C’était les gros titres du Monde de vendredi : « En Israël, après la bousculade mortelle de Méron, un jour de deuil et de polémiques ». J’ai eu du mal à comprendre : qui donc est le coupable ? Un terroriste, un ennemi, il y a bien eu un acte criminel ? Je ne peux pas imaginer que ce soit des Juifs ! Ce n’est tout de même pas nous qui allons être la cause de la mort de nos frères ?!
Inexplicablement, je me sentais coupable.
Piétiner. Ce mot résonnait dans ma tête, dans une atroce cacophonie. Je tournai mes pensées vers Hachem, le « Chef d’orchestre » : pourquoi une telle mort ? Pourquoi à ce moment ? Pourquoi une telle honte devant les nations ? Piétiner ?! Cela fait des années qu’a lieu ce pèlerinage massif à Méron et jamais un tel drame ! Hachem, pourquoi ? Tant de questions sans réponses. Des cours de Torah, du ‘Hizouk, je n’ai personnellement pas réussi à en tirer une leçon. Et pourtant il le fallait, je me devais de ne pas rester indifférente, ce serait cruel.
Ce mot résonnait sans cesse. C’était dimanche soir, et, comme chaque soir avant de dormir, je lis deux Halakhot de Chmirat Halachone. Je ne saurais vous répéter ce que j’ai lu mais j’ai réalisé quelque chose qui m’a fortement secouée, et ce mot qui résonnait encore et toujours a pris tout son sens :
Si je dis du Lachone Hara’ sur mon prochain, cela reviendrait à le tuer : à le piétiner.
Voilà pourquoi je me sens coupable. Moi aussi, différemment, j’ai tendance à « piétiner », à dire du Lachone Hara’. J’aime parler de tout, donner mon avis, partager mes expériences… et bien entendu, accompagner mes paroles de propos négatifs. J’avais du mal à intérioriser que le Lachone Hara’ pouvait causer des dégâts, voire la mort. Mais je pense avoir compris la leçon : à Méron, les victimes ont été piétinées physiquement, mais en disant du Lachone Hara’, je piétine aussi l’autre.
Arrêtons de piétiner l’autre, arrêtons de dire du mal sur l’autre !
Commençons à penser positivement, sinon « Chut ! ». Tu risquerais de piétiner et tuer ton prochain. Suite à cette tragédie, j’ai décidé que la Chmirat Halachone prendrait une autre dimension dans ma vie. C’est tellement dur de se retenir de parler, mais on a tellement à y gagner... C’est tellement dur de se retenir de marcher pour être le plus proche possible du Tsadik, mais on a beaucoup à sauver ! En me retenant de dire du Lachone Hara’, je sauve des vies.
Bon courage !
Témoignage reçu de Néhama Cohen-Salmon