Jacob envoya des messagers en avant, vers Ésaü son frère, au pays de Séir, dans la campagne d'Édom.
Ya’aqov envoya des messagers
Véritablement des anges (Beréchith raba 75, 4)
Au pays (artsa) de Sé’ir
Lorsqu’un mot exige le préfixe lamèd, [préposition signifiant : « en direction de »], ce préfixe peut être remplacé par le suffixe hé (Yevamoth 13b)
32,5
Il leur avait donné cet ordre: "Vous parlerez ainsi à mon seigneur, à Ésaü: ‘Ainsi parle ton serviteur Jacob:
J’ai séjourné
Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples
32,6
J'ai séjourné chez Laban et prolongé mon séjour jusqu'à présent. J'ai acquis boeufs et ânes, menu bétail, esclaves mâles et femelles; je l'envoie annoncer à mon seigneur, pour obtenir faveur à ses yeux.’ "
J’ai acquis bœuf et âne
Mon père m’avait dit : « de la rosée des cieux et des graisses de la terre » (supra 27, 28). Ce ne sont des produits ni du ciel ni de la terre
Bœuf et âne
On a l’habitude d’employer le singulier « bœuf » pour désigner de grandes quantités de bovins (Beréchith raba 75), de la manière dont parlent les gens : « J’ai entendu cette nuit chanter le coq », et non : « chanter les coqs »
J’ai envoyé annoncer à mon seigneur
Pour annoncer que je viens vers toi
Pour trouver grâce à tes yeux
Pour montrer que je suis en paix avec toi et que je cherche ton amitié, [et non pour me vanter de mes richesses]
32,7
Les messagers revinrent près de Jacob, en disant: "Nous sommes allés trouver ton frère Ésaü; lui même vient à ta rencontre et quatre cents hommes l'accompagnent."
Nous sommes allés vers ton frère
Celui dont tu disais qu’il est ton frère, mais il se comporte envers toi comme ‘Essaw, l’impie, toujours animé par la haine (Beréchith raba 75, 7)
32,8
Jacob fut fort effrayé et plein d'anxiété. II distribua son monde, le menu, le gros bétail et les chameaux en deux bandes,
Ya’aqov s’effraya beaucoup
Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer (Beréchith raba 76, 2)
32,9
se disant: "Si Ésaü attaque l'une des bandes et la met en pièces, la bande restante deviendra une ressource."
A l’un des camps (a‘hath
Le mot hébreu ma‘hanè (« camp ») s’emploie indifféremment au masculin et au féminin : « si un camp campait (ta‘hanè) contre moi » (Tehilim 27, 3) est au féminin, tandis que « qu’est-ce pour toi que tout ce camp (hazè) » (infra 33, 8) est au masculin. Il existe en hébreu d’autres mots qui peuvent appartenir aux deux genres, comme dans : « le soleil [au masculin] était sorti sur la terre » (supra 19, 23), « l’extrémité du ciel est sa sortie [du soleil, au masculin] » (Tehilim 19, 7), « le soleil brillait [au féminin] sur les eaux » (II Melakhim 3, 22). De même pour le mot roua‘h (« vent ») : « un grand vent [au féminin] est venu » (‘Iyov 1, 19), « il a frappé [au masculin] les quatre angles de la maison » (ibid.), « un vent grand [au féminin] et fort [au masculin] brisait les montagnes » (I Melakhim 19, 11). De même pour le mot éch (« feu ») : « un feu s’élança [au féminin] de devant Hachem » (Bamidbar 16, 35), « un feu flamboyant [au masculin] » (Tehilim 104, 4)
Le camp restant sera sauvé
Malgré ‘Essaw, car je me battrai avec lui. Ya’aqov s’est préparé de trois manières à sa rencontre avec ‘Essaw : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat. Par le cadeau : « l’offrande passa devant lui » (verset 22), par la prière : « Eloqim de mon père Avraham ! » (verset 10), par la préparation au combat : « le camp restant sera sauvé »
32,10
Puis Jacob dit "O Divinité de mon père Abraham, Divinité d'Isaac mon père! Éternel, toi qui m'as dit: ‘Retourne à ton pays et à ton lieu natal, je te comblerai;’
Eloqim de mon père Yits‘haq
Il avait parlé plus haut de : « la frayeur de Yits‘haq » (supra 31, 42). En outre, pourquoi répète-t-il ici le nom de Dieu, au lieu de dire simplement : « toi qui m’as dit : retourne à ton pays » ? Voici ce qu’a voulu dire Ya’aqov devant le Saint béni soit-Il : Tu m’as fait deux promesses. La première quand j’ai quitté la maison paternelle à Beér-Chéva’, où tu m’as dit : « je suis Hachem, le Eloqim d’Avraham ton père et Eloqim de Yits‘haq » (supra 28, 13), et aussi : « je te garderai partout où tu iras » (supra 28, 15). La seconde dans la maison de Lavan, où tu m’as dit : « Retourne au pays de tes pères et au lieu de ton engendrement. Je serai avec toi » (supra 31, 3). Tu m’y es alors apparu sous ton nom divin seul, ainsi qu’il est écrit : « Et Hachem dit à Ya’aqov : Retourne au pays de tes pères » (ibid.). C’est au bénéfice de ces deux promesses que je me présente devant toi
32,11
je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité que tu as témoignées à ton serviteur, moi qui, avec mon bâton, avais passé ce Jourdain et qui à présent possède deux légions.
Je suis trop petit pour toutes (mikol) les grâces
Mes mérites ont diminué en raison des grâces et de la fidélité que tu m’as témoignées (Beréchith raba 65, 15). [La lettre mèm dans mikol n’indique pas ici le comparatif, mais elle a le sens de mipené (« en conséquence de »).] C’est pourquoi je crains d’avoir été diminué par le péché, depuis que tu m’as fait des promesses, et je redoute qu’il me vaille d’être livré aux mains de ‘Essaw (Chabath 32a)
Et pour toute la vérité
La fidélité à tes paroles. Tu as tenu toutes les promesses que tu m’avais faites
Car avec mon bâton
Je n’avais ni argent, ni or, ni bétail, mais seulement mon bâton. Explication du midrach : Il a touché le Yardén de son bâton, et celui-ci s’est fendu pour lui livrer passage (Midrach tan‘houma Wayétsé 3)
32,12
Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Ésaü; car je crains qu'il ne m'attaque et ne me frappe, joignant la mère aux enfants!
De la main de mon frère
De la main de mon frère qui ne se comporte pas envers moi comme un frère, mais comme ‘Essaw l’impie
32,13
Pourtant, tu as dit: ‘Je te comblerai de faveurs et j'égalerai ta descendance au sable de la mer, dont la quantité est incalculable.’ "
Je te ferai du bien (littéralement : « faire du bien
« Faire du bien » pour ton propre mérite, « je te ferai du bien » pour le mérite de tes pères (Beréchith raba 76, 7)
Je rendrai ta descendance comme le sable de la mer
Où Dieu lui a-t-Il dit cela ? Il ne lui avait promis que de rendre « sa descendance comme la poussière de la terre » (supra 28, 14). En fait, Dieu avait ajouté : « car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit » (ibid. 15). Or Il avait dit à Avraham : « je multiplierai à profusion ta descendance comme les étoiles des cieux et comme le “sable” qui est sur le bord de la mer » (supra 22, 17)
32,14
Il établit là son gîte pour cette nuit et il choisit, dans ce qui se trouvait en sa possession un hommage pour Ésaü son frère:
De ce qu’il avait dans sa main
En sa possession, comme dans : « et lui ayant pris tout son territoire de sa main »(Bamidbar 21, 26). Explication du midrach (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 11) : L’expression « de ce qu’il avait dans sa main » s’entend des pierres précieuses et des perles que l’on garde dans une petite bourse et que l’on tient dans la main. Autre explication : Il s’agit de ce qui lui appartenait légitimement, comme ne possédant plus un caractère sacré puisqu’il en avait prélevé la dîme. Ya‘aqov avait en effet annoncé : « je t’en prélèverai la dîme » (supra 28, 22), et c’est ensuite qu’il a pris le cadeau [destiné à son frère]
32,15
deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers;
Deux cents chèvres et vingt boucs
On a besoin, pour cents chèvres, de vingt boucs. Quant aux autres espèces, le nombre des animaux mâles dépend des besoins des femelles. Le midrach Beréchith raba (76, 7) en déduit la fréquence du devoir conjugal tel qu’il est prescrit dans la Tora : pour ceux qui n’exercent aucune activité, chaque jour. Pour les ouvriers, deux fois par semaine. Pour les âniers, une fois par semaine. Pour les chameliers, une fois tous les trente jours. Pour les navigateurs, une fois tous les six mois. Je ne sais cependant pas comment ce midrach se rattache exactement à notre texte. Il me semble toutefois qu’il convient d’en déduire que la périodicité du devoir conjugal n’est pas identique chez tous les individus, et qu’il dépend de l’effort que demande leur travail. Nous lisons ici qu’il a associé dix chèvres à chaque bouc, de même à chaque bélier. Leur inactivité les porte à procréer davantage, et ils peuvent chacun féconder dix femelles. Or, une bête, lorsqu’elle est pleine, refuse le mâle. Quant aux taureaux, qui travaillent, il ne leur est affecté que quatre femelles. L’âne effectue de longs trajets, il ne possède donc que deux femelles. Le chameau en accomplit de plus étendus encore, il n’aura qu’une seule femelle
32,16
trente chamelles laitières avec leurs petits, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes.
