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Berechit
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1,1
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
Au commencement
Rabi Yits‘haq a enseigné : La Tora, [en tant qu’elle constitue essentiellement un code de lois], aurait dû commencer par : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois » (Chemoth, 12, 2), puisque c’est par ce verset qu’est édictée la première mitswa prescrite à Israël. Pourquoi débute-t-elle avec Beréchith ? « La puissance de Ses hauts faits, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant l’héritage des nations » (Tehilim 111, 6). Ainsi, si les nations du monde viennent à dire à Israël : « Vous êtes des voleurs, vous avez conquis les terres des sept nations ! », on pourra leur répondre : « Toute la terre appartient au Saint béni soit-Il. C’est Lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui bon lui a semblé. (Cf. Yirmeya 27, 5). C’est par Sa volonté qu’Il les a données à ces peuples, et c’est par Sa volonté qu’Il les leur a reprises et qu’Il nous les a données ! » (Yalqout chim‘oni, Bo 187)
Au commencement
Ce texte demande, en fait, à être explicité. C’est comme nos maîtres l’ont expliqué : Le monde a été créé pour la Tora qui est appelée « le “commencement” de Sa voie » (Michlei 8, 22), et pour Israël qui est appelé « le “commencement” de Sa moisson » (Yirmeya 2, 3). Mais si tu veux l’expliquer selon le sens littéral, fais-le ainsi : Au commencement de la création des cieux et de la terre, alors que la terre était tohou et vohou et que les ténèbres..., Eloqim a dit : « que la lumière soit ! » Ce texte ne vient pas nous donner l’ordre de la création, nous dire que ces éléments ont été créés en premier. Si tel était le cas, le texte aurait dû porter barichona (« en premier lieu »), car on ne rencontre jamais le mot réchith dans la Bible sans qu’il soit lié au mot suivant. Exemples : « Au commencement (beréchith) du règne de Yehoyaqim » (Yirmeya 26, 1), « le commencement (réchith) de son royaume » (infra 10, 10), « les prémices (réchith) de ton blé » (Devarim 18, 4). Ici, de même, tu dois expliquer : « Au commencement, Eloqim créa... », comme s’il était écrit : beréchith bero, « au commencement de l’acte de la création », à rapprocher de : « au commencement (te‘hilath) où Hachem parla à Hoché‘a » (Hoché‘a 1, 2), c’est-à-dire : « au commencement de la parole adressée par le Saint béni-Soit-Il à Hoché‘a, Hachem dit à Hoché‘a. ». Peut-être persisteras-tu à soutenir que ce qu’on nous apprend ici, c’est qu’ils [à savoir le ciel et la terre] ont été créés en premier, et que le texte veut dire : « au commencement de tout, Eloqim créa le ciel et la terre », car il arrive que certains textes bibliques, dans leur concision, omettent un mot, comme dans : « pour n’avoir pas tenu closes les portes du sein qui m’avait conçu » (Iyov 3, 10) où l’on ne précise pas qui les a fermées. « On emportera les richesses de Damas » (Yecha’ya 8, 4), où l’on ne dit pas qui les emportera. « Le laboure-t-on avec des bœufs ? » (‘Amos 6, 12), sans que l’on précise si c’est un homme qui laboure avec des bœufs. « Dès le début, j’annonce la fin » (Yecha’ya 46, 10), où l’on ne dit pas : « j’annonce dès le début des choses la fin des choses ». Dans ce cas, tu devrais être toi-même étonné, car les eaux ont précédé la terre, puisqu’il est écrit : « et le souffle de Eloqim planait sur la face des eaux » (verset 2), alors que le texte ne nous a pas encore révélé quand les eaux ont été créées. Il faut donc en conclure que les eaux ont existé avant la terre. En outre, les cieux (chamayim) ont été formés à partir du feu (éch) et de l’eau (mayim) ('Haguiga 12a). Force est donc d’admettre que le texte ne nous enseigne absolument pas l’ordre chronologique de la création (Beréchith raba 1, 6, Wayiqra raba 36,4)
Eloqim créa
Il n’est pas dit : « Hachem créa », mais « Eloqim créa »... L’intention première de Dieu avait été de créer le monde selon l’attribut de justice, [Eloqim étant le nom de Dieu lorsqu’Il exerce la justice], mais Il s’est rendu compte qu’il ne subsisterait pas. Aussi a-t-Il fait passer au premier plan l’attribut de miséricorde [Hachem étant le nom de Dieu lorsqu’Il agit avec miséricorde] et l’a-t-Il associé à celui de la justice. C’est ainsi qu’il est écrit : « le jour où Hachem-Eloqim fit terre et cieux » (infra 2, 4) (Beréchith raba 12, 15)
1,2
Or la terre n'était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux.
Tohou et vohou
Tohou signifie étonnement, stupéfaction, l’homme étant frappé d’étonnement et de stupeur en présence du vohou. En français médiéval : « estordison ». Vohou signifie vide et solitude
La face de l’abîme
A la surface des eaux qui étaient sur la terre
Et le souffle de Eloqim planait
Le trône de la majesté divine se tenait dans les airs et planait à la surface des eaux grâce au souffle de la bouche du Saint béni soit-Il et par Sa parole, comme une colombe qui plane sur son nid (Beréchith raba 2, ‘Haguiga 15a). En français médiéval : « acoveter »
1,3
Dieu dit: "Que la lumière soit!" Et la lumière fut.
1,4
Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres.
Eloqim vit que la lumière était bonne. Eloqim sépara
Ici aussi, nous devons nous référer à la hagada. Il vit que les scélérats ne mériteraient pas de profiter de la lumière, de sorte qu’Il la mit en réserve à l’usage des justes pour les temps à venir (‘Haguiga 12a). Quant au sens littéral, le voici : Il vit qu’elle était bonne et qu’il ne convenait pas que la lumière et les ténèbres assurent leur service dans la confusion. Aussi fixa-t-Il à l’une pour domaine le jour, et aux autres pour domaine la nuit (Beréchith raba 3, 7)
1,5
Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour.
Jour un (yom è‘had)
La symétrie du texte aurait exigé qu’il fût écrit : yom richon (« premier jour »), comme pour les autres jours où il est écrit : « deuxième », « troisième », « quatrième »... Pourquoi est-il écrit : « jour un » ? Parce que le Saint béni soit-Il était seul dans Son univers, le Midrach raba indiquant que les anges ont été créés le deuxième jour, [de sorte que « jour un » doit se comprendre : « jour de l’Unique »]
1,6
Dieu dit: "Qu'un espace s'étende au milieu des eaux, et forme une barrière entre les unes et les autres."
Que soit un firmament
Que le firmament se raffermisse, car le ciel, bien qu’il ait été créé le premier jour, était encore fluide. Il ne s’est consolidé que le deuxième jour au grondement de la voix du Saint béni soit-Il disant : « Que soit un firmament ! » C’est comme dans : « les colonnes du ciel étaient chancelantes » (Iyov 26, 11) – cela le premier jour, et elles se sont raffermies sous Sa menace (‘Haguiga 12a), et ce le deuxième jour. C’est comme un homme qui reste pétrifié en entendant une menace qui lui fait peur (voir Beréchith raba 4, 1)
A l’intérieur des eaux
Dans la partie médiane des eaux, car il y a un firmament libre entre les eaux d’en-haut et le firmament, tout comme il y en a un entre le firmament et les eaux qui sont sur la terre. Tu apprends par là qu’elles restent suspendues en haut par la seule force de la parole du Roi (Beréchith raba 4,1-2)
1,7
Dieu fit l'espace, opéra une séparation entre les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-dessus, et cela demeura ainsi.
Eloqim fit le firmament
Il le fixa dans sa position. C’est ce que signifie le mot « faire », comme dans : « elle fera (we‘assetha) ses ongles » (Devarim 21, 12)
Au-dessus du firmament
Il n’est pas dit : « sur le firmament », mais : « au-dessus du firmament », car les eaux étaient suspendues en l’air (Beréchith raba 4, 2). Et pourquoi n’est-il pas dit, le deuxième jour, que « c’était bien » ? Parce que le travail des eaux commencé le deuxième jour n’a été achevé que le troisième. Or, ce qui n’est pas achevé n’est ni parfait ni bon. Et le troisième jour, où le travail des eaux a été terminé, et où Dieu a commencé et achevé un autre travail, il est écrit deux fois : « Eloqim vit que c’était bon » (versets 10 et 12), une fois pour l’achèvement du travail de la veille, et une autre pour l’achèvement de celui du jour même
1,8
Dieu nomma cet espace le Ciel. Le soir se fit, le matin se fit, - second jour.
Eloqim appela le firmament : cieux
Sa mayim (« porte l’eau ») (Beréchith raba 4, 9), ou : cham mayim (« là il y a de l’eau »), ou encore : éch oumayim (« feu et eau »). Feu et eaux ont été unis pour former les cieux ('Haguiga 12a)
1,9
Dieu dit: "Que les eaux répandues sous le ciel se réunissent sur un même point, et que le sol apparaisse." Cela s'accomplit.
Que les eaux... soient rassemblées
Elles étaient étalées sur la surface de toute la terre, et Il les a rassemblées dans [ce qui constitue aujourd’hui] l’Océan, la plus grande de toutes les mers (Beréchith raba 5, 3)
1,10
Dieu nomma le sol la Terre, et l'agglomération des eaux, il la nomma les Mers. Et Dieu considéra que c'était bien.
Il l’appela : mers
Il n’existe pourtant qu’une seule mer ! Cependant, le goût d’un poisson que l’on pêche en mer à Acco [Saint-Jean d’Acre] ne ressemble pas à celui d’un poisson pêché à Aspamia, [et donc les variétés de poissons diffèrent selon l’endroit où elles sont pêchées] (Beréchith raba 5, 8)
1,11
Dieu dit: "Que la terre produise des végétaux, savoir: des herbes renfermant une semence; des arbres fruitiers portant, selon leur espèce, un fruit qui perpétue sa semence sur la terre." Et cela s'accomplit.
