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Balak
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22,2
Balak, fils de Cippor, ayant su tout ce qu'Israël avait fait aux Amorréens,
Balaq fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël fit au Émori
Il s’est dit : « Ces deux rois, en qui nous avions confiance, ne leur ont pas résisté. À plus forte raison ne le pourrons-nous pas nous-mêmes. » C’est pourquoi : « Moav eut beaucoup peur… » (Midrach Tan‘houma)
22,3
Moab eut grand peur de ce peuple, parce qu'il était nombreux, et Moab trembla à cause des enfants d'Israël.
Eut peur (wayagar)
Le mot wayagar exprime l’idée d’appréhension, comme dans : « Ayez l’appréhension (gourou) de l’épée… » (Iyov 19, 29)
Moav fut dégoûté
Ils ont été dégoûtés de leur vie, comme dans : « Rivqa dit à Yits‘haq : Je suis dégoûtée de ma vie » (Beréchith 27, 46)
22,4
Et Moab dit aux anciens de Madian: "Bientôt cette multitude aura fourragé tous nos alentours, comme le bœuf fourrage l'herbe des champs!" Or, Balak, fils de Cippor, régnait sur Moab, à cette époque.
Aux anciens de Midyan
Mais n’étaient-ils pas des ennemis héréditaires, comme il est écrit : « … qui frappa Midyan dans les champs de Moav » (Beréchith 36, 35), ce qui veut dire que Midyan avait engagé les hostilités contre Moav ? C’est en fait leur appréhension commune d’Israël qui les a incités à faire la paix. Et pour quelle raison Moav a-t-il pris conseil auprès de Midyan ? Lorsqu’ils ont vu qu’Israël avait remporté des victoires par des moyens surnaturels, ils se sont dit : « C’est en Midyan qu’a grandi leur chef. Allons leur demander ce qu’il a de particulier ! » Ils leur ont répondu : « Il n’a de force que dans sa bouche. » « Dans ce cas, ont-ils rétorqué, nous allons nous aussi les faire attaquer par un homme dont la force est dans sa bouche. » (Midrach Tan‘houma)
Comme broute le bovin
Là où a brouté un bœuf il n’est plus de bénédiction (Midrach Tan‘houma)
En ce temps-là
[Balaq] n’était pas destiné à régner. Il était l’un des princes de Midyan et on l’a nommé roi à la mort de Si‘hon en raison des circonstances du moment (Midrach Tan‘houma)
22,5
Il envoya des messagers à Balaam, fils de Beor, à Pethor qui est sur le fleuve, dans le pays de ses concitoyens, pour le mander, en ces termes: "Un peuple est sorti d'Egypte; déjà il couvre la face du pays, et il est campé vis-à-vis de moi.
À Pethor
De même que tous les gens déposent de l’argent chez leur banquier (choul‘hani, mot exprimant l’idée de « table »), de même tous les rois lui soumettaient-ils leurs lettres [pethora en araméen, également : « table »]. Au sens littéral, [Pethor] est le nom d’un endroit (Midrach Tan‘houma)
Pays de son peuple
De Balaq. C’est de là qu’il était originaire, et [Bil‘am] lui avait prédit qu’il régnerait un jour. Sans doute te demanderas-tu la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il a fait résider Sa chekhina sur un païen pervers. C’est pour ne pas donner prétexte aux peuples du monde à dire : « Si nous avions eu des prophètes, nous aurions retrouvé le bon chemin. » Voilà pourquoi Il leur a élu des prophètes, mais ils ont brisé les barrières [morales] du monde. Car les peuples, à l’origine, étaient hostiles à la débauche, et celui-là est venu les inciter à se livrer à la prostitution (Midrach Tan‘houma)
Pour l’appeler
C’est lui qu’il a appelé, et dans son propre intérêt, car il lui promettait. beaucoup d’argent
Un peuple est sorti d’Égypte
Sans doute demanderas-tu : « En quoi cela te porte-t-il préjudice ? » C’est parce que
Il couvre l’œil du pays
Ils ont mis à mort Si‘hon et ‘Og qui, chargés de nous protéger (voir Rachi sous supra 21, 23), se sont dressés contre eux
Et il demeure vis-à-vis de moi (milouli)
Le mot mimouli est écrit sans waw et peut donc [étant lu : memali] être traduit par : « ils sont sur le point de m’anéantir », comme dans : « je les ai anéantis (amilam) » (Tehilim 118, 10) (Midrach Tan‘houma)
22,6
Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi: peut-être parviendrai-je à le vaincre et le repousserai-je du pays. Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit."
Nous frapperons (nakè) en lui
Mon peuple et moi les battrons. Autre explication : On trouve ce mot dans la Michna : « On procède à une “déduction” (menakè) sur le prix » (Baba Metsi‘a 105b). Ici : les « diminuer » quelque peu
Car je sais…
Que tu as aidé à vaincre Moav par la guerre de Si‘hon (Midrach Tan‘houma)
22,7
Les anciens de Moab et ceux de Madian partirent, munis des honoraires de la divination, et, arrivés chez Balaam, lui transmirent les paroles de Balak.
Des sortilèges dans leur main
Toutes sortes de sortilèges, afin qu’il ne dise pas : « Je n’ai pas emporté mes outils ! » Autre explication : Les anciens de Midyan disposaient d’un moyen magique leur permettant de dire : « S’il nous accompagne dès la première fois, c’est qu’il est vraiment doué [du sens prophétique]. Mais s’il nous éconduit, c’est qu’il ne sert à rien. » Voilà pourquoi, lorsqu’il leur a dit : « Passez la nuit ici ! » (verset 8), ils se sont dit : « Il n’y a rien à espérer de lui. » et ils l’ont quitté et sont rentrés chez eux. Il est en effet écrit : « … les princes de Moav demeurèrent avec Bil‘am » (verset 8), tandis que les anciens de Midyan s’en étaient allés (Midrach Tan‘houma)
22,8
Il leur répondit: "Restez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse selon ce que l'Éternel m'aura dit." Et les princes moabites restèrent chez Balaam.
Passez la nuit ici
L’esprit saint ne reposait sur lui que la nuit, tout comme chez tous les autres prophètes appartenant aux peuples du monde. Il en a été de même pour Lavan, comme il est écrit : « Eloqim vint vers Lavan l’Arami dans un rêve de la nuit… » (Beréchith 31, 24), comme un homme qui va rejoindre sa concubine en cachette (Midrach Tan‘houma)
Comme Hachem me parlera
S’Il m’autorise à aller avec des hommes tels que vous, je viendrai avec vous. Mais peut-être Son honneur ne me permettra-t-il de voyager qu’avec des dignitaires plus haut placés que vous
Demeurèrent
Ils restèrent
22,9
Dieu aborda Balaam, en disant: "Qui sont ces hommes-là chez toi?"
Qui sont ces hommes-là avec toi
C’est pour l’induire en erreur qu’Il lui a posé cette question. « C’est donc, [a pensé Bil‘am], qu’il lui arrive de ne pas tout savoir et de n’avoir pas toujours parfaitement conscience de la réalité ! Je vais donc faire en sorte de trouver un moment approprié pour maudire sans qu’Il s’en aperçoive ! » (Midrach Tan‘houma)
22,10
Balaam répondit à Dieu: "C'est Balak fils de Cippor, roi de Moab, qui m'envoie dire:
Balaq fils de Tsipor…
Sans doute ne suis-je pas considéré à tes yeux, mais je le suis à ceux des rois (Midrach Tan‘houma)
22,11
Déjà ce peuple, sorti de l'Egypte, a couvert la face du pays. Viens donc, maudis-le moi; peut-être pourrai-je l'attaquer et l'expulserai-je."
Maudis-le (qava) moi
Le mot qava (« maudis ») est plus fort que ara [dont s’était servi Balaq (verset 6)], car il contient une invocation explicite [du Nom divin] (Midrach Tan‘houma)
Je le chasserai
Du monde. Balaq s’était contenté de dire : « et je le chasserai du pays » (verset 6), voulant dire par là qu’il ne cherchait qu’à les éloigner de lui. Mais Bil‘am les haïssait plus encore que Balaq (Midrach Tan‘houma)
22,12
Dieu dit à Balaam: "Tu n'iras point avec eux. Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni!"
