrael qu’il y a transgression de deux interdictions ; hors d’Erets Yisrael, il n’y a transgression que de celle du pillage
19,15
Un témoignage isolé ne sera pas valable contre une personne, quel que soit le crime ou le délit, quelque faute qui lui soit imputée: c'est par la déposition de deux témoins, ou de trois, qu'un fait sera établi.
Un témoin unique
Il est de principe, lorsque la Tora parle de témoins, qu’ils doivent être deux, à moins qu’elle ne spécifie explicitement qu’il peut s’agir d’un témoin unique (Sanhèdrin 30a, Sota 2b)
Pour tout crime et pour toute infraction
[Un témoin unique] ne peut faire condamner l’accusé, sur son témoignage, ni à une peine corporelle ni à une peine pécuniaire, mais il peut lui imposer de prêter serment (Sifri). Si quelqu’un dit à son adversaire : « Rends-moi la mana que je t’ai prêtée ! », et que celui-ci ayant répliqué : « Je ne te dois rien ! » un témoin atteste qu’il est son débiteur, celui-ci est tenu de jurer
Par la bouche de deux témoins
Ils ne peuvent déposer par écrit et transmettre leur déposition au tribunal (Guitin 71a). Et on ne doit pas interposer un interprète entre les témoins et les juges
19,16
Si un témoin malveillant se présente contre un individu, pour l'accuser d'un méfait,
Pour témoigner contre lui vicieusement
Une chose inexistante, le témoin se trouvant éloigné de tout ce sur quoi il témoigne (Makoth 5a). Comment cela ? Si d’autres disent [aux témoins] : « Mais n’étiez-vous pas avec nous, ce jour-là, à tel [autre] endroit ? » (Sifri)
19,17
les deux personnes intéressées dans le débat comparaîtront devant l'Éternel, devant les pontifes et les juges en fonctions à cette époque.
Les deux hommes se tiendront
Le texte, qui parle ici des témoins, vient nous enseigner que les femmes sont inaptes à témoigner, et aussi que les témoins doivent déposer debout (Chevou‘oth 30a)
Qui ont la querelle
Ce sont les parties au procès (ibid.)
Devant Hachem
Il devra leur sembler comme s’ils se tenaient devant Hachem, comme il est écrit : « Il juge au milieu des juges » (Tehilim 82, 1)
Qui seront en ces jours-là
Yifta‘h dans sa génération vaut Chemouel dans la sienne : Tu dois leur témoigner le même respect (Roch hachana 25b)
19,18
Ceux-ci examineront attentivement; et si ce témoin est un faux témoin, si c'est un mensonge qu'il a articulé contre son frère,
Les juges rechercheront bien
Sur les déclarations de ceux qui contribuent à les convaincre de « conspiration ». Ils procéderont à des examens et à des recherches sur ceux qui sont venus prouver leur état de « conspirateurs », au moyen d’une recherche et au moyen d’une enquête
Et voici que faux témoin
Toutes les fois que le texte parle d’un « témoin », c’est de deux qu’il s’agit (voir Rachi supra verset 15)
19,19
vous le traiterez comme il a eu dessein de faire traiter son frère, et tu extirperas le mal du milieu de toi.
Comme il a conspiré
Et non : « comme il a fait ». D’où l’on a enseigné que s’ils ont été la cause d’une exécution capitale [effective], on ne les tuera pas (Makoth 5b)
De faire à son frère
Que veut dire : « à son frère » ? Cela nous apprend que ceux qui ont « conspiré » contre la fille mariée d’un kohen ne sont pas exécutés par le feu, mais par le mode d’exécution capitale applicable à l’amant, à savoir la strangulation, comme il est écrit : « Elle sera incinérée dans le feu » (Wayiqra 21, 9) – « elle » et non son amant (Sanhèdrin 90a). C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : « à son frère » – « comme il a conspiré de faire à son frère » et non : « comme il a conspiré de faire à sa sœur ». En revanche, dans tous les autres cas où la peine de mort est encourue, le texte assimile la femme à l’homme, et ceux qui ont « conspiré » contre une femme sont exécutés de la même manière que ceux qui ont « conspiré » contre un homme. Il en est ainsi s’ils accusent une femme de meurtre, de profanation du chabath : ils subissent la peine de mort qui aurait été appliquée à l’accusée. Car le texte n’écarte ici « sa sœur » que dans le cas où il est possible de leur appliquer la peine de mort encourue par l’amant
19,20
Les autres l'apprendront et seront intimidés, et l'on n'osera plus commettre une aussi mauvaise action chez toi.
