La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans; telle fut la durée de sa vie.
La vie de Sara fut de cent ans et vingt ans et sept ans
Pourquoi le mot « an » est-il répété à trois reprises ? C’est pour te dire que chaque nombre exige une explication : à cent ans, elle était comme à vingt, sans péché. De même qu’elle était sans péché à vingt ans, parce qu’irresponsable de ses actes, de même l’était-elle à cent ans. Et à vingt ans, elle était aussi belle qu’à sept (Beréchith raba 58)
Les années de la vie de Sara
Toutes égales pour le bien
23,2
Sara mourut à Kiryath-Arba, qui est Hébron, dans le pays de Canaan; Abraham y vint pour dire sur Sara les paroles funèbres et pour la pleurer.
A Qiryath Arba’
Du nom des quatre géants qui s’y trouvaient : A‘himan, Chéchaï, Talmaï et leur père (Bamidbar 13, 22). Autre explication : du nom des quatre couples qui y seront enterrés, mari et femme : Adam et ‘Hawa, Avraham et Sara, Yits‘haq et Rivqa, Ya’aqov et Léa (Beréchith raba 58, 4)
Avraham vint
De Beér Chèva’
Pour dire sur Sara les paroles funèbres et pour la pleurer
Le récit de la mort de Sara fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Yits‘haq. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32)
23,3
Abraham, ayant rendu ce devoir à son mort alla parler aux enfants de Heth en ces termes:
23,4
"Je ne suis qu'un étranger domicilié parmi vous: accordez-moi la propriété d'une sépulture au milieu de vous, que j'ensevelisse ce mort qui est devant moi."
Je suis étranger et habitant parmi vous
Un étranger venu d’un autre pays, et je me suis installé parmi vous. Le midrach explique (Beréchith raba 58, 6) : Si vous me la vendez de bonne grâce, je me considérerai comme un étranger [et donc vous la paierai]. Sinon je serai un « habitant » parmi vous, et je prendrai la sépulture de mon plein droit, car le Saint béni soit-Il m’a dit : « je donnerai ce pays à ta descendance » (supra 12, 7)
La possession d’une sépulture
La possession d’un terrain pour en faire une sépulture
23,5
Les enfants de Heth répondirent à Abraham en lui disant:
23,6
"Écoute-nous, seigneur! Tu es un dignitaire de Dieu au milieu de nous, dans la meilleure de nos tombes ensevelis ton mort. Nul d’entre nous ne te refusera sa tombe pour inhumer ton mort."
Ne refusera (lo yikhlè)
Ne refusera, comme dans : « toi non plus, ne me refuse pas (lo tikhla) ta clémence » (Tehilim 40, 12), ou dans : « la pluie fut retenue (wayikalé) » (supra 8, 2)
23,7
Abraham s'avança et se prosterna devant le peuple du pays, devant les enfants de Heth,
23,8
et il leur parla ainsi: "Si vous trouvez bon que j'ensevelisse ce mort qui est devant moi, écoutez-moi: priez en ma faveur Éfron, fils de Cohar,
Votre âme
Votre bon vouloir
Et rencontrez (oufig‘ou) pour moi
C’est une requête, comme dans : « n’insiste pas (al tifgue‘i) auprès de moi » (Routh 1, 16)
23,9
pour qu'il me cède le caveau de Makpéla qui est à lui, qui se trouve au bout de son champ; qu'il me le cède pour argent comptant, comme propriété tumulaire au milieu de vous."
De Makhpéla (littéralement : « double »)
Le sol et l’étage au-dessus. Autre explication : double par les couples qui y seront inhumés (‘Erouvin 53a)
Pour argent plein
Plein pour sa valeur entière. Comme l’a dit Dawid à Ornan : « Pour argent plein » (I Divrei haYamim 21, 22)
23,10
Éfron siégeait parmi les enfants de Heth. Éfron le Héthéen répondit à Abraham en présence des enfants de Heth, de tous ceux qui étaient venus à la porte de sa ville et dit:
Et ‘Efron siégeait
Le mot yochév (« siégeait ») est écrit sans waw, [comme pour pouvoir être lu : yachav (« il a commencé de siéger »)]. On l’avait, ce jour-là, institué dignitaire de la cité, et il devait cette promotion à Avraham qui allait avoir besoin de lui et qui y a ainsi contribué (Beréchith raba 58, 7)
Devant tous ceux qui venaient à la porte de sa ville
Ils avaient tous interrompu leur travail afin de venir rendre hommage à Sara
23,11
"Non, seigneur, écoute-moi, le champ, je te le donne; le caveau qui s'y trouve, je te le donne également; à la face de mes concitoyens je t'en fais don, ensevelis ton mort."
Non
Tu ne l’achèteras pas à prix d’argent
Je te le donne (nathati – littéralement : « je te l’ai donné »)
C’est comme si je te l’avais déjà donné
23,12
Abraham se prosterna devant le peuple du pays
23,13
et parla ainsi à Éfron en présence du peuple du pays: "Ah! s'il te plaît, écoute-moi: j'offre le prix de ce champ, accepte-le, que j'y puisse enterrer mon mort."