Tu n’iras pas avec eux
Il répondit : « Dans ce cas, je les maudirai depuis ici ! » [Hachem] répliqua : « Tu ne maudiras pas le peuple ! ». Il rétorqua : « S’il en est ainsi, je vais les bénir ! » Il dit : « Ils n’ont pas besoin de ta bénédiction, “car il est béni” ! » Cela ressemble à une guêpe à laquelle on aura dit : « Foin de ton miel, foin de ton dard ! » (Midrach Tan‘houma)
22,13
Balaam, s'étant levé le matin, dit aux officiers de Balak: "Retournez dans votre pays; car l'Éternel n'a pas voulu me permettre de partir avec vous."
D’aller avec vous
Si ce n’est avec des dignitaires plus haut placés que vous. Cela nous apprend qu’il était pétri d’orgueil et qu’il ne voulait pas dévoiler sa dépendance par rapport à Hachem, sinon de manière arrogante. C’est pourquoi : « Balaq continua encore… » (verset 15)
22,14
Les princes de Moab se retirèrent, revinrent auprès de Balak et lui dirent: "Balaam a refusé de nous accompagner."
22,15
Balak revint à la charge, en envoyant des princes plus nombreux et plus considérés que ceux-là.
22,16
Arrivés chez Balaam, ils lui dirent: "Ainsi parle Balak, fils de Cippor: Ne te défends pas, de grâce, de venir auprès de moi.
22,17
Car je veux te combler d'honneurs, et tout ce que tu me diras je le ferai; mais viens, de grâce, maudis-moi ce peuple!"
Car honorer
Je te donnerai plus que ce que tu as pris dans le passé (Midrach Tan‘houma)
22,18
Balaam répondit en ces termes aux serviteurs de Balak: "Quand Balak me donnerait de l'argent et de l'or plein son palais, je ne pourrais contrevenir à l'ordre de l'Éternel mon Dieu, en aucune façon.
Le plein de sa maison d’argent et d’or
Cela nous apprend qu’il était cupide et qu’il convoitait l’argent d’autrui. Il s’est dit : « Il est juste qu’il me donne tout son or et tout son argent. Car il lui faudra, sinon, engager de nombreuses troupes armées, et ce sans être assuré d’une victoire. Tandis que moi, je suis certain de l’emporter ! » (Midrach Tan‘houma)
Je ne pourrai pas transgresser
Il a dû avouer, bien à contrecœur, qu’il était soumis à la volonté d’un autre, et il a prophétisé ici qu’il ne pourrait pas abolir les bénédictions qu’ont reçues les patriarches de la part de la chekhina (Midrach Tan‘houma)
22,19
Et maintenant, veuillez attendre ici, vous aussi, cette nuit, que je sache ce que l'Éternel doit encore me dire."
Vous aussi
Sa langue a commis un lapsus : « Vous aussi » –  un jour viendra où vous repartirez déçus comme les premiers
Ce que continuera
Comme Il ne transformera pas Sa bénédiction en malédiction, pourvu qu’Il n’ajoute pas de bénédiction ! Il a prophétisé ici qu’Il leur donnera, par son entremise, de nouvelles bénédictions
22,20
Dieu aborda Balaam pendant la nuit, en lui disant: "Puisque ces hommes sont venus pour te mander, va, pars avec eux! Et cependant, les ordres que je te donnerai, ceux-là seulement, tu les accompliras!"
Si c’est pour t’appeler
Si l’appel t’est destiné et que tu crois pouvoir en retirer un profit, « lève-toi, va avec eux ! »
Et cependant
Que tu le veuilles ou non, « la chose que je te déclarerai, celle-là tu la feras ». Et malgré cela, « Bil‘am alla… », se disant : « Peut-être Le convaincrai-je de donner Son accord. 
22,21
Balaam se leva le matin, sangla son ânesse, et partit avec les princes de Moab.
Il sangla son ânesse
D’où l’on apprend, puisqu’il l’a sanglée lui-même, que la haine abolit les privilèges du rang hiérarchique. Le Saint béni soit-Il a dit : « Dépravé que tu es ! Avraham, leur patriarche, t’a précédé, comme il est écrit : “Avraham se leva de bon matin, il sangla son âne” » (Beréchith 22, 3) (Sanhèdrin 105b)
Avec les princes de Moav
De tout cœur avec eux
22,22
Mais Dieu étant irrité de ce qu'il partait, un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle. Or, il était monté sur son ânesse, et ses deux jeunes esclaves l'accompagnaient.
Parce qu’il allait
Tout en ayant vu que la chose déplaisait à Hachem, il avait voulu y aller
Pour l’accuser
C’était un ange de miséricorde, et il voulait l’empêcher de commettre un péché qui causerait sa propre perte (Midrach Tan‘houma)
Et ses deux garçons étaient avec lui
D’où l’on apprend qu’une haute personnalité, lorsqu’elle part en voyage, doit se faire accompagner par deux hommes à son service, lesquels sont également au service l’un de l’autre (Midrach Tan‘houma)
22,23
L'ânesse, voyant l'ange du Seigneur debout sur son passage et l'épée nue à la main, s'écarta de la route et alla à travers champs; Balaam frappa l'ânesse pour la ramener sur la route.
L’ânesse vit
Tandis que lui n’a rien vu. Le Saint béni soit-Il a donné à l’animal une vue plus pénétrante que celle de l’homme, parce que celui-ci, étant doué d’intelligence, serait bouleversé en voyant les démons
Et son épée dégainée dans sa main
Il a dit : « Ce dépravé a déposé son arme favorite, car l’épée des nations c’est l’épée, et il se présente contre [Israël] avec l’arme de ce dernier, à savoir la bouche ! Moi aussi je vais le combattre avec sa propre arme ! » Et c’est ce qui a fini par arriver : « … et Bil‘am fils de Be‘or, ils le tuèrent par l’épée » (infra 31, 8) (Midrach Tan‘houma)
22,24
Alors l'ange du Seigneur se plaça dans un chemin creux entre les vignes, clôture deçà, clôture delà.
Dans un sentier (bemich‘ol)
C’estt ainsi que le rend le Targoum Onqelos. De même : « … si la poussière de Samarie suffit “pour le creux des pieds” (lich‘alim)… » (I Melakhim 20, 10) – la poussière qui colle à la plante des pieds quand ils marchent, et de même : « Qui a mesuré les eaux par le creux (becha‘olo)… » (Yecha’yah 40, 12) – par ses pieds en marchant
Une clôture de-ci et une clôture de-là
Le mot guèdèr employé sans autre précision désigne une clôture de pierres
22,25
L'ânesse, voyant l'ange du Seigneur, se serra contre le mur, et froissa contre le mur le pied de Balaam, qui la frappa de nouveau.
Elle se pressa (watila‘hets)
[À la forme pronominale] : elle se le fit à elle-même
Elle pressa (watil‘hats)
[À la forme active] : elle le fit au pied de Bil‘am
22,26
Mais de nouveau l'ange du Seigneur prit les devants, et il se plaça dans un lieu étroit, où il n'était possible de s'écarter ni à droite ni à gauche.
L’ange de Hachem continua de passer
À repasser devant lui afin de le devancer plus loin, comme dans : « Et lui il passa devant eux… » (Beréchith 33, 3). On trouve dans le midrach Tan‘houma : Pour quelle raison l’ange s’est-il placé à trois endroits successifs ? Pour symboliser les trois patriarches
22,27
L'ânesse, voyant encore l'ange du Seigneur, se coucha sous Balaam; enflammé de colère, Balaam la frappa de son bâton.
22,28
Alors le Seigneur ouvrit la bouche de l'ânesse, qui dit à Balaam: "Que t'ai-je fait, pour que tu m'aies frappée ainsi à trois reprises?"