Que la terre produise des végétaux (dèchè)
Dèchè n’a pas le même sens que ‘éssev, ni ‘éssev le même sens que dèchè. Le texte n’aurait pas pu dire : ta’assiv haarets (« que la terre produise des herbes ») au lieu de : tadché haarets (« que la terre produise des végétaux »). Car dèchè s’applique à l’ensemble des végétaux, lequel englobe une multitude d’espèces, dont chacune forme une variété de ‘éssev. [On dira donc : « telle ‘éssev »], mais non : « telle dèchè ». Le mot dèchè désigne en effet le vêtement global de la terre, quand elle se couvre de végétaux
Que la terre produise des végétaux
Qu’elle se recouvre entièrement d’un vêtement de plantes diverses. En français médiéval : « herberies ». Toutes indistinctement, chacune d’elles étant appelée ‘éssev
Semant une semence
La plante porte en elle la semence que l’on sèmera ailleurs pour la reproduire
Des arbres fruitiers (‘éts peri – littéralement : « arbre-fruit »)
Que le goût de l’arbre soit le même que celui du fruit (Beréchith raba 5, 9). Mais la terre a désobéi, et elle a produit « des arbres faisant un fruit qui renferme sa semence » (verset 12), et non des « arbres-fruits ». C’est pourquoi, lorsque Adam a été puni pour sa faute, la terre aussi a été punie pour la sienne et a été maudite
Un fruit qui porte sa semence
Ce sont les graines de chaque fruit, à partir desquelles pousse l’arbre lorsqu’on les met en terre
1,12
La terre donna naissance aux végétaux: aux herbes qui développent leur semence selon leur espèce, et aux arbres portant, selon leur espèce, un fruit qui renferme sa semence. Et Dieu considéra que c'était bien.
La terre produisit...
Il est vrai que l’ordre donné aux végétaux (verset 11) ne spécifiait pas : « selon leur espèce ». Cependant, ils l’ont entendu lorsqu’il a été adressé aux arbres et ils y ont eux-mêmes obéi par un raisonnement a fortiori, [tenant compte de ce qu’ils poussent en rangs serrés alors que les arbres, pour pouvoir grandir, ont besoin d’être éloignés les uns des autres], comme expliqué dans la hagada (‘Houlin 60a)
1,13
Le soir se fit, le matin se fit, - troisième jour.
1,14
Dieu dit: "Que des corps lumineux apparaissent dans l'espace des cieux, pour distinguer entre le jour et la nuit; ils serviront de signes pour les saisons, pour les jours, pour les années;
Qu’il y ait des luminaires...
Ils avaient été créés dès le premier jour, mais c’est le quatrième jour qu’ils ont reçu l’ordre de se placer dans le firmament ('Haguiga 12a). Il en a été de même pour tous les éléments du ciel et de la terre : Ils ont été créés le premier jour (Beréchith raba 1, 19), et mis chacun à sa place le jour qui lui a été assigné. C’est pourquoi il est écrit : eth hachamayim (verset 1), la préposition eth incluant tout ce qui se rattache au ciel. De même pour eth haarets, où eth vient inclure ce qui se rattache à la terre
Qu’il y ait des luminaires
Le mot meoroth est écrit dans une forme défective (Yerouchalmi Ta‘anith 4, 3) [comme pour dire meéroth (« fléaux »)], car ce jour-là la diphtérie menace les jeunes enfants. C’est ce qu’on nous a enseigné : Le quatrième jour, on jeûnait pour que la diphtérie reste éloignée de la bouche des enfants (Ta‘anith 27b)
Pour séparer le jour de la nuit
Quand la première lumière a été mise en réserve. Cependant, pendant les sept jours de la création, la première lumière et les premières ténèbres ont assuré leur service ensemble, de jour comme de nuit
Ils seront des signes
Une éclipse des luminaires est mauvais signe pour le monde. Il est certes écrit : « ne tremblez pas devant les signes célestes ! » (Yirmeya 10, 2). Cependant, ce verset ne s’applique qu’au cas où vous exécutez la volonté du Saint béni soit-Il, car alors vous n’avez à redouter aucun châtiment (Souka 29a)
Et pour les fêtes
Le texte anticipe sur l’avenir, quand Israël recevra les mitswoth relatives aux fêtes, celles-ci étant fixées d’après le renouvellement de la lune
Et pour les jours
Une demi-journée de soleil et une demi-journée de lune font un jour complet
Et pour les années
En trois cent soixante-cinq jours, ils achèveront leur course avec l’assistance des douze signes du zodiaque, ce qui fait une année, pour recommencer ensuite dans la sphère une nouvelle révolution semblable à la précédente
1,15
et ils serviront de luminaires, dans l'espace céleste, pour éclairer la terre." Et cela s'accomplit.
Ils seront des luminaires
En plus de tout cela, ils serviront à illuminer le monde
1,16
Dieu fit les deux grands luminaires: le plus grand luminaire pour la royauté du jour, le plus petit luminaire pour la royauté de la nuit, et aussi les étoiles.
Les deux grands luminaires
Ils avaient été créés égaux. Mais la lune a été rapetissée car elle s’était plainte en disant : « Il n’est pas possible à deux rois de se partager la même couronne ! » (‘Houlin 60b)
Et les étoiles
Après avoir rapetissé la lune, Il lui a adjoint une armée d’étoiles pour apaiser son chagrin (Beréchith raba 6)
1,17
Et Dieu les plaça dans l'espace céleste pour rayonner sur la terre;
1,18
pour régner le jour et la nuit, et pour séparer la lumière des ténèbres. Dieu considéra que c'était bien.
1,19
Le soir se fit, le matin se fit, - quatrième jour.
1,20
Dieu dit: "Que les eaux fourmillent d'une multitude animée, vivante; et que des oiseaux volent au dessus de ta terre, à travers l'espace des cieux."
D’êtres vivants
Qui aient en eux de la vie
Rampante
Toute espèce d’être vivant qui ne dépasse pas le niveau du sol est appelée chèrets. Par exemple, dans le genre ailé : les mouches. Parmi les créatures repoussantes : les fourmis, les scarabées et les vers. Parmi les animaux de plus grande taille : les taupes, les rats, les lézards et ce qui leur ressemble. Il en est de même de tous les poissons
1,21
Dieu créa les cétacés énormes, et tous les êtres animés qui se meuvent dans les eaux, où ils pullulèrent selon leurs espèces, puis tout ce qui vole au moyen d'ailes, selon son espèce; et Dieu considéra que c'était bien.
Les cétacés
Des grands poissons de mer. D’après la hagada (Baba Batra 74b), il s’agit du léwiathan et de sa compagne, qu’Il a créés mâle et femelle. Il a tué la femelle et l’a conservée dans du sel à l’intention des justes dans les temps à venir. Car s’ils avaient fructifié et s’ils s’étaient multipliés, le monde n’aurait pas pu se maintenir devant eux
Les êtres animés
Qui aient en eux de la vie
1,22
Dieu les bénit en disant: Croissez et multipliez remplissez les eaux, habitants des mers oiseaux, multipliez sur la terre!"
Eloqim les bénit
Etant donné qu’on les élimine, qu’on les capture et qu’on les mange, ils avaient besoin d’une bénédiction (Beréchith raba 11, 2). Les bêtes sauvages, elles aussi, auraient eu besoin d’une bénédiction. Il ne les a cependant pas bénies, à cause du serpent qui allait plus tard se faire maudire, afin que celui-ci n’y soit pas inclus
Fructifiez
Perou, du substantif peri (« fruit »), signifie : « produisez des fruits »
Et multipliez
S’Il n’avait dit que perou, chaque créature n’aurait donné naissance qu’à un seul être, et pas davantage. Aussi a-t-Il a ajouté ourevou (« et multipliez ») afin qu’elle donne naissance à une nombreuse descendance
1,23
Le soir se fit, le matin se fit, - cinquième jour.
1,24
Dieu dit: "Que la terre produise des êtres animés selon leurs espèces: bétail, reptiles, bêtes sauvages de chaque sorte." Et cela s'accomplit.
Que la terre fasse sortir
Ainsi que je l’ai expliqué [sous le verset 14], tout avait été créé dès le premier jour, et il ne restait plus qu’à le faire sortir au jour voulu
Des êtres vivants
Qui aient en eux la vie
Et reptiles (rèmès)
On appelle rèmès des êtres de petite taille qui rampent sur le sol et qui ont l’air de se traîner, car on ne les voit pas marcher. Les mots rèmès et chèrets sont rendus en français médiéval par « conmovres »
1,25
Dieu forma les bêtes sauvages selon leurs espèces, de même les animaux qui paissent, de même ceux qui rampent sur le sol. Et Dieu considéra que c'était bien.
Il fit
Il a fixé leur nature [extérieure] et leur allure [extérieure] (‘Houlin 60a)
1,26
Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s'y meuvent."
Faisons l’homme
Nous apprenons ici la modestie du Saint béni soit-Il. L’homme étant à l’image des anges, ceux-ci auraient pu être jaloux. C’est pourquoi Il les a consultés (Sanhèdrin 38b, Beréchith raba 8, 7). Et lorsque Dieu juge les rois [de la terre], Il consulte Sa famille [céleste] (Midrach tan‘houma Chemoth 18), ainsi que nous le trouvons à propos de A‘hav, à qui Mikha a déclaré : « J’ai vu Hachem assis sur son trône, tandis que toute l’armée céleste se tenait debout près de lui, à droite et à gauche » (I Melakhim 22, 19). Or, Dieu a-t-Il une droite et une gauche ? C’est donc que se tenir « à droite » signifie prendre la défense de l’accusé, et se tenir « à gauche » veut dire l’accabler. De même : « Tel est l’arrêt prononcé par la volonté des anges et la résolution décrétée par les saints » (Daniel 4, 14). Ici aussi, Dieu consulte Sa famille et lui dit : « Dans les mondes supérieurs, il y a des êtres à mon image. S’il n’y en avait pas à mon image dans les mondes inférieurs, il y aurait de la jalousie dans l’œuvre de la création. 
Faisons l’homme
Il est vrai que personne n’a aidé Dieu dans l’œuvre de la création, de sorte que les hérétiques pourraient être incités [par le pluriel « faisons »] à Le dénigrer. Cependant, le texte n’a pas voulu manquer l’occasion de donner une leçon de savoir-vivre et d’enseigner la valeur de la modestie : le supérieur doit prendre l’avis de son subordonné et lui demander son autorisation (Beréchith raba 8, 7). S’il avait été écrit : « je vais faire l’homme », cela ne nous aurait pas appris que Dieu a consulté son beith din, mais nous aurions compris qu’Il a décidé seul. Quant à la réponse aux hérétiques, elle figure au verset suivant : « Eloqim créa l’homme », et non : « créèrent »
A notre image
Sur notre modèle
Selon notre ressemblance
Capable de comprendre et doué d’intelligence
Et qu’ils dominent sur les poissons de la mer
Le mot weyirdou contient tout à la fois une signification de domination : ridouï, et une signification de déchéance : yerida. S’il a du mérite, l’homme domine la bête. S’il n’en a pas, il descend plus bas qu’elle (Beréchith raba 8, 12), et c’est elle qui le domine (voir Chabath 151b)
1,27
Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois.
