12 février 2015, il pleut sur Jérusalem. Je ne suis alors qu'un garçon de café travaillant au café Meyer dans le quartier de Cha'aré 'Hessed.
Jeune fiancé, j'étais à un mois exactement de la date de mon mariage auquel je n'étais même pas encore préparé, sans rabbin, et je n'avais aucune notion halakhique sur le domaine...
Je ne connaissais même pas les bénédictions à faire sous la 'Houppa, mais ce n'est pas grave, parce que je sais que D.ieu envoie les bonnes personnes, au bon moment, à celui qui croit en Lui.
Ce jour-là, j'étais seul dans le café, personne du quartier n'a voulu affronter la pluie qui était accompagnée de nuages sombres qui donnent l'impression qu'il est nuit alors qu'il n'était simplement que 18h... Les rues sont vides. Mais j'aperçois quand même un homme attablé dans le coin avec son chapeau noir sur la tête en train d'étudier la Torah...
Il était de dos par rapport à moi au bar et attendait tranquillement que la pluie se calme. Je vais à sa rencontre et je lui demande s'il veut boire quelque chose. Il me répond qu'il veut bien un café au lait.
Je fus surpris par la chaleur qu'il transmettait par son regard. Je lui prépare son café et je lui amène. Il me remercie et me sourit.
À ce moment-là, je lui demande :
- Vous êtes rabbin Monsieur ?
Il me répond :
- Pour quelle raison ?
- Non, simplement pour savoir, parce que je vais me marier dans un mois et je n'ai toujours pas trouvé de rabbin pour m'apprendre les lois du mariage...
- Dans un mois ?
- Oui, lui dis-je sur un ton un peu embarrassé.
Il me répond :
- Je suis effectivement rabbin, viens me voir trois fois par semaine dans ma Yéchiva à Ramot pour que je te forme. Je suis le Rav Hazan, voici mon numéro...
Je note, et, dès le lendemain, le premier cours avait lieu. Il m'accueille à bras ouverts sans me connaître, sans savoir d'où je viens ni qui je suis, c'était inouï de le trouver à ce moment-là.
En voyant l'intérêt que tous les Talmidim (élèves) lui portent, j'ai compris que je n'avais pas à faire à n'importe qui. J'ai compris que l'homme qui étudiait dans le café où je travaillais est un Tsadik rempli d'humilité.
Je rentre dans son bureau, tout petit, rempli de livres de Torah, le cours commence et il commence à m'apprendre ce qu'est le Chalom Bayit.
Deuxième cours, Chalom Bayit. Troisième cours, Chalom Bayit... Pareil pour le quatrième et le cinquième...
À une semaine du mariage, je ne connaissais encore aucune Halakha sur le mariage...
Je commence à me poser des questions... Comment je vais chanter, qu'est-ce que je vais devoir dire sous la 'Houppa...
Au dernier cours qui précède le mariage, il me parle très rapidement de quelques Halakhot de pureté familiale à respecter absolument, mais c'est tout... Et là, je lui demande : "Mais n'y a-t-il pas d'autres choses que je dois connaître ? On n'a fait que du Chalom Bayit !"
Et là, il me répond une phrase extraordinaire (en hébreu à l'origine) : "Tout ce que ta femme pense qu'il n'est pas bien de faire, ne fais pas."
Et c'est là que j'ai compris le message qu'il voulait me transmettre, son enseignement.
Ma femme qui apprenait les lois à la même période, sait ce qu'il est interdit de faire. Le panel d'apprentissage de l'homme est long et complexe, il ne faut pas un mois, mais toute une vie pour apprendre. Mais cet apprentissage ne peut se faire que s'il y a du Chalom Bayit dans un couple.
Ce qui importe dans un couple, c'est de s'aimer et d'apprendre ensemble les lois avec le temps.
Un couple qui se respecte et qui s'aime saura faire face aux erreurs, aux épreuves, et les surmonter avec courage pour avancer.
Le Rav fut le témoin de mon mariage, et je le remercie pour cet apprentissage de vie qu'il m'a appris.
20 octobre 2020, il pleut sur Jérusalem, la pureté de l'eau me rappelle la pureté, en ce jour de Chiva', de ce Tsadik.
Baroukh Dayan Haémèt, que son mérite protège les enfants d'Israël et que son enseignement aide à renforcer la Ahavat 'Hinam, l'amour gratuit entre nous, et à nous apporter la Guéoula Chéléma Bimhéra Béyaménou, la délivrance complète, rapidement, de nos jours, Amen.
Yoël Khalifa
(Merci à Louis Bendayan pour la photo)