Si vous habitez en Israël, vous avez toutes les chances d’avoir rencontré au moins une fois ces bénévoles en gilets orange, qui volent au secours des personnes en détresse en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire… Entretien avec le porte-parole francophone de l’organisation, Jonathan Chiche.

 Il est devenu presqu’inutile de présenter United Hatzalah : pas la peine d’être resté beaucoup de temps en Israël pour avoir croisé au moins une fois ces bénévoles, d’horizons certes divers, mais tous vêtus du même gilet orange et surtout, tous animés du même idéal, celui de sauver des vies en un temps-record (90 secondes très exactement…).

Pour être tout à fait franc, le temps d’écrire ces lignes, un bénévole d’United Hatzalah a déjà largement eu le temps d’intervenir auprès d’une personne en état d’alerte et de la tirer d’affaire… puisqu’il ne faut aujourd’hui pas plus 3 minutes à un secouriste de l’organisation pour arriver sur les lieux d’un appel d’urgence ! « Parfois même, nous arrivons chez les gens alors qu’ils ont encore le combiné en mains… » précise Jonathan Chiche, porte-parole francophone de l’organisation, avec qui nous nous entretenons aujourd’hui. Mais comment expliquer un tel phénomène ?, ne puis-je m’empêcher de me demander. Ma foi, puisque Jonathan est là, demandons-le-lui directement.

 Mais tout d’abord, United Hatzalah en quelques chiffres

 United Hatzalah, c’est :

5.000 volontaires dispatchés sur tout le territoire

315.000 interventions sur la seule année 2018

3.000.000 personnes sauvées depuis sa création

700 ambucyles, 50 e-vélos médicalisés, 35 ambulances et 2 bateaux

1.000 appels traités chaque jour

 Jonathan, bonjour. Comment expliquer le phénomène United Hatzalah ?

 Je dirais que c’est la vision particulièrement avant-gardiste d’Eli Bir, son fondateur, qui décida il y a 30 ans de révolutionner le monde des secours d’urgence, avec à l’époque une poignée d’amis. Mais c’est aussi la capacité de l’organisation de reconvertir les technologies de pointe en outils concrets à même de sauver des vies. Enfin, c’est l’esprit d’abnégation de nos bénévoles, qui n’hésitent pas à reléguer au second plan leurs obligations professionnelles, familiales et personnelles dans le seul but de secourir les autres.

 Si vous deviez définir United Hatzalah en une seule phrase, ce serait… ?

 Le premier service de secours citoyen de proximité. Fini le temps où les intervenants médicaux étaient éloignés – géographiquement et socialement – de la communauté. Aujourd’hui, les secouristes sont des citoyens comme les autres et peuvent intervenir partout, à tout moment. C’est là tout le secret de notre réussite.

 A la genèse d’United Hatzalah, il y a quoi ?

 Une constatation. Celle, consternante pour Eli qui n’est alors qu’un jeune enfant se trouvant « par hasard » sur la scène du premier attentat d’Israël (nous sommes en 1978 à Baït Végan), que des vies humaines sont perdues à cause du temps interminable avec lequel les ambulances atteignent les lieux d’un accident. Il décide sur-le-champ de consacrer sa vie à sauver celle des autres : dès 15 ans, on le voit intervenir en tant que volontaire du Maguen-David Adom. Mais là encore, il ne peut que constater, impuissant, les failles d’un système qui se heurte aux obstacles de la réalité. Un jour, il observe un livreur de pizza à l’arrêt et là, c’est le déclic : il formera des secouristes qu’il dotera de matériel d’urgence de première nécessité… à moto !

Le reste est déjà de l’histoire : des unités d’intervention sont mises sur pied petit à petit sur tout Israël, l’association devient organisation pour devenir enfin ce qu’elle est aujourd’hui, soit l’unité de secours la plus rapide au monde.

 Une des nouveautés United Hatzalah ?

 Je pense à l’une des unités mises sur pied ces dernières années et qui fait notre grande fierté : c’est la cellule baptisée Ten Kavod (qu’on pourrait traduire par « Respect ! »). Il s’agit d’une structure sociale de prévention, qui intervient auprès des survivants de la Shoah qui vivent seuls. A chaque survivant est dédié un bénévole qui lui rend visite une fois par semaine, s’enquiert de son bien-être, l’aide dans ses tâches quotidiennes et lui offre son assistance mais surtout son écoute. Les bénévoles de Ten Kavod, qui sont eux-mêmes secouristes, sont parvenus à faire sauter le barrage du cœur de certains survivants, au point que ceux-ci ont pu leur confier l’histoire qu’ils n’avaient jamais révélé à qui que ce soit… Un projet très beau et très réussi !

 Si on veut aider, participer, ou pourquoi pas devenir secouriste… Comment faire ?

 Rendez-vous sur hatzalah.fr pour obtenir toutes les informations et vous tenir au courant de notre actualité !

 Propos recueillis par Elyssia Boukobza