Eloqim créa l’homme à son image
Selon le modèle fait pour lui. Car tout a été créé par la parole de Dieu, tandis que l’homme a été créé, si l’on peut dire, par Ses mains, ainsi qu’il est écrit : « Tu as posé ta main sur moi » (Tehilim 139, 5). Il a été fait au moyen d’un sceau, comme une monnaie qui est frappée d’une marque, appelée en français : « coin ». C’est ainsi qu’il est écrit : « Elle se transforme comme l’argile sous le sceau » (Iyov 38, 14)
C’est à l’image de Eloqim qu’Il le créa
C’est pour t’expliquer que l’image destinée à la création de l’homme reproduit le modèle de son Créateur
Mâle et femelle Il les créa
Alors qu’il est écrit plus loin : « Il prit un de ses côtés... » (infra 2, 21). Voici ce qu’enseigne le midrach (Beréchith raba 8, 1, ‘Erouvin 18a) : Il a commencé par le créer avec deux visages, puis Il l’a divisé en deux. Quant au sens littéral, il nous apprend qu’ils ont été créés tous les deux le sixième jour, sans préciser la manière dont ils ont été créés, sur laquelle on reviendra plus loin
1,28
Dieu les bénit en leur disant "Croissez et multipliez! Remplissez la terre et soumettez-la! Commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux qui se meuvent sur la terre!"
Et dominez-la
Le mot wekhivechouha (« et dominez-la ») est écrit sous une forme défective [sans waw après le chin, comme pour suggérer que l’ordre a été signifié à un seul.]. Cela t’apprend que c’est l’homme qui « domine » la femme, afin qu’elle n’aille pas vagabonder. Cela t’apprend aussi que l’obligation de procréer incombe à l’homme, puisqu’il est le maître, et non à la femme (Yevamoth 65b)
1,29
Dieu ajouta: "Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture.
Ce sera votre nourriture. Et à tous les animaux de la terre
Hommes et animaux sont sur le même plan en ce qui concerne la nourriture, et Adam et sa femme n’avaient pas le droit de faire mourir une créature et d’en manger la chair. Ils mangeaient tous pareillement l’herbe des champs. C’est lorsque viendront les fils de Noa‘h qu’Il leur permettra de manger de la viande, ainsi qu’il est écrit : « tout ce qui se meut de ce qui est vivant... comme l’herbe qui verdoie – que j’avais permis à Adam – je vous donne tout » (infra 9, 3)
1,30
Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, j'assigne toute verdure végétale pour nourriture." Et il en fut ainsi.
1,31
Dieu examina tout ce qu'il avait fait c'était éminemment bien. Le soir se fit, puis le matin; ce fut le sixième jour.
Le jour sixième
Le hé superflu [dans hachichi] qui apparaît à la fin de l’œuvre de création est destiné à nous faire savoir que le Saint béni soit-Il l’a assortie d’une condition, à savoir qu’Israël accepte les « cinq » [chiffre exprimé par la lettre hé] livres de la Tora. (Chabath 88a) Autre explication : « Le » jour sixième : tout est en suspens dans l’attente du sixième jour – le six siwan, date à laquelle sera donnée la Tora (‘Avoda Zara 3a)
2,1
Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu'ils renferment.
2,2
Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui; et il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu'il avait faite.
Eloqim termina
Rabi Chim‘on a enseigné : Etant donné que l’être humain ne sait pas calculer avec exactitude ses moments et ses instants, nous ajoutons une partie de la semaine à la journée sainte du chabath. Le Saint béni soit-Il, en revanche, qui sait calculer avec une précision absolue Ses moments et Ses instants, entre dans le chabath avec une rigoureuse ponctualité, et Il nous donne l’impression d’avoir terminé Son œuvre en ce septième jour. Autre explication : Que manquait-il au monde ? Le repos. Le chabath est venu, et avec lui le repos. Alors seulement l’œuvre de création a été terminée et menée à bonne fin (Beréchith raba 10, 10)
2,3
Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu'il avait produite et organisée.
Eloqim bénit... le sanctifia
Il l’a béni avec la manne, qui tombait chaque jour de la semaine à raison d’un ‘omer par personne, et le double le sixième jour. Et Il l’a proclamé saint avec la manne, qui ne tombait pas le chabath (Beréchith raba 11, 1). Le texte anticipe ici sur l’avenir
Que Eloqim créa pour faire
Le travail qui aurait dû être exécuté le chabath, Il l’a fait le sixième jour, faisant ce jour-là œuvre double, comme expliqué dans le Beréchith raba (11, 10)
2,4
Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; à l'époque où l'Éternel-Dieu fit une terre et un ciel.
Celles-ci sont les générations
Exposées ci-dessus
Des cieux et de la terre
Cela t’apprend qu’ils ont tous [à savoir le ciel et la terre] été créés le premier jour. Autre explication (Mena‘hoth 29b. Voir Beréchith raba 12, 9) : « Lorsqu’ils furent créés » – Il les a créés avec un hé [behé baram], ainsi qu’il est écrit : « En yah Hachem, rocher des siècles » (Yecha’ya 26, 4), ce qui veut dire que Dieu les a créés avec les deux lettres de Son nom : yod et hé. C’est ainsi que ce monde-ci a été créé avec un hé. Car le hé est fermé de tous les côtés et ouvert vers le bas : les hommes descendent inexorablement vers la mort. [Ou encore : les « scélérats » finiront tous par tomber, il n’y a pas de salut pour eux. Mais ils peuvent, par la pénitence, remonter. Le hé est ouvert, et donc la porte leur reste ouverte]
2,5
Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore; car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y en avait point pour cultiver la terre.
Ne paraissait encore (tèrèm) sur la terre
Le mot tèrèm employé dans le texte signifie toujours « pas encore », et jamais « auparavant ». On ne peut pas le conjuguer comme un verbe, pour dire hitrim, comme on dit hiqdim [forme conjuguée à partir de la racine qdm]. Notre texte en est la preuve, ainsi que : « mais toi et tes serviteurs, je sais que vous ne craignez pas encore (tèrèm) Hachem-Eloqim » (Chemoth 9, 30). On doit l’expliquer de la même manière ici : Aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre lorsque la création a été achevée le sixième jour avant la création de l’homme. Et aucune herbe des champs ne poussait encore. Quant au troisième jour de la création où il est écrit : « que la terre produise des végétaux... » (supra 1, 11), cela ne signifie pas qu’ils ont poussé au-dessus du sol, mais cela veut dire qu’ils sont restés enfouis sous terre jusqu’au sixième jour (‘Houlin 60b)
Car Il n’avait pas fait pleuvoir
Et pour quelle raison n’avait-Il pas fait pleuvoir ? Parce que « d’homme, il n’y en avait pas pour travailler la terre ». Il n’y avait donc personne qui pût apprécier les bienfaits des pluies. Et lorsque l’homme est arrivé, il a reconnu que les pluies étaient nécessaires au monde. Il a prié pour elles, et elles sont tombées. C’est alors que les arbres et les végétaux se sont mis à pousser
Hachem-Eloqim
Hachem est Son nom. Quant à Eloqim, il signifie qu’Il est juge et maître de l’univers. C’est ainsi que l’on explique toujours cette dualité selon son sens simple : Hachem, qui est Eloqim
2,6
Mais une exhalaison s'élevait de la terre et humectait toute la surface du sol.
Une humidité s’élevait
Comme elle était nécessaire à la création de l’homme, Il l’a fait remonter de l’abîme jusque dans les nuages, afin d’en humecter la terre et créer l’homme. C’est comme lorsque l’on pétrit : on commence par verser de l’eau, puis on pétrit la pâte. Ici aussi il est écrit : « elle humectait », et ensuite : « Il façonna » (Beréchith raba 14)
2,7
L'Éternel-Dieu façonna l'homme, - poussière détachée du sol, - fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant.
Il façonna l’homme (wayyitsèr)
Le mot wayyitsèr est écrit avec deux yod, car il y a eu deux façonnages : celui de l’homme dans ce monde-ci, et celui de l’homme dans le monde à venir (Beréchith raba 14, 5). Tandis que pour les animaux, qui ne sont pas justiciables du tribunal divin, le même mot wayitsèr (verset 19) n’est écrit qu’avec un seul yod
Poussière détachée du sol
Dieu a amassé la poussière de toute la terre, des quatre points cardinaux, afin qu’elle accepte, où que l’homme vienne à mourir, de devenir sa tombe (Midrach tan‘houma Peqoudei 3). Autre explication : Il a pris la poussière de l’endroit dont il est dit : « Tu feras pour moi un autel de terre » (Chemoth 20, 21), [à savoir le site où allait être construit le Temple], en se disant : « Pourvu qu’elle lui soit une expiation afin qu’il puisse tenir ! » (Beréchith raba 14, 9)
Il insuffla dans ses narines une âme de vie
Il l’a formé d’éléments d’ici-bas et d’éléments d’en haut : le corps d’en-bas, et l’âme d’en haut. Car le premier jour, Il a créé le ciel et la terre. Le deuxième jour, le firmament pour les êtres d’en haut. Le troisième jour, la terre ferme est apparue pour les êtres d’en-bas. Le quatrième, les luminaires pour les êtres d’en haut. Le cinquième, Il a fait fourmiller les eaux d’une multitude rampante d’êtres vivants, pour les êtres d’en-bas. Il fallait donc, le sixième jour, créer tout à la fois des éléments d’en haut et des éléments d’en-bas. Car il se serait établi, sinon, de la jalousie dans l’œuvre de la création, puisque les uns auraient dépassé les autres pendant une des journées qu’a duré celle-ci (Beréchith raba 12, 7)
Et l’homme fut une âme vivante
Les animaux et les bêtes sauvages sont également appelés « âmes vivantes ». Cependant, celle de l’homme est la plus vivante de toutes, car il s’y ajoute la connaissance et la parole
2,8
L'Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l'orient, et y plaça l'homme qu'il avait façonné.
Vers l’orient (miqèdèm)
C’est à l’est de ‘Eden que Dieu a planté le jardin. Mais peut-être objecteras-tu [en prenant le mot miqèdèm comme exprimant une antériorité] qu’Il avait déjà créé l’homme, puisqu’il est écrit : « Eloqim créa l’homme à son image » (supra 1, 27). J’opposerai, dans ce cas, la barayetha de rabi Yossi Haglili qui nous enseigne les trente-deux règles d’interprétation de la Tora. Voici l’une d’elles : Lorsqu’une « généralité » est suivie d’un récit, ce dernier constitue un détail de la première. « Eloqim créa l’homme » – généralité, mais celle-ci ne spécifie pas à partir de quoi et comment. Puis il est écrit : « Hachem-Eloqim façonna l’homme... Il fit pousser du sol tout arbre... Il le plaça dans le jardin de ‘Eden... Il fit tomber un sommeil... » On pourrait croire, en entendant cela, qu’il s’agit d’un autre récit, alors qu’il ne constitue, en fait, qu’un détail du premier. Pour les animaux aussi, dont la création a déjà été mentionnée (supra 1, 27), le texte se répète : « Hachem-Eloqim avait formé de matière terrestre tous les animaux » (verset 19). Mais c’est pour ajouter : « Il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait », et aussi pour indiquer que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau
2,9
L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de vie au milieu du jardin, avec l'arbre de la science du bien et du mal.