Trente chamelles allaitantes et leurs petits
Avec elles. Le midrach (Beréchith raba 76, 7) lit ouvenéhem (« et leurs petits ») comme s’il était écrit oubanoeïhem (« leurs constructeurs »), soit un mâle par femelle. Mais comme ces animaux sont connus pour leur discrétion lorsqu’ils s’accouplent, on en parle à mots couverts
Et dix ânes
Le mot ‘ayarim (« ânes ») désigne des ânes mâles
32,17
Il remit aux mains de ses esclaves chaque troupeau à part et il leur dit: "Marchez en avant et laissez un intervalle entre un troupeau et l'autre."
Chaque troupeau à part
Chaque espèce formant un troupeau à part
Passez devant moi
A un jour de marche ou bien moins, et je vous suivrai
Et mettez de l’espace
Entre un troupeau et l’autre, aussi loin que puisse porter le regard, afin de satisfaire l’œil de cet impie et de l’impressionner par l’importance du cadeau (Beréchith raba 76, 8)
32,18
Il donna au premier l'ordre suivant: "Lorsqu’Ésaü, mon frère, te rencontrera et te demandera: ‘A qui es-tu? où vas tu? et pour qui ce bétail qui te précède?’
A qui es-tu ?
« A qui appartiens-tu ? qui t’a envoyé ? » ainsi que le traduit le Targoum
Et pour qui sont ceux-là devant toi ?
A qui appartiennent-ils ? A qui est envoyé ce cadeau ? La préposition le placée en préfixe a le même sens que le mot chèl [qui marque l’appartenance], comme dans : « tout ce que tu vois est à moi (li hou) » (supra 31, 43), « à Hachem (lachem) la terre et tout ce qui la remplit » (Tehilim 24, 1) – ils appartiennent à Hachem
32,19
Tu répondras: ‘A ton serviteur Jacob; ceci est un hommage adressé à mon seigneur Ésaü; et Jacob lui même nous suit.’ "
Tu diras : A ton serviteur
Il commence par répondre à la première question, puis à la seconde. Tu m’as demandé : « A qui es-tu ? » J’appartiens à ton serviteur, à Jacob, ainsi que le traduit le Targoum. Tu m’as demandé ensuite : « Et pour qui sont ceux-ci qui te précèdent ? » Cela est un hommage adressé à mon seigneur ‘Essaw..
Et voici
Ya‘aqov
32,20
II ordonna de même au second, de même au troisième, de même à tous ceux qui conduisaient les troupeaux, en disant: "C'est ainsi que vous parlerez à Ésaü quand vous le rencontrerez.
32,21
Et vous direz: ‘Voici que lui même, ton serviteur Jacob nous suit" car il disait: "Je veux rasséréner son visage par le présent qui me devance et puis je regarderai son visage, peut être deviendra t il bienveillant pour moi."
J’apaiserai sa face
Je ferai cesser (akhapera) sa colère, comme dans : « et cessera (wekhoupar) votre pacte avec la mort » (Yecha’ya 28, 18), « tu ne pourras pas le faire cesser (kapera) » (ibid. 47, 11). A mon avis, lorsque le mot kapara est associé à la notion de faute, de péché ou de colère, il exprime l’idée d’effacement et d’éloignement. Tel est le sens de ce mot en araméen, et nous le trouvons fréquemment dans la guemara, comme dans : « il s’est essuyé (kapar) les mains », « il a voulu se laver (lekhapouré) les mains [dans le sens de : “se dégager d’une responsabilité”] de cet homme » (Guitin 56a). On trouve le même mot en hébreu biblique, comme dans : « trente bols (keforé) d’or » (Ezra 1, 10), où il s’agit des coupes pour l’aspersion dans le Temple, sur les bords desquelles le kohen s’essuyait les mains (Zeva‘him 93b)
32,22
Le présent défila devant lui et lui, demeura cette nuit dans le camp.
Devant lui (‘al panaw – littéralement : « sur sa face »)
Comme lefanaw (« devant sa face »), c’est-à-dire devant lui, comme dans : « violence et pillage y sont constamment entendus sur ma face (‘al panaï) » (Yirmeya 6, 7), « ces gens qui me mettent en colère (‘al panaï) » (Yecha’ya 65, 3). Quant au midrach, il associe l’expression ‘al panaw au mot panim (« colère ») : Ya‘aqov était irrité de devoir faire tout cela (Beréchith raba 76, 8)
32,23
Il se leva, quant à lui, pendant la nuit; il prit ses deux femmes, ses deux servantes et ses onze enfants et passa le gué de Jaboc.
Et ses onze fils
Et Dina, où était-elle ? Ya‘aqov l’avait enfermée dans une caisse verrouillée pour que ‘Essaw ne puisse porter ses regards sur elle. Et il a été puni pour l’avoir ainsi refusée à son frère. Peut-être l’aurait-elle ramené vers le bien ! On sait qu’elle est tombée par la suite entre les mains de Chekhem (Beréchith raba 76, 9)
Yaboq
C’est le nom de la rivière
32,24
Puis il les aida à traverser le torrent et fit passer ce qui lui appartenait.
Ce qui était à lui
Les animaux et les biens meubles. Il s’est transformé en passeur, prenant d’un côté et déposant de l’autre
32,25
Jacob étant resté seul, un homme lutta avec lui, jusqu'au lever de l'aube.
Ya‘aqov resta seul
Il avait oublié de menus ustensiles, [l’essentiel ayant déjà été transporté (verset précédent),] et il était retourné pour les chercher (‘Houlin 91a)
Un homme lutta (wayéavéq)
Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq traduit le verbe wayéavéq par : « il souleva de la poussière », du mot avaq (« poussière »). Car ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds. Il me semble, quant à moi, que ce verbe signifie : « il s’enlaça (dans un corps à corps) », comme en araméen : « après s’être attaché (aviqou) » (Sanhèdrin 63b) ou bien : « il s’y fixa (weaviq) comme avec un nœud » (Mena‘hoth 42a). Lorsque deux personnes luttent à qui fera tomber l’autre, elles s’enlacent et se serrent dans les bras l’une de l’autre. Nos maîtres ont expliqué que l’homme en question était l’ange gardien de ‘Essaw (Beréchith raba 77, 3)
32,26
Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il lui pressa la cuisse; et la cuisse de Jacob se luxa tandis qu'il luttait avec lui.
Il le toucha au creux de sa hanche
L’os qui s’enfonce dans la hanche s’appelle kaf (« cuiller »), car la chair qui est dessus a la forme d’une cuiller à pot
Se luxa (watéqa’)
L’os a été violemment arraché de son articulation, comme dans : « de peur que mon âme ne se déplace (téqa’) de toi » (Yirmeya 6, 8), dans le sens de : « s’éloigne ». Comme aussi dans la michna : « arracher (leqa’aqé’a) leurs œufs » (Guitin 55a)
32,27
Il dit: "Laisse moi partir, car l'aube est venue." II répondit: "Je ne te laisserai point, que tu ne m'aies béni."
Car l’aube s’est levée
Et il faut que j’aille entonner un cantique (‘Houlin 91b, Beréchith raba 78, 1)
32,28
Il lui dit alors: "Quel est ton nom?" II répondit: "Jacob."
32,29
Il reprit: "Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort."
Ya’aqov ne sera plus
On ne pourra plus soutenir que c’est par ruse et par éviction (‘iqva – même racine que Ya‘aqov) que tu as obtenu les bénédictions, mais en toute dignité et ouvertement. Le Saint béni soit-Il va se révéler à toi à Beith-El, Il y changera ton nom et te bénira. J’y serai moi-même et j’y consentirai. C’est ce que dira le prophète : « Il a lutté avec un ange et il l’a vaincu. Il a pleuré et l’a supplié » (Hoché‘a 12, 5). Que lui demandait-il ? « A Beith-El il nous trouvera, et là il nous parlera » (ibid.). Autrement dit : « Attends jusqu’à ce qu’Il nous y parle, et c’est alors que je reconnaîtrai ton droit aux bénédictions ! » Mais Ya‘aqov ne l’a pas voulu ainsi, et l’ange a dû, malgré lui, lui confirmer son droit. C’est ce que veut dire le verset suivant : « Il le bénit “là-bas” » – Il l’avait supplié d’attendre, mais Ya‘aqov avait refusé (Beréchith raba 78, 3)
Et avec des hommes
‘Essaw et Lavan
Tu as triomphé
D’eux
32,30
Jacob l'interrogea en disant: "Apprends-moi, je te prie, ton nom." II répondit: "Pourquoi t'enquérir de mon nom?" Et il le bénit alors.
Pourquoi demandes-tu
Nous n’avons pas de nom immuable. Nos noms changent suivant les missions dont on nous charge (Beréchith raba 78, 4)
32,31
Jacob appela ce lieu Penïel "parce que j'ai vu un être divin face à face et que ma vie est restée sauve."
32,32
Le soleil commençait à l'éclairer lorsqu'il eut quitté Penïél; il boitait alors à cause de sa cuisse.
Le soleil se leva sur lui
C’est une façon habituelle de parler, comme on dirait : « Quand nous sommes arrivés à tel endroit, le soleil s’était levé sur nous ». Explication du midrach (Sanhèdrin 95b) : « Sur lui » équivaut à « pour lui », pour le guérir de sa luxation, comme dans : « un soleil de charité, la guérison est dans ses rayons » (Malakhi 3, 20). Le soleil « récupère » à présent, en se levant plus tôt à son intention, les heures qu’il avait perdues en se couchant prématurément lors du départ de Ya‘aqov de Beér Chèva’
Et il boitait
Il boitait lorsque le soleil s’est levé
32,33
C'est pourquoi les enfants d'Israël ne mangent point aujourd'hui encore le nerf sciatique, qui tient à la cavité de la cuisse; parce que Jacob fut touché à la cavité de la cuisse, sur le nerf sciatique.