Ces trois fois (regalim)
[Hachem] lui a transmis l’allusion suivante : « Comment peux-tu vouloir anéantir un peuple qui célèbre tous les ans trois fêtes de pèlerinage (regalim) ? » (Midrach Tan‘houma)
22,29
Balaam répondit à l'ânesse: "Parce que tu te joues de moi! Si je tenais une épée, certes, je te tuerais sur l'heure!"
Tu t’es jouée de moi
Comme le rend le Targoum Onqelos : une expression « de honte et de mépris »
Que n’ai-je une épée dans ma main
Ces mots, prononcés devant les princes, constituaient un grand affront : Cet homme, qui se dit capable d’aller détruire un peuple entier par la puissance de sa bouche, aurait besoin d’une arme contre son ânesse ! (Midrach Tan‘houma)
22,30
Et l'ânesse dit à Balaam: "Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as toujours montée jusqu'à ce jour? Avais-je accoutumé d'agir ainsi avec toi?" Et il répondit: "Non."
Est-ce qu’être habituée
Comme le rend le Targoum Onqelos : « Ai-je jamais appris ? » De même : « Est-ce qu’un homme peut apprendre (yiskan) à Dieu ? » (Iyov 22, 2). Nos maîtres ont expliqué ce verset dans la Guemara (‘Avoda zara 4b, Sanhèdrin 105b) : On lui a demandé : « Pourquoi n’es-tu pas monté à cheval ? » Il a répondu : « Je l’ai envoyé au pâturage », etc
22,31
Soudain, le Seigneur dessilla les yeux de Balaam, et il vit l'ange du Seigneur debout sur la route; l'épée nue à la main; il s'inclina et se prosterna sur sa face.
22,32
L'ange du Seigneur lui dit: "Pourquoi as-tu frappé ton ânesse par trois fois? C'est moi qui suis venu me poser en obstacle, parce que ce voyage a lieu contre mon gré.
Parce que le voyage a dévié (yarat) contre moi
Nos maîtres de la Michna ont expliqué le mot yarat comme étant un composé des trois mots : yara (« elle eut peur »), raatha (« elle vit ») et nateta (« elle s’écarta »), parce que « le voyage est contre mon gré », c’est-à-dire qu’il me met en colère et qu’il m’offense (Chabath 105a). Au sens littéral : « le voyage m’est trop hâtif », dans le sens de ratat (« s’effrayer » ou « trembler »), car je vois le voyageur se hâter et courir sur un chemin qui m’irrite et me contrarie. Le texte s’exprime ici de manière elliptique, comme dans : « Le roi David languissait… » (II Chemouel 13, 39). Autre explication : Le mot yarat a ici le sens d’apaisement, comme dans : « … Par des méchants Il me calme (yarténi) » (Iyov 16, 11) – Il m’apaise et me console par des méchants qui ne sont là que pour contrarier
22,33
Cette ânesse m'a vu, et elle s'est écartée à mon aspect, trois fois; si elle ne s'était écartée de devant moi, assurément je t'aurais fait mourir, tandis que je l'aurais laissée vivre."
Peut-être (oulaï) s’est-elle écartée
Le mot oulaï est ici synonyme de loulé (« si ne… pas »), dont il arrive qu’il ait le sens
Toi aussi je t’aurais fait mourir
Il y a dans ce verset une inversion de l’ordre des mots, le mot « aussi » devant se placer devant « fait mourir », c’est-à-dire : Je ne t’aurais pas seulement gêné, je t’aurais aussi tué, tandis qu’ell
« je l’aurais laissée vivre ».
Et maintenant, dès lors qu’elle a parlé et t’a réprimandé et que tu n’as pas pu la réfuter – comme il est écrit : « Il dit : non ! » (verset 30) – je l’ai fait mourir, afin que l’on ne dise pas : « Voici celle qui a réduit Bil‘am au silence par ses réprimandes et à laquelle il n’a su que répondre ! » Car Hachem ménage la dignité des créatures humaines, comme dans : « et vous tuerez l’animal » (Wayiqra 20, 15), ou dans : « tu tueras la femme et l’animal » (Wayiqra 20, 16) (Midrach Tan‘houma)
22,34
Balaam répondit à l'ange du Seigneur: "J'ai péché, parce que je ne savais pas que tu fusses posté devant moi sur le chemin; et maintenant, si cela te déplaît, je m'en retournerai."
Car je ne savais pas
Cela aussi lui est un affront, car il doit avouer à son corps défendant, tandis qu’il se vantera de « connaître la connaissance du Très-Haut » (infra 24, 16), qu’il n’en connaît rien (Midrach Tan‘houma)
Si cela est mauvais à tes yeux
Cette réponse constitue une protestation contre Hachem. [Bil‘am] lui dit : « C’est Lui-même qui m’a ordonné d’aller, et toi, un ange, tu infirmes ce qu’Il a dit ! C’est bien Son habitude de donner un ordre pour qu’un ange, ensuite, le révoque ! Il a dit à Avraham : “Prends s’il te plaît ton fils…” (Beréchith 22, 2) et Il est ensuite, par l’intermédiaire d’un ange (Beréchith 22, 11), revenu sur ce qu’Il avait dit. Moi aussi, si cela te déplaît, il faudra que je m’en retourne. » (Midrach Tan‘houma)
22,35
Mais l'ange du Seigneur dit à Balaam: "Va avec ces hommes! Et cependant, la parole que je te dicterai, celle-là seule tu la diras." Et Balaam poursuivit sa route avec les officiers de Balak.
Va avec les hommes
On dirige l’homme dans le chemin où il désire aller (Makoth 10b)
Et toutefois
Que tu le veuilles ou non, « la parole que je te déclarerai… »
Va avec les hommes
Ton destin sera le même que le leur : Un jour viendra où tu disparaîtras du monde
Avec les princes de Balaq
Il partagea leur joie de pouvoir maudire [Israël] (Midrach Tan‘houma)
22,36
Balak, ayant appris que Balaam venait, alla le recevoir à Ir-Moab, qui est sur la limite de l'Arnon, au point extrême de la frontière.
Balaq entendit
Il a envoyé des messagers pour s’annoncer
Vers ‘Ir-Moav
Vers sa capitale, son chef-lieu, comme pour dire : « Regarde ce qu’ils veulent détruire ! » (Midrach Tan‘houma)
22,37
Et Balak dit à Balaam: "Ne t'avais-je pas appelé par un premier message? Pourquoi n'es-tu pas venu près de moi? Est-ce qu'en vérité je n'ai pas le pouvoir de te faire honneur?"
Est-ce qu’en vérité je ne pourrai pas t’honorer
Il a prédit qu’un jour viendra où il se séparera de lui dans la honte (Midrach Tan‘houma)
22,38
Balaam répondit a Balak: "Tu le vois, je suis venu vers toi; mais est-il en ma puissance de dire quoi que ce soit? La parole que Dieu mettra dans ma bouche, c'est celle-là que je dois dire."
22,39
Balaam fit route avec Balak, et ils arrivèrent à Kiryath-Houçoth.
Qiryath-‘Houtsoth
Une ville pleine de boutiques, dont les rues (‘houtsoth) étaient pleines d’hommes, de femmes et d’enfants, comme pour dire : « Vois et aie pitié d’eux, afin qu’ils ne soient pas anéantis ! » (Midrach Tan‘houma)
22,40
Balak immola bœufs et brebis, dont il envoya des parts à Balaam et aux officiers qui l'accompagnaient.
Du gros bétail et du menu bétail
Très peu de chose : rien qu’un bovin et un mouton (Midrach Tan‘houma)
22,41
Et le matin venu, Balak alla prendre Balaam et le conduisit sur les hauteurs de Baal, d'où il vit jusqu'aux dernières lignes du peuple.
Les hauteurs de Ba‘al
Comme le rend le Targoum Onqelos : « À la hauteur de son adoration ». C’est le nom d’une idole
23,1
Alors Balaam dit à Balak: "Dresse-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers."
23,2
Balak fit ce qu'avait dit Balaam; puis Balak et Balaam offrirent un taureau et un bélier sur chaque autel.
23,3
Balaam dit à Balak: "Demeure près de ton holocauste; moi je m'en irai: peut-être l'Éternel s'offrira-t-il à ma rencontre, et, quoi qu'il me révèle, je t'en ferai part." Et il s'en alla dans la solitude.