Fit pousser du sol
Le texte parle ici uniquement du jardin [dont il est question au verset 8]
Au milieu du jardin
Au centre même du jardin
2,10
Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras.
2,11
Le nom du premier: Pichon; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or.
Pichon
C’est le Nil, le fleuve de l’Egypte. Il est appelé Pichon (du mot pachou signifiant « se répandre ») parce que ses eaux, par la bénédiction de Dieu, montent et arrosent le sol. C’est comme dans : « et ses cavaliers se répandent (pachou) » (‘Habaqouq 1, 8). Autre explication : le Pichon fait pousser le lin (pichtan) (Beréchith raba 16, 2), ainsi qu’il est écrit à propos de l’Egypte : « ils seront confondus, ceux qui travaillent le lin (‘ovdé pichtim) » (Yecha’ya 19, 9)
2,12
L’or de ce pays-là est bon; là aussi le bdellium et la pierre de chôham.
2,13
Le nom du deuxième fleuve: Ghihôn; c’est lui qui coule tout autour du pays de Kouch.
Gui‘hon
Ainsi nommé parce que ses eaux coulent en mugissant violemment, comme dans : « si un bœuf cogne (yiga‘h) un homme », [mugir et cogner vont ensemble], car un bœuf cogne en mugissant
2,14
Le nom du troisième fleuve: Hiddékel; c’est celui qui coule à l’orient d’Assur; et le quatrième fleuve était l’Euphrate.
‘Hiddèqel
[Le Tigre], ainsi appelé parce que Ses eaux sont « vives » (‘hadin) et « légères » (qalin) (Berakhoth 59b)
Perath
[L’Euphrate], ainsi nommé parce que ses eaux sont fécondes (parim – similaire à Perath) et se multiplient (weravim) et qu’elles sont bonnes pour la santé (ibid. Voir aussi Beréchith raba 16, 6)
Kouch et Achour
Ils n’existaient pas encore en tant que pays. Le texte anticipe sur l’avenir (Ketouvoth 10b, Beréchith raba 16, 4)
A l’orient d’Achour
C’est le mizra‘h de Achour
Perath
C’est le plus important de tous, comme étant cité à propos d’Erets Israël (Beréchith raba 16, 5)
2,15
L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner.
Il prit
Il le « prit » avec des paroles de douceur, pour le persuader d’entrer dans le jardin (Beréchith raba 16, 8)
2,16
L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir;
2,17
mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir!"
2,18
L’Éternel-Dieu dit: "Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide digne de lui."
Il n’est pas bon...
Pour qu’on ne dise pas qu’il y a deux autorités : le Saint béni soit-Il en-haut, seul et sans compagnon, et l’homme ici-bas, seul et sans compagnon (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 12)
Une aide qui soit face à lui
Si l’homme a du mérite, elle lui sera une aide. S’il n’en a pas, elle sera contre lui et le combattra (Beréchith raba 17, 3. Voir aussi Yevamoth 63a)
2,19
L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom.
Avait formé (wayitsèr) de matière terrestre
Cette formation est la même que celle dont il a été question plus haut : « Eloqim fit les animaux de la terre... » (supra 1, 25). Cela vient nous apprendre que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau. Il est indiqué plus haut qu’ils ont été créés à partir de l’eau, et ici qu’ils ont été créés à partir de la terre (‘Houlin 27b). Cela t’apprend aussi qu’Il a amené les animaux à l’homme, dès leur création, pour qu’il leur donne un nom. Le midrach explique le mot wayitsèr (« avait formé ») dans le sens de « domination », « assujettissement », comme dans : « si tu es arrêté longtemps au siège [ki thatsour] d’une ville » (Devarim 20, 19), car Il les a assujettis au pouvoir d’Adam (Beréchith raba 17, 4)
Et tout ce que l’homme aura appelé
Intervertis l’ordre des mots et explique ainsi : toute espèce animée que l’homme aura appelée d’un nom, ce sera son nom pour toujours
2,20
L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie.
2,21
L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et forma un tissu de chair à la place.
L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme
Lorsque Dieu lui a amené toutes les espèces animales, mâle et femelle, l’homme a dit : « Chacun a sa compagne, et moi je n’en ai pas ! ». Aussitôt, « Hachem-Eloqim fit tomber un sommeil sur l’homme... » (Beréchith raba 17, 5)
De ses côtés (mitsal‘othaw)
Un de ses côtés, comme dans : « de même, pour le second côté (tsèla’) du tabernacle » (Chemoth 26, 20). C’est pourquoi on enseigne que l’homme avait été créé avec deux visages (Berakhoth 61a, Beréchith raba 17, 6)
Il referma
L’endroit où a eu lieu l’incision
Il s’endormit. Il prit
Pour que l’homme ne voie pas le fragment de chair dont la femme avait été faite et qu’il n’en vienne à la mépriser (Sanhèdrin 39a)
2,22
L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme.
Il édifia
Comme un bâtiment, étroite au sommet et large à la base pour pouvoir recevoir l’enfant. A l’instar d’un silo à blé qui est large à la base et étroit au sommet pour que la charge ne pèse pas trop sur les parois (Sanhèdrin 61a)
Hachem-Eloqim édifia en femme le côté
Pour qu’elle soit une femme, comme dans : « Guid’on en fit un éphod » (Choftim 8, 27) – c’est-à-dire : pour que cela devienne un éphod
2,23
Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich."
Cette fois
Cela nous enseigne que Adam s’est uni à tous les animaux et à toutes les bêtes, mais qu’il n’a trouvé d’épanouissement que par son union avec ‘Hawa (Yevamoth 63a)
Celle-ci sera appelée icha
Icha (« femme ») est dérivé de ich (« homme »). Nous apprenons d’ici que le monde a été créé avec la langue sainte, [étant donné que seule la langue hébraïque relie les mots « homme » et « femme » à une racine commune] (Beréchith raba 18, 4)
2,24
C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
C’est pourquoi l’homme abandonne
C’est l’esprit saint qui parle ici, [et non Adam], pour interdire l’inceste aux Noa‘hides (Sanhèdrin 57b)
Une seule chair
L’enfant est créé par les deux parents, et c’est en lui qu’ils deviennent une seule chair
2,25
Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte.
Et ils n’en avaient pas honte
Car ils ne connaissaient pas la pudeur, pour pouvoir distinguer le bien du mal. L’homme, il est vrai, possédait la connaissance, puisqu’il avait su donner des noms aux animaux (supra 2, 20), mais il ignorait le penchant au mal avant d’avoir mangé du fruit défendu. C’est seulement à ce moment-là que le penchant au mal est entré en lui, et qu’il a su distinguer le bien du mal
3,1
Mais le serpent était rusé, plus qu'aucun des animaux terrestres qu'avait faits l'Éternel-Dieu. Il dit à la femme: "Est-il vrai que Dieu a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?"
Et le serpent était rusé
Quel rapport avec ce qui précède ? On aurait dû tout de suite nous dire : « Il fit pour l’homme et pour sa femme des tuniques de peau. Il les en vêtit » (infra 3, 21) ! Mais cela t’apprend par quelle manigance le serpent s’est attaqué à eux. Il les a vus nus et en train d’avoir des rapports à la vue de tout, et il a eu envie d’elle (Beréchith raba 18, 6)
Rusé
Plus grande a été sa ruse, plus grande a été sa chute. Ici : « plus rusé », plus loin : « maudit plus que tous les animaux » (Beréchith raba 19, 1)
Est-il vrai que Eloqim a dit
Peut-être vous a-t-Il dit : « vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin ». Il les voyait pourtant manger des autres fruits. Il a multiplié les paroles inutiles afin qu’elle lui fournisse l’occasion, en lui répondant, de parler de l’arbre [vraiment défendu]
3,2
La femme répondit au serpent: "Les fruits des arbres du jardin, nous pouvons en manger;
3,3
mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez point, sous peine de mourir."
Et vous n’y toucherez pas
Elle en a rajouté à l’ordre qu’elle avait reçu. C’est pourquoi elle en viendra à lui ôter [de son efficacité] (Beréchith raba 19, 3). Aussi est-il écrit : « N’ajoute pas à Ses paroles » (Michlei 30, 6)
3,4
Le serpent dit à la femme: "Non, vous ne mourrez point;
Non
Il l’a poussée jusqu’à ce qu’elle touche l’arbre, puis il lui a dit : « Puisque tu n’es pas morte de l’avoir touché, tu ne mourras pas d’en avoir mangé ! » (Beréchith raba 19)
3,5
mais Dieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal."
Car Eloqim sait
Tout artisan déteste ceux qui font le même travail que lui. [Le serpent a donc susurré à ‘Hawa ] que Dieu a mangé du fruit de l’arbre, puis qu’Il a créé le monde. [Si donc vous en mangez à votre tour, « vous serez comme Eloqim »] (Beréchith raba 19, 4)
Et vous serez comme Eloqim
Des créateurs de mondes (ibid.)
3,6
La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea.
La femme vit
Elle a vu les paroles du serpent lesquelles lui ont plu, et elle a eu confiance en lui (ibid.)
Que l’arbre était bon comme nourriture
Pour devenir comme Eloqim (verset 5)
Qu’il était attrayant pour les yeux
Ainsi qu’il lui avait dit : « vos yeux s’ouvriront » (ibid.)
Et qu’il était désirable pour rendre intelligent
Ainsi qu’il lui avait dit : « connaissant le bien et le mal » (ibid.)
Elle en donna aussi à son mari
Afin d’éviter, étant seule à devoir mourir, qu’il lui survive et épouse une autre femme
Le mot gam (« aussi »)
Le mot gam (« aussi ») inclut ici les animaux domestiques et sauvages, [en ce qu’elle leur en a également donné, et pas seulement à son mari] (Beréchith raba 19, 5)
3,7
Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s'en firent des pagnes.
Leurs yeux s’ouvrirent
Sous le rapport de l’intelligence, et non de la vue elle-même, comme le prouve la fin du verset 
« ils surent qu’ils étaient nus ».
« ils surent qu’ils étaient nus ». L’aveugle aussi sait qu’il est nu ! Que veut dire alors : « ils surent qu’ils étaient nus » ? Ils ne détenaient qu’une seule mitswa, et ils s’en sont « dénudés » (Beréchith raba 19, 6)
Des feuilles de figuier
C’est de cet arbre qu’ils avaient mangé. Ce qui avait causé leur perte leur a apporté aussi le remède (Berakhoth 40a, Sanhèdrin 70b). Tandis les autres arbres les ont empêchés de prendre leurs feuilles. Et pourquoi cet arbre n’est-il pas nommé en toutes lettres ? C’est parce que le Saint béni soit-Il n’aime humilier aucune de Ses créatures, et afin que les hommes ne lui fassent pas honte en disant : « Voici celui à cause duquel le monde a été puni ! » (Midrach tan‘houma Wayéra 14)
3,8
Ils entendirent la voix de l'Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d'où vient le jour. L'homme et sa compagne se cachèrent de la face de l'Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin.
Ils entendirent
Il existe beaucoup de midrachim, et nos rabbins les ont déjà exposés à leurs places dans Beréchith raba et dans d’autres recueils. Quant à moi, je ne suis venu que pour fixer le sens littéral du texte. J’ai recours à la hagada lorsqu’elle en établit le vrai sens, d’après son contexte
Ils entendirent
Ils entendirent la voix du Saint béni soit-Il qui parcourait le jardin
Au souffle (leroua‘h – littéralement : « dans la direction ») du jour
Du côté où le soleil se couche, à l’ouest. A la fin de la journée, le soleil est à l’ouest. Or, ils avaient commis la faute à la dixième heure (Sanhèdrin 38b)
3,9
L'Éternel-Dieu appela l'homme, et lui dit: "Où es-tu?"
Où es-tu
Dieu savait où il était, mais c’était pour engager la conversation avec lui, afin qu’il ne s’effraie pas au point de ne pouvoir répondre, au cas où Il lui aurait annoncé immédiatement sa punition. Il en sera de même de Qayin (Caïn), à qui Dieu demandera : « Où est Hèvel, ton frère ? » (infra 4, 9). De Bile’am : « Qui sont ces hommes-là chez toi ? » (Bamidbar 22, 9) : ce sera pour engager la conversation. De ‘Hizqiyahou, à propos des envoyés de Merodakh Baladan : « Qu’ont dit ces hommes, et d’où viennent-ils pour te voir ? » (Yecha’ya 39, 3)
3,10
Il répondit: "J'ai entendu ta voix dans le jardin; j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché."
3,11
Alors il dit: "Qui t'a appris que tu étais nu? Cet arbre dont je t'avais défendu de manger, tu en as donc mangé?"
Qui t’a appris
D’où te vient cette connaissance qu’il y a honte à être nu 
De l’arbre (hamin ha‘éts)
C’est une question. [Le hé de hamin est interrogatif.
3,12
L'homme répondit; "La femme - que tu m'as associée - c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'ai mangé,"
Que tu m’as donnée avec moi
Il marque ici de l’ingratitude envers la bonté de Dieu (‘Avoda Zara 5b)
3,13
L'Éternel-Dieu dit à la femme: "Pourquoi as-tu fait cela?" La femme répondit: "Le serpent m'a entraînée, et j'ai mangé."
M’a entraînée (hichiani)
M’a induite en erreur, comme dans : « et maintenant, ne laisse pas ‘Hizqiyahou vous induire (yachi) en erreur » (Yecha’ya 36, 14, II Divrei haYamim 32, 15)
3,14
L'Éternel-Dieu dit au serpent "Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres: tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie.
Parce que tu as fait cela
D’où l’on déduit que l’on ne doit pas prendre la défense d’un instigateur. Car si Dieu lui avait demandé : « Pourquoi as-tu fait cela ? », il aurait pu répondre : « Les paroles du maître [Dieu], et les paroles du disciple [le serpent], auxquelles doit-on obéissance ? A celles du maître, naturellement ! » (Sanhèdrin 29a)
Plus que tous les animaux et plus que toutes les bêtes des champs
S’il est maudit plus que les animaux domestiques, [dont la durée de gestation est plus longue que celle des bêtes des champs], ne l’est-il pas plus, à plus forte raison, que les bêtes des champs ? De là l’enseignement de nos maîtres dans la guemara (Bekhoroth 8a) : la gestation du serpent dure sept ans
Tu marcheras sur ton ventre
Il avait des pattes, mais elles ont été coupées (Beréchith raba 20, 5)
3,15
Je ferai régner la haine entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne: celle-ci te visera à la tète, et toi, tu l'attaqueras au talon."
Et je ferai régner la haine
Toi, tu n’avais en vue que la mort d’Adam. Tu pensais qu’il allait mourir le premier et que tu pourrais épouser ‘Hawa. C’est à elle que tu as commencé à parler parce que les femmes sont faciles à séduire et qu’elles savent à leur tour séduire leur mari. C’est pourquoi « et je ferai régner la haine entre toi et entre la femme »
Elle te brisera (yechoufekha)
Elle te broiera, comme dans : « Je le broyai (waèkoth) en menue poussière » (Devarim 9, 21), que le Targoum rend par chouf
Et toi
Tu perdras ta station debout et tu ne pourras le mordre qu’au talon, et même ainsi tu pourras le faire mourir. Le mot techoufènnou (« tu briseras ») est à rapprocher de nachaf, qui signifie « siffler » (Yecha’ya 40, 24). Quand le serpent est sur le point de mordre, il se met à pousser comme un sifflement. Les mots yechoufekha (« il te brisera ») et techoufènnou (« tu lui briseras ») n’ont pas le même sens, mais leur homophonie explique leur emploi dans le même verset
3,16
A la femme il dit: "J'aggraverai tes labeurs et ta grossesse; tu enfanteras avec douleur; la passion t'attirera, vers ton époux, et lui te dominera."
Ta souffrance
Celle liée à l’éducation des enfants
Et ta grossesse
Il s’agit des souffrances de la gestation
Tu engendreras des fils avec douleur
Ce sont les souffrances de l’accouchement (‘Erouvin 100b)
La passion t’attirera vers ton mari
Pour les rapports conjugaux. Et cependant tu n’auras pas l’audace d’exprimer à haute voix ton désir. Mais « lui te domineras » : tout viendra de lui, pas de toi
La passion
« Ton désir », comme dans : « son âme est attirée (choqiqa) » (Yecha’ya 29, 8)
3,17
Et à l'homme il dit: "Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras.
Maudite est la terre à cause de toi
Elle produira à cause de toi des êtres maudits, tels que les mouches, les puces et les fourmis. C’est ainsi que l’on maudit un mauvais sujet : on exècre le sein qui l’a nourri (Midrach tan‘houma Ki thétsé 4)
3,18
Elle produira pour toi des buissons et de l'ivraie, et tu mangeras de l'herbe des champs.
Et elle fera pousser pour toi des ronces et des épines
La terre, lorsque tu l’ensemenceras de graines diverses, produira des ronces et des épines. Et aussi diverses plantes, comme les artichauts et les cardons, que l’on ne peut manger qu’après les avoir accommodés (Beréchith raba 20, 23)
Tu mangeras de l’herbe des champs
Et en quoi est-ce une malédiction ? Dieu ne l’avait-Il pas béni en disant : « Je vous ai donné toute herbe portant semence... » (supra 1, 29) ? Il est écrit, en fait, au début du passage : « maudite est la terre à cause de toi : c’est avec peine que tu en mangeras », et après que tu auras déployé tes efforts : « et elle fera pousser pour toi des ronces et des épines ». Quand tu y auras semé des légumes ou de la verdure, elle produira pour toi ronces et épines, ainsi que d’autres herbes, et tu seras obligé de t’en nourrir
3,19
C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, - jusqu'à ce que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras!"
A la sueur de ton front
Après t’être donné beaucoup de mal
3,20
L'homme donna pour nom à sa compagne "Ève" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants.
L’homme appela le nom
Le texte revient ici au sujet précédent, où « l’homme appela par des noms tout le bétail » (supra 2, 20). Le récit s’était interrompu pour t’apprendre que c’est alors qu’il donnait les noms que ‘Hawa lui a été attribuée comme compagne, ainsi qu’il est écrit : « et pour l’homme, il ne trouva pas d’aide qui lui convienne. Il fit tomber un sommeil sur l’homme... ». Et en soulignant ensuite qu’ils « étaient nus », on passe à l’épisode du serpent, cela pour t’apprendre que l’ayant vue nue et en train d’avoir des rapports, il s’est mis à la désirer. Il est alors venu vers eux avec de mauvaises intentions et par la ruse [ayant ourdi un plan destiné à provoquer la mort d’Adam]
‘Hawa
Le mot vient du verbe ‘haya (« vivre ») : qui donne la vie à ses enfants, comme dans : « que possède l’homme... » (Qohèleth 2, 22), où le mot howè a le sens de : « être »
3,21
L'Éternel-Dieu fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit.
Des tuniques de peau
Une hagada rapporte qu’elles étaient, comme l’ongle, lisses et fixées sur la peau. Une autre nous enseigne qu’il s’agissait d’une matière provenant de la peau, comme du poil de lièvre, douce et chaude, dont Dieu leur a fait des tuniques (Beréchith raba 20, 12)
3,22
L'Éternel-Dieu dit: "Voici l'homme devenu comme l'un de nous, en ce qu'il connait le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie; il en mangerait, et vivrait à jamais."
Devenu comme l’un de nous
Le voici unique en bas, de même que moi, qui suis l’Unique en haut (Targoum yonathan). Et en quoi est-il unique ? Par la connaissance du bien et du mal, que ne possèdent pas les animaux, domestiques ou sauvages
Et maintenant
S’il vivait éternellement, il pourrait induire en erreur les créatures qui diraient : « Lui aussi est un dieu ! ». Il existe à ce propos des midrachim, mais ils ne correspondent pas au sens littéral du texte
3,23
Et l'Éternel-Dieu le renvoya du jardin d'Éden, pour cultiver la terre d'où il avait été tiré.
3,24
Ayant chassé l'homme, il posta en avant du jardin d'Éden les chérubins, avec la lame de l'épée flamboyante, pour garder les abords de l'arbre de vie.
En avant (miqèdèm) du jardin ‘Eden
A l’est du jardin de ‘Eden, en dehors du jardin, [et non dans sa partie située à l’est]
Les chérubins
Des anges de destruction (Chemoth raba 9, 11)
De l’épée tournoyante
Elle avait une lame menaçante destinée à l’empêcher d’entrer à nouveau dans le jardin. Le Targoum traduit lahat par l’araméen chenan (« lame »), comme dans : « tirer la lame » (Sanhèdrin 82a). En français : « lame ». Il existe des midrachim, mais je ne suis venu que pour fixer le sens littéral du texte
4,1
or, l'homme s'était uni à Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta Caïn, en disant: "J'ai fait naître un homme, conjointement avec l'Éternel!"