Le nerf sciatique
En hébreu : hanachè, parce qu’il « se retire » (nachè) et s’élève (‘Houlin 91a). Le mot évoque une idée de « retrait », comme dans : « leur courage s’est évanoui (nacheta), ils ressemblent à des femmes » (Yirmeya 51, 30), ou dans : « Eloqim m’a fait oublier (nachani – littéralement : “a retiré de moi”) toute ma peine » (infra 41, 51)
33,1
Jacob, levant les yeux, aperçut Ésaü qui venait, accompagné de quatre cents hommes. II répartit les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes.
33,2
Il plaça les servantes avec leurs enfants au premier rang, Léa et ses enfants derrière, Rachel et Joseph les derniers.
Et Léa et ses enfants les derniers
Au plus chéri le dernier rang (Beréchith raba 78, 8)
33,3
Pour lui, il prit les devants et se prosterna contre terre, sept fois, avant d'aborder son frère.
Il passa devant eux
Il s’est dit : Si cet impie vient pour se battre, il se battra avec moi d’abord (ibid.)
33,4
Ésaü courut à sa rencontre, l'embrassa, se jeta à son cou et le baisa; et ils pleurèrent.
Il l’embrassa
Il a été pris de pitié en le voyant se prosterner tant de fois
Il le baisa
Chacune des lettres du mot wayichaqéhou (« il le baisa ») est surmontée d’un point, ce qui donne lieu à une discussion dans la barayetha de Sifri (Beha’alothekha 69). Pour certains, ces points signifient qu’il ne l’a pas embrassé de tout son cœur. Rabi Chim‘on bar Yo‘haï a enseigné : Il est de principe, ainsi qu’on nous l’enseigne, que ‘Essaw est l’ennemi de Ya‘aqov, mais à ce moment-là, sa pitié l’a emporté et il l’a embrassé de tout son cœur
33,5
En levant les yeux, il vit les femmes et les enfants et dit: "Que te sont ceux là?" II répondit: "Ce sont les enfants dont Dieu a gratifié ton serviteur."
Que te sont ceux-là
Qui sont ceux-ci pour être à toi, [sont-ils tes enfants ou tes serviteurs]
33,6
Les servantes s'approchèrent ainsi que leurs enfants et se prosternèrent.
33,7
Léa aussi s'approcha avec ses enfants et ils se prosternèrent; puis, Joseph s'approcha avec Rachel et ils seprosternèrent.
S’approcha Yossef
Toutes les autres mères se sont approchées avant leurs enfants, tandis que pour Ra‘hel, c’est Yossef qui l’a précédée. Il s’était dit : Ma mère est d’une grande beauté, et il ne faut pas que ce scélérat puisse jeter ses regards sur elle. Je vais donc me placer devant elle et l’empêcher de la regarder. C’est en récompense de cette attitude que Yossef a reçu la bénédiction (infra 49, 22) contenant les mots ‘alé ‘ayin (« sur l’œil ») (Beréchith raba 78, 10)
33,8
II reprit: "Qu'est ce que toute cette troupe, venant de ta part, que j'ai rencontrée?" II répondit: "Pour obtenir la bienveillance de mon seigneur."
Qu’est-ce pour toi que tout ce camp
Qu’est-ce que tout ce camp que j’ai rencontré, qui est le tien ? C’est-à-dire : que comptes-tu en faire ? D’après le sens simple du verset, cette question s’applique à ceux qui transportaient les cadeaux. Explication du midrach : ‘Essaw et ses hommes ont été harcelés par des troupes d’anges qui leur demandaient : « A qui appartenez-vous ? » Ils répondaient : « A ‘Essaw ! » Les anges disaient alors : « Frappez ! Frappez ! » Les hommes de ‘Essaw objectaient alors : « Laissez-le ! C’est le fils de Yits‘haq ! » Mais les anges n’en tenaient pas compte. « Mais c’est le petit-fils d’Avraham ! » Ils continuaient de rester insensibles à ces protestations. « Mais c’est le frère de Ya‘aqov ! » – « Dans ce cas, ont-ils dit, vous êtes des nôtres !
33,9
Ésaü dit: "J'en ai amplement; mon frère, garde ce que tu as."
Que soit à toi ce qui est à toi
C’est ici que ‘Essaw a reconnu le droit de Yits‘haq aux bénédictions (Beréchith raba 78, 11)
33,10
Jacob répondit: "Oh non! Si toutefois j'ai trouvé grâce à tes yeux, tu accepteras cet hommage de ma main; puisque aussi bien j'ai regardé ta face comme on regarde la face d'un puissant et que tu m'as agréé.
Oh non ! si
Ne me dis pas cela, je te prie
Si j’ai trouvé grâce à tes yeux
Il vaut la peine et il convient que tu acceptes mon cadeau, parce que j’ai vu ton visage. C’est pour moi comme si j’avais vu la face d’un ange, puisque j’ai vu ton prince céleste. Et aussi parce que tu as consenti à me pardonner le tort que je t’ai causé. Mais pourquoi lui dit-il qu’il a vu l’ange ? Pour faire peur à ‘Essaw et pour qu’il se dise : « Il a vu des anges, et il en a réchappé ! Je ne pourrai donc rien contre lui ! » (Sota 41b)
Et que tu m’as agréé
Tu t’es réconcilié avec moi. Le mot ratson (« faveur ») a toujours le sens de « douceur » (en français : « apaisement »), comme dans : « ce ne serait pas pour vous le moyen de vous attirer la faveur (leratson) (de Hachem) » (Wayiqra 22, 20), les sacrifices ayant pour fonction d’apaiser et de concilier. Comme aussi dans : « les lèvres du juste connaissent l’apaisement (ratson) » (Michlei 10, 32), le juste étant celui qui sait apaiser et réconcilier
33,11
Reçois donc le présent que de ma part on t’a offert, puisque Dieu m’a favorisé et que je possède suffisamment." Sur ses instances Ésaü accepta.
Ma bénédiction
Mon cadeau, à savoir un cadeau offert à titre de salutation lorsqu’on est reçu en audience par quelqu’un après un long laps de temps. Toutes les fois que le mot berakha (« bénédiction ») est employé en liaison avec une audience, il a le sens de « salutation » (en français médiéval : « saluder »), comme dans : « Ya‘aqov bénit Pharaon » (infra 47, 7), « faites avec moi une bénédiction » (II Melakhim 18, 31), à propos de San‘hériv, « pour le saluer et le bénir » (II Chemouel 8, 10), à propos de To’i, roi de ‘Hamath. Ici aussi, le mot birkhathi se dit en français : « mon salut », [ce salut étant représenté par le cadeau offert]
Qu’on t’a apportée
Sans que tu te sois donné la moindre peine. C’est moi qui ai fait l’effort de te l’amener jusqu’à ce qu’elle parvienne entre tes mains (Beréchith raba 78, 12)
Eloqim m’a favorisé (‘hannani)
Le premier noun de ‘hannani porte un daguéch, étant donné qu’il remplace deux noun et qu’il aurait fallu dire : ‘hanenani. Le verbe ‘hanon (« favoriser ») contient en effet deux noun dans son radical, de sorte qu’il en aurait fallu un troisième pour marquer le complément objet de la première personne du singulier. Il en va de même de ‘assani (« il m’a fait ») (Yecha’ya 29, 16), ou de zevadani (« Eloqim “m’a accordé” une bonne part ») (supra 30, 20)
Et que j’ai tout
Tout ce dont j’ai besoin... Tandis que ‘Essaw a proclamé orgueilleusement : « J’ai beaucoup ! » (verset 9), beaucoup plus que ce dont j’ai besoin
33,12
Il dit: "Partons et marchons ensemble; je me conformerai à ton pas."
Partons et marchons
Nis’a (« partons ») est un impératif, comme chim’a (« écoute »), équivalent de chema’, ou chil‘ha (« envoie »), équivalent de chela‘h. De la même manière, nis’a équivaut à nesa’, la lettre noun appartenant au radical du mot. Le Targoum Onqelos traduit par : « mets-toi en marche et pars », ‘Essaw disant à Ya‘aqov : « Allons-nous en d’ici et partons !
Je marcherai à ton côté
Du même pas que toi. Je te donnerai ce témoignage de bonté, en restant plus longtemps en route et en marchant aussi lentement que cela te conviendra. C’est ce que veut dire « à ton côté » : du même pas que toi
33,13
Il lui répondit: "Mon seigneur sait que ces enfants sont délicats, que ce menu et ce gros bétail qui allaitent exigent mes soins; si on les surmène un seul jour, tout le jeune bétail périra.
Qui allaitent
Ces brebis et ces vaches qui allaitent, il faut que je les fasse marcher lentement
Le mot ‘aloth (« qui allaitent »)
Le mot ‘aloth (« qui allaitent », « qui élèvent leurs petits ») est de la même racine que ‘olél (« enfant qui tète ») (Eikha 2, 11), que ‘oul (« jeune en années ») (Yecha’ya 65, 20), ou que ‘aloth (« deux vaches “qui allaitent” ») (I Chemouel 6, 7). En français médiéval : « enfantées »
Si on les pousse un seul jour
En les fatiguant à marcher trop vite, « tout le jeune bétail mourra »
Si on les pousse (oudefaqoum)
De la même manière qu'il est écrit : "La voix de mon amant frappe" (Cantique des Cantiques 5, 2) - frappe à la porte
33,14
Que mon seigneur veuille passer devant son serviteur; moi, je cheminerai à ma commodité, selon le pas de la suite qui m'accompagne et selon le pas des enfants, jusqu'à ce que je rejoigne mon seigneur à Séir."