Peut-être Hachem surviendra-t-il à ma rencontre
Il n’a pas l’habitude de me parler pendant la journée
Il alla dans l’isolement
Comme le rend le Targoum Onqelos : « seul ». C’est une expression de retraite et de calme, où l’on n’est accompagné que par du silence
23,4
Dieu se présenta à Balaam, qui lui dit: "J'ai dressé les sept autels, et j'ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel."
Survint (wayyiqar)
Ce mot contient une connotation de honte et d’impureté nocturne (qèri) avec l’idée de difficulté et de dégoût. Il ne s’est révélé à lui pendant la journée que pour montrer Son amour pour Israël
Les sept autels
Il n’est pas écrit ici : « J’ai préparé sept autels », mais : « “les” sept autels ». Il lui a dit : « Leurs patriarches t’ont construit sept autels, et moi je t’en ai construit autant qu’eux tous réunis. Avraham en a construit quatre : « Il bâtit là un autel à Hachem qui lui était apparu » (Beréchith 12, 7), « Il se transporta de là vers la montagne […] il érigea là un autel à Hachem » (Beréchith 12, 8), « Avram dressa sa tente […] il y éleva un autel à Hachem » (Beréchith 13, 18), et le quatrième au mont Moria. Yits‘haq en a construit un : « Il bâtit là un autel […] les serviteurs de Yits‘haq y creusèrent un puits » (Beréchith 26, 25). Et Ya‘aqov en a construit deux, l’un à Chekhem et l’autre à Beith El
Et j’ai fait monter un taureau et un bélier dans l’autel
Tandis qu’Avraham, en tout et pour tout, n’avait offert qu’un bélier
23,5
L'Éternel mit sa parole dans la bouche de Balaam, et lui dit: "Retourne vers Balak, et tu parleras de la sorte..."
23,6
II retourna vers lui et le trouva debout près de son holocauste, lui et tous les princes de Moab.
23,7
Et il proféra son oracle en disant: "II me fait venir d'Aram, Balak roi de Moab; il m'appelle des monts de l'orient: "Viens maudire pour moi Jacob! Oui, viens menacer Israël!"
Maudis-moi Ya‘aqov ! Et va ! Irrite-toi contre Israël
Il lui a demandé de le maudire par ses deux noms, au cas où l’un des deux ne serait pas assez significatif
23,8
Comment maudirais-je celui que Dieu n'a point maudit? Comment menacerai-je, quand l'Éternel est sans colère?
Comment maudirais-je celui que Qél n’a pas maudit
Lorsqu’ils ont mérité d’être maudits, ils ne l’ont pas été, et lorsque leur patriarche a rappelé leur crime – « car dans leur colère ils ont tué un homme » (Beréchith 49, 6) – il n’a maudit que leur colère, comme il est écrit : « maudite leur colère, car elle est puissante » (Beréchith 49, 7). Et lorsque leur patriarche s’est introduit par ruse chez son père, il aurait mérité d’être maudit. Mais qu’est-il écrit à ce sujet ? « Aussi sera-t-il béni ! » (Beréchith 27, 33). Et à propos de ceux chargés de bénir, il est écrit : « Ceux-ci se tiendront pour bénir le peuple » (Devarim 27, 12), tandis que pour ceux chargés de maudire il n’est pas écrit : « Ceux-ci se tiendront pour maudire le peuple », mais : « et ceux-ci se tiendront sur la malédiction » (Devarim 27, 13), car Il n’a pas voulu parler de « malédiction » à leur sujet (Midrach Tan‘houma)
Hachem ne s’est pas irrité
À moi seul, je suis impuissant, mais je sais définir avec exactitude le moment où le Saint béni soit-Il est en colère (Sanhèdrin 105b). Or, Il ne s’est pas mis en colère pendant tous ces jours que j’ai passés chez toi, comme il est écrit : « Mon peuple, souviens-toi donc de ce que méditait Balaq […] et de ce que Bil‘am […] lui répondit […] afin de connaître les justices de Hachem » (Mikha 6, 5)
23,9
Oui, je le vois de la cime des rochers, et du haut des collines, je le découvre: ce peuple, il vit solitaire, iI ne se confondra point avec les nations.
Car je le vois du sommet des roches
Si je considère leurs origines et le début de leurs racines, je les vois assis sur des bases solides comme des rochers et des collines grâce à leurs pères et à leurs mères (Midrach Tan‘houma)
Voici un peuple qui résidera solitaire
Comme le rend le Targoum Onqelos, c’est au mérite de leurs ancêtres qu’ils doivent de résider en solitaire
Et il ne sera pas compté dans les nations
Comme le rend le Targoum Onqelos, ils ne disparaîtront pas complètement avec les autres peuples idolâtres, comme il est écrit : « … car je détruirai entièrement toutes les nations » (Yirmeya 30, 11), et ils ne seront pas comptés parmi les autres. Autre explication : Quand ils se réjouissent, aucun autre peuple ne se réjouit avec eux, comme il est écrit : « Hachem le conduira solitaire » (Devarim 32, 12). Mais quand les peuples idolâtres sont dans le bonheur, ils le partagent avec chacun d’eux sans que cela leur soit compté, et c’est ce que veulent dire les mots : « … et il ne sera pas compté dans les nations » (Midrach Tan‘houma)
23,10
Qui peut compter la poussière de Jacob, nombrer la multitude d'Israël? Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur!".
Qui a compté la poussière de Ya‘aqov…
Comme le rend le Targoum Onqelos : « les enfants de la maison de Ya‘aqov […] des quatre camps – des quatre drapeaux – d’Israël ». Autre explication de « poussière de Ya‘aqov » : Innombrables sont les mitswoth qui ont rapport à la poussière, comme : « tu ne laboureras pas avec un bovin et un âne ensemble » (Devarim 22, 10), « tu n’ensemenceras pas ton champ d’espèces hétérogènes » (Wayiqra 19, 19), la cendre de la vache, la cendre de la femme soupçonnée d’infidélité, etc. (Midrach Tan‘houma)
Et le nombre du quart (rova’) d’Israël
Leurs accouplements (revi‘othéhèn), la descendance issue de leurs rapports conjugaux (Nidda 31a)
Que meure mon âme de la mort des hommes droits
Parmi les leurs
23,11
Balak dit à Balaam: "Que m'as-tu fait! J'ai eu recours à toi pour maudire mes ennemis, et voilà que tu les bénis, au contraire!"
23,12
Mais il répondit: "Certes, ce que l'Éternel met dans ma bouche, ne dois-je pas fidèlement le redire?"
23,13
Balak lui dit: "Viens, je te prie, avec moi dans un autre lieu, d'où tu pourras voir ce peuple: tu n'en verras que les derniers rangs, tu ne le verras pas tout entier. Et maudis-le moi de là."
Et maudis-le moi de là
C’est un impératif : « maudis-le moi »
23,14
Il le conduisit au plateau de Çofîm, sur la crête du Pisga; il y dressa sept autels, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier.
Le champ de Tsofim
C’était une butte sur laquelle se tenait le guetteur (tsofè) pour monter la garde au cas où l’armée ennemie viendrait attaquer la ville
Le sommet du Pisga
Bil‘am était moins expérimenté en sortilèges que Balaq : Celui-ci avait prévu qu’une brèche se produirait un jour à cet endroit pour Israël, puisque c’est là qu’est mort Mochè. Il pensait donc que c’est là qu’allait tomber sur eux une malédiction et que là se trouvait la brèche qu’il avait prédite (Midrach Tan‘houma)
23,15
Balaam dit à Balak: "Tiens-toi ici, près de ton holocauste, et moi, j'attendrai là-bas la rencontre."
On se manifestera à moi là-bas
Par le Saint béni soit-Il
On se manifestera
Ce verbe est à la forme passive
23,16
L'Éternel se présenta à Balaam, inspira un discours à ses lèvres, lui disant: "Va rejoindre Balak, et tu parleras ainsi..."