Si pourtant tu voulais bien m’écouter
Tu me dis de t’écouter et de le prendre gratuitement. Moi, je ne veux pas de cela. Tout ce que je demande, c’est que tu m’écoutes
J’ai donné
En français : « donné » [au passé]. Pour moi, c’est comme si c’était fait. Je voudrais te l’avoir déjà donné
23,14
Éfron répondit à Abraham en lui disant:
23,15
"Seigneur, écoute-moi: une terre de quatre cents sicles d'argent, qu'est-ce que cela entre nous deux? Enterres-y ton mort."
Entre moi et entre toi
Entre deux amis comme nous, quelle importance ? Aucune ! Laisse donc la vente et « enterre ton mort »
23,16
Abraham écouta Éfron et lui compta le prix qu'il avait énoncé en présence des enfants de Heth: quatre cents sicles d'argent, en monnaie courante.
Avraham pesa à ‘Efron
Il manque un waw à ‘Efron, parce qu’il avait beaucoup parlé pour ne finalement rien faire (Baba Metsi‘a 87a, Beréchith raba 58, 7). Il a pris à Avraham des grands chèqel qui sont des centeniers, ainsi qu’il est écrit : « en monnaie courante chez le marchand ». Ils sont acceptés comme chèqel en tous lieux. Il y a des endroits où les chèqel sont grands, ce sont les qantarim, en français médiéval : des « centeniers » (voir Routh raba 7)
23,17
Ainsi fut dévolu le champ d'Éfron situé à Makpéla, en face de Mamré; ce champ, avec son caveau, avec les arbres qui le couvraient dans toute son étendue à la ronde,
Ainsi fut dévolu (wayaqam – littéralement : « s’éleva ») le champ de ‘Efron
Cette vente a constitué une « élévation » pour le champ, parce qu’il est sorti de la possession d’un homme ordinaire pour entrer dans celle d’un roi (Beréchith raba 58, 8). Et voici le sens simple du verset : « le champ, et le caveau qui s’y trouvait, et tous les arbres » sont devenus « l’acquisition d’Avraham », [le verset 17 ne pouvant être lu séparément du verset 18]
23,18
à Abraham, comme acquisition, en présence des enfants de Heth, de tous ceux qui étaient venus à la porte de la ville.
Devant tous ceux qui venaient à la porte de sa ville
Au milieu de tous et tous étant rassemblés, il lui en a transféré le droit de propriété
23,19
Alors Abraham ensevelit Sara, son épouse, dans le caveau du champ de Makpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan.
23,20
Le champ, avec le caveau qui s'y trouve, fut ainsi adjugé à Abraham, comme possession tumulaire, par les enfants de Heth.
24,1
Or Abraham était vieux, avancé dans la vie; et l'Éternel avait béni Abraham en toutes choses.
Et Hachem avait béni Avraham en tout
La guematria (valeur numérique des lettres) de bakol (« en tout ») est la même que celle du mot ben (« fils »). Etant donné que Dieu l’avait béni en lui donnant un fils, il fallait à présent qu’il lui fasse prendre femme
24,2
Abraham dit au serviteur le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement de tous ses biens: "Mets, je te prie, ta main sous ma hanche,
Le plus ancien (zeqan) de sa maison
Le mot zaqen est ici à l’état construit. Aussi est-il ponctué zeqan, avec un pata‘h sous le qof
Sous ma hanche
Parce que celui qui prête serment doit tenir en main un objet servant à une mitswa, comme un rouleau de la Tora ou des tefilin (Chevou‘oth 38b, Beréchith raba 59, 8). Etant donné que la circoncision a été la première mitswa qu’a observée Avraham et qu’elle s’est accompagnée de souffrance, elle lui était d’autant plus chère. C’est donc elle qu’il a utilisée
24,3
pour que je t'adjure par l'Éternel, Dieu du ciel et de la terre, de ne pas choisir une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens avec lesquels je demeure,
24,4
mais bien d'aller dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils, à Isaac."
24,5
Le serviteur lui dit: "peut-être cette femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci: devrai-je ramener ton fils dans le pays que tu as quitté?"
24,6
Abraham lui répondit: "Garde toi d’y ramener mon fils!
24,7
L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a retiré de la maison de mon père et du pays de ma naissance; qui m’a promis, qui m’a juré en disant: "Je donnerai cette terre-ci à ta race", lui, il te fera précéder par son envoyé et tu prendras là-bas une femme pour mon fils.
Hachem
Il n’ajoute pas les mots : « et Eloqim de la terre », contrairement au verset 3 où il a dit : « et je te ferai jurer par Hachem, le Eloqim des cieux et Eloqim de la terre... ». Avraham a voulu ainsi signifier la chose suivante : « Maintenant, Il est le Eloqim du ciel et de la terre, car j’ai habitué les créatures à proclamer Son nom. En revanche, lorsqu’Il m’a fait quitter la maison de mon père, Il était bien le Dieu du ciel, mais pas celui de la terre. Car les hommes ne Le connaissaient pas et Son nom n’était pas couramment répandu sur la terre » (Beréchith raba 59)
De la maison de mon père
De ‘Haran
Et du pays de mon engendrement
De Our-Kasdim
Et qui m’a parlé
Le mot li (« à moi ») veut dire : « à mon sujet », tout comme le mot ‘alaï dans : « afin que Hachem accomplisse la parole qu’Il a dite “à mon sujet” (‘alaï) » (I Melakhim 2, 4). De même, toutes les fois que le verbe dabèr est suivi de li (« à moi »), lo (« à lui ») ou lahem (« à eux »), cela veut dire : « à mon sujet », « à son sujet » ou « à leur sujet », et c’est ainsi que traduit le Targoum. Pour dire : « parler à quelqu’un », on n’emploie pas li, lo, ou lahem, mais élaï, élaw ou aléhem. En revanche, le verbe amor (« dire ») est suivi de la préposition le lorsqu’il exprime l’idée de « dire à quelqu’un »
Et qui m’a juré
Lors de l’alliance entre les morceaux (Beréchith raba 59, 10)
24,8
Que si cette femme ne consent pas à te suivre, tu seras dégagé du serment que je t'impose. Mais en aucune façon n'y ramène mon fils."