Que mon seigneur passe
Ne prolonge pas la durée de ton parcours, marche comme à ton habitude, même si tu t’éloignes de moi
Je conduirai
Le mot ethnahala (« je conduirai ») équivaut à ethnael, le hé final étant un ajout, comme dans : érda (« je vais descendre ») (supra 18, 21), èchme’a (« je vais écouter ») (Tehilim 85, 9)
Lentement (leiti)
A ma lenteur, avec une idée de calme, comme dans : « qui coulent lentement (leat) » (Yecha’ya 8, 6), « agissez doucement (leat) envers le jeune homme » (II Chemouel 18, 5). Le lamèd qui figure en tête du mot appartient à la racine et n’est pas un préfixe. Le sens est : je conduirai à mon pas lent
Selon le pas du troupeau
Selon ce qu’exige la marche du troupeau que je suis chargé de conduire
Et selon le pas des enfants
Selon leurs pieds [c’est-à-dire leur vitesse], en fonction de leur aptitude à marcher
Jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur à Sé’ir
Il parle ici d’un trajet plus long que celui qu’il avait effectivement l’intention de faire, puisqu’il ne comptait aller que jusqu’à Soukoth (‘Avoda Zara 25b). Il s’est dit : « S’il entre dans ses intentions de me faire du mal, qu’il attende jusqu’à ce que j’arrive chez lui ! » Et il n’y est pas allé. Mais quand ira-t-il, [étant donné qu’il est inconcevable qu’il ait pu proférer un mensonge] ? A l’époque du Messie (Beréchith raba 78, 14), ainsi qu’il est écrit : « des libérateurs monteront sur la montagne de Tsion, pour se faire les justiciers du mont de ‘Essaw [Sé‘ir] » (‘Ovadya 1, 21). Il existe à ce sujet de nombreux midrachim
33,15
Ésaü dit: "Je veux alors te faire escorter par une partie de mes hommes." II répondit: "A quoi bon? Je voudrais trouver grâce aux yeux de mon seigneur!"
Il dit : Pourquoi cela ?
Pourquoi tiens-tu à me rendre ce service, dont je n’ai pas besoin
Je voudrais trouver grâce aux yeux de mon seigneur
Ne me donne maintenant aucune récompense
33,16
Ce jour même, Ésaü reprit le chemin de Séir.
‘Essaw reprit ce jour-là même son chemin
Seul ‘Essaw est retourné à Sé’ir, tandis que les quatre cents hommes qui l’accompagnaient se sont détachés de lui l’un après l’autre (Beréchith raba 78, 15). Et quand le Saint béni soit-Il les en a-t-Il récompensés ? A l’époque de Dawid, ainsi qu’il est écrit, [à propos d’un combat mené par Dawid contre les Amalécites, descendants de ‘Essaw] (I Chemouel 30, 17) : « Aucun n’en réchappa, sauf les quatre cents hommes qui allaient à dos de chameau » (Beréchith raba 78)
33,17
Quant à Jacob, il se dirigea vers Soukkoth; il s'y bâtit une demeure et pour son bétail il fit des enclos: c'est pourquoi l'on appela cet endroit Soukkoth.
Il s’y bâtit une maison
Il y a demeuré pendant dix-huit mois : un été, un hiver et un été. Le mot soukoth (« cabanes ») désigne un séjour d’été, [époque où le bétail a besoin de cabanes], le mot bayith (« maison ») désigne un séjour d’hiver, et le doublement du mot soukoth désigne un second séjour d’été (Meguila 17a, Beréchith raba 78, 16)
33,18
Jacob arriva ensuite à Salem, ville de Sichem, dans le pays de Canaan, à son retour du territoire d’Aram; et il se fixa à l’entrée de cette ville.
Complet
Complet dans son corps, car guéri de sa luxation. Complet dans sa fortune : le cadeau fastueux fait à son frère ne l’ayant fait manquer de rien [étant donné le développement prolifique de son bétail (voir Rachi supra 30, 43]. Complet dans sa Tora : son séjour chez Lavan ne lui en ayant rien fait oublier (Chabath 33b, Beréchith raba 79, 5)
La ville de Chekhem
Comme s’il avait été écrit : « “A” la ville de Chekhem ». De même : « jusqu’à leur arrivée à Beith-Lè’hem » (Routh 1, 16), [où la préposition « à » est sous-entendue]
Venant de Padan Aram
Comme si l’on disait : Un tel est sorti des mâchoires des lions et est revenu intact. Ici aussi, il est revenu intact de Padan Aram, ainsi que de Lavan et de ‘Essaw qui l’avaient assailli pendant son voyage
33,19
Il acquit la portion de terrain ou il établit sa tente, de la main des enfants de Hamor, père de Sichem pour cent kesita.
Qessita
La qessita équivaut à la ma‘a. Rabi ‘Aqiva a enseigné : Quand je suis allé dans les villes de la mer, on y appelait qessita ce que nous appelons une ma‘a (Roch haChana 26a). Le Targoum Onqelos le traduit par ‘hourfan, à savoir de bonnes pièces, valables en tous lieux. C’est l’équivalent de : « en monnaie courante chez le marchand » (supra 23, 16)
33,20
Il y érigea un autel qu’il dénomma: "le Seigneur est le Dieu d’Israël."
Qu’il appela : « Qél est Eloqim d’Israël »
Non pas que l’autel ait été appelé « Eloqim d’Israël », mais étant donné que le Saint béni soit-Il avait été avec lui et l’avait sauvé, il a rappelé, en donnant ce nom à l’autel, le miracle dont il avait bénéficié, de manière que l’on proclame la louange de Dieu chaque fois que l’on prononcera le nom de cet autel. C’est-à-dire : Lui qui est Dieu, Lui le Saint béni soit-Il, Il est Dieu pour moi qui m’appelle Israël. Il en est de même pour Mochè : « Mochè érigea un autel. Et il appela son nom : “Hachem est ma bannière” » (Chemoth 17, 15). Non pas que l’autel ait été appelé : « Hachem », mais c’est pour rappeler le miracle qu’il a donné ce nom à l’autel, afin de proclamer la louange du Saint béni soit-Il : « Hachem, c’est Lui qui est ma bannière ! » Le midrach explique que c’est le Saint béni soit-Il qui a donné à Ya‘aqov le nom de él (« le puissant »), [le verset pouvant se traduire par : « le Dieu d’Israël l’appela (Ya‘aqov) él »] (Meguila 18a). Les paroles de la Tora, que l’on peut comparer (Chabath 88b) au « marteau qui brise la roche » (Yirmeya 23, 29), sont susceptibles de maintes interprétations. Quant à moi, je ne suis venu que pour fixer le sens littéral du texte
34,1
Or, Dina, la fille que Léa avait enfantée à Jacob, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays.
La fille de Léa
Et non la fille de Ya‘aqov ! Si on l’appelle ici « la fille de Léa », c’est à cause de sa « sortie ». Car Léa aussi avait l’habitude de sortir, ainsi qu’il est écrit (supra 30, 16): « Léa sortit à sa rencontre » (Beréchith raba 80, 1). D’où le proverbe : Telle mère, telle fille
34,2
Elle fut remarquée de Sichem, fils de Hamor le Hévéen, gouverneur du pays; il l'enleva et s'approcha d'elle en lui faisant violence.
Il coucha avec elle
Par des rapports normaux
Il lui fit violence
Par des rapports contre nature (Beréchith raba 80, 5)
34,3
Puis son cœur s'attacha à Dina, fille de Jacob; il aima la jeune fille et il parla à son cœur.
Au cœur de la jeune fille
Par des paroles allant droit au cœur (Beréchith raba 80, 7) : « Vois la somme que ton père a dû dépenser pour l’achat d’une petite parcelle de terre ! Moi, je vais t’épouser, de sorte que la ville et tous les champs qui l’entourent seront à toi !
34,4
Sichem dit à Hamor, son père: "Obtiens moi cette jeune fille pour épouse."
34,5
Jacob apprit qu'on avait déshonoré Dina, sa fille. Ses fils étaient avec son bétail, dans les champs; Jacob se tut jusqu'à leur retour.
34,6
Hamor, père de Sichem, se rendit auprès de Jacob pour lui parler.
34,7
Mais les enfants de Jacob étaient revenus des champs à cette nouvelle et ces hommes étaient consternés et leur indignation était grande; car une flétrissure avait eu lieu en Israël par le viol de la fille de Jacob et ce n'est pas ainsi qu'on devait agir.
Et on ne devait pas agir ainsi
En faisant violence aux jeunes filles. Instruites par le déluge, les nations idolâtres s’étaient interdit l’immoralité (Beréchith raba 80, 6)
34,8
Hamor leur parla en ces termes: "Sichem, mon fils, a le cœur épris de votre fille; donnez-la lui, je vous prie, pour épouse.
Attachée
Il désire
34,9
Alliez-vous avec nous; donnez-nous vos filles et épousez les nôtres.
34,10
Demeurez avec nous; le pays vous est ouvert: restez y, exploitez le et formez y des établissements."
34,11
Sichem dit au père de la jeune fille et à ses frères: "Puisse-je trouver faveur auprès de vous! Ce que vous me demanderez, je le donnerai.
34,12
Imposez-moi le douaire et les dons les plus considérables, je donnerai ce que vous me direz; accordez-moi seulement la jeune fille pour épouse."
Le douaire
La dot stipulée dans la ketouva (« contrat de mariage »)
34,13
Les fils de Jacob usèrent de ruse en répondant à Sichem et à Hamor son père, parce qu'on avait souillé Dina, leur sœur.