Plaça une chose dans sa bouche
Qu’a-t-Il placé là, et que sous-entend le texte en disant : « Retourne vers Balaq, et ainsi parleras-tu. » ? Quand il eut compris qu’il ne serait pas autorisé à maudire, il se dit : « À quoi bon retourner chez Balaq et le chagriner ? » Le Saint béni soit-Il lui mit un mors et un crochet dans la bouche, comme on harnache un animal pour le diriger là où l’on veut qu’il aille, et il lui dit : « Que tu le veuilles ou non, tu retourneras chez Balaq ! » (Midrach Tan‘houma)
23,17
Il revint près de lui, et le trouva debout près de son holocauste, les princes de Moab à ses côtés. Et Balak lui demanda: "Qu'a dit l'Éternel?"
Et les princes de Moav avec lui
Alors qu’il est écrit plus haut : « lui et “tous” les princes de Moav » ! Lorsqu’ils ont vu qu’on ne pouvait pas compter sur lui, une partie d’entre eux s’en est allée et il n’en est resté qu’une partie (Midrach Tan‘houma)
Qu’a déclaré Hachem
C’est un sarcasme, comme pour lui dire : « Tu n’es pas ton propre maître ! » (Midrach Tan‘houma)
23,18
Il proféra son oracle en ces termes: "Prépare-toi, Balak, à m'entendre; prête-moi _l'oreille, fils de Cippor!
Lève-toi
Quand il l’a vu se moquer de lui, il a cherché à l’humilier : « Tiens-toi debout ! Tu n’as pas à rester assis alors que j’ai été envoyé vers toi par ordre de Hachem ! » (Midrach Tan‘houma)
Fils (beno) de Tsipor
Le waw de beno est un ajout propre au style biblique, comme dans : « les bêtes (‘hayetho) de la forêt » (Tehilim 104, 20), « et animal (we‘hayetho) de la terre » (Beréchith 1, 24), « la pierre dure en une source (lem‘ayno) d’eaux » (Tehilim 114, 4)
23,19
Dieu n'est pas un mortel, pour mentir, ni un fils d'Adam, pour qu'il se ravise; est-ce lui qui parle et ne tient point parole? Qui affirme et n'exécute point?
Qél n’est pas un homme…
Il leur a déjà juré de les faire venir dans « le pays des sept peuples » et de les en faire hériter, et tu voudrais, toi, les faire mourir dans le désert ! (Midrach Tan‘houma)
Est-ce que Lui a dit…
C’est une question qui marque de l’étonnement. Comme le rend le Targoum Onqelos, les mortels réfléchissent et reviennent sur leur décision
23,20
Oui, j'ai reçu mission de bénir; il a béni, je ne puis le dédire.
Voici
Tu m’as demandé : « Qu’a déclaré Hachem ? » (verset 17). J’ai reçu de Lui mission de les bénir
Et Il a béni et je ne révoquerai pas
C’est Lui qui les a bénis, et je ne puis révoquer Sa bénédiction
Et Il a béni (ouvérékh)
Comme ouvirékh. C’est là une particularité de la lettre réch, comme dans : « l’ennemi a outragé (‘héréf) » (Tehilim 74, 18) au lieu de ‘hiréf, ou dans : « il bénit (bérékh) le spoliateur » (Tehilim 10, 3) – celui qui loue et bénit le voleur en disant : « N’aie pas peur, tu ne seras pas puni, tu vivras en paix » met le Saint béni soit-Il en colère. On ne peut pas dire que le mot bérékh soit un substantif, car le réch serait alors ponctué d’un sègol et l’accent tonique serait sur l’avant-dernière syllabe. Mais étant donné qu’il est au mode pi‘él, il est ponctué d’un tséré et l’accent tonique est sur la dernière syllabe
23,21
Il n'aperçoit point d'iniquité en Jacob, il ne voit point de mal en Israël: l'Éternel, son Dieu, est avec lui, et l'amitié d'un roi le protège.
Il n’a pas aperçu d’iniquité en Ya‘aqov…
Comme le rend le Targoum Onqelos. Autre explication : Indépendamment de son sens littéral, ce verset peut être expliqué par un beau midrach
Il n’a pas aperçu
Le Saint béni soit-Il ne scrute pas trop minutieusement les iniquités qui peuvent apparaître en Ya‘aqov lorsqu’ils transgressent Ses commandements, ni n’approfondit leurs fautes et infractions à Sa loi
D’injustice
Le mot ‘amal signifie : « transgression », comme dans : « Il conçoit la transgression (‘amal) » (Tehilim 7, 15), « tu regardes transgression (‘amal) et chagrin » (Tehilim 10, 14), parce que le péché est une transgression devant Hachem
Hachem
Même s’ils Le mettent en colère et se révoltent contre Lui, Il ne les quitte pas
Et le retentissement (outherou‘ath) du roi est en lui
C’est une expression d’affection et d’amitié (ré‘outh), comme dans : « l’ami (ro‘é) de David » (II Chemouel 15, 37 et 16, 16), « il l’a donnée à un ami (leméré‘éhou) » (Choftim 15, 6). De même le Targoum Onqelos le rend par : « la présence de leur roi est en leur sein. 
23,22
Délivré, par ce Dieu, de l'Egypte, il a le vigoureux élan du réêm.
Qél les a fait sortir d’Égypte
Tu as dit : « Voici, un peuple est sorti d’Égypte… » (supra 22, 5). Il n’en est pas sorti par ses propres forces, mais c’est Eloqim qui les a fait sortir (Midrach Tan‘houma)
Comme l’élan (ketho‘afoth) du buffle est en lui
Il a la vigueur de sa grandeur et de sa taille, comme dans : « et de l’argent de puissance (to‘afoth) » (Iyov 22, 25), qui est une expression de robustesse. Le mot ketho‘afoth est à rapprocher, à mon avis, de : « et que le volatile vole (we‘of ye‘oféf) » (Beréchith 1, 20), qu’il vole dans les hauteurs les plus élevées, ce qui est la marque d’une grande robustesse
Comme l’élan du buffle (reém)
Un vol (‘afifath) vers la hauteur. Autre explication : Il s’agit de la vigueur des reémim, dont nos maîtres ont enseigné que ce sont les démons (Guitin 68b)
23,23
Il ne faut point de magie à Jacob, point de sortilège à Israël: ils apprennent à point nommé, Jacob et Israël, ce que Dieu a résolu.
Car il n’y a pas de présage dans Ya‘aqov
Ils méritent d’être bénis car ils n’y a chez eux ni devins ni sorciers
Selon le temps il sera dit à Ya‘aqov…
Il arrivera de nouveau un jour, comme cette fois-ci, où sera révélée la force de l’amour qui leur est porté. Ils seront assis devant Lui et apprendront la Tora de Sa bouche, et leur place sera au sein des anges de service qui leur demanderont : « Qu’a fait Qél ? ». C’est ce que veut dire le verset : « … et tes yeux verront tes maîtres » (Yecha’yah 30, 20). Autre explication : L’expression « il sera dit à Ya‘aqov » n’est pas au futur mais au présent. En d’autres termes, ils n’ont besoin ni de devins ni de sorciers, car il doit être dit à tout moment à Ya‘aqov et à Israël ce que fait le Saint béni soit-Il et quelles sont Ses décisions prises là-haut. Ils n’ont pas besoin pour cela de devins ou de sorciers, mais le message leur en est transmis par la bouche de leurs prophètes (Midrach Tan‘houma). Ou bien encore, ce sont leurs ourim et leurs toumim qui le leur communiquent. Mais le Targoum Onqelos ne traduit pas ainsi
23,24
Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion; il ne se reposera qu'assouvi de carnage, qu'enivré du sang de ses victimes!"