Tu seras quitte de mon serment
Et tu lui prendras une femme parmi les filles de ‘Anér, Echkol et Mamré (Qiddouchin 51a)
Seulement n’y ramène pas mon fils
Le mot raq (« seulement ») comporte un sens restrictif. Mon fils ne retournera pas, mais Ya’aqov, mon petit-fils, finira par y retourner
24,9
Le serviteur posa sa main sous la hanche d'Abraham, son maître et lui prêta serment à ce sujet.
24,10
Le serviteur prit dix chameaux parmi les chameaux de son maître et partit, chargé de ce que son maître avait de meilleur. II s'achemina vers Aram Double Fleuve, du côté de la ville de Nahor.
Parmi les chameaux de son maître
Ils se distinguaient des autres chameaux en ce qu’ils sortaient muselés pour qu’ils ne puissent voler et qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui (Beréchith raba 59, 10, Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16)
Tous les biens de son maître étant en sa main
Avraham avait rédigé au profit de Yits‘haq un acte de donation de tout ce qui lui appartenait, afin de les décider à lui envoyer leur fille (Beréchith raba 59)
Aram-Naharayim (littéralement : « Aram des deux fleuves »)
Elle était située entre deux fleuves, [l’Euphrate et le Tigre]
24,11
II fit reposer les chameaux hors de la ville, près de la fontaine; c'était vers le soir, au temps où les femmes viennent puiser de l'eau.
Il fit s’agenouiller les chameaux
Il les fit s’accroupir (Beréchith raba 59, 11)
24,12
Et il dit: "Seigneur, Dieu de mon maître Abraham! daigne me procurer aujourd'hui une rencontre et sois favorable à mon maître Abraham.
24,13
Voici, je me trouve au bord de la fontaine et les filles des habitants de la ville sortent pour puiser de l'eau.
24,14
Eh bien! la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Isaac et puissé-je reconnaître par elle que tu t'es montré favorable à mon maître!"
C’est elle que tu auras destinée
Elle sera digne de lui, car elle sera charitable, et elle méritera d’entrer dans la maison d’Avraham. Le sens du verbe est « prouver par un choix », en français médiéval : « aprover »
Et je saurai par elle
C’est une prière : « fais-moi savoir par elle »
Que tu as agi avec bonté
Si elle appartient à sa famille et si elle lui convient, « je saurai que tu as agi avec bonté »
24,15
II n'avait pas encore fini de parler, que voici venir Rébecca, la fille de Bathuel, fils de Milka, épouse de Nahor, frère d'Abraham, sa cruche sur l'épaule.
24,16
Cette jeune fille était extrêmement belle; vierge, nul homme n'avait encore approché d'elle. Elle descendit à la fontaine, emplit sa cruche et remonta.
Vierge
A l’endroit de l’hymen
Et nul homme ne l’avait connue
Par des rapports anormaux. Car les filles des peuples païens préservaient l’endroit de leur virginité et se prostituaient par un autre endroit. Le texte témoigne ici de sa parfaite pureté (Beréchith raba 60, 5)
24,17
Le serviteur courut au-devant d'elle et dit: "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau à ta cruche."
Le serviteur courut à sa rencontre
Parce qu’il avait vu que l’eau montait vers elle (Beréchith raba)
Fais-moi boire
Ce mot désigne la gorgée que l’on avale. En français : « humer »
24,18
Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire.
Elle fit abaissa sa cruche
De son épaule
24,19
Après lui avoir donné à boire, elle dit: "Pour tes chameaux aussi je veux puiser de l'eau, jusqu'à ce qu'ils aient tous bu."
Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire
La conjonction im (« si ») a ici le sens de achèr (« que »)
Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire
Le Targoum traduit par : « lorsqu’ils eurent assez », c’est-à-dire lorsqu’ils eurent bu à suffisance, ce qui est une manière de « finir de boire »
24,20
Et elle se hâta de vider sa cruche dans l'abreuvoir, courut de nouveau à la fontaine pour puiser et puisa ainsi pour tous les chameaux.
Elle vida
Dans le sens de « verser ». Ce mot est souvent employé dans le langage de la michna, comme dans : « celui qui vide d’un récipient dans un autre » (‘Avoda Zara 72a), ainsi que dans le texte biblique, comme dans : « ne vide pas mon âme » (Tehilim 141, 8), ou dans : « parce qu’il a vidé (dans le sens de : « abandonner ») son âme à la mort » (Yecha’ya 53, 12)
L’abreuvoir
Une pierre creuse dans laquelle boivent les chameaux
24,21
Et cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si l'Éternel avait béni son voyage ou non.
