Un film pour Torah Box. C’est une expérience nouvelle. Nous vous connaissions pour vos excellents livres votre site remarquable et vos actions sur le terrain communautaire mais le cinéma c’est une facette supplémentaire. Qu’est ce qui vous a poussé vers le 7eme art.
Rav Avraham Blatner : Le cinéma est l’un des média les plus importants de nos jours. Il permet de toucher un large public et de lui transmettre un message tout en lui procurant du plaisir.
Un soir, je faisais mes courses dans un supermaché et tout en poussant mon caddie, j’ai téléphoné à Binyamin Benhamou le directeur de Torah Box. Je lui ai exposé le projet et je lui ai dit d’emblée que je ne voyais sa réalisation que sous la forme d’un film.
Lui et moi ne sommes pas des cinéastes professionnels et pourtant il m’a dit banco. Trois ans se sont passés depuis ce jour et après beaucoup de péripéties nous pouvons enfin savourer le fruit de notre travail.
Nous avons tous vu des cours en vidéo, des documentaires, des fichiers power point agrémentés de son… Ce dont nous parlons ici n’a rien à voir. C’est un vrai film !!!
Tout à fait. Il y a une intrigue des personnages, quelques effets spéciaux, de la musique, de l’humour et surtout de très belles images tournées et montées par Ruben Journo dans le cadre de sa société Regards Studio. Nous avons fait appel a un acteur professionnel, Yaniv Perets qui joue remarquablement bien. C’est vraiment du cinéma. Bien évidemment, nous n’avons pas pu disposer du budget ni des moyens techniques de films qui sont projetés dans les salles obscures. Mais nous avons compensé par beaucoup d’inventivité et d’imagination. Au final ce moyen métrage se voit très facilement et généralement, le public prend beaucoup de plaisir et ne voit pas le temps passé.
Déjà des réaction parmi les rabbanim et responsables communautaires ?
Notre film représente une vraie innovation en matière de kirouv. Tous les rabbanim (rav Elie Lemmel, Rav Avraham Bloch, Rav Immanouel Elgrably…) qui s’occupent de ce domaine ont été séduits par notre film et ils souhaitent l’utiliser pour sensibiliser leur public. Rav Bollac, ancien conférencier des séminaires Arah’im a qualifié notre film de chef d’œuvre. Des communautés comme celle de Saint Ouen pour ne citer qu’elles nous le réclament pour lui consacrer une soirée communautaire.
Et ce début d’engouement dépasse même les frontières de l’hexagone. Ainsi, le rabbin de Monaco, Rav Torgman souhaite le montrer à ses fidèles pour les sensibiliser.
De quoi parle donc ce film dont toute la communauté commence à entendre parler ?
C’est l’histoire de David, un jeune homme de 18 ans qui vient d’avoir son bac et qui s’interroge sur le futur. Il ne sait pas quel type de vie choisir. Nous lui proposons donc trois choix de parcours dans lesquels il va se voir évoluer : la vie d’un businessman, la vie d’un kiffeur et la vie d’un individu qui est au départ le mélange des deux premiers mais qui se posant des questions d’ordre existentielle, va pousser la porte d’un lieu d’étude de la torah.
Pour parler plus facilement des trois personnages nous avons donné à chaque personnage une symbolique animale. Le loup représente le businessman. Le coq symbolise le kiffeur et enfin le dauphin est l’image du personnage qui devient plus religieux.
Quel est l’objectif de ce moyen métrage ?
La plupart de gens que nous côtoyons s’engagent dans un choix de vie alors qu’ils sont encore dans la fleur de l’âge et une fois dans cette voie, ils ne se posent que rarement la question de savoir s’ils ont fait le bon choix ou pas.
Pris dans un engrenage quotidien incessant, rare sont les gens qui parviennent à se poser et à faire le bilan des expériences qu’ils ont déjà vécue pour mieux préparer les années à venir.
Nous souhaitons donc à travers ce film donner l’envie au plus grand nombre de s’interroger sur leur choix de vie.