Avec ruse
Avec habileté (traduction du Targoum)
Il avait déshonoré
Le texte indique par là que le déshonneur infligé à leur sœur n’était pas le résultat d’une ruse, [et que ces derniers mots n’ont donc pas été prononcés par les fils de Ya‘aqov, dont ce n’était pas la préoccupation première]
34,14
Ils leur dirent: "Nous ne saurions agir ainsi, donner notre sœur à un homme incirconcis: ce serait un déshonneur pour nous.
Car ce serait une honte
C’est chez nous une tare. Quand on veut injurier quelqu’un, on le traite d’incirconcis, ou de fils d’incirconcis. Le mot ‘hèrpa (« honte ») marque toujours quelque chose d’infamant
34,15
Toutefois, à ce prix nous serons d'accord avec vous: si vous devenez comme nous, en circoncisant tout mâle d'entre vous.
Nous serons d’accord avec vous (néoth)
Nous vous donnerons notre consentement, comme dans : « les kohanim ont donné leur accord (wayéothou) » (II Melakhim 12, 9), [la racine du mot étant par conséquent oth, et la lettre noun ne constituant qu’un préfixe]
En circoncisant
« En étant circoncis », le verbe étant à la forme passive, et non active
34,16
Alors nous vous donnerons nos filles et nous accepterons les vôtres pour nous; nous habiterons avec vous et nous formerons un seul peuple.
Nous donnerons (wenathannou)
Avec un daguéch dans le second noun, car il en vaut deux : ounethanenou (voir Rachi supra 33, 12)
Et vos filles
On constatera, en comparant les conditions stipulées par ‘Hamor au profit de Ya‘aqov (verset 9) et celles qui figurent dans la réponse faite par les fils de Ya‘aqov, c’est à ceux-ci que revient l’avantage : ils prendront les filles de Chekhem qu’ils voudront s’attribuer, et ils ne donneront leurs propres filles qu’à leur guise. C’est ainsi qu’il est écrit ici : « nous vous donnerons nos filles » – à notre guise – « et vos filles, nous les prendrons pour nous » – comme nous le voudrons. En revanche, lorsque ‘Hamor et son fils Chekhem parleront aux habitants de la ville (verset 21), ils inverseront leur proposition : « nous prendrons leurs filles pour nous pour femmes, et nos filles nous les leur donnerons », et ce afin d’obtenir leur consentement à la circoncision
34,17
Que si vous ne nous écoutez pas pour la circoncision, nous prenons notre fille et nous nous retirons."
34,18
Leurs paroles plurent à Hamor et à Sichem son fils.
34,19
Et le jeune homme n'hésita point à effectuer la chose, épris qu'il était de la fille de Jacob; d'ailleurs, il était considéré entre tous dans la maison de son père.
34,20
Hamor alla, avec Sichem son fils, vers la porte de leur ville et ils parlèrent aux habitants de leur ville en ces termes:
34,21
"Ces hommes sont de bonne foi avec nous; qu'ils résident dans le pays et qu'ils l'exploitent, le pays est assez vaste pour les admettre; nous prendrons leurs filles pour épouses et nous leur accorderons les nôtres.
Pacifiques (chelémim)
A la fois en paix (chalom) et d’un cœur entier (chalém)
Le pays est assez vaste
Littéralement : « large de mains », comme celui dont la main est généreuse et largement ouverte. L’idée que veut rendre l’expression est : « Vous ne perdrez rien s’ils s’installent et s’ils commercent dans ce pays, car on y trouve beaucoup de marchandises et peu d’acheteurs.
34,22
Pourtant, à une condition, ces hommes consentent à demeurer avec nous pour former un même peuple: c'est que tout mâle parmi nous soit circoncis comme ils le sont eux mêmes.
Soit circoncis
Forme passive
34,23
Leurs troupeaux, leurs possessions, tout leur bétail, n'est il pas vrai, seront à nous. Accédons seulement à leur désir et ils demeureront avec nous."
Accordons-leur seulement
Ce qu’ils réclament sur ce point, et alors ils demeureront avec nous. [Non pas : « consentons à ce qu’ils s’installent parmi nous », mais : « soyons d’accord » avec ce qu’ils réclament, et ils accepteront alors de s’installer chez nous.
34,24
Tous ceux qui habitaient l'enceinte de la ville écoutèrent Hamor et Sichem son fils; et tout mâle fut circoncis, parmi les citoyens de la ville.
34,25
Or, le troisième jour, comme ils étaient souffrants, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun leur épée, marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles;
Deux fils de Ya‘aqov
Ils étaient ses fils, mais ils ont agi, étant donné qu’ils ne l’ont pas consulté, comme l’aurait fait n’importe quel homme appelé Chim‘on ou Léwi qui n’aurait pas été son fils (Beréchith raba 80, 10)
Frères de Dina
Etat donné qu’ils ont risqué leurs vies pour elle, ils sont appelés ici « ses frères » (ibid.)
En confiance
Etant donné qu’ils étaient souffrants. Explication du midrach : ils avaient confiance en la force [c’est-à-dire les mérites] du vieillard [Ya‘aqov] (ibid.)
34,26
et Hamor et Sichem son fils, ils les passèrent au fil de l'épée; ils emmenèrent Dina hors de la maison de Sichem et ils ressortirent.
34,27
Les fils de Jacob vinrent dépouiller les cadavres et pillèrent la ville qui avait déshonoré leur sœur:
Sur les cadavres
Pour les dépouiller de leurs armures
34,28
leur menu bétail, leur gros bétail, leurs ânes, ce qu'ils avaient à la ville, ce qu'ils avaient aux champs, ils le ravirent.
34,29
Tous leurs biens, tous leurs enfants et leurs femmes, ils les emmenèrent et les dépouillèrent, avec tout ce qui était dans les maisons.
Leurs biens (‘hélam)
Leur argent, comme dans : « qui m’a valu cette richesse (‘hayil) » (Devarim 8, 17), « et Israël fait triomphe (‘hayil) » (Bamidbar 24, 18), « ils abandonnèrent à d’autres leurs biens (‘hélam) » (Tehilim 49, 11)
Ils les capturèrent (chavou)
Du verbe chavo (« emmener en captivité »). C’est pourquoi l’accent tonique est mis sur la dernière syllabe
34,30
Jacob dit à Siméon et à Lévi: "Vous m'avez rendu malheureux en me mettant en mauvaise odeur chez les habitants du pays, le Cananéen et le Phérézéen; moi, je suis une poignée d'hommes, ils se réuniront contre moi et me frapperont et je serai exterminé avec ma famille."
Vous m’avez troublé (‘akhartèm)
Même terme que dans l’expression talmudique : « des eaux troubles (‘akhourin) » (Berakhoth 25b). Mon esprit a perdu sa clarté. Selon une hagada, il a voulu leur dire : « Le fût était clair et vous l’avez troublé ! » (Beréchith raba 80). Les Kena‘anis savaient par tradition qu’ils tomberaient un jour entre les mains des descendants de Ya‘aqov, mais ils pensaient que cela n’arriverait qu’une fois remplie la condition stipulée dans le verset : « jusqu’à ce que, devenu nombreux, tu puisses occuper le pays » (Chemoth 23, 30). Voilà pourquoi ils s’étaient tenus tranquilles jusqu’à ce moment-là
En petit nombre
Peu nombreux
34,31
Ils répondirent: "Devait-on traiter notre sœur comme une prostituée?"
Telle une prostituée
A la disposition de tous (Beréchith raba 80,12)
Notre sœur
A l’accusatif, [ainsi que le rend le Targoum. La préposition eth ne veut donc pas dire : « avec », mais elle introduit un complément d’objet]
35,1
Le Seigneur dit à Jacob: "Va, monte à Béthel et y séjourne; et élèves-y un autel au Dieu qui t’apparut, lorsque tu fuyais devant Ésaü ton frère."
Lève-toi
C’est parce que tu as retardé [l’offrande du sacrifice que tu avais formé le vœu de me consacrer à Beith-El] que tu as été puni par ce qui est arrivé à ta fille (Midrach tan‘houma)
35,2
Jacob dit à sa famille et à tous ses gens: "Faites disparaître les dieux étrangers qui sont au milieu de vous; purifiez vous et changez de vêtements.
Les dieux païens
Dont vous vous êtes emparés lors du sac de Chekhem
Et purifiez-vous
De l’idolâtrie
Et changez de vêtements
Peut-être portez-vous un vêtement qui a été employé pour un culte idolâtre
35,3
Disposons-nous à monter à Béthel; j'y érigerai un autel au Dieu qui m'exauça à l'époque de ma détresse et qui fut avec moi sur la route où je marchais."
35,4
Ils remirent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient en leur possession et les joyaux qui étaient à leurs oreilles et Jacob les enfouit sous le tilleul qui était près de Sichem.
Le térébinthe
C’est un arbre qui ne produit pas de fruits
Avec Chekhem
Près de Chekhem
35,5
Ils partirent; dominées par une terreur divine, les villes d'alentour ne poursuivirent pas les fils de Jacob.
Une crainte (‘hitath)
Le mot ‘hitath a le même sens que pa‘had
35,6
Jacob arriva à Louz, qui est dans le pays de Canaan, la même que Béthel, lui et tous ceux qui l'accompagnaient.
35,7
Là il dressa un autel et il appela l'endroit Él béth Él; car là les puissances célestes lui étaient apparues, comme il fuyait à cause de son frère.