Entendront et craindront
D’où l’on déduit qu’il faut annoncer publiquement [les exécutions capitales] : « Untel et Untel ont été exécutés pour avoir été convaincus de « conspiration » devant le tribunal ! » (Sanhèdrin 89a)
19,21
Ne laisse donc point s'attendrir ton regard: vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied!
Un œil à la place d’un œil
Un dédommagement pécuniaire, de même que pour la dent, etc. (Baba Qama 84a)
20,1
"Quand tu t'avanceras contre tes ennemis pour leur livrer bataille, et que tu verras cavalerie et chariots de guerre, une armée supérieure à la tienne, n'en sois pas effrayé; car tu as avec toi l'Éternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Egypte.
Quand tu sortiras pour la guerre
Le texte relatif au départ à la guerre fait immédiatement suite à celui qui le précède pour t’apprendre qu’un infirme n’a pas à partir à la guerre. Autre explication : Pour te montrer que si tu rends une justice équitable, tu seras assuré de la victoire en cas de guerre. C’est ce qu’a dit David : « J’ai agi en justice et en équité, afin que tu ne m’abandonnes pas à mes oppresseurs » (Tehilim 119, 121)
Sur tes ennemis
Considère-les comme des ennemis ! N’aie pas pitié d’eux, car ils n’auront pas pitié de toi
Cheval et char
Ils sont tous, à mes yeux, comme s’ils étaient un seul cheval. C’est ainsi qu’il est écrit : « Tu frapperas Midyan comme un seul homme » (Choftim 6, 16), ou bien : « Car est venu le cheval de Pharaon… » (Chemoth 15, 19)
Un peuple plus nombreux que toi
C’est à tes yeux qu’il est plus nombreux, mais il ne l’est pas aux miens
20,2
Or, quand vous serez sur le point de combattre, le pontife s'avancera et parlera au peuple.
Quand vous vous approcherez de la guerre
Sur le point de traverser la frontière de votre pays
S’avancera le pontife
Celui qui aura reçu l’onction à cette fin. C’est lui que l’on appelle : « l’oint pour la guerre » (Sota 42a)
Parlera au peuple
En « langue sacrée » (ibid.)
20,3
Il leur dira: "Ecoute, Israël! Vous allez, en ce moment, livrer bataille à vos ennemis; que votre courage ne mollisse point; soyez sans crainte, ne vous laissez ni déconcerter ni terrifier par eux.
Ecoute
Même si vous n’avez pas d’autre mérite que d’avoir récité le chema’ Yisrael, vous vous êtes rendus dignes de Son secours (Sota 42a)
Sur vos ennemis
Ce ne sont pas vos frères, et ils n’auront pas pitié de vous si vous tombez entre leurs mains. Ce n’est pas comme la guerre qui a opposé Yehouda à Israël, à propos de laquelle il est écrit : « Les hommes que l’on avait désignés par leurs noms se sont levés, ils se sont saisis des prisonniers, et ils ont vêtu avec leur butin ceux d’entre eux qui étaient nus. Ils les ont habillés, chaussés, nourris, leur ont donné à boire, les ont frottés d’huile, ont conduit leurs traînards sur des ânes et les ont amenés à Yeri‘ho, la ville des palmiers, chez leurs frères, et sont rentrés à Chomron » (II Divrei Hayamim 28, 15). Mais c’est contre vos ennemis que vous marchez : il faut donc que vous soyez implacables au combat
Que ne mollisse pas votre cœur
Ces quatre injonctions correspondent aux quatre sortes de comportements des rois des nations du monde : Ils joignent leurs boucliers pour les heurter les uns contre les autres, dans le but de produire un vacarme destiné à créer une panique chez leurs adversaires et à leur faire prendre la fuite. Ils font piaffer leurs chevaux et les incitent à hennir afin de faire résonner le vacarme produit par le mouvement de leurs sabots. Ils hurlent eux-mêmes à pleine voix. Ils sonnent de la trompette et d’autres instruments bruyants (Sota 42b)
Que ne mollisse pas votre cœur
A cause des hennissements des chevaux
Ne craignez pas
Le fracas des boucliers
Et ne vous précipitez pas
Au vacarme des trompettes
Et ne soyez pas épouvantés
Au son des hurlements
20,4
Car c'est l'Éternel, votre Dieu, qui marche avec vous, afin de combattre pour vous contre vos ennemis et de vous procurer la victoire."