Voici
Quand ils se lèvent le matin après avoir dormi, ils sont forts comme une lionne ou un lion pour se hâter d’accomplir les mitswoth, revêtir le talith, lire le chema’ et se poser les tefilin
Il ne se couchera pas
La nuit, sur son lit, qu’il n’ait combattu (yokhal) et détruit les obstacles susceptibles de le troubler (letarfo). Comment procède-t-il ? Il récite le chema’ sur son lit et confie son existence à Hachem. Surviennent une troupe ennemie ou des brigands pour lui faire du mal, le Saint béni soit-Il l’en protège en combattant pour lui et en faisant tomber des victimes (‘halalim). Autre explication, comme le rend le Targoum Onqelos : Il ne demeurera dans son pays qu’après avoir fait des massacres et il héritera de la richesse des peuples
Et il boira le sang des dépouilles
Il a prophétisé que Mochè ne mourra pas avant d’avoir vaincu et tué les rois de Midyan, et qu’il sera lui-même tué avec eux, comme il est écrit : « Et Bil‘am fils de Be‘or, le sorcier, les enfants d’Israël l’ont tué par l’épée avec les autres victimes » (Yehochou‘a 13, 22)
23,25
Balak dit à Balaam: "Ne le maudis point, soit, mais ne le bénis point non plus."
Aussi
Le premier gam (« aussi ») complète le second, et réciproquement, comme dans : « Ni (gam) toi ni (gam) moi ne l’aurons ! » (I Melakhim 3, 26), ou dans : « aussi (gam) le jeune homme, aussi (gam) la vierge » (Devarim 32, 25)
23,26
Balaam répondit à Balak: "Ne t'avais-je pas fait cette déclaration: tout ce que dira l'Éternel, je dois le faire?"
23,27
Et Balak dit à Balaam: "Viens donc, que je te conduise à une autre place; peut-être ce Dieu trouvera-t-il bon que, de là, tu me les maudisses."
Que tu me le maudisses
Il ne s’agit pas ici d’un impératif, contrairement à : « et maudis-le moi de là » (verset 13), mais d’un futur : « Peut-être lui plaira-t-il que tu me le maudisses de là. » En français médiéval : « maldiras »
23,28
Et Balak emmena Balaam sur la cime du Peor, qui domine la surface du désert.
Au sommet du Pe‘or
Balaq, qui était devin, a prévu qu’ils seraient un jour punis à cause de Pe‘or, mais il ne savait pas comment. Il s’est dit : « Peut-être est-ce de là que s’abattra sur eux la malédiction. » Il en est ainsi de tous les astrologues : ils voient mais ne savent pas ce qu’ils voient
23,29
Balaam dit à Balak: "Construis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers."
23,30
Balak fit ce qu'avait dit Balaam, et il offrit un taureau et un bélier sur chaque autel.
24,1
Balaam, voyant que l'Éternel se plaisait à bénir Israël, n'eut plus recours, comme précédemment, à des opérations magiques, mais tourna son visage du côté du désert.
Bil‘am vit qu’il était bon…
Il s’est dit : « Il est inutile que j’interroge le Saint béni soit-Il, car Il ne voudra pas les maudire. 
Il n’alla pas comme une fois
Comme il l’avait fait à deux reprises
À la rencontre de présages
[Il ne chercha pas] à deviner si Hachem, comme il l’aurait voulu, Se porterait à sa rencontre, mais il s’est dit : « Qu’Il veuille ou non les maudire, je rappellerai leurs péchés, et la malédiction tombera rien qu’à l’évocation de leurs fautes. 
Il tourna sa face vers le désert
Comme le rend le Targoum Onqelos : vers le veau que les enfants d’Israël avaient fait dans le désert
24,2
En y portant ses regards, Balaam vit Israël, dont les tribus s'y déployaient; et l'esprit divin s'empara de lui;
Bil‘am leva ses yeux
Il a voulu les faire pénétrer du mauvais œil. Ce qui lui fait trois défauts : mauvais œil, orgueil et cupidité, tels qu’ils ont été cités plus haut (supra 22, 13 et 18)
Résidant selon ses tribus
Il a vu chaque tribu campant à part sans se mélanger, il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face, de sorte que l’on ne pouvait pas voir chez son voisin (Baba bathra 60a)
L’esprit de Eloqim fut sur lui
Il prit « sur » lui ne pas les maudire
24,3
et il proféra son oracle en ces termes: "Parole de Balaam, fils de Beor, parole de l'homme au clairvoyant regard,
Fils (beno) de Be‘or
Comme dans : « en une source (lem‘ayno) d’eaux » (Tehilim 114, 4) (voir supra 23, 18). Selon un midrach, ils étaient tous les deux plus éminents que leur père : « Balaq, son fils (beno) était Tsipor », c’est-à-dire que son père était à considérer comme son fils du point de vue de la dignité royale. Quant à Bil‘am, il surpassait son père quant à la prophétie et il en valait le double (Midrach Tan‘houma)
À l’œil ouvert (chethoum)
Son œil avait été crevé et jeté au-dehors et son orbite paraissait ouverte. Le mot chethoum est employé dans la Michna : « … le temps qu’il faut pour percer (chèyichtom), fermer et sécher… » (‘Avoda zara 5, 3 et 4, ‘Avoda zara 69a). Nos maîtres ont enseigné : « Lorsqu’il a affirmé, en disant : “et le nombre du quart d’Israël” (supra 23, 10), que le Saint béni soit-Il recense les accouplements d’Israël et épie la goutte de semence qui donnera naissance à un juste (Nidda 31a), il s’est dit : “Comment, Lui qui est saint et dont les serviteurs sont saints, peut-il jeter son regard sur de telles choses !” » Voilà pourquoi l’œil de Bil‘am a été crevé (Nidda 31a). Selon d’autres explications, l’expression « à l’œil ouvert », comme la rend le Targoum Onqelos, signifie : « à l’œil clairvoyant ». Et de ce que le texte parle d’un œil et non de deux yeux ouverts, nous déduisons qu’il était borgne (Sanhèdrin 105a)
24,4
de celui qui entend le verbe divin, qui perçoit la vision du Tout-Puissant il fléchit, mais son œil reste ouvert:
Il tombe et les yeux sont découverts
Le sens littéral est celui proposé par le Targoum Onqelos : « Couché il a des révélations », c’est-à-dire qu’Il ne lui apparaît que la nuit, lorsqu’il est couché. Quant à l’explication midrachique, elle consiste à dire que lorsqu’Il se révélait à lui, il n’avait pas la force de se tenir debout et il tombait face à terre parce qu’il était incirconcis et trop méprisable pour être digne de recevoir Ses révélations en étant debout devant Lui (Targoum Yonathan)
24,5
Qu'elles sont belles tes tentes, ô Jacob! Tes demeures, ô Israël!
Comme sont bonnes tes tentes
Parce qu’il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face (Baba bathra 60a)
Tes résidences
La manière dont tu campes, comme le rend le Targoum Onqelos. Autre explication : « Comme sont bonnes tes tentes » signifie : « Comme sont bons la “tente” de Chilo et le Temple pendant leur existence, parce qu’on y présente des offrandes destinées à leur expiation ! » (Bamidbar raba)
Tes résidences (michkenothèkha)
Même après leur destruction, car elles vous servent de « gage » (machkon) et leurs ruines servent d’expiation pour les âmes, comme il est écrit : « Hachem a épuisé Sa colère » (Eikha 4, 11). Et comment l’a-t-Il épuisée ? « Il a allumé un incendie dans Sion » (ibid.
24,6
Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d'un fleuve; Dieu les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord des eaux.
Elles s’étendent comme des torrents
Elles s’étendront et se prolongeront très loin. Nos maîtres ont enseigné que, des bénédictions prononcées par ce dépravé, on peut déduire les malédictions qu’il aurait voulu prononcer lorsqu’il « a tourné sa face vers le désert » (verset 1). Lorsque Hachem a changé ce que voulait dire sa bouche, il les a bénis suivant les malédictions qu’il aurait voulu prononcer, comme enseigné dans le traité Sanhèdrin (105b)
Comme des aloès (kaahalim)
Comme le rend le Targoum Onqelos. Comme dans : « myrrhe et aloès » (Tehilim 45, 9
A planté Hachem
Dans le jardin d’Éden. Autre explication : « Comme des tentes (kaohalim) que Hachem a plantées », c’est-à-dire : « comme les cieux déployés à la manière d’une tente »
A planté (nata’) Hachem
Le verbe nata’ (« planter ») peut être employé pour des tentes, comme il est écrit : « Il plantera (wayita’) les tentes de son palais » (Daniel 11, 45)
24,7
La sève ruisselle de ses branches, et sa graine est abondamment arrosée; son roi est plus grand que n'est Agag, sa royauté est souveraine!