El-Beith-El
Le Saint béni soit-Il est à Beith-El, la révélation de sa chekhina est à Beith-El. Il arrive que l’on omette la lettre-préfixe beith (« dans »), comme dans : « il est dans la maison (beith) de Makhir ben ‘Amiel » (II Chemouel 9, 4), « dans la maison (beith) de ton père » (supra 24, 23). La préposition « dans » y est sous-entendue
Eloqim s’est révélé (niglou – littéralement : « se sont révélés ») à lui
Il arrive que les mots « Eloqim » et « maître » soient au pluriel, comme dans : « le seigneur (adoné) de Yossef » (infra 39, 20), « si son propriétaire (be’alaw) se trouvait avec lui » (Chemoth 22, 15). Il en va de même du nom divin Eloqim, qui marque l’attribut de justice et de maîtrise : il s’écrit au pluriel. Mais les autres noms de Dieu, on ne les trouve nulle part écrits au pluriel
35,8
Débora, nourrice de Rébecca, étant morte alors, fut enterrée au dessous de Béthel, au pied d'un chêne qui fut appelé le Chêne des Pleurs.
Devora mourut
Qu’était venue faire Devora chez Ya‘aqov ? L’explication est la suivante : Rivqa avait dit à Ya‘aqov : « j’enverrai te prendre de là-bas » (supra 27, 45). Elle a envoyé Devora auprès de lui à Padan Aram pour qu’il quitte cet endroit, mais elle est morte en cours de route. Je dois cette explication à rabi Mochè Hadarchan
Au-dessous de Beith-El
La ville était sur la montagne, et elle a été enterrée au pied de la montagne
Au-dessous du chêne (haalon)
Traduction du Targoum Onqelos : « au bas de la plaine ». La plaine se trouvait en hauteur, au-dessus de la déclivité de la montagne, et la tombe en bas. Et l’on appelait alon la plaine de Beith-El. La hagada indique que Ya‘aqov a reçu à cet endroit la nouvelle d’un autre deuil, celui de sa mère (Beréchith raba 81, 5), le mot grec allon signifiant « un deuil ». Si le texte a dissimulé la date de sa mort, c’est pour qu’on n’en vienne pas à maudire « le ventre qui a donné le jour » à ‘Essaw. Voilà pourquoi il n’en est pas fait mention (Midrach tan‘houma Ki tétsé 4)
35,9
Dieu apparut de nouveau à Jacob, à son retour du territoire d'Aram et il le bénit.
Encore
Pour la seconde fois à cet endroit. Il lui était apparu une première fois à l’aller, Il lui apparaît une seconde fois à son retour
Il le bénit
De la bénédiction des personnes en deuil (Beréchith raba 81, 5. Voir Rachi supra 25, 11)
35,10
Dieu lui dit: "Tu te nommes Jacob; mais ton nom, désormais, ne sera plus Jacob, ton nom sera Israël"; il lui donna ainsi le nom d'Israël"
Ton nom ne sera plus appelé Ya‘aqov
A ce nom, qui désigne quelqu’un aux aguets pour prendre autrui par surprise (‘iqva), se substituera Israël, qui signifie « prince » et « chef »
35,11
Et Dieu lui dit: "Je suis le Dieu tout puissant: tu vas croître et multiplier! Un peuple, un essaim de peuples naîtra de toi et des rois sortiront de tes entrailles.
Je suis Qél Chaqaï [écrit avec un daleth à la place du qof]
Il est en mon pouvoir (daï) de bénir, car c’est à moi qu’appartiennent les bénédictions
Fructifie et multiplie
Allusion à Binyamin qui n’était pas encore né, mais dont la mère était déjà enceinte (Beréchith raba 82, 4)
Un peuple
A savoir Binyamin
Une assemblée de peuples
Allusion à Menachè et Efrayim (ibid.) qui seront issus de Yossef et qui formeront deux tribus
Et des rois
Chaoul et Ich Bocheth (ibid.), qui seront issus de la tribu de Binyamin et qui n’étaient pas encore nés. C’est de cette façon qu’Abner a interprété ce verset lorsqu’il a fait monter Ich Bocheth sur le trône royal. Telle a été aussi l’interprétation des tribus d’Israël, qui se sont alors rapprochées de celle de Binyamin. Il est en effet écrit : « Que nul parmi nous ne donne à Binyamin sa fille pour femme ! » (Choftim 21, 1). Mais les tribus ont ensuite changé d’avis et se sont dit : « Si Binyamin avait dû disparaître du nombre des tribus, le Saint béni soit-Il n’aurait pas dit à Ya‘aqov : “et des rois sortiront de tes entrailles” ! ». [Or, elle n’a encore donné aucun roi. On ne peut donc pas l’exterminer.
Un peuple
Binyamin donnera naissance à des peuples dont le nombre sera le même que celui des « peuples », c’est-à-dire des soixante-dix nations (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 30). De même le Sanhèdrin comptera soixante-dix membres. Autre explication : Ses descendants offriront un jour des sacrifices sur des hauts-lieux interdits, comme toutes les nations à l’époque de Eliyahou le prophète (Beréchith raba 82, 5)
35,12
Et le pays que j'ai accordé à Abraham et à Isaac, je te l'accorde et à ta postérité après toi je donnerai ce pays."
35,13
Le Seigneur disparut d'auprès de lui, dans le lieu où il lui avait parlé.
35,14
Jacob érigea un monument dans l'endroit où il lui avait parlé, un monument de pierre; il fit couler dessus une libation et y répandit de l'huile.
A l’endroit où Il lui avait parlé
Je ne sais pas ce que ce texte veut nous apprendre
35,15
Et Jacob nomma cet endroit, où le Seigneur s'était entretenu avec lui, Béthel.
35,16
Ils partirent de Béthel; il y avait encore une kibra de pays pour arriver à Éfrath lorsque Rachel enfata et son enfantement fut pénible.
Une kivra de pays
Le grammairien Mena‘hem explique le mot kivra comme se rattachant à kabir : « puissant », « abondant », « une grande distance ». Selon le midrach (Beréchith raba 82, 7), on était à une époque où le sol était percé et garni de trous comme une passoire (kevara) (voir Rachi infra 48, 7). Les labours étaient terminés, l’hiver était passé et il ne faisait pas encore chaud. Mais cette explication ne correspond pas au sens littéral. Nous trouvons en effet, à propos de Na’aman : « il s’en est allé à une certaine distance (kivrath èrets) » (II Melakhim 5, 19). Il s’agit, à mon avis, d’une mesure de longueur, comme la longueur d’une parsa ou davantage, de la même manière que l’on parle d’un « arpent (tsèmèd) de vigne » (Yecha’ya 5, 10) ou de la « portion (‘helqath) de champ » (supra 33, 19), [où il s’agit chaque fois d’une unité de mesure]. De même pour la distance que peut parcourir un homme, on emploie l’expression kivrath èrets
35,17
Comme elle était en proie aux douleurs de cet enfantement, la sage femme lui dit: "Ne sois pas inquiète, car c'est encore un fils qui t'arrive."
Car tu as ici encore
En plus de Yossef. Nos maîtres du midrach expliquent qu’avec chaque fils de Ya‘aqov était né une sœur jumelle. Avec Binyamin est née une jumelle de plus (Beréchith raba 82, 8)
35,18
Or, au moment de rendre l'âme, car elle mourut, elle le nomma Ben-Oni; mais son père l'appela Benjamin.
Ben-Oni
Fils de ma souffrance (Beréchith raba 82, 9)
Binyamin
Ce nom, à mon avis, est dû au fait qu’il est le seul à avoir vu le jour en Kena‘an, région située au sud (yemin) pour celui qui vient de Aram Naharayim, ainsi qu’il est écrit : « au sud, dans le pays de Kena‘an » (Bamidbar 33, 40), « allant et se déplaçant vers le sud » (supra 12, 9). Binyamin – fils du sud : Même sens que dans : « nord et sud (weyamin), c’est toi qui les a créés » (Tehilim 89, 13). C’est pourquoi le mot est écrit de toutes les lettres qui le composent, avec un yod entre le mèm et le noun. Autre explication du nom Binyamin : « fils des vieux jours (yamim) », à cela près qu’il est écrit avec un noun au lieu d’un mèm, comme dans : « le terme des jours (hayamin) » (Daniel 12, 13)
Binyamin
Fils du sud : Même sens que dans : « nord et sud (weyamin), c’est toi qui les a créés » (Tehilim 89, 13). C’est pourquoi le mot est écrit de toutes les lettres qui le composent, avec un yod entre le mèm et le noun. Autre explication du nom Binyamin : « fils des vieux jours (yamim) », à cela près qu’il est écrit avec un noun au lieu d’un mèm, comme dans : « le terme des jours (hayamin) » (Daniel 12, 13)
35,19
Rachel mourut donc et fut ensevelie sur le chemin d'Éfrath, qui est Bethléem.
35,20
Jacob éleva un monument sur sa tombe: c'est le monument du Tombeau de Rachel, qui subsiste encore aujourd'hui.
35,21
Israël partit et dressa sa tente au delà de Migdal Éder.
35,22
Il arriva, tandis qu'Israël résidait dans cette contrée que Ruben alla cohabiter avec Bilha, concubine de son père, Israël en fut instruit. Or, les fils de Jacob furent douze.
Tandis qu’Israël résidait dans ce pays-là
Cet épisode se situe avant son arrivée à ‘Hèvron chez Yits‘haq, [en punition pour ne s’y être pas rendu aussitôt]
Il alla
Parce qu’il avait mis le désordre dans la couche de son père, le texte lui tient rigueur de la même manière que s’il avait effectivement cohabité. Et pourquoi l’a-t-il fait et a-t-il profané la couche de son père ? Après la mort de Ra‘hel, Ya‘aqov a pris sa couche qui se trouvait constamment dans la tente de celle-ci, et non dans celles de ses autres femmes, et l’a installée dans la tente de Bilha. Est alors arrivé Reouven, qui a pris fait et cause pour sa mère en disant : « Si la sœur de ma mère a été la rivale de ma mère, faut-il que la servante de la sœur de ma mère soit aussi la rivale de ma mère ? » C’est alors qu’il s’est levé et a déplacé sa couche (Chabath 55b)
Les fils de Ya’aqov furent douze
On revient au premier sujet. La naissance de Binyamin a parachevé le nombre des tribus. On peut donc les compter, et c’est ce que va faire le texte. Nos maîtres ont expliqué que le texte vient nous enseigner qu’ils étaient tous égaux et qu’ils étaient tous des justes, Reouven n’ayant pas péché (ibid.)