Etonné (michtaé)
Ce mot exprime la stupéfaction, comme dans : « dans les villes désolées... la terre sera stupéfaite (tichaè) de désolation » (Yecha’ya 6, 11)
Etonné (michtaé
Il était stupéfait et interdit de voir sa parole sur le point de se réaliser. Mais il ne savait pas si elle appartenait ou non à la famille d’Avraham. Le mot michtaé est la forme hithpa’él de la racine chao. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de la présence de la lettre taw. En effet, lorsque l’on conjugue au hithpa‘él un verbe dont la première lettre du radical est un chin, le taw caractéristique de ce mode vient s’insérer entre les deux premières lettres de ce radical. Exemples : michtolél, [de la racine chalol], hichtomém, [de la racine chamom], ou encore : « les lois de ‘Omri seront observées (wiyichtammér, de la racine chamor) » (Mikha 6, 16). Ici aussi, michtaé est de la même racine que tichaè. Et de même que l’on trouve le mot mechoumam (de la racine chamom) appliqué à un homme frappé d’étonnement, restant muet et plongé dans ses pensées, comme dans : « ceux qui viendront après lui seront frappés de stupeur (nachammou) » (Iyov 18, 20), ou dans : « cieux, soyez stupéfaits (chommou) » (Yirmeya 2, 12), ou dans : « il est resté pendant environ une heure plongé dans la stupeur (èchtomam) » (Daniel 4, 16), de même peut-on interpréter le mot michtaé comme s’appliquant à un homme frappé d’étonnement et plongé dans ses pensées. Et le Targoum Onqelos fait dériver ce mot de la racine chaho (« attendre ») : « il restait là sur place, attendant de voir si Hachem avait fait réussir son entreprise ». Il ne faut pas, en tous cas, le traduire par « boire » (chato), car ce serait un contresens, et la présence du alèf ne s’expliquerait pas
Etonné à son sujet
Comme dans : « dis de moi : il est mon frère » (supra 20, 13). De même : « les hommes de l’endroit demandèrent au sujet de sa femme » (infra 26, 7), [où la préposition constituée par la lettre lamèd a le sens de « au sujet de »]
24,22
Lorsque les chameaux eurent fini de boire, cet homme prit une boucle en or, du poids d'un béka et deux bracelets pour ses bras, du poids de dix sicles d'or;
Bèqa’
Allusion aux chèqel d’Israël, qui seront versés à raison d’un bèqa’ par tête (Chemoth 28, 26)
Et deux bracelets (tsemidim)
Allusion aux deux tables de la loi, qui étaient jumelées (metsoumadoth)
Du poids de dix pièces d’or
Allusion aux dix commandements qui y seront inscrits (Beréchith raba 60, 6)
24,23
et il dit: "De qui es-tu fille? daigne me l'apprendre. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous loger?"
Il dit : De qui es-tu la fille ?
C’est après lui avoir offert ces cadeaux qu’il lui pose la question. Il était sûr que, par le mérite d’Avraham, le Saint béni soit-Il allait faire réussir son entreprise
Pour passer la nuit (lalin)
Pour passer une seule nuit. Le mot lin est un substantif, et elle répondra : laloun (verset 25) : « pour y passer plusieurs nuits »
24,24
Elle lui répondit: "Je suis la fille de Bathuel, fils de Milka, qui l'a enfanté à Nahor;"
La fille de Bethouel
Elle commence par répondre à la première question, puis à la seconde
24,25
Elle lui dit encore: "II y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance et de la place pour loger."
Et du fourrage
Tout ce qui sert à la nourriture des chameaux est appelée mispo, comme la paille et l’orge
24,26
L'homme s'inclina et se prosterna devant l'Éternel
24,27
et iI dit: "Beni soit l’Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui n’a pas retiré sa faveur et sa fidélité à mon maître!"
En chemin
Le chemin qui est le bon, le chemin droit, le chemin dont j’avais besoin. Toutes les fois que l’on trouve en tête d’un nom les lettres beith, lamèd ou hé ponctuées d’un pata‘h, cela indique que l’on parle d’une chose déjà mentionnée ailleurs, ou dont l’identification ne fait pas de doute
24,28
La jeune fille courut dans la chambre de sa mère et raconta ces choses.
Dans la maison de sa mère
Les femmes avaient l’habitude de disposer d’une maison où elles se tenaient pour faire leur travail, et une fille ne se confie qu’à sa mère (Beréchith raba 60, 7)
24,29
Or, Rébecca avait un frère nommé Laban. Laban accourut auprès de l'homme qui se tenait dehors, près de la fontaine.
Lavan courut
Pourquoi a-t-il couru et en vue de quoi ? « Lorsqu’il vit l’anneau... », il s’est dit que c’était un homme riche et il a été attiré par son argent
24,30
Lorsqu'il vit la boucle et les bracelets aux bras de sa sœur; lorsqu'il entendit sa sœur Rébecca dire: "Ainsi m'a parlé cet homme", il était allé vers lui. Celui-ci attendait près des chameaux, au bord de la fontaine.
