Bonjour Rav,
J'aimerais connaître l'importance pour une femme du prélèvement de la 'Halla.
Toda.
Bonjour,
Le respect scrupuleux de cette Mitsva garantit une longue vie, des accouchements faciles et sans risques ainsi qu’une abondance dans la Parnassa.
Voir Talmud Chabbath 32a-32b.
Une femme s'est présentée au tribunal en s'adressant aux Dayanim au sujet d'une poursuite pour vol :
Son mari a profité de son absence pour prélever la ‘Halla de la pâte qu'elle avait préparée pour Chabbath. Elle se sentait si profondément lésée, qu'elle espérait récupérer une partie de sa perte en traduisant son mari en "justice" devant les Dayanim.
Quel fut le verdict ?
Rabbi 'Haïm Yossef David Azoulay ['Hida / 1724-1806] rapporte l'avis de Rabbi Yaacov Emden [Ya'bets / 1697-1776] selon lequel le mari est redevable à sa femme d'une somme d'argent "compensatrice" équivalente à 10 Zéhouvim [≈ 90g d'or].
En effet, nos Sages disent :
« Quiconque s'empare d'une Mitsva réservée à son prochain, devra lui verser une somme de 10 Zéhouvim. »
Voir Talmud ‘Houlin 87a et Choul’han ‘Aroukh - ‘Hochen Michpat, chapitre 382, Halakha 1.
Rabbi 'Haïm Yossef David n'est pas d'accord avec Rabbi Yaacov.
Il refuse la comparaison avec l'enseignement de nos Sages en disant tout simplement que la Mitsva de prélever la ‘Halla n'appartient pas à la femme; elle appartient au mari puisqu'il est le propriétaire de la farine et donc, de la pâte. Et si généralement c'est la femme qui accomplit cette Mitsva, c'est pour une raison technique : elle se trouve à la maison et s'occupe de la plupart des tâches ménagères.
Voir Rachi, passage Haréni sur Talmud Chabbath 32a.
D'autre part, il est vrai qu’Hachem a confié à la femme l'accomplissement de trois Mitsvot en réparation de la faute originelle, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle en soit la propriétaire :
1. Elle doit prélever la ‘Halla de la pâte car elle a rendue impure Adam, la 'Halla du monde. En effet, il fut créé par le façonnement d'une pâte faite d'eau et de terre provenant des quatre coins du monde.
Voir Midrash Rabba, chapitre 17 sur Béréchit.
2. Elle doit allumer les bougies avant Chabbath car elle a éteint la lumière du monde en incitant Adam à fauter.
3. Elle doit observer les lois de Nidda car elle a versé le sang du premier homme, son mari.
Voir Or Zaroua, volume 1, Hilkhot ‘Halla, fin du passage 225.
Cette histoire n’est-elle pas assez révélatrice de l’importance de cette si grande Mitsva ?
Un jour, une femme appela son Rav :
« Allo, Rav, j'ai une question à vous poser : de temps à autre, mon mari désire faire le prélèvement de la ‘Halla je ressens une certaine difficulté à accepter. Une Mitsva ne se donne pas. Comment puis-je y renoncer ? Mon refus est-il justifié ? »
Voici la réponse du Rav :
« Vous avez parfaitement raison, on ne doit pas abandonner ou délaisser la possibilité d'accomplir une Mitsva qui se présente à nous. Cependant, il faut savoir que d'après un grand nombre de décisionnaires, le mérite de pouvoir prélever revient au mari puisqu'il est le maître de maison et le propriétaire de la pâte.
D'autre part, si généralement la femme accomplit la Mitsva, c'est du fait qu'elle se trouve à la maison et qu'elle a la responsabilité des tâches ménagères. Donc, de temps à autres, il vous est possible de permettre à votre mari d'accomplir la Mitsva, sans avoir de remords. Si cette réponse ne vous suffit pas, sachez que vous avez un mari Tsadik et il faut l'encourager dans ce sens.
Vous savez certainement qu'il est interdit d'effacer le Nom d'Hachem. Mais, le cas de la Sota fait exception.
Pourquoi ?
Afin de démontrer combien il est important de rétablir la paix entre les époux. Si la discorde les sépare, Hachem considère qu'il vaut la peine d'effacer Son Nom s'il n'existe pas d'autre moyen de les réconcilier. Dans votre cas, il n'est pas nécessaire d'effacer le Nom d'Hachem, il vous suffit de faire une "petite" concession qui ne vous apportera que du bien. »
En guise de conclusion :
Voici ce que nous dit le Midrash à propos de la reine Esther :
Dans la profondeur de sa dure épreuve, alors qu'elle se préparait à enfreindre la loi du palais royal en se présentant sans avoir été invitée pour demander à A'hachvéroch de laisser vivre son peuple, Esther s'adressa à Hachem en ces termes :
"Mon D.ieu, mon D.ieu, pourquoi m'as-Tu abandonnée ? Pourquoi as-Tu préféré les mères juives ