Comment devons-nous appréhender ces mois à venir sans fêtes, sans proximité avec Hachem ? Comment préserver cette joie dans une période aussi obscure que la nôtre ? Et comment transformer notre train-train quotidien en moments magiques ?

Le dernier jour de ‘Hanouka, celui durant lequel nous allumons 8 bougies, est un jour particulier appelé Zot ‘Hanouka (“Ceci est ‘Hanouka”). Huit lumières brillent de mille feux pour éclairer nos cœurs et nos maisons.

Quel beau et précieux moment que Zot ‘Hanouka ! Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Rabbi Israël de Rouzhin disait : "La prière du Juif le plus simple ce jour-là ressemble à celle du Tsadik lors des jours redoutables.’ Ce jour, propice à des délivrances surnaturelles dans tous les domaines, a même été comparé à Yom Kippour et à Chémini ‘Atseret

Un jour au potentiel immense

Pour mieux cerner la nature de ce jour si spécial, rapportons la fameuse question qui a été soulevée par Rabbi Yossef Karo. Pourquoi célébrer ‘Hanouka durant 8 jours alors que le premier jour, les Makabim avaient de quoi allumer la Ménora et que le miracle à proprement parler n’a en réalité duré que 7 jours ? Beaucoup de réponses ont été données à cette question. Mais celle rapportée par le Isma’h Israël a un impact d’autant plus fort cette année… Zot ‘Hanouka est en réalité un cadeau prouvant l’amour ardent du Saint béni soit-Il pour Ses enfants. Ce jour, au potentiel si grand, représente l’amour infini de D.ieu  pour Son peuple. Un jour pendant lequel nous pouvons voir de véritables miracles… Pour peu que nous ouvrions les yeux !

Ce jour, à l’instar de Chémini ‘Atseret, symbolise ce moment d’intimité qu’Hachem désire avoir avec nous, intimité qui hélas nous a été retirée cette année… Le Rav Biderman insiste : D.ieu nous demande de nous attarder encore un jour avec Lui.

De quoi éclairer l’hiver

Mais comment exploiter ces heures si intenses de Zot ‘Hanouka ? Et surtout, le huitième jour de ‘Hanouka est aussi le dernier. Cela signifie que nous devrons attendre encore de longs mois d’hiver avant de goûter à nouveau à la joie d’une prochaine fête, en l’occurrence Pourim.

Ces dernières semaines, notre coeur a été rudement mis à l’épreuve. Reconnaissons-le : ces jours de fête nous ont apporté une lumière, une chaleur et une joie dont nous avions tant besoin…

De plus, ce mois de Tévèt qui débute est l’un des mois sombres du calendrier juif. Le dixième jour de ce mois a été institué comme jour de jeûne en souvenir de différents malheurs qui se sont abattus sur le peuple juif, dont le siège de Jérusalem, symbolisant le début de la destruction du Temple. Le Sfat Emet nous dévoile que les 36 lumières que nous allumons à ‘Hanouka (sans inclure le Chamach) éclairent 36 jours : du 25 Kislev, premier jour de ‘Hanouka, jusqu’à la fin du mois de Tévèt. Dans Son infini amour pour nous, Hachem éclaire nos journées d’hiver de la lumière de ‘Hanouka même après ces jours de fête !

L’arme fatale

Comment devons-nous appréhender ces mois à venir sans fêtes, sans proximité avec Hachem ? Comment préserver cette joie dans une période aussi obscure que la nôtre ? Et comment transformer notre train-train quotidien en moments magiques ?

Deux précieux conseils peuvent nous aider à voir plus clair dans cette obscurité. Le premier conseil est de faire usage de notre arme la plus puissante, surtout à nous les femmes : la prière. 

En effet, les femmes ont reçu neuf dixièmes de mesures de parole et un cœur particulièrement sensible. Le Rav Itamar Shwartz explique que la femme fut créeé pendant le sommeil de l’homme. Le roi Chlomo écrit dans Chir Hachirim : "Je dors, mais mon cœur est éveillé”. Lors du sommeil de l’homme, le cœur reste en éveil, d’où notre sensibilité particulière ! 

Il ne fait aucun doute que celle-ci, parfois complexe à gérer, a également le pouvoir d’extirper de nos bouches les prières les plus authentiques et les plus puissantes. Ces derniers jours de ‘Hanouka sont donc une invitation à déchirer les cieux de nos ferventes supplications. Ces prières et cette connexion avec Hachem nous permettront de ressentir la proximité et la protection divine même lors des moments sombres de nos vies.

Le neuvième jour de ‘Hanouka

Le second conseil nous est enseigné des Makabim eux-mêmes. Les Sages rapportent que pour fabriquer de la nouvelle huile dans le Temple, 8 jours étaient nécessaires. Dès le premier jour où ils pénétrèrent à nouveau dans le Temple, les Makabim s’empressèrent de commencer à en fabriquer et le huitième jour, l’huile fut fin prête. Le Rav ‘Haim Avraham s’interroge : pourquoi ne pas avoir laissé le miracle durer encore quelques jours ? Les Makabim auraient pu s’attarder et profiter du miracle encore un peu. En réalité, répond-il, le plus grand miracle de ‘Hanouka, le miracle du neuvième jour, est celui de perpétuer ces moments intenses même le “neuvième jour”, dans la routine du quotidien. 

Notre quotidien est fait de petits et grands actes, de petits et grands moments, de petits et grands miracles. A nous d’agir même dans les moments qui paraissent les plus sombres et de savoir apprécier les instants magiques de la routine même lorsque la “fête” semble derrière nous. Car en réalité, ’Hanouka n’est pas derrière nous mais bien en nous.

Notre devoir est d’être nous-mêmes, les femmes, les mamans, les épouses, des lumières qui éclairent les cœurs, qui éclairent les foyers mais aussi notre entourage, notre lieu de travail ou tout endroit que nous foulons.

Nos prières devant les bougies et les Mitsvot de la fête nous accompagnent dans notre quotidien, lors de nos moments passés en famille, dans notre capacité à continuer à remercier Hachem même lorsque la fête du remerciement a pris fin. Car rien n’est petit. Tout est miracle. La naissance d’un enfant comme un plat mijoté. Le mariage de notre enfant comme une nouvelle robe achetée.

C’est cela la lumière de l’après-Zot ‘Hanouka : la lumière du neuvième jour !