De ses seaux
De ses sources. À expliquer comme le fait le Targoum Onqelos : « un roi puissant sera issu de ses fils »
Et sa semence dans de grandes eaux
Expression de réussite : comme de la semence semée à la surface de l’eau
Son roi s’élèvera par rapport à Agag
Leur premier roi vaincra Agag, roi de ‘Amaleq
Et son royaume sera élevé
Celui de Ya‘aqov, toujours plus haut, car succéderont [à Chaoul] David et Chelomo
24,8
Quand Dieu le fit sortir de l'Egypte, son élan fut celui du réêm; iI dévore les peuples qui l'attaquent, il brise leurs os, trempe ses flèches dans leur sang.
Qél l’a fait sortir d’Égypte
Qui leur a procuré cette grandeur-là ? Qel, qui les a fait sortir d’Égypte par Sa force et Sa grandeur. Il dévorera les nations qui les opprimeront
Et leurs os
Ceux des oppresseurs
Il cassera (yegarém)
Mena‘hem explique le mot yegarém par une connotation de « brisure », comme dans : « ils n’ont rien à déchiqueter (garmou) le matin » (Tsefania 3, 3), ou dans : « tu rompras (tegarémi) ses fragments » (Ye‘hezqèl 23, 34). À mon avis, ce mot connote l’idée d’un « os » : on ronge (megarér) la viande tout autour avec ses dents, on suce la moelle à l’intérieur et on laisse l’os à nu
Et de ses flèches (we‘hitsaw) il les écrasera (yim‘hats)
Le Targoum Onqelos traduit le mot we‘hitsaw dans le sens de « partage », comme dans « les porteurs de flèches (‘hitsim) » (Beréchith 49, 23 ; voir Rachi ibid.), qu’il rend par : « ceux qui se partagent un héritage », et yim‘hats comme dans : « il lui fend (ouma‘hatsa), lui transperce la tempe » (Choftim 5, 26). « Ils se partageront leur pays ». On peut également expliquer ce mot dans le sens de « flèches » au sens propre : les « flèches » du Saint béni soit-Il trempent dans le sang des ennemis. Il les trempera et les teindra dans leur sang, comme dans : « pour que tu trempes (tim‘hats) ton pied dans le sang » (Tehilim 68, 24). Cette explication ne s’éloigne pas de la connotation de « plaie », comme dans : « je blesse (ma‘hatsti), et moi, je guéris » (Devarim 32, 39), car celui qui baigne dans le sang paraît avoir été blessé
24,9
Il se couche, il repose comme le lion et le léopard: qui osera le réveiller? Heureux ceux qui te bénissent! Malheur à qui te maudit:"
Il s’est prosterné
Comme le rend le Targoum Onqelos : Ils s’établissent dans leur pays avec vigueur et puissance
24,10
Balak, enflammé de colère contre Balaam, frappa des mains, et il dit à Balaam: "C'est pour maudire mes ennemis que je t'avais appelé, et tu as persisté à les bénir, par trois fois!
Il frappa
Il les battit l’une contre l’autre
24,11
Eh bien donc, fuis dans ton pays; je voulais te combler d'honneurs, et voici que l'Éternel t'en a frustré!"
24,12
Balaam repartit à Balak: "N'avais-je pas déjà, aux messagers que tu m'avais envoyés, répondu en ces termes:
24,13
Quand Balak me donnerait de l'argent et de l'or plein son palais, je ne saurais désobéir à la voix de l'Éternel, en agissant bien ou mal de mon chef; ce que dira l'Éternel, je le dirai.
Transgresser ce qui sort de la bouche de Hachem
Il ne dit plus ici : « mon Eloqim », comme il l’avait fait au début (supra 22, 18), car il savait qu’il était en mauvaise grâce auprès du Saint béni soit-Il et qu’il en était repoussé
24,14
Et maintenant, je m'en retourne chez mon peuple; mais écoute, je veux t'avertir de ce que ce peuple-ci fera au tien dans la suite des jours."
Je m’en vais vers mon peuple
Je suis, à partir de maintenant, comme n’importe qui de mon peuple, puisque le Saint béni soit-Il s’est éloigné de moi
Va
Sur ce qu’il faut que tu fasses. Et quel conseil lui donne-t-il ? Leur Dieu a horreur de la débauche… , comme enseigné dans le traité Sanhèdrin (106a). La preuve que c’est Bil‘am qui a conseillé de les faire chanceler au moyen de la débauche résulte de ce qu’il est écrit : « Voici, c’est elles qui ont été auprès des fils d’Israël dans la parole de Bil‘am » (infra 31, 16)
Ce que fera ce peuple-là à ton peuple
Le texte s’exprime ici de manière elliptique : Je vais te conseiller sur la manière de les faire trébucher, et aussi te révéler sur ce qu’ils feront un jour à Moav (verset 17)
24,15
Et il proféra son oracle de la sorte: "Parole de Balaam, fils de Beor, parole de l'homme au lucide regard,
24,16
de celui qui entend le verbe divin et connaît le secret du Très-Haut qui perçoit la vision du Tout-Puissant, qui fléchit, mais dont l'œil reste ouvert:
Et qui connaît la connaissance du Très-Haut
Pour fixer le moment où Il se met en colère (Sanhèdrin 105b)
24,17
je le vois, mais ce n'est pas encore l'heure; je le distingue; mais il n'est pas proche: un astre s'élance de Jacob, et une comète surgit du sein d'Israël, qui écrasera les sommités de Moab et renversera tous les enfants de l'orgueil,
Je le verrai
Je vois la gloire et la grandeur de Ya‘aqov. Cependant, elles ne sont pas pour « maintenant » mais pour plus tard
Une étoile a voyagé (darakh)
Comme le rend le Targoum Onqelos : un roi se lèvera en Ya‘aqov. Le mot darakh a ici le même sens que dans : « il a bandé (darakh) son arc » (Eikha 2, 4), car une étoile passe comme une flèche. En français médiéval : « destent », c’est-à-dire : une bonne étoile se lèvera
Et un bâton s’élèvera
Un roi qui gouvernera et commandera
Il écrasera les coins de Moav
Il s’agit ici de David, dont il est écrit : « Il frappa Moav […] en les faisant coucher à terre et en en destinant deux lots à ma mort… » (II Chemouel 8, 2)
Il démolira (weqarqar)
Le mot weqarqar signifie « creuser », comme dans : « j’ai creusé (qarti) des sources » (II Melakhim 19, 24), ou dans : « sur le puits de carrière d’où vous avez été extraits (nouqartèm) » (Yecha’yah 51, 1), ou dans : « puissent l’arracher (yiqerouha) les corbeaux de la vallée » (Michlei 30, 17). En français: « forer »
Tous les fils de Cheth
Toute l’humanité, car elle descend toute de Cheth, le fils d’Adam
24,18
fera sa proie de l'Idumée, sa proie de Séir, ses ennemis; et Israël triomphera.
Il sera un pays conquis
De son ennemi Israël
24,19
Oui, un dominateur naîtra de Jacob, qui balaiera des villes leurs derniers habitants."
Dominera celui qui sortira de Ya‘aqov
Il y aura encore un autre souverain issu de Ya‘aqov
Il fera périr le rescapé de la ville
De la ville par excellence de Édom, à savoir Rome. Cela est dit du Roi-messie, dont il est écrit : « Il dominera de mer à mer » (Tehilim 72, 8) et : « … et personne ne survivra de la maison de ‘Essaw » (‘Ovadia 1, 18)
24,20
Puis il vit Amalec, et il proféra son oracle en disant: "Amalec était le premier des peuples; mais son avenir est voué à la perdition."