Près des chameaux
Pour les garder. Comme dans : « il se tenait auprès d’eux » (supra 18, 8), pour les servir, [la préposition ‘al soulignant un acte de service]
24,31
Laban lui dit: "Viens, bien-aimé du Seigneur! pourquoi restes-tu dehors, lorsque j'ai préparé la maison et qu'il y a place pour les chameaux?"
J’ai nettoyé la maison
De toute idole (Beréchith raba 60, 8)
24,32
L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux; on apporta de la paille et du fourrage pour les chameaux et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient.
Il déchargea les chameaux
Il a détaché leurs muselières, qu’il avait fixées pour qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui
24,33
On lui servit à manger; mais il dit: "Je ne mangerai point, que je n'aie dit ce que j'ai à dire." On lui répondit: "Parle."
Jusqu’à ce que j’aie dit
La conjonction im équivaut ici à achèr ou à ki, comme dans : « jusqu’à (‘ad ki) ce que vienne Chilo » (infra 49, 10). Et c’est ce qu’ont dit nos Sages, de mémoire bénie : ki peut avoir quatre sens : l’un d’eux équivaut au mot araméen i qui correspond à l’hébreu im (Roch haChana 3a. Voir Rachi sous supra 18, 15)
24,34
Et il dit: "Je suis le serviteur d'Abraham.
24,35
L'Éternel a béni grandement mon maître, de sorte qu'il est devenu puissant: il lui a accordé menu et gros bétail, argent et or, esclaves mâles et femelles, chameaux et ânes.
24,36
Sara, l'épouse de mon maître, a enfanté, vieille déjà, un fils à mon maître; celui-ci lui a fait don de tous ses biens.
Il lui a donné tout ce qu’il a
Il leur a montré l’acte de donation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16)
24,37
Or, mon maître m'a adjuré en disant: ‘Tu ne prendras point une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens, dans le pays desquels je réside.
Tu ne prendras pas une femme à mon fils parmi les filles kena‘anies
A moins que tu ne sois allé au préalable dans la maison de mon père et que la jeune fille n’accepte pas de te suivre
24,38
Non; mais tu iras dans la maison de mon père, dans ma famille et là tu choisiras une épouse à mon fils.’
24,39
Et je dis à mon maître ‘Peut-être cette femme ne me suivra-t-elle pas?’
Peut-être la femme ne viendra-t-elle pas après moi
Le mot oulaï (« peut-être ») est écrit ici sans waw, de sorte qu’on peut le lire : élaï (« vers moi »). Eli‘èzèr avait une fille, et il cherchait à préparer Avraham à se tourner vers lui pour la faire épouser par Yits‘haq. Avraham lui a dit : « Mon fils est béni et toi, tu es maudit. Or, le maudit ne peut s’unir au béni ! » (Beréchith raba 59)
24,40
Il me répondit: ‘L'Éternel, dont j'ai toujours suivi les voies, placera son envoyé à tes côtés et il fera prospérer ton voyage et tu prendras une femme pour mon fils dans ma famille, au foyer de mon père.
24,41
Alors tu seras libéré de mon serment, puisque tu seras allé dans ma famille; pareillement, s'ils te refusent, tu. seras libéré de ce serment.’
24,42
Or, aujourd'hui, je suis arrivé près de la fontaine et j'ai dit: ‘Éternel, Dieu de mon maître Abraham! veux-tu, de grâce, faire réussir la voie où je marche?
Je suis venu aujourd’hui
Aujourd’hui je suis parti, et aujourd’hui je suis arrivé. De là nous apprenons que la route s’est « rétrécie » (Sanhèdrin 95a). Rabi A‘ha dit : la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à Dieu que la Tora de leurs enfants. En effet, le récit de Eli‘èzèr est répété deux fois, tandis que de nombreuses prescriptions essentielles de la Tora ne sont signalées que par allusion
24,43
Eh bien! je suis arrêté au bord de cette fontaine: s'il arrive qu'une jeune fille vienne pour puiser, que je lui dise: ‘Donne moi, je te prie, à boire un peu d'eau de ta cruche’
24,44
et qu'elle me réponde: ‘Non seulement bois toi-même, mais pour tes chameaux aussi je veux puiser’, que ce soit là la femme que l'Éternel agrée pour le fils de mon maître.
Toi aussi
Y compris les hommes qui étaient avec lui
Destine
Il a choisi et fait connaître Son choix. Cette forme verbale (hiph‘il de yokha‘h) signifie toujours « établir clairement par un choix »
24,45
Je n'avais pas encore achevé de parler en moi-même, voici que Rébecca s'est approchée, sa cruche sur l'épaule; elle est descendue à la fontaine et a puisé et je lui ai dit: ‘Donne-moi, s'il te plait à boire.’
Je n’avais pas encore achevé
Le verbe est au futur, et veut dire : « avant que j’aie achevé », alors que l’action est au présent. Il arrive qu’une action au présent s’exprime par un temps passé, et le texte aurait pu dire : « je n’avais pas encore achevé », avec le verbe au passé. Il arrive aussi qu’elle s’exprime par un temps futur, comme dans : « Car Iyov se disait (le verbe amar étant au passé)... c’est ainsi qu’agissait Iyov » (alors que le verbe ya’assè est au futur) (Iyov 1, 5), les deux verbes, selon le contexte, exprimant une action au présent puisque Iyov se disait : « peut-être mes enfants ont-ils commis quelque péché », et c’est pourquoi il agissait ainsi [en offrant des sacrifices]
24,46
Aussitôt elle a oté sa cruche de dessus son épaule, en disant: ‘Bois et puis j’abreuverai tes chameaux.’
