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"Au lieu de pleurer sur la jambe que j’ai perdue, je remercie pour celle qui me reste"

Mis en ligne le Mercredi 22 Mai 2024

Le mois dernier, une équipe de bénévoles de Torah-Box a rendu visite aux soldats qui sont en convalescence à l’hôpital Tel Hashomer ainsi qu’à Hadassa Har Hatsofim. L’expérience a été bouleversante. Rendre visite à des jeunes qui ont été amputés d’une jambe ou d’un bras, requiert une sensibilité et un état d’esprit très particuliers. À la vue de ces enfants d’une vingtaine d’années qui ont sacrifié leur santé et leur bien-être en pleine conscience, notre cœur se serre mais par respect pour eux, nous nous devons d’être forts et de leur montrer notre soutien en reconnaissant à la fois la perte et le potentiel de résilience.

Durant ces visites, nous avons été impressionnés de voir que la force perdue par leur corps était récupérée par leur mental. Nous avons assisté à l’expression la plus naturelle de l’instinct de survie. Le mental d’un blessé devient son allié le plus puissant sur le long parcours de la réhabilitation. Il faut une force mentale extraordinaire pour surmonter les obstacles physiques et les défis émotionnels, pour refuser de céder à la désespérance et pour continuer à avancer malgré les adversités. Comme nous a dit l’un des soldats blessés : « On m’a coupé la jambe, mais mon cœur, lui, continue de battre. Ça sera certainement plus long et plus difficile mais je continuerai à accomplir des choses malgré ma jambe en moins. » 

L’atmosphère nous a énormément surpris lors de ces visites. Même si tout portait à penser que nous allions rencontrer des personnes affaiblies et abattues, ça n’était absolument pas le cas. Les soldats ainsi que leurs familles nous ont accueillis avec joie et enthousiasme. Et même si au détour d’une histoire racontée ou d’un chant entonné, les larmes coulaient, les visages, eux, ne cessaient de sourire « ça va aller, Hachem nous a aidés jusque-là ; Il a sauvé la vie de mon fils, ce n’est pas maintenant qu’Il va nous abandonner. »

Les débuts d’une guerre sont souvent marqués par des atrocités radicales. Les soldats perdent la vie, les familles sont endeuillées d’un ou de plusieurs de leurs membres. Mais au fil du temps, une nouvelle réalité s’installe, une réalité à mi-chemin entre la vie et la mort, une réalité empreinte d’amertume mais également de reconnaissance d’avoir été épargnés. Cette réalité est celle des soldats grièvement blessés, qui doivent apprendre à vivre avec une trace indélébile de la guerre, dans leur propre chair.

Ces quelques heures passées aux côtés de ces véritables héros, ont marqué les esprits. Une telle joie de vivre dans un contexte qui lui est si peu propice, est une célébration de la force de l’esprit humain et du pouvoir de la solidarité. Elle a rappelé à tous que malgré les épreuves que nous traversons, il y a toujours une place pour la joie et la gratitude. 

Nous terminerons sur une phrase poignante que l’un des soldats nous a dite : « Tous les matins, au lieu de pleurer sur la jambe que j’ai perdue, je remercie pour celle qui me reste. On ne choisit pas ce qui nous arrive mais on peut choisir comment y faire face. » 

Johanna H
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