Il vit ‘Amaleq
Il vit la punition de ‘Amaleq
Première des nations
Il a été le premier à faire la guerre à Israël, ainsi que le rend le Targoum Onqelos. « Et sa fin » sera d’être anéanti par lui, comme il est écrit : « tu effaceras le souvenir de ‘Amaleq » (Devarim 25, 19)
24,21
Il vit le Kénéen, et il proféra son oracle en disant: "Fortifie ta demeure! Pose ton nid sur le rocher!
Il vit le Qéni
Parce que le Qéni était installé à côté de ‘Amaleq, comme il est écrit : « Chaoul dit au Qéni… » (I Chemouel 15, 6), et il le mentionne après ‘Amaleq (ibid. verset 5). Il a considéré la grandeur des descendants de Yithro, dont il est écrit : « … les Tir‘athim, les Chim‘athim, les Soukhathim » (I Divrei Hayamim 2, 55) (Sanhèdrin 106a)
Puissante est ta demeure
Je m’étonne que tu aies mérité cela, alors que tu as conseillé comme moi [à Pharaon] : « Allons, agissons avec sagesse contre lui… » (Chemoth 1, 10), et maintenant tu résides auprès du « fort » et du « puissant » d’Israël (Sanhèdrin 106a)
24,22
Car, s'il est consumé, ô Kénéen, en combien peu de temps Assur te fera captif!"
Car s’il sera pour brûler
Heureux es-tu de t’être fixé auprès de cette puissance, car tu ne pourras plus être chassé du monde ! Car s’il est vrai que tu seras un jour exilé avec les Dix Tribus, et que tu disparaîtras de l’endroit où tu t’es installé, peu importe 
Jusqu’à ce qu’Achour te captures
Jusqu’où t’exilera-t-il ? Sera-ce à ‘Hla‘h ou à ‘Havor (II Melakhim 17, 6) ? Ce ne sera pas une expulsion du monde, mais seulement un bannissement d’un endroit à un autre, et tu reviendras avec les autres exilés
24,23
Il proféra encore son oracle et il dit: "Hélas! Qui peut vivre quand Dieu ne l'a pas voulu?
Il proféra son allégorie…
Puisqu’il a évoqué l’exil ourdi par Achour, il dit 
Hélas ! Qui vivra quand Qél placera
Qui pourra préserver sa vie, de manière à ce que l’épargne Celui qui décide toutes ces choses ? Car viendra San‘hériv qui enchevêtrera toutes les nations, et aussi viendront « des flottes, parties d’à côté de Kitim » (verset 24) : Les Kitim, c’est-à-dire les Araméens, navigueront dans de grands bateaux contre Achour
24,24
Des flottes, parties de la côte de Kitttm, subjugueront Assur, subjugueront Héber mais lui aussi est voué à la ruine."
Et des flottes
De grands bateaux, comme il est écrit : « un fier navire » (Yecha’yah 33, 21) que le Targoum rend par : « un grand vaisseau » (Yoma 77b)
Elles opprimeront Achour
Elles opprimeront ceux qui sont « de l’autre côté » (‘évèr) du fleuve
Et lui aussi ira jusqu’à la perte
Ainsi l’a expliqué Daniel : « … jusqu’à ce que la bête [Rome] ait été tuée et son corps détruit » (Daniel 7, 11)
24,25
Alors Balaam se leva et reprit le chemin de son pays; et Balak aussi se remit en route.
25,1
Israël s'établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab.
À Chitim
C’est son nom
De se prostituer vers les filles de Moav
Par suite du conseil donné par Bil‘am, comme enseigné dans le traité Sanhèdrin (106a)
25,2
Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres; et le peuple mangea, et il se prosterna devant leurs dieux.
Il se prosterna vers leurs dieux
Au plus fort de son désir, quand il disait à la fille : « Satisfais-moi ! », elle sortait de son sein une image de Pe‘or et elle lui disait : « Prosterne-toi devant elle ! 
25,3
Israël se prostitua à Baal-Peor et le courroux du Seigneur s'alluma contre Israël.
Pe‘or
Ainsi nommé parce qu’on se déshabillait (po‘arin) devant lui et que l’on déféquait. C’est en cela que consistait le culte qu’on lui rendait
La colère de Hachem s’enflamma contre Israël
Il a envoyé contre eux un fléau
25,4
Et le Seigneur dit à Moïse: "Prends tous les chefs du peuple et fais-les pendre au nom du Seigneur, à la face du soleil, pour que la colère divine se détourne d'Israël."
Prends tous les chefs du peuple
Pour juger ceux qui adoraient Pe‘or (Sanhèdrin 35a)
Et fais-les pendre (wehoqa’)
Les adorateurs. Le mot hoqa’ contient une connotation de « pendaison », comme dans : « nous les pendrons (wehoqa’noum) devant Hachem » (II Chemouel 21, 6), à propos des fils de Chaoul. Il y a lieu à pendaison en matière de crime d’idolâtrie, car la peine prévue est celle de la lapidation, et les lapidés sont toujours pendus (Sanhèdrin 45b)
À la face du soleil
À la vue de tous. Quant à l’explication midrachique, elle consiste à dire que le soleil révélait les pécheurs : La nuée se repliait de devant lui et le soleil dardait sur lui ses rayons (Midrach Tan‘houma)
25,5
Et Moïse dit aux juges d'Israël: "Que chacun de vous immole ceux des siens qui se sont livrés à Baal-Peor!
Que chaque homme tue ses hommes
Chacun des juges d’Israël tua deux hommes, et les juges d’Israël étaient au nombre de quatre-vingt-huit mille, comme expliqué dans le traité Sanhèdrin (18a)
25,6
Cependant, quelqu'un des Israélites s'avança, amenant parmi ses frères la Madianite, à la vue de Moïse, à la vue de toute la communauté des enfants d'Israël, qui pleuraient au seuil de la tente d'assignation.
Et voici
La tribu de Chim‘on s’est rassemblée chez Zimri qui en était le prince et ils lui ont dit : « Nous sommes passibles de la peine de mort, et toi tu es assis là… », comme expliqué dans le traité Sanhèdrin (82a)
La Midyanith
Kozbi, fille de Tsour
Aux yeux de Mochè
Ils lui ont dit : « Mochè ! Cette femme est-elle interdite ou permise ? Et si tu réponds qu’elle est interdite, qui t’a permis la fille de Yithro ? »…, comme expliqué dans le même passage de Sanhèdrin
Et eux pleuraient
La règle à appliquer, laquelle stipule que « celui qui s’accouple avec une Aramith, que ceux qui manifestent du zèle le frappent à mort ! », leur avait échappé, de sorte qu’ils soupiraient tous en pleurant. Lors de l’affaire du veau d’or, Mochè avait dû affronter six cent mille hommes, ainsi qu’il est écrit : « il le moulut jusqu’à ce qu’il fût en poudre… » (Chemoth 32, 20), tandis qu’ici ses mains se sont affaiblies. Mais c’était pour que Pin‘has vienne prendre la part qui lui était due (Midrach Tan‘houma)
25,7
A cette vue, Phinéas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron le pontife, se leva du milieu de la communauté, arma sa main d'une lance,
Vit Pin‘has
Il a vu ce qui se passait et il s’est souvenu de la règle à appliquer. Il a dit à Mochè : « J’ai reçu de toi l’enseignement que « celui qui s’accouple avec une Aramith, que ceux qui manifestent du zèle le frappent à mort ! ». Il lui a répondu : « Celui qui a lu le message, qu’il en soit l’exécutant ! » Il prit aussitôt une lance dans sa main… (Sanhèdrin 82a)
25,8
entra, sur les pas de l'Israélite, dans la tente, et les perça tous deux, l'Israélite ainsi que cette femme, qu'il frappa au flanc; et le fléau cessa de sévir parmi les enfants d'Israël.
Vers l’alcôve
Vers la tente
Vers son bas-ventre (qovatha)
Comme « les mâchoires et l’estomac (wehaqeiva) » (Devarim 18, 3). Il a visé le sexe de Zimri et celui de la femme de sorte que tous ont pu voir qu’il ne les tuait pas inutilement. Et beaucoup de miracles ont été accomplis en cette circonstance, comme expliqué dans le même passage de Sanhèdrin (82b)
25,9
Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille.
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