L’homme connut
Déjà avant le récit cité plus haut, avant la faute et son expulsion du jardin. Il en est de même pour la grossesse et la naissance [de Qayin], car si le texte avait porté wayéda’ au lieu de yada’, cela aurait voulu dire qu’il a eu des enfants après avoir été chassé
Qayin
Parce que j’ai acquis (qanithi)
Avec Hachem
La préposition eth possède ici le même sens que ‘im (« avec »). Lorsqu’Il m’a créée ainsi que mon mari, Il était seul à nous créer. Mais pour cet enfant, nous sommes devenus Ses associés (V. Nidda 31a)
Qayin... son frère
La préposition eth apparaît à trois reprises, [devant chacun de ces trois mots]. Cette redondance nous enseigne qu’une sœur jumelle est née en même temps que Qayin, et deux sœurs jumelles en même temps que Hèvel. D’où l’expression [au verset suivant] : « elle continua d’engendrer » (Beréchith raba 22, 3)
4,2
Elle enfanta ensuite son frère, Abel. Abel devint pasteur de menu bétail, et Caïn cultiva la terre.
Berger de menu bétail
Puisque la terre avait été maudite, Hèvel a abandonné l’agriculture
4,3
Au bout d'un certain temps, Caïn présenta, du produit de la terre, une offrande au Seigneur;
Des fruits de la terre
De ce qu’il y avait de moins bon (Beréchith raba 22, 5). Une hagada rapporte qu’il a présenté des graines de lin (Midrach tan‘houma Beréchith 9)
4,4
et Abel offrit, de son côté, des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses. Le Seigneur se montra favorable à Abel et à son offrande,
Il se tourna (wayicha’)
C’est-à-dire : Il se tourna. Comme dans : « Il ne se tournera plus (welo yich‘è) vers les autels » (Yecha’ya 17, 8), et dans : « Détourne-toi (che‘é) de lui » (Iyov 14, 6)
Il se tourna
Un feu est descendu du ciel et a consumé son offrande
4,5
mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable; Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu.
4,6
Le Seigneur dit à Caïn; "Pourquoi es-tu chagrin, et pourquoi ton visage est-il abattu?
4,7
Si tu t'améliores, tu pourras te relever, sinon le Péché est tapi à ta porte: il aspire à t'atteindre, mais toi, sache le dominer!"
Si tu t’améliores
A traduire selon le Targoum : « si tu améliores tes actes, il te sera pardonné »
Le péché est tapi à la porte
Ton péché est gardé jusqu’à l’entrée de ta tombe, [jusqu’au jour de ta mort et de ton jugement]
Il aspire à t’atteindre
Le péché, c’est-à-dire le penchant au mal. Il aspire sans arrêt à te faire chanceler
Et toi
Si tu le veux, tu seras plus fort que lui
4,8
Caïn parla à son frère Abel; mais il advint, comme ils étaient aux champs, que Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua.
Qayin parla à son frère Hèvel
Il a commencé par lui chercher querelle, afin de trouver un prétexte à le tuer. Il a engagé avec lui des propos de querelle et de dispute pour s’en prendre à lui et lui ôter la vie. Il existe à ce sujet des midrachim, mais tel est le sens du texte
4,9
L'Éternel dit à Caïn: "Où est Abel ton frère?" Il répondit: "Je ne sais; suis-je le gardien de mon frère?"
Où est Hèvel ton frère ?
Dieu savait où il était, mais c’était pour commencer par lui tenir des propos aimables, dans l’espoir qu’il manifeste son repentir et qu’il dise : « C’est moi qui l’ai tué, et j’ai péché devant toi ! 
Je ne sais
Il s’imagine qu’il va pouvoir tromper Dieu
Le gardien de mon frère
C’est une question, comme chaque fois que le préfixe hé, [ici dans hachomér (littéralement : « est-ce que gardien ? »)], est ponctué d’un chewa-patha‘h
4,10
Dieu dit: "Qu'as-tu fait! Le cri du sang de ton frère s'élève, jusqu'à moi, de la terre.
Des sangs de ton frère
Son sang et le sang de ses descendants (Sanhèdrin 37a). Autre explication : il lui avait fait de nombreuses blessures, ne sachant pas par où son âme sortirait (Sanhèdrin 37b)
Plus que cette terre
Plus qu’elle n’a été elle-même maudite pour sa propre faute (V. supra sous 1, 11). Et elle a ajouté ici une faute nouvelle
4,11
Eh bien! tu es maudit à cause de cette terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère!"
Qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main les sangs de ton frère
Je lui impose donc une nouvelle malédiction, te concernant : « elle cessera de te donner sa force »
4,12
Lorsque tu cultiveras la terre, elle cessera de te faire part de sa fécondité; tu seras errant et fugitif par le monde."
Errant et vagabond
Tu n’auras pas le droit de demeurer à la même place
4,13
Caïn dit à l'Éternel: "Mon crime est trop grand pour qu'on me supporte.
Ma faute est trop grande pour être supportée
C’est une question : Alors que tu supportes les mondes d’en-haut et d’en bas, ne supporterais-tu pas ma faute ? (Beréchith raba 22, 11)
4,14
Vois, tu me proscris aujourd'hui de dessus la face de la terre; mais puis-je me dérober à ta face? Je vais errer et fuir par le monde, mais le premier qui me trouvera me tuera."
4,15
L'Éternel lui dit: "Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple." Et l'Éternel le marqua d'un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât.
Quiconque tuera Qayin
La phrase, comme il arrive parfois, est abrégée. Elle procède par allusion, sans préciser. Les mots « c’est pourquoi quiconque tuera Qayin » constituent une menace : voici ce qu’on lui fera, tel sera son châtiment, sans que la nature du châtiment soit précisée
Sera puni au septuple
Je ne veux pas me venger maintenant de Qayin. C’est au bout de sept générations que j’exercerai ma vengeance, quand Lèmekh, l’un de ses descendants, viendra le tuer. La suite du verset, à savoir  : « il sera puni au septuple », marque la punition de Qayin pour le meurtre de Hèvel. Elle nous apprend qu’il ne faut voir dans le début du verset qu’une menace, afin qu’aucune créature ne lui fasse du mal. Autre exemple de ce style elliptique : « Dawid avait dit : “Quiconque frappera le Yevoussi atteindra le canal” » (II Chemouel 5, 8), sans que le texte précise ce qu’on allait lui faire. Le verset se contente d’une allusion : « Quiconque frappera le Yevoussi et atteindra le canal, qui approchera de la porte de la ville et s’en emparera, et les aveugles etc. celui qui les frappera eux aussi parce qu’ils ont dit, l’aveugle et le boiteux : “Dawid n’entrera pas dans la maison”, celui donc qui les frappera, j’en ferai un chef et un prince ». Cela n’est pas indiqué explicitement ici, mais précisé dans I Divrei haYamim 11, 6 : « il deviendra chef et prince »
Hachem marqua Qayin d’un signe
Il grava sur son front une lettre de Son nom (Targoum yonathan). D’autres éditions de Rachi ajoutent l’interprétation suivante : « Quiconque me trouvera me tuera ! » (verset 14) : Il s’agit des animaux domestiques et des bêtes sauvages. Quant à d’autres êtres humains dont il aurait eu à avoir peur, il n’en existait pas encore, si ce n’est son père et sa mère, mais il ne craignait pas qu’ils le tuent. Il a dit : « Jusqu’à présent toutes les bêtes avaient peur de moi, ainsi qu’il est écrit : “que votre crainte et votre terreur soient sur tous les animaux de la terre” (infra 9, 2). Désormais, à cause de cette faute que j’ai commise, les bêtes ne me craindront plus et elles me tueront ». Aussitôt « Hachem marqua Qayin d’un signe », rétablissant son ascendant sur les animaux
4,16
Caïn se retira de devant l'Éternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l'orient d'Éden.
Qayin sortit
Il se retira avec humilité, comme pour essayer de tromper Dieu
Dans le pays de Nod
Dans le pays où se dirigent tous les exilés, la racine du mot nod exprimant l’idée de « mouvement », de « fuite »
A l’orient de ‘Eden
C’est là que son père s’était enfui lorsqu’il a été chassé du jardin de ‘Eden, ainsi qu’il est écrit : « Il chassa l’homme, Il posta en avant du jardin ‘Eden les chérubins... » (supra 3, 24). Pour interdire l’entrée du jardin, ce qui prouve bien que Adam y était. Nous constatons (Beréchith raba 21, 9) que c’est toujours l’orient qui recueille les meurtriers, ainsi qu’il est écrit : « C’est alors que Mochè désigna trois villes en deçà du Yardén, à l’orient » (Devarim 4, 41). Autre explication (Midrach tan‘houma Beréchith 9) : « Dans le pays de Nod » – partout où il allait, la terre tremblait sous ses pieds et les créatures disaient : « Ecartez-vous de lui, c’est lui qui a tué son frère ! », [le mot nod étant pris ici dans le sens de « mouvement »]
4,17
Caïn connut sa femme; elle conçut et enfanta Hénoc. Caïn bâtissait alors une ville, qu'il désigna du nom de son fils Hénoc.
Il fut bâtisseur
Qayin, pas ‘Hanokh
Il appela le nom de la ville
A la mémoire de son fils ‘Hanokh
4,18
Hénoc devint père d'Iràd; celui-ci engendra Mehouyaél, Mehouyaél qui engendra Metouchael qui engendra Lamec.
Et ‘Irad fut engendré
Le verbe « engendrer » est employé tantôt au hif‘il (holid), tantôt au qal (yalad). C’est que ce verbe est susceptible de deux emplois : pour la mère, comme en français médiéval « naîstre ». Pour le père, comme en français « engendrer ». Le mot holid, employé au hif‘il, s’applique à la mise au monde par la mère : tel homme a fait donner naissance par sa femme à un fils ou à une fille. Quant au mot yalad, au qal, il s’agit de l’engendrement par l’homme
4,19
Lamec prit deux femmes, la première nommée Ada, et la seconde Cilla.
Lèmekh se prit
Tout ce récit pour montrer à la fin que le Saint béni soit-Il a tenu parole. Il avait dit : « Quiconque tuera Qayin sera puni au septuple [c’est-à-dire à la septième génération] » (verset 15). C’est Lèmekh qui, après avoir mis au monde la septième génération, a tué Qayin, comme il le dit lui-même : « j’ai tué un homme, est-ce ma blessure ? » (verset 23)
Deux femmes
Telles étaient les mœurs de la génération du déluge : l’une pour donner des enfants, et l’autre pour le plaisir. On faisait absorber à la seconde une potion destinée à la rendre stérile, on la parait comme une jeune épousée et on la nourrissait de mets succulents. Quant à la première, elle était humiliée et endeuillée comme une veuve. C’est ainsi qu’on peut interpréter le verset : « Il s’abat sur la femme stérile, qui n’a pas d’enfant, et il ne traite pas bien la veuve » (Iyov 24, 21), comme l’explique la hagada (Beréchith raba 23, 2)
‘Ada
C’est celle qui était destinée à donner des enfants, ainsi nommée parce qu’elle était méprisée et tenue à l’écart. ‘Ada signifie en araméen : « tenue à l’écart »
Tsila
C’est celle qui était destinée au plaisir, ainsi nommée parce qu’elle se tenait toujours à l’ombre (tsél) de son mari. Telles sont les explications de la hagada dans Beréchith raba (23, 2)
4,20
Ada enfanta Jabal, souche de ceux qui habitent sous des tentes et conduisent des troupeaux.