Car Hachem
[Vos ennemis] viennent armés de la force des hommes, mais vous, vous venez armés de la force de Hachem (Sota 42b). Les Philistins sont venus armés de la force de Golyath, et qu’en est-il advenu ? Il est tombé et eux avec lui
Qui marche avec vous
C’est le camp de l’arche sainte
20,5
Ensuite les préposés parleront au peuple en ces termes: "Si quelqu'un a bâti une maison neuve et n'en a pas encore pris possession, qu'il parte et s'en retourne à sa maison; car il pourrait mourir dans la bataille, et un autre en prendrait possession.
Et qui ne l’a pas inaugurée
Qui n’y a pas habité. L’idée d’inauguration correspond à celle de commencement
Et qu’un autre homme ne l’inaugure
Ce qui serait une cause de tristesse
20,6
Si quelqu'un a planté une vigne et n'en a pas encore acquis la jouissance, qu'il parte et s'en retourne chez lui; car il pourrait mourir dans la bataille, et un autre acquerrait cette jouissance.
Et ne l’a pas rendu profane
En la rachetant la quatrième année. Car les fruits doivent être consommés à Jérusalem ou être rendus profanes [par rachat] contre de l’argent qui sera consommé à Jérusalem
20,7
Et si quelqu'un a promis mariage à une femme et ne l'a pas encore épousée, qu'il parte et s'en retourne chez lui; car il pourrait mourir dans la bataille, et un autre homme l'épouserait."
De peur qu’il ne meure dans la guerre
Qu’il retourne [chez lui] de peur qu’il ne meure. Car s’il n’écoute pas ce qu’a dit le kohen, il mérite de mourir
20,8
Les préposés adresseront de nouveau la parole au peuple, et diront: "S'il est un homme qui ait peur et dont le cœur soit lâche, qu'il se retire et retourne chez lui, pour que le cœur de ses frères ne défaille point comme le sien!"
Continueront les policiers
Pourquoi le texte parle-t-il de « continuation » ? Ils ajouteront cela à ce qu’a dit le kohen. Car le kohen proclame et se fait entendre depuis : « Ecoute Israël… » (verset 3) jusqu’à : « … pour vous sauver » (verset 4), il énonce également les trois versets (5, 6 et 7) commençant par : « Qui est l’homme… », le policier les faisant entendre. Tandis qu’ici c’est le policier qui énonce et qui fait entendre (Sota 43a)
Qui a peur et dont le cœur est mou
Rabi ‘Aqiva prend ce verset dans son sens littéral : C’est celui qui ne peut supporter les servitudes militaires ni voir une épée nue. Rabi Yossi haguelili a enseigné : C’est celui qui a peur des péchés inscrits à son passif. C’est pourquoi la Tora lui propose la possibilité d’attribuer sa défection à un retour dans une maison, dans un vignoble ou chez une femme, cela afin de dissimuler les causes de leur retour à ceux qui rentrent à cause de leurs péchés. Il ne faut pas que l’on puisse deviner qu’ils sont des pécheurs. Aussi celui qui le voit rentrer chez lui se dira-t-il : « Peut-être a-t-il construit une maison, ou a-t-il planté un vignoble, ou s’est-il fiancé ! » (Sota 44a)
20,9
Alors, les préposés ayant fini de parler au peuple, on placera des officiers de légions à la tête de l'armée.