35,23
Fils de Léa: le premier né de Jacob, Ruben; puis Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon.
Le premier-né de Ya’aqov
On continue, même en cette sombre circonstance, de lui donner le titre de premier-né (Beréchith raba 82, 11)
Le premier-né de Ya’aqov
Premier-né quant à l’héritage, premier-né quant au culte, premier-né quant au décompte. Yossef n’a reçu un droit d’aînesse qu’en ce qui concerne le nombre de tribus, puisqu’il en a constitué deux (Baba Batra 123a)
35,24
Fils de Rachel: Joseph et Benjamin.
35,25
Fils de Bilha, l'esclave de Rachel: Dan et Nephtali;
35,26
et fils de Zilpa, l'esclave de Léa: Gad et Aser. Tels sont les fils de Jacob, qui lui naquirent dans le territoire d'Aram.
35,27
Jacob arriva chez Isaac son père, à Mamré, la cité d'Arba, autrement Hébron, où demeurèrent Abraham et Isaac.
Mamré
C’est le nom de la plaine
La cité d’Arba’
C’est le nom de la ville. « Mamré, la cité d’Arba’ » signifie par conséquent : « la plaine de la cité d’Arba’ ». Sans doute objectera-t-on qu’il aurait fallu écrire : haqiryath arba’ (« la cité d’Arba’ »), et non : qiryath haarba’ (« cité de la Arba’ ») [en plaçant l’article défini en tête de l’expression]. C’est cependant ainsi que procède le texte lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un nom composé, ou comme dans : Beith-El, Avi ‘Ezèr, Beith-Lè’hem : Lorsqu’il est nécessaire d’employer un article, il le place en tête du second mot, comme dans : « habitant de Beith-Lè’hem (beith hala‘hmi) » (I Chemouel 16, 1), « à Ofra de Avi ‘Ezri (avi ha’ezri) » (Choftim 6, 24), « ‘Hiel de Beith-El (beith haèli) » (I Melakhim 16, 34)
35,28
Les jours d'Isaac ayant été de cent quatre vingts ans,
35,29
il défaillit et mourut et rejoignit ses pères, âgé et rassasié de jours. Ésaü et Jacob, ses fils, l'ensevelirent.
Yits‘haq expira
La Tora ne respecte pas toujours l’ordre chronologique (Pessa‘him 6b). Yossef a été vendu douze ans avant la mort de Yits‘haq. Celui-ci avait en effet soixante ans à la naissance de Ya‘aqov, ainsi qu’il est écrit : « et Yits‘haq avait soixante ans lors de leur engendrement » (supra 25, 26). Ya‘aqov était âgé de cent vingt ans à la mort de son père : Si l’on soustrait soixante de cent quatre-vingts – âge qu’avait Yits‘haq à sa mort – il reste cent vingt. Yossef avait dix-sept ans lorsqu’il a été vendu, et son père en avait alors cent-huit. Comment parvient-on à ce nombre ? Ya‘aqov avait soixante-trois ans lorsqu’il a été béni par son père (Meguila 17a. Voir Rachi supra 28, 9). Il s’est ensuite caché quatorze années durant dans la maison de ‘Evèr (voir Rachi supra 25, 17), ce qui fait soixante-dix-sept ans. Puis il a travaillé pendant quatorze ans pour pouvoir épouser Léa et Ra‘hel. C’est à l’expiration de ces quatorze années qu’est né Yossef, ainsi qu’il est écrit : « Ce fut, lorsque Ra‘hel eut engendré Yossef, que Ya’aqov dit à Lavan : Renvoie-moi, et j’irai vers mon endroit et vers mon pays » (supra 30, 25). D’où un total de quatre-vingt-onze ans. Si l’on ajoute les dix-sept ans qu’avait Yossef lorsqu’il a été vendu (infra 37, 2), on arrive à un total de cent huit ans. Il résulte d’ailleurs clairement du texte qu’il s’est écoulé vingt-deux ans entre la vente de Yossef et l’arrivée de Ya‘aqov en Egypte. Il est indiqué à ce sujet que Yossef avait trente ans quand il est apparu devant Pharaon (infra 41, 46). Si l’on déduit les sept années d’abondance et les deux années de famine [qui ont précédé la venue de Ya‘aqov (voir infra 40, 6)], il reste vingt-deux ans. Or, il est indiqué que Ya‘aqov, à son arrivée en Egypte, a déclaré à Pharaon qu’il était âgé de cent trente ans (infra 47, 9). D’où il résulte également, [par cette autre méthode de calcul], que Ya‘aqov avait cent huit ans lors de la vente de Yossef
36,1
Ceci est la lignée d'Ésaü, le même qu'Édom.
36,2
Ésaü choisit ses femmes parmi les filles de Canaan: Ada, fille d'Élôn le Héthéen et Oholibama, fille de Ana, fille de Cibôn le Hévéen;
‘Ada
C’est la même personne que Bassemath, fille de Eilon le ‘Hiti (voir supra 26, 34). On l’a appelée Bassemath parce qu’elle faisait brûler des parfums (bessamim) en l’honneur des idoles
Ahalivama
C’est la même personne que Yehoudith. ‘Essaw l’avait appelée Yehoudith pour faire croire qu’elle avait abjuré l’idolâtrie et pour induire ainsi son père en erreur
Fille de ‘Ana
Dès lors qu’elle est fille de ‘Ana, elle ne peut être fille de Tsiv‘on ! ‘Ana était le fils de Tsiv‘on, ainsi qu’il est écrit : « et ceux-ci sont les fils de Tsiv‘on : Weaya et ‘Ana » (verset 24). Tsiv‘on avait eu des rapports avec sa belle-fille, la femme de ‘Ana, de sorte que Ahalivama est née « des deux ». Le texte nous apprend ici qu’ils étaient tous issus de relations incestueuses (Midrach tan‘houma Wayéchèv 1)
36,3
puis Basemath, fille d'Ismaël, sœur de Nebaïoth.
Bassemath
Et on l’appelle ailleurs (supra 28, 9) Ma‘halath ! On trouve dans le midrach sur le livre de Chemouel (chapitre 17) qu’il existe trois catégories de personnes dont les péchés sont pardonnés : le païen qui se convertit, celui qui est jugé digne d’accéder à une position élevée et celui qui se marie. Et c’est d’ici que l’on déduit le troisième cas : elle a été appelée Ma‘halath parce que, lorsqu’elle s’est mariée [avec ‘Essaw], ses péchés lui ont été pardonnés (nim‘halou)
Sœur de Nevayoth
C’est Nevayoth qui avait donné sa sœur en mariage après la mort de Yichma‘el (voir Rachi supra 28, 9). D’où l’appellation : « sœur de Nevayoth » (Meguila 16a)
36,4
Ada enfanta à Ésaü Élifaz; Basemath enfanta Reouel;
36,5
et Oholibama enfanta Yeouch, Yâlam et Korah. Tels sont les fils d'Ésaü, qui lui naquirent au pays de Canaan.
Et Ahalivama engendra...
Son troisième fils Qora‘h était un bâtard (Beréchith raba 82, 12). Il était le fils de Elifaz, qui avait pris la femme de son père, à savoir Ahalivama la femme de ‘Essaw. Il est en effet compté, à la fin du chapitre (verset 16) parmi les « chefs » de Elifaz
36,6
Ésaü prit ses femmes, ses fils, ses filles et tous les gens de sa maison; ses troupeaux, toutes ses bêtes et tout le bien qu'il avait acquis au pays de Canaan et il émigra vers une autre terre, à cause de son frère Jacob.
Il alla vers une autre terre
Pour s’installer là où il pourrait
36,7
Car leurs possessions étaient trop nombreuses pour qu'ils pussent habiter en commun; et le lieu de leur séjour ne pouvait les contenir, à cause de leurs troupeaux.
Et la terre où ils séjournaient ne pouvait pas
Satisfaire aux besoins de leurs troupeaux en pâturages. Explication du midrach (Beréchith raba 82, 13) : « A cause de son frère Ya’aqov » (verset 6) – à cause de l’obligation inscrite dans le décret divin : « ta descendance sera étrangère » (supra 15, 13), obligation qui allait s’imposer aux descendants de Yits‘haq. ‘Essaw s’est dit : « Je n’ai plus qu’à quitter ce pays ! Je n’ai de part, ni dans le don qui lui a été fait de ce pays, ni dans l’exécution de l’obligation ». Il avait honte, en outre, d’avoir vendu son droit d’aînesse
36,8
Ésaü se fixa donc sur la montagne de Séir. Ésaü, c'est Édom.
36,9
Or, voici les générations d'Ésaü, père des Édomites, sur la montagne de Séir.
Et celles-ci
Ses descendants venus au monde après son départ pour Sé’ir, [ceux qui étaient nés en Kena‘an étant énumérés aux versets 1 à 5 (voir verset 5)]
36,10
Voici les noms des fils d'Ésaü: Élifaz, fils de Ada, épouse d'Ésaü; Reouél, fils de Basemath, épouse d'Ésaü.
36,11
Les fils d'Élifaz furent:
36,12
Têman, Omar, Cefo, Gàtam et Kenaz. Timna devint concubine d'Élifaz, fils d'Ésaü; elle lui enfanta Amalec. Tels sont les enfants de Ada, épouse d'Ésaü.