24,47
Je l’ai interrogée, disant: ‘De qui es-tu fille?’ Elle a répondu: ‘De Bathuel, fils de Nahor, que Milka a enfanté à celui-ci.’ Alors j'ai passé la boucle à ses narines et les bracelets à ses bras.
Je l’ai interrogée... j’ai mis
Il inverse l’ordre des faits, puisqu’il avait d’abord donné et ensuite interrogé. C’est pour qu’ils ne le prennent pas au mot et ne lui disent : « Comment as-tu pu lui donner, alors que tu ne savais pas encore qui elle était ?
24,48
Et je me suis incliné et prosterné devant l'Éternel; et j'ai béni l'Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui m'a dirigé dans la vraie voie, en me faisant choisir la parente de mon maître pour son fils.
24,49
Et maintenant, si vous voulez agir avec affection et justice envers mon maître, dites-le moi; sinon, dites-le moi, afin que je me dirige à droite ou à gauche."
Vers la droite
Chez les filles de Yichma‘el
Vers la gauche
Chez les filles de Lot, qui demeurait à la gauche d’Avraham (Beréchith raba 60, 9)
24,50
Pour réponse, Laban et Bathuel dirent: "La chose émane de Dieu même! nous ne pouvons te répondre ni en mal ni en bien.
Répondit Lavan
Lavan, qui était un impie, s’est dépêché de répondre avant son père
Nous ne pouvons te parler
Nous ne pouvons te refuser cette chose, ni en t’opposant de mauvaises raison, ni en en faisant valoir de bonnes. Il est en effet, selon tes propres paroles, que « la chose émane de Eloqim », et que c’est Lui qui l’a mise sur ton chemin
24,51
Voici Rébecca à ta disposition, prends-la et pars; et qu'elle soit l'épouse du fils de ton maître, comme l'a décidé l'Éternel."
24,52
Le serviteur d'Abraham, ayant entendu leurs paroles, se prosterna à terre en l'honneur de l'Éternel;
Il se prosterna à terre
D’où l’on apprend qu’il faut remercier Dieu pour une bonne nouvelle
24,53
puis il étala des bijoux d'argent, des bijoux d'or et des parures, les donna à Rébecca et donna des objets de prix à son frère et à sa mère.
Des objets précieux (miguedanoth)
Ce mot désigne, comme megadim dans Chir hachirim (7, 14), des fruits délicats qu’il avait emportés d’Erets Israël (Beréchith raba 60, 11)
24,54
Ils mangèrent et burent, lui et les gens qui l'accompagnaient et passèrent la nuit en ce lieu; quand ils furent levés le lendemain, il dit "Laissez-moi retourner chez mon maître."
Ils passèrent la nuit
Toute lina (« nuitée ») indiquée dans le texte désigne une seule nuit
24,55
Le frère et la mère de Rébecca répondirent: "Que la jeune fille reste avec nous quelque temps, au moins une dizaine de jours, ensuite elle partira."
Son frère dit
Et Bethouel, où était-il ? Il voulait empêcher le départ de sa fille. Aussi un ange est-il venu le faire mourir (Beréchith raba 60, 12)
Quelques jours (yamim)
Une année, comme dans : « pendant une année pleine (yamim) cette faculté subsistera » (Wayiqra 25, 29), parce qu’on donnait aux jeunes filles un délai de douze mois pour préparer leur trousseau (Ketouvoth 57b)
Ou une dizaine
Dix mois. Et si tu soutiens qu’il s’agit vraiment de « jours », je te répondrai qu’il n’est pas d’usage, quand on demande quelque chose, de commencer par modérer ses exigences pour les augmenter ensuite en cas de refus
24,56
II leur répliqua: "Ne me retenez point, puisque Dieu a fait réussir mon voyage; laissez-moi partir, que je retourne chez mon maître."
24,57
Ils dirent: "Appelons la jeune fille et demandons son avis."
Et interrogeons sa bouche
D’où nous apprenons que l’on ne marie une femme qu’avec son consentement
24,58
ils appelèrent Rébecca et lui dirent "Pars-tu avec cet homme?" Elle répondit: "Je pars"
Elle dit : J’irai
De mon propre chef, et même si vous ne le voulez pas
24,59
ils laissèrent partir Rébecca leur sœur et sa nourrice, le serviteur d'Abraham et ses gens.
24,60
Et ils bénirent Rébecca en lui disant "Notre sœur! puisses-tu devenir des milliers de myriades! et puisse ta postérité conquérir la porte de ses ennemis!" . .
Puisses-tu devenir des milliers de myriades
Puisses-tu, avec ta descendance, recevoir la même bénédiction que celle donnée à Avraham au Mont Moria : « je multiplierai à profusion ta descendance » (supra 22, 17). Dieu veuille que cette descendance soit de toi et pas d’une autre femme
24,61
Rébecca et ses suivantes se levèrent, se placèrent sur les chameaux et suivirent cet homme; le serviteur emmena Rébecca et partit.
24,62
Or, Isaac revenait de visiter la source du Vivant qui me voit; il habitait la contrée du Midi.