Les dirigeants des armées
Chargés d’installer, à l’avant et à l’arrière, des sentinelles, armées de haches de fer, et habilitées à estropier tout candidat à la désertion (Sota 44a). Les sentinelles sont des hommes apostés aux extrémités du champ de bataille, chargés de relever ceux qui tombent et à leur prodiguer des encouragements : « Retournez au combat ! Ne prenez pas la fuite ! Car la fuite est le commencement de la défaite.
20,10
Quand tu marcheras sur une ville pour l'attaquer, tu l'inviteras d'abord à la paix.
Quand tu approcheras d’une ville
Le texte parle ici d’une guerre facultative, ainsi qu’il sera explicité au verset 15 : « Ainsi feras-tu à toutes les villes qui sont très éloignées…
20,11
Alors, si elle te répond dans le sens de la paix et t'ouvre ses portes, tout ce qu'elle renferme d'habitants te devront tribut et te serviront.
Tout le peuple qui s’y est trouvé
Même si tu y trouves des personnes appartenant aux sept peuples que je t’ai ordonné de détruire, tu as le droit de leur laisser la vie sauve (Sifri)
Pour un tribut
[A condition] qu’ils acceptent tribut et servage
20,12
Mais si elle ne compose pas avec toi et veut te faire la guerre, tu assiégeras cette ville.
Et si elle ne fait pas la paix avec toi
La Tora t’annonce que si elle ne fait pas la paix avec toi, elle finira par entrer en guerre avec toi si tu t’en retires et t’en vas
Tu l’assiégeras
Tu pourras même l’affamer, la faire souffrir de la soif et la faire mourir de maladies
20,13
Et l'Éternel, ton Dieu, la livrera en ton pouvoir, et tu feras périr tous ses habitants mâles par le tranchant de l'épée.
Hachem
Si tu te conformes à tout ce qui est stipulé dans le présent contexte, Hachem finira par la livrer en ta main
20,14
II n'y aura que les femmes, les enfants, le bétail, et tout ce qui se trouvera dans la ville en fait de butin, que tu pourras capturer; et tu profiteras de la dépouille de tes ennemis, que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrée.
Et les jeunes enfants
Y compris les jeunes enfants mâles. Comment comprendre alors : « … tu frapperas tous ses mâles à la pointe de l’épée » (verset 13) ? Il s’agit là des adultes
20,15
Ainsi procéderas-tu pour toutes les villes situées très loin de chez toi, qui ne font point partie des villes de ces nations;
20,16
mais dans les villes de ces peuples que l'Éternel, ton Dieu, te donne comme héritage, tu ne laisseras pas subsister une âme.
20,17
Car tu dois les vouer à l'extermination, le Héthéen et l'Amorréen, le Cananéen et le Phérézéen, le Hévéen et le Jébuséen, comme te l'a commandé l'Éternel, ton Dieu,
Comme t’a ordonné
Y compris le Guirgachi
20,18
afin qu'ils ne vous apprennent pas à imiter toutes les abominations commises par eux en l'honneur de leurs dieux, et à devenir coupables envers l'Éternel, votre Dieu.
Afin qu’ils ne vous enseignent pas
Si en revanche ils se repentent et se convertissent, tu es autorisé à les accueillir
20,19
Si tu es arrêté longtemps au siège d'une ville que tu attaques pour t'en rendre maître, tu ne dois cependant pas en détruire les arbres en portant sur eux la cognée: ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre. Oui, l'arbre du champ c'est l'homme même, tu l'épargneras dans les travaux du siège.