Et Timna’ était concubine
Ces mots, écrits à l’éloge de la grandeur d’Avraham, ont pour objet de montrer le nombre de ceux qui auraient voulu s’allier à sa famille. Timna’ était de souche royale, ainsi qu’il est écrit : « la sœur de Lotan Timna’ » (verset 22), et Lotan faisait partie des « chefs » demeurant à Sé’ir. Il descendait des ‘Hori, qui y habitaient autrefois. Elle a dit [à Elifaz] : « Si je ne mérite pas de devenir ton épouse, laisse-moi au moins devenir ta concubine ! » Le livre des Chroniques (I Divrei haYamim 1, 36) la compte au nombre des enfants de Elifaz. Cela nous apprend que Elifaz a eu des rapports avec la femme de Sé’ir et qu’ils ont donné naissance à Timna’. Devenue grande, elle a été sa concubine. C’est pourquoi il est écrit : « la sœur de Lotan était Timna’ » : On ne la compte pas parmi les enfants de Sé’ir, puisqu’elle était sa sœur par sa mère et non par son père (Midrach tan‘houma Wayéchèv 1)
36,13
Et ceux ci furent les fils de Reouél: Nahath, Zérah, Chamma et Mizza. Tels furent les enfants de Basemath, épouse d'Ésaü.
36,14
Et ceux-ci furent les fils d'Oholibama, fille de Ana, fille de Cibôn, épouse d'Ésaü: elle enfanta à Ésaü Yeouch, Yâlam et Korah.
36,15
Suivent les chefs de famille des enfants d'Ésaü. Fils d'Élifaz, premier né d'Ésaü: le chef Témàn, le chef Omar, le chef Cefo, le chef Kenaz;
Ceux-ci sont les chefs des fils de ‘Essaw
Les chefs de familles
36,16
le chef Korah, le chef Gatam, le chef Amalec. Tels sont les chefs issus d'Élifaz, dans le pays d'Édom; ceux là sont les fils de Ada.
36,17
Et ceux-ci sont les fils de Reouél, fils d'Ésaü: le chef Nahath, le chef Zérah, le chef Chamma, le chef Mizza. Tels sont les chefs issus de Reouél, dans le pays d'Édom: ceux là sont les descendants de Basemath épouse d'Ésaü.
36,18
Et ceux-ci sont les fils d’Oholibama, épouse d'Ésaü: le chef Yeouch, le chef Yâlam, le chef Korah. Tels sont les chefs d’Oholibama, fille de Ana, épouse d'Ésaü.
36,19
Ce sont là les enfants d Ésaü, ce sont là leurs chefs de famille c'est là Édom.
36,20
Ceux-ci sont les enfants de Séir, les Horéens, premiers habitants du pays: Lotân, Chobal, Cibôn, Ana;
Habitants du pays
Ils y habitaient avant l’arrivée de ‘Essaw. Explication du midrach (Chabath 85a) : Ils étaient experts en tout ce qui concerne l’exploitation de la terre, et ils pouvaient dire : « Ce lopin-ci est approprié pour les olives, celui-là pour la vigne ». Il leur suffisait de goûter le terreau pour déterminer la culture adéquate
36,21
Dichôn, Écer et Dichân. Tels sont les chefs des Horéens, fils de Séir, dans le pays d'Édom.
36,22
Les fils de Lotân furent Hori et Hémam; et la sœur de Lotân, Timna.
36,23
Voici les enfants de Chobal: Alevân, Manahath, Ébal, Chefo et Onam.
36,24
Voici les enfants de Cibôn: Veayya et Ana, le même Ana qui trouva les yémîm dans le désert, lorsqu'il menait paître les ânes de Cibôn son père.
Weaya et ‘Ana
Le waw placé en tête de Weaya est en trop, comme s’il était écrit : Ayya et ‘Ana. On trouve dans le texte de nombreux exemples similaires, comme dans : « abandonner “et” le sanctuaire (weqodèch) et l’armée pour être foulés aux pieds » (Daniel 8, 13), « tombés en sommeil “et” le cavalier (werèkhèv) et le cheval » (Tehilim 76, 7)
C’est le même ‘Ana
Dont il est question plus haut (verset 20), où il est présenté comme le frère de Tsiv‘on, tandis qu’il est donné ici comme son fils. Il était né, en fait, de l’union de Tsiv‘on et de sa propre mère (Pessa‘him 54a)
Yémim
Ce sont des mulets (ibid.). Il avait croisé âne et jument, produisant ainsi un mulet. Bâtard lui-même, il a fait venir au monde des créatures abâtardies. Et pourquoi les appelle-t-on yémim ? Parce qu’ils inspirent la crainte (eima) aux créatures. Comme l’a enseigné rabi ‘Hanina (‘Houlin 7b) : « Je n’ai jamais été consulté par quelqu’un ayant reçu un coup porté par une mule blanche et qui en ait réchappé ». Et nous en voyons pourtant qui restent en vie ! Il ne faut donc pas lire we‘haya (« et qui en ait réchappé »), mais we‘hayetha (« et il en a guéri »), car une telle blessure ne guérit jamais (‘Houlin 7b). Et si la Tora a estimé devoir retracer ainsi la généalogie des ‘Hori, c’est pour aboutir à Timna’ et faire l’éloge de la grandeur d’Avraham, ainsi que je l’ai expliqué plus haut (verset 12)
36,25
Voici les enfants de Ana: Dichôn et Oholibama, fille de Ana.
36,26
Voici les fils de Dichôn: Hemdân, Échbân, Yithrân et Kerân.
36,27
Voici les fils d'Ecer : Bilhân, Zaavân et Akân.
36,28
Fils de Dichân: Ouç et Arân.
36,29
Suivent les chefs de famille des Hôréens: le chef Lotân, le chef Chobal, le chef Cibôn, le chef Ana;
36,30
le chef Dichôn, le chef Écer, le chef Dichân. Tels étaient les chefs des Horéens, selon leurs familles, dans le pays de Séir.
36,31
Ce sont ici les rois qui régnèrent dans le pays d'Édom, avant qu'un roi régnât sur les enfants d'Israël.
Et ceux-ci sont les rois...
Ils ont été au nombre de huit, soit autant que ceux qui seront issus de Ya‘aqov et qui triompheront à leur époque de la puissance de ‘Essaw (Beréchith raba 83, 2), à savoir : Chaoul, Ich Bocheth, Dawid, Chelomo, Ra‘hav’am, Aviya, Assa et Yehochafat. De Yoram, fils de ce dernier, il est écrit : « De son temps, Edom s’affranchit de la domination de Yehouda et se donna un roi » (II Melakhim 8, 20), tandis qu’à l’époque de Yehochafat il est écrit : « Il n’y avait pas de roi en Edom, un gouverneur était roi » (I Melakhim 22, 48)
36,32
En Édom régna d'abord Béla, fils de Beor; le nom de sa ville natale: Dinhaba.
36,33
Béla étant mort, à sa place régna Yobab, fils de Zérah, de Boçra.
Yovav
C’est une de villes de Moav, ainsi qu’il est écrit : « sur Qerioth et sur Botsra, et sur toutes les villes du pays de Moav » (Yirmeya 48, 24). Et c’est parce qu’elle avait donné un roi à Edom qu’elle sera frappée avec les Edomites, ainsi qu’il est écrit (Yecha’ya 34, 6) : « il y a à Botsra un sacrifice en l’honneur de Hachem et un grand égorgement dans le pays d’Edom » (Beréchith raba 83, 3)
36,34
Yobab étant mort, à sa place régna Houcham, du pays des Témanites.
36,35
Houcham mort, à sa place régna Hadad, fils de Bedad, qui défit Madian dans la campagne de Moab. Le nom de sa ville: Avith.
Qui frappa Midyan dans les champs de Moav
Midyan avait déclaré la guerre à Moav, et le roi d’Edom s’était porté au secours de Moav. Nous apprenons d’ici que Midyan et Moav étaient ennemis, mais ils feront la paix à l’époque de Bil’am pour s’allier contre Israël (Sifri Matoth 157. Voir Rachi sur Bamidbar 22, 4)
36,36
Hadad mort, à sa place régna Samla, de Masréka.
36,37
Samla mort, à sa place régna Chaoul, de Rehoboth sur le Fleuve.
36,38
Chaoul mort, à sa place régna Baal Hanân, fils d'Akbor.
36,39
Baal Hanân, fils d'Akbor, étant mort, à sa place régna Hadar, dont la ville avait nom Pâou et dont la femme était Mehétabel, fille de Matred, fille de Mé Zahab.
Fille de Mé Zahav
Il disait : Mahou zahav (« quelle valeur l’or possède-t-il ? »). Il était si riche que l’or ne comptait pour rien à ses yeux (Beréchith raba 83, 4)
36,40
Voici maintenant les noms des chefs d'Ésaü, selon leurs familles, leurs résidences, leur titre: le chef Timna, le chef Aleva, le chef Yethéth;
Et ceux-ci sont les noms des chefs de ‘Essaw
Ils portaient le nom de leur province, après la mort de Hadar, dernier roi de la dynastie. Les premiers [énumérés aux versets 15 et suivants] sont appelés d’après leur généalogie : « Untel fils d’untel ». C’est ce que précise le livre des Chroniques : « Hadar mourut, et ce furent les chefs d’Edom : le chef Timna’... » (I Divrei haYamim 1, 51)
36,41
le chef Oholibama, le chef Éla, le chef Pinôn;
36,42
le chef Kenaz, le chef Témân, le chef Mibçar;
36,43
le chef Magdiel, le chef Iram. Tels sont les chefs d’Édom, selon leurs résidences dans le pays qu’ils occupaient; tel fut Ésaü, le père d’Édom.