Le père de ceux qui habitent sous des tentes et possèdent du bétail
Il a été le premier des bergers des déserts, habitant sous des tentes, un mois ici, un mois là, afin de faire paître son troupeau. Quand le pâturage était épuisé, il allait planter sa tente ailleurs. Le midrach (Beréchith raba 23, 3) indique qu’il construisait des temples pour l’idolâtrie, ainsi qu’il est écrit : « image de la colère qui irrite » (Ye‘hezqel 8, 3), [par rapprochement des mots : hamaqnè (« qui irrite ») et miqnè (« troupeaux »)]. Son frère également, qui maniait « la harpe et la flûte » (verset 21), s’en servait pour l’idolâtrie
4,21
Le nom de son frère était Jubal: celui ci fut la souche de ceux qui manient la harpe et la lyre.
4,22
Cilla, de son côté, enfanta Tubalcaïn, qui façonna toute sorte d'instruments de cuivre et de fer, et qui eut pour sœur Naama.
Touval Qayin
Il améliorait (tovel) l’art de Qayin, le mot tovel étant à rapprocher de tavlin (« épices »). Il « épiçait » et perfectionnait l’art de Qayin en confectionnant des armes pour les meurtriers
Qui forgea (lotéch) toutes sortes d’instruments de cuivre et de fer
Il aiguisait des instruments de cuivre et de fer, comme dans : « Il aiguise (yiltoch) ses yeux contre moi » (Iyov 16, 9). Le mot ‘horéch (« instrument ») n’est pas un substantif, mais un participe. Il est en effet ponctué d’un tséré et portant l’accent tonique sur la dernière syllabe, [alors que le substantif est ponctué d’un sègol et qu’il porte l’accent tonique sur la première syllabe]. Il signifie qu’il s’occupait à aiguiser et à polir des objets d’usage en cuivre et en fer
Na’ama
Elle sera la femme de Noa‘h (Beréchith raba 23, 3)
4,23
Lamec dit à ses femmes"Ada et Cilla, écoutez ma voix! Femmes de Lamec, prêtez l'oreille à ma parole! J'ai tué un homme parce qu'il m'avait frappé,Et un jeune homme à cause de ma blessure:
Ecoutez ma voix
Parce que ses femmes s’étaient séparées de lui et lui refusaient des rapports conjugaux, étant donné qu’il avait tué Qayin et son propre fils, Touval Qayin. Lèmekh était aveugle et Touval Qayin lui servait de guide. Il aperçut un jour Qayin et, le prenant pour une bête sauvage, il dit à son père de bander son arc et de le tuer. Lorsque Lèmekh apprit que c’est Qayin, son aïeul, qu’il avait atteint, il frappa ses mains l’une contre l’autre et, écrasant son fils entre elles, le tua. Alors, ses femmes se séparèrent de lui et il essaya de les apaiser en leur disant : « Ecoutez ma voix ! » – Revenez à moi ! L’homme que j’ai tué, « est-ce par “ma” blessure » ? Cette blessure était-elle intentionnelle pour qu’elle soit appelée « mienne » ? Et le jeune homme que j’ai tué, a-t-il été tué par mon coup, c’est-à-dire par ma main ? C’est pourtant sans intention que j’ai agi, et non de manière délibérée ! Ce ne sont ni « ma » blessure, ni « mon » coup ! [Les deux distiques du chant de Lèmekh sont par conséquent des interrogations] (Midrach tan‘houma Beréchith 11)
Par ma blessure
Par un coup d’épée ou de flèche. En français médiéval : « navredure »
4,24
Si Caïn doit être vengé sept fois, Lamec le sera soixante-dix-sept fois."
Si Qayin est vengé sept fois
Qayin, qui a tué délibérément, a obtenu un sursis de sept générations. Ne m’accordera-t-on pas, à plus forte raison, à moi qui ai tué involontairement, un sursis de beaucoup de fois sept générations 
Soixante-dix-sept fois
Rabi Tanh’ouma explique : C’est une manière de dire : « beaucoup de fois sept générations », [sans que cela veuille dire : « exactement soixante-dix-sept fois »]. Selon Beréchith raba (23, 4), Lèmekh n’a tué personne, et ses femmes se sont séparées de lui après la naissance de leurs enfants, car Dieu avait décrété qu’Il anéantirait la descendance de Qayin au bout de sept générations. Elles se sont dit : « A quoi bon mettre au monde des enfants puisqu’ils vont disparaître ? Demain viendra le déluge qui emportera tout ! » Il leur a opposé : « “J’ai tué un homme, est-ce par ma blessure ?” Est-ce moi qui ai tué Hèvel, qui était un homme par la taille, mais un enfant par l’âge, pour que ma descendance soit anéantie par cette faute ? Qayin, qui a tué, a obtenu un sursis de sept générations. Moi, qui n’ai pas tué, ne m’accordera-t-on pas, à plus forte raison, un sursis de beaucoup de fois sept générations ? » Ce raisonnement a fortiori est absurde, car le Saint béni soit-Il ne pourrait alors jamais faire payer sa dette à l’homme et Il ne tiendrait pas parole
4,25
Adam connut de nouveau sa femme; elle enfanta un fils, et lui donna pour nom Seth: "Parce que Dieu m'a accordé une nouvelle postérité au lieu d'Abel, Caïn l'ayant tué."
Adam connut...
Lèmekh est venu trouver Adam, le premier homme, et s’est plaint de ses femmes. Adam leur dit : « Avez-vous à vous préoccuper des décrets de Dieu ? Vous, faites votre devoir et Lui fera ce qu’Il doit faire ! » Les femmes lui ont rétorqué : « Commence par te parer toi-même [des qualités que tu nous incites à posséder] ! Ne t’es-tu pas séparé de ta femme il y a cent trente ans, lorsque, par ta faute, la mort a été décrétée en punition pour l’homme ? ». Aussitôt, « Adam connut encore sa femme ». Que veut dire « encore » ? C’est pour nous enseigner qu’il l’a désirée plus que par le passé (Beréchith raba 23, 5)
4,26
A Seth, lui aussi, il naquit un fils; il lui donna pour nom Énos. Alors on commença d'invoquer le nom de l'Éternel.
Alors on commença d’invoquer le nom de Hachem
Le mot hou‘hal (« on commença ») est à rapprocher de ‘houlin (« profanation »). On donnait aux hommes et aux plantes des noms du Saint béni soit-Il, en leur rendant un culte idolâtre et en les désignant comme des dieux
5,1
Ceci est l'histoire des générations de l'humanité. Lorsque Dieu créa l'être humain, il le fit à sa propre ressemblance.
Ceci est le livre des générations d’Adam
C’est l’énumération (sefira) des générations qui ont succédé à Adam. Il existe à ce sujet de nombreux midrachim
Le jour où Eloqim créa
Ce qui veut dire qu’il a engendré le jour même de sa naissance (Beréchith raba 24, 7)
5,2
Il les créa mâle et femelle, les bénit et les appela l'homme, le jour de leur création.
5,3
Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.
Cent trente ans
Il s’était, jusque là, séparé de sa femme (Beréchith raba 24, 6)
5,4
Après avoir engendré Seth, Adam vécut huit cents ans, engendrant des fils et des filles.
5,5
Tout le temps qu'Adam vécut fut donc de neuf cent trente ans; et il mourut.
5,6
Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra Énos.
5,7
Après avoir engendré Énos, Seth vécut huit cent sept ans, engendrant des fils et des filles.
5,8
Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans, après quoi il mourut.
5,9
Énos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Kênân.
5,10
Enos vécut, après avoir engendré Kênân, huit cent quinze ans; et il eut des fils et des filles.
5,11
Tous les jours d'Énos furent de neuf cent cinq ans, après quoi il mourut.
5,12
Kênân, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Mahalalêl.
5,13
Kènan vécut, après la naissance, de Mahalalêl, huit cent quarante ans, et eut des fils et des filles.
5,14
Toute la vie de Kênân fut de neuf cent dix ans, après quoi il mourut.
5,15
Mahalalêl, ayant vécu soixante-cinq ans, engendra Yéred.
5,16
Mahalalél, après avoir engendré Yéred, vécut huit cent trente ans, et engendra des fils et des filles.
5,17
Tous les jours de Mahalalèl furent de huit cent quatre-vingt-quinze ans, puis il mourut.
5,18
Véred, ayant vécu cent soixante-deux ans, engendra Hénoc.
5,19
Yéred vécut, après la naissance d'Hénoc, huit cents ans; il eut des fils et des filles.
5,20
La vie entière de Yéred fut de neuf cent soixante-deux ans, après quoi il mourut.
5,21
Hénoc vécut soixante-cinq ans, et engendra Mathusalem.
5,22
Hénoc se conduisit selon Dieu, après avoir engendré Mathusalem, durant trois cents ans, et engendra des fils et des filles.
‘Hanokh marcha
C’était un homme juste, mais faible dans sa conscience et facilement enclin à faire le mal. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il s’est hâté de l’enlever de ce monde-ci en le faisant mourir avant son heure. Aussi le verset emploie-t-il d’autres mots pour parler de sa mort, en écrivant : « et il ne fut plus » dans ce monde pour y achever ses années
5,23
Tous les jours d'Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans;
5,24
Hénoc se conduisait selon Dieu, lorsqu'il disparut, Dieu l'ayant retiré du monde.
Eloqim le prit (laqa‘h)
Avant son heure (Beréchith raba 25, 1), comme dans : « Je vais t’enlever (loqéa‘h) les délices de tes yeux » (Ye‘hezqel 24, 16)
5,25
Mathusalem, ayant vécu cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lamec.
5,26
Mathusalem vécut, après avoir engendré Lamec, sept cent quatre-vingt-deux ans; il eut encore des fils et des filles.
5,27
Tous les jours de Mathusalem furent de neuf cent soixante-neuf ans, après quoi il mourut.
5,28
Lamec, ayant vécu cent quatre-vingt-deux ans, engendra un fils.
Il engendra un fils
Le mot bén (« fils ») est de la même famille que le verbe bano (« construire »). C’est sur lui que sera reconstruit le monde (Midrach tan‘houma Beréchith 11)
5,29
Il énonça son nom Noé, en disant: "Puisse-t-il nous soulager de notre tâche et du labeur de nos mains, causé par cette terre qu'a maudite l'Éternel!"