Des jours
[Au moins] deux
Nombreux
[Au moins] trois. D’où l’on a appris que l’on ne doit pas entreprendre le siège des villes des païens moins de trois jours avant chabath (Chabath 19a). Et cela nous apprend que les ouvertures de paix doivent durer deux ou trois jours. C’est ainsi qu’il est écrit : « David demeura deux jours à Tsiglag » (II Chemouel 1, 1). Le texte parle ici d’une guerre facultative (Sifri)
Car (ki) l’homme est-il un arbre du champ
Le mot ki s’entend ici dans le sens d’une hypothèse (« peut-être ») (Roch hachana 3a) : Et s’il était un homme, l’arbre des champs, pour se laisser enfermer dans la ville assiégée devant toi et souffrir de la faim et de la soif comme les habitants de la ville ? [Si ce n’est pas le cas], pourquoi le détruirais-tu
20,20
Seulement, l'arbre que tu sauras n'être pas un arbre fruitier, celui-là tu peux le sacrifier et l'abattre, pour l'employer à des travaux de siège contre la ville qui est en guerre avec toi, jusqu'à ce qu'elle succombe.
Jusqu’à sa soumission
Expression comportant une connotation de « domination » : jusqu’à ce qu’elle se courbe devant toi
21,1
"Si l'on trouve, dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne en possession, un cadavre gisant en plein champ, et que l'auteur du meurtre soit resté inconnu,
21,2
tes anciens et tes juges s'y transporteront, et mesureront la distance jusqu'aux villes situées autour du cadavre.
Sortiront tes anciens
Les meilleurs parmi tes anciens, à savoir le grand Sanhèdrin (Sota 44b, Sanhèdrin 14a)
Ils mesureront
A partir du lieu où repose le cadavre (Sota 45a)
Vers les villes qui sont autour du cadavre
Dans toutes les directions, pour déterminer laquelle est la plus proche
21,3
La ville la plus rapprochée du cadavre étant déterminée, les anciens de cette ville prendront une jeune vache qu'on n'aura pas encore employée au travail, qui n'aura porté aucun joug.
21,4
Ces anciens feront descendre la génisse dans un bas-fond sauvage, où on ne laboure ni ne sème, et là, dans ce bas-fond, ils briseront la nuque à la génisse.
Vers une vallée aride
Dure et inculte
Ils rompront
On rompt la nuque avec une hachette. Le Saint béni soit-Il a dit : « Vienne une génisse âgée d’un an qui n’a pas produit de fruits, et qu’on lui rompe la nuque dans un endroit qui ne produit pas de fruits, pour expier le meurtre de cet homme, à qui l’on n’a pas laissé le temps de produire des fruits ! » (Sota 46a)
21,5
Puis s'avanceront les pontifes, descendants de Lévi; car ce sont eux que l'Éternel, ton Dieu, a désignés pour le servir, pour prononcer les bénédictions en son nom, et c'est par eux qu'est jugé tout débat, tout dommage.
21,6
Et tous les anciens de la ville en question, comme voisins du cadavre, se laveront les mains sur la génisse dont on a brisé la nuque dans le bas-fond.
21,7
Et ils diront tour à tour: "Nos mains n'ont point répandu ce sang-là, et nos yeux ne l'ont point vu répandre.
Nos mains n’ont pas versé
Te serait-il venu à l’esprit que les Anciens du tribunal fussent des meurtriers ? [Cela veut dire, en fait :] « Nous ne l’avons pas vu et nous l’avons laissé repartir sans provisions et sans escorte » (Sota 38b). Quant aux kohanim, ils déclarent : « Pardonne à ton peuple Israël… » (verset 8)
21,8
Pardonne à ton peuple Israël, que tu as racheté, Seigneur! Et n'impute pas le sang innocent à ton peuple Israël!" Et ce sang leur sera pardonné.
Et leur sera pardonné le sang
Le texte leur promet que puisqu’ils ont fait cela, leur péché leur sera pardonné (Sota 46a)
21,9
Toi, cependant, tu dois faire disparaître du milieu de toi le sang innocent, si tu veux faire ce qui est juste aux yeux de l'Éternel.
Et toi
Cela nous apprend que si l’on découvre le meurtrier après que l’on a rompu la nuque de la génisse, on doit le mettre à mort. Voilà ce qui est « droit aux yeux de Hachem » (Ketouvoth 37b)