Venait d’arriver au puits du « vivant de ma vision »
Il était allé ramener Hagar chez Avraham, son père, pour qu’il l’épouse (Beréchith raba 60, 14)
Et il habitait dans le pays du sud
Près de ce puits, ainsi qu’il est écrit : « Avraham partit de là pour la contrée du sud. Il s’installa entre Qadéch et entre Chour » (supra 20, 1). Et c’est là que se trouvait le puits, ainsi qu’il est écrit : « il se trouve entre Qadéch et entre Bèrèd » (supra 16, 14)
24,63
Isaac était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation, à l'approche du soir. En levant les yeux, il vit que des chameaux s'avançaient.
Pour prier (lassoua‘h)
Ce mot a le sens de « prier » (Berakhoth 26b, Beréchith raba 60, 14), comme dans : « il épanche sa prière (si‘ho) » (Tehilim 102, 1)
24,64
Rébecca, levant les yeux, aperçut Isaac et se jeta à bas du chameau;
Elle vit Yits‘haq
Elle l’a trouvé si beau qu’elle en est restée saisie
Elle se jeta
Elle s’est laissée glisser à terre (Beréchith raba 60, 15), comme le traduit le Targoum. Elle s’est penchée vers le sol, mais elle n’est pas arrivée jusqu’à terre. De même : « veuille pencher ta cruche » (verset 14), ou : « Il incline les cieux » (Tehilim 18, 10), pareillement traduits dans le Targoum. On retrouve la même idée dans : « s’il tombe, il ne reste pas terrassé » (Tehilim 37, 24), c’est-à-dire que l’homme intègre trébuche vers la terre, mais sans y tomber
24,65
et elle dit au serviteur: "Quel est cet homme, qui marche dans la campagne à notre rencontre?" Le serviteur répondit: "C'est mon maître." Elle prit son voile et s'en couvrit.
Elle se couvrit
Le verbe est au hithpa’él, avec un sens passif, comme dans : « elle fut enterrée (watiqavér) » (infra 35, 8), « elle se brisa (watichavér) » (I Chemouel 4, 18)
24,66
Le serviteur rendit compte à Isaac de tout ce qu'il avait fait.
Le serviteur raconta
Il lui a rapporté les miracles dont il avait bénéficié, à savoir le « rétrécissement » de la route (Beréchith raba 60, 15) et l’apparition de Rivqa suite à sa prière
24,67
lsaac la conduisit dans la tente de Sara sa mère; il prit Rébecca pour femme et il l'aima et il se consola d’avoir perdu sa mère.
Dans la tente de Sara sa mère
Il l’a conduite dans la tente, et elle a pris la ressemblance de Sara, sa mère, c’est-à-dire qu’elle est devenue aussitôt comme Sara, sa mère. Aussi longtemps que Sara était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de chabath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivqa (Beréchith raba 60, 16)
De sa mère
Il est naturel que tant qu’un homme a sa mère, elle soit tout pour lui, et qu’à sa mort sa femme soit sa consolation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32)
25,1
Abraham prit une nouvelle épouse, nommée Ketoura.
Qetoura
C’est Hagar (Beréchith raba 61, 5), ainsi appelée (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 30) parce que ses actions étaient aussi belles que l’encens (qetoreth), et aussi parce qu’elle avait « lié » (qachar) l’ouverture de son corps, ne s’étant unie à aucun homme depuis qu’elle s’était séparée d’Avraham
25,2
EIIe lui enfanta Zimrân, Yokchân, Medân, Midyân, Yichbak et Chouah.
25,3
Yokchân engendra Cheba et Dedân; et les fils de Dedân furent les Achourim, les Letouchim et les Leoummim.
Les Achourim
Noms de chefs de nations. Le Targoum Onqelos, qui le traduit par lemachiran (« ceux qui campent », de chayyara [« caravane »]), ne peut pas, à mon avis, s’appuyer sur le texte. Et si tu m’objectes qu’il n’en est pas ainsi à cause du alèf de achourim qui ne fait pas partie de la racine, je te répondrai qu’il existe des mots qui ne comportent pas de alèf au début, mais qui en ont un au début de certaines formes dérivées, comme dans : « un mur tiré à la verticale (anakh) » (‘Amos 7, 7) à rapprocher de : « boiteux (nekhé) » (II Chemouel 4, 4), ou comme dans : « un vase (assoukh) d’huile » (II Melakhim 4, 2), à rapprocher de « tu auras soin de te laver, de te parfumer (wesakhta) » (Routh 3, 3)
Les Letouchim
Quant aux Letouchim, ils possédaient, selon le Targoum, des tentes dispersées de toutes parts et ils se déplaçaient chacun dans la sienne. C’est ainsi qu’il est écrit : « ils étaient dispersés (netouchim) sur la surface de toute la terre » (I Chemouel 30, 16), les lettres noun et lamèd étant permutables
25,4
Les enfants de Midyân: Efa, Efer, Hanoc, Abida et Eldaa. Tous ceux-là furent les enfants de Ketoura.
25,5
Abraham donna tout ce qu'il possédait à Isaac.