Le parcours des trois personnages est-il inspiré d’expériences réelles ?
Tous les traits de caractère, expériences sensibilités des personnages ont été inspirés de d’individus réels que j’ai pu côtoyer dans les différents milieux où ils évoluent. Il n’en demeure pas moins que l’addition des défauts, déviance, ou autres tendances des personnages notamment le loup et le coq les rendent un peu caricaturaux.
C’est le défaut du cinéma qui ne permet pas de travailler dans la nuance. L’image est réductrice et par conséquent simplificatrice contrairement à l’écrit.
Vous prenez parti pour l’un des personnages au détriment des deux autres. Ce n’est pas très objectif…
Nous n’avons pas réalisé ce film pour faire du cinéma. Ce projet a un contenu pédagogique que nous souhaitons exploiter et bien entendu un message que nous voulons passer. Vous comprendrez bien que dans ces conditions, le film est forcément orienté. Ceci étant dit, en tant que spectateur, le personnage que je trouve le plus sympathique est sans aucun doute le coq et j’ai pris beaucoup de plaisir à créer ce personnage et à lui donner la parole.
Enfin, je voudrai ajouter que nous côtoyons tous les jours des coqs, des loups, des dauphins ou le mélange de deux ou des trois.
Et nous les respectons tous. Ce sont nos frères, nos cousins, nos amis, nos voisins ou nos collègues de travail.
Pour les personnages, je me suis inspiré de gens que j’ai croisé tout au long de ma vie. Ce sont des individus que j’aime profondément même s’ils n’ont pas tous opté pour le même choix de vie que moi.
Certains vous reprochent de montrer la vie de David jusqu’à la fin c’est-à-dire …jusqu’au cimetière. Ce n’est pas très gai.
On ne peut pas parler d’un choix de vie sans évoquer sa conclusion. Il est parfois douloureux d’évoquer la mort, même si c’est une étape à laquelle personne de pourra échapper. Bizarrement, on a tendance à oublier cette évidence et même si intellectuellement nous sommes tous conscients de cette échéance, dans les faits nous nous croyons immortel…C’est l’une des raisons qui nous empêche de nous remettre en question.
Alors, il ne s’agit pas de culpabiliser les gens, ni de leur faire peur. Uniquement de leur rappeler que le temps nous ai compté et que la tâche est grande…
Les avant premières se sont bien passées. Vous semblez soulagé. Aviez-vous eu des doutes sur votre film ?
Dès l’écriture du synopsis, nous avons su que le projet passionnerai le public. Nous avons confié le texte du projet à quelques amis pour tester l’intérêt de leur entourage et les résultats de ces expériences ont été au-delà de nos espérances. On débattait en famille des loups, des coqs et des dauphins durant des soirées entières.
Cela nous a donné beaucoup de force pour continuer. Pourtant, rien n’est jamais gagné. Nous avons dû surmonter beaucoup de difficultés et même le film terminé, nous avons eu des doutes. Après tout, il n’est pas du tout évident de réussir à faire passer un message en particulier à travers le septième art.
Les différentes avant-premières que nous avons organisées en Israël comme en France, nous ont rassurés. Mais c’est surtout le programme que torah Box à organisé à l’occasion du jour de l’an, « reveillons nous » qui nous a donné la confirmation qu’il fallait diffuser le film à grande échelle.
Le film a en effet été accessible tout au long de la soirée, et il a été visionné par plus de deux milles personnes. Quant aux réactions reçus par Torah Box, elles ont toutes été enthousiastes.
Pour finir : à qui s’adresse ce film et le message qu’il véhicule ?
Ce projet a pour cible les individus homme et femme entre …16 et 120 ans. Car si bien évidemment les jeunes peuvent s’identifier au personnage de David qui a 18 ans, les autres pourront peut-être se reconnaître dans une ou plusieurs des facettes d’un des personnages du film ce qui le poussera peut-être à réfléchir.