Celui-ci nous consolera
Le mot yena‘haménou (« il nous consolera ») est à décomposer en : yena‘h et mimènou (« il fera cesser nos peines »). Jusqu’à Noa‘h, l’homme ne possédait pas d’instruments de labour. C’est lui qui les a fabriqués. La terre, lorsqu’on semait du blé, produisait ronces et épines à cause de la malédiction prononcée contre Adam (Midrach tan‘houma). L’époque de Noa‘h a marqué la fin de ces calamités. C’est ce que veut dire yena‘haménou. Si tu ne l’expliques pas ainsi, le sens du mot ne répond pas au nom de Noa‘h, et il faudrait l’appeler mena‘hem (« le consolateur »)
5,30
Lamec vécut, après avoir engendré Noé, cinq cent quatre-vingt-quinze ans; il engendra des fils et des filles.
5,31
Toute la vie de Lamec fut de sept cent soixante-dix-sept ans; et il mourut.
5,32
Noé, étant âgé de cinq cents ans, engendra Sem, puis Cham et Japhet.
Etant âgé de cinq cents ans
Rabi Youdan a enseigné : Pour quelle raison les générations précédentes ont-elles engendré à cent ans, et Noa‘h à cinq cents ans seulement ? Le Saint béni soit-Il a dit : « Si les enfants de Noa‘h sont des impies, ils périront par les eaux du déluge, et ce juste en éprouvera de la peine. Et si ce sont des justes, je serai obligé de lui imposer la tâche de construire de nombreuses arches. ». C’est pourquoi Il l’a rendu stérile et il n’a engendré qu’à l’âge de cinq cents ans. Aussi Yèfeth, l’aîné de ses fils, n’était-il pas encore responsable de ses actes avant le déluge, ainsi qu’il est écrit : « Car sera considéré comme jeune homme celui qui mourra à cent ans » (Yecha’ya 65, 20), ce verset voulant dire qu’il sera alors responsable de ses actes. Ainsi en était-il avant le don de la Tora (Beréchith raba 26, 2)
Chem
Yèfeth n’était-il pas l’aîné ? Mais on commence par s’intéresser à Chem, qui était un juste, qui est né circoncis et dont est issu Avraham (Abraham) (Beréchith raba 26, 3)
6,1
Or, quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et que des filles leur naquirent,
6,2
les fils de la race divine trouvèrent que les filles de l'homme étaient belles, et ils choisirent pour femmes toutes celles qui leur convinrent.
Les fils de èlohim
Enfants de princes et de juges (Beréchith raba 26, 5). Autre explication : Les fils de èlohim étaient des êtres célestes accomplissant une mission divine. Eux aussi s’étaient mélangés avec elles [à savoir les filles de l’homme]. Toutes les fois que l’on trouve dans le texte le mot èlohim, il a un sens de « suprématie ». En voici la preuve : « tu seras pour lui un inspirateur (èlohim) » (Chemoth 4, 16), ou bien : « Regarde ! Je fais de toi un dieu (èlohim) à l’égard de Pharaon ! » (Chemoth 7 1)
Etaient belles
Rabi Youdan a enseigné : Le mot tovoth est écrit sans waw, car lorsqu’elles se faisaient « belles » et se paraient pour aller sous le dais nuptial, un homme plus fort les possédait d’abord (Beréchith raba 26, 5)
De tout ce qu’ils choisissaient
Même une femme mariée, même un mâle ou une bête
6,3
L'Éternel dit: "Mon esprit n'animera plus les hommes pendant une longue durée, car lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à cent vingt ans."
Mon esprit ne plaidera plus pour l’homme
Mon esprit ne se tourmentera plus à défendre contre moi la cause de l’homme
Eternellement
Pendant longtemps. En ce moment, mon esprit se débat en moi-même : faut-il l’anéantir ? faut-il user de miséricorde ? Ce débat ne va pas se prolonger à perpétuité, c’est-à-dire pendant longtemps
Puisque lui (bechagam) n’est que chair
Bechagam équivaut à bechègam, c’est-à-dire : « il n’est constitué que de chair », et pourtant il refuse de se soumettre à mon autorité ! Qu’en serait-il s’il était constitué de feu ou d’un élément fort ? De même : « Quand enfin je me suis levée (chaqqamti), moi Devora » (Choftim 5, 7). Chaqqamti équivaut à chèqamti (« jusqu’à ce que je me sois levée »). Ou bien : « Tu me prouveras par un signe que c’est toi-même (chaata) qui me parles » (Choftim 6, 17). Chaata équivaut à chéata (« car c’est toi »). Ici de même bechagam équivaut à bechègam (« alors qu’en plus il n’est constitué que de chair »)
Ses jours seront...
Je retiendrai ma colère pendant cent vingt ans, et s’ils ne se repentent pas, j’amènerai sur eux le déluge. Et si tu devais objecter qu’il ne s’est écoulé que cent ans entre la naissance de Yèfeth et le déluge, je te répondrai que la Tora ne respecte pas toujours l’ordre chronologique (Pessa‘him 6b). La décision avait été prise vingt ans avant la naissance des enfants de Noa‘h. C’est ce que nous trouvons dans le Séder ‘olam (chapitre 28). Il existe de nombreux midrachim sur « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme », mais tel est le sens littéral dans toute sa clarté
6,4
Les Nefilim parurent sur la terre à cette époque et aussi depuis, lorsque les hommes de Dieu se mêlaient aux filles de l'homme et qu'elles leur donnaient des enfants. Ce furent ces forts d'autrefois, ces hommes si renommés.
Les nefilim
Du verbe nfl (« tomber »). Parce qu’ils sont tombés et ont fait tomber l’humanité (Beréchith raba 26). En hébreu, cela a le sens de : « géants »
En ces jours-là
A l’époque de la génération de Enoch et des descendants de Qayin
Et même ensuite
Bien qu’elle ait été témoin de l’anéantissement de la génération de Enoch – l’océan ayant alors débordé et submergé un tiers de l’univers – la génération du déluge ne s’était pas soumise et n’en avait pas tiré la leçon
Lorsqu’ils sont venus
Elles enfantaient des géants comme eux (Beréchith raba 26, 7)
Les hommes forts
Pour se rebeller contre Dieu (Midrach tan‘houma Beréchith 12)
Hommes de renom
Ceux dont on a cité les noms : ‘Irad, Me‘houyael, Methouchael, ainsi nommés parce qu’ils ont été détruits, leurs noms évoquant l’idée d’effacement (nimo‘hou), d’anéantissement (houtachou) (Beréchith raba 23, 2). Autre explication : Chem (« de renom ») porte une connotation de destruction (chimmamon) : ils ont causé la destruction de l’humanité (Beréchith raba 26, 7)
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L'Éternel vit que les méfaits de l'homme se multipliaient sur la terre, et que le produit des pensées de son cœur était uniquement, constamment mauvais;
6,6
et l'Éternel regretta d'avoir créé l'homme sur la terre, et il s'affligea en lui-même.
Hachem se ravisa d’avoir créé
Le midrach rend wayinna‘hem (« se ravisa ») par : « se consola ». Dieu se consola de ce qu’au moins Il avait créé l’homme sur la terre. Car s’Il l’avait créé au ciel, il aurait entraîné dans sa rébellion les mondes supérieurs (Beréchith raba, fin du chapitre 26)
Il s’affligea
Le Targoum Onqelos fait de « l’homme » le sujet du verbe « s’affligea » : il est devenu « un objet d’affliction » dans le cœur de Dieu. Dieu a pris la résolution de lui causer de l’affliction. Autre explication de « Hachem se ravisa » (wayinna‘hem) : La pensée de Dieu s’est ravisée en passant de la miséricorde à la stricte justice. Il s’est demandé ce qu’il convenait de faire de l’homme qu’Il avait créé sur la terre. Le mot ni‘houm, dans la Tora, signifie toujours « se demander ce qu’il convient de faire », comme dans : « Dieu n’est pas un homme, pour se raviser (wayithnè’ham) » (Bamidbar 23 19). « Pour ses serviteurs Il avisera (yithnè’ham) » (Devarim 32, 36). « Hachem révoqua le malheur (wayyinna‘hem) qu’Il avait voulu infliger à son peuple » (Chemoth 22, 14). « Je regrette (ni‘hamti) d’avoir conféré la royauté à Chaoul » (I Chemouel 15, 11). Il s’agit toujours d’une pensée nouvelle qui en remplace une autre
Il s’affligea en Son cœur
Dieu se désola de l’échec de l’œuvre de Ses mains (Beréchith raba, fin du chapitre 26), comme dans : « Le roi est affligé à cause de son fils » (II Chemouel 15, 11). [Ici aussi, Dieu s’est affligé à cause du cœur de l’homme, qui avait ainsi basculé du bien vers le mal.] J’écris ceci en réponse aux hérétiques : Un idolâtre a demandé un jour à rabi Yehochou‘a ben Qor’ha : « Ne professez-vous pas que le Saint béni soit-Il prévoit l’avenir ? – Bien sûr que si ! répondit-il. – Il est écrit pourtant : “Eloqim s’affligea en son cœur” » ! Le maître lui a fait observer : « As-tu jamais eu un fils ? – Oui ! – Et qu’as-tu fait à sa naissance ? – Je me suis réjoui, et j’ai fait participer tout le monde à ma joie. – Tu savais bien, pourtant, qu’il est destiné à mourir un jour ! – Quand c’est le moment de se réjouir, on se réjouit. Quand c’est le moment de pleurer, on pleure ! » Et rabi Yehochou‘a de conclure : « C’est exactement ce qu’a fait le Saint béni soit-Il. Il savait d’avance que l’homme finirait par pécher et mériter sa perte. Il n’a cependant pas renoncé à le créer, à cause des justes qui viendraient à naître. 
6,7
Et l'Éternel dit: "J'effacerai l'homme que j'ai créé de dessus la face de la terre; depuis l'homme jusqu'à la brute, jusqu'à l'insecte, jusqu'à l'oiseau du ciel, car je regrette de les avoir faits.
Hachem dit : J’effacerai l’homme
Il n’est que poussière, j’amènerai sur lui les eaux et je l’effacerai (Beréchith raba 28, 2). D’où l’emploi du mot èm‘hè (« j’effacerai »)
Depuis l’homme jusqu’à la bête
Les bêtes aussi avaient « corrompu leur voie » (Beréchith raba 28, 2). Autre explication : Tout n’a été créé qu’en vue de l’homme, et puisqu’il va disparaître, en quoi a-t-on besoin du reste ? (Beréchith raba 28, 6)
Car je regrette de les avoir faits
Je me suis demandé quoi faire, du moment que je les ai créés
6,8
Mais Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel.
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