Avraham donna
Rabi Nè’hèmia a enseigné : il s’agit du don héréditaire de la bénédiction. Le Saint béni soit-Il lui avait dit : « et tu seras bénédiction » (supra 12, 2). Les bénédictions te sont confiées pour bénir qui tu voudras, et Avraham a transmis ce don à Yits‘haq
25,6
Quant aux fils des concubines qu'avait eues Abraham, il leur fit des présents; et tandis qu'il vivait encore, il les relégua loin d'Isaac, son fils, vers l'orient, dans le pays de Kédem.
Des concubines
Il manque le yod à la terminaison du pluriel en im de pilagchim (« concubines »). C’est parce qu’Avraham n’a qu’une seule concubine, Hagar, c’est-à-dire Qetoura. Les épouses ont une ketouva (« contrat de mariage »), pas les concubines, comme indiqué dans la guemara (Sanhèdrin 21a) à propos des épouses et concubines de Dawid
Avraham fit des dons
Nos rabbins ont expliqué qu’il leur a transmis « le nom de l’impureté » (Sanhèdrin 91a). Autre explication : tous les dons qu’on lui avait faits à cause de Sara, ainsi que les autres dons qu’on lui avait faits, il les leur a donnés tous, car il ne voulait pas en tirer profit
25,7
Le nombre des années que vécut Abraham fut de cent soixante-quinze ans.
Cent ans et soixante-dix ans et quinze ans
A cent ans il était aussi vigoureux qu’à soixante-dix, et à soixante-dix ans il était comme à cinq, sans péché
25,8
Abraham défaillit et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et satisfait; et il rejoignit ses pères.
25,9
Il fut inhumé par Isaac et Ismaël, ses fils, dans le caveau de Makpéla, dans le domaine d'Efrôn, fils de Çohar, Héthéen, qui est en face de Mambré;
Yits‘haq et Yichma‘el
D’où l’on apprend que Yichma‘el s’était repenti et a donné préséance à Yits‘haq (Baba Batra 16b). C’est en cela qu’a consisté « la bonne vieillesse » (verset 8) dont a bénéficié Avraham (Beréchith raba 38, 12)
25,10
ce domaine qu’Abraham avait acquis des enfants de Heth. Là furent ensevelis Abraham et Sara son épouse.
25,11
Après la mort d'Abraham, le Seigneur bénit Isaac, son fils. Isaac s'établit prés de la source du Vivant-qui-me-voit.
Ce fut
Dieu a apporté à Yits‘haq les consolations que l’on doit à ceux qui sont en deuil (Sota 14a). Autre explication : Bien que le Saint béni soit-Il eût confié les bénédictions à Avraham, celui-ci craignait de bénir Yits‘haq, parce qu’il prévoyait qu’il donnerait un jour naissance à ‘Essaw. Il a dit : « Que vienne le Maître des bénédictions bénir qui bon lui semblera ! ». C’est alors que le Saint béni soit-Il est venu bénir Yits‘haq
25,12
Suivent les générations d'Ismaël, fils d'Abraham, que l'Égyptienne Agar, esclave de Sara, avait enfanté à Abraham.
25,13
Voici les noms des fils d'Ismaël, désignés selon leur ordre de naissance: le premier-né d'Ismaël, Nebaïoth; puis Kédar, Adbeél, Mibsam;
Selon leur nom
Dans l’ordre de leur naissance
25,14
Michma, Douma, Massa;
25,15
Hadad, Tèma, Yetour, Nafich et Kédma
25,16
Tels sont les fils d'Ismaël et tels sont leurs noms, chacun dans sa bourgade et dans son domaine; douze chefs de peuplades distinctes.
Selon leurs bourgades
Ce sont des villes non fortifiées. Le Targoum traduit par « ouvert », comme dans : « Ouvrez (la bouche) et éclatez de joie » (Tehilim 98, 4)
25,17
Le nombre des années de la vie d'Ismaël fut de cent trente-sept ans. Il défaillit et mourut et rejoignit ses pères.
Les années de vie de Yichma‘el...
R. ‘Hiya bar Abba a enseigné : Pourquoi cette précision quant au nombre des années qu’a vécues Yichma‘el ? Pour y rattacher les années de Ya’aqov (Yevamoth 64a). L’âge qu’avait Yichma‘el à sa mort nous permet de déduire que Ya’aqov a fréquenté la maison de ‘Evèr pour y étudier pendant quatorze ans, après avoir quitté son père et avant d’arriver chez Lavan. C’est en effet lorsque Ya’aqov a quitté son père que Yichma‘el est mort, ainsi qu’il est écrit : « ‘Essaw alla vers Yichma‘el... » (infra 28, 9), comme expliqué dans la guemara (Meguila 17a. Voir Rachi infra 28, 9)
Il expira
On ne parle d’expiration que pour les justes (Baba Batra 16b)
25,18
Ces peuplades habitaient depuis Havila jusqu'à Chour, en face de l'Égypte, jusque vers Achour. Il s'étendit ainsi à la face de tous ses frères.
Il demeura (nafal – littéralement : « il tomba »)
Comme dans : « Midyan, ‘Amaleq et toutes les peuplades d’Orient s’étendaient (noflim) dans la vallée » (Choftim 7, 12). Le texte emploie ici le mot « tomber », alors qu’il disait plus haut : « et il demeurera (yichkon) à la face de tous ses frères » (supra 16, 12). Avant la mort d’Avraham, « il est demeuré ». Après sa mort, « il est tombé » (Beréchith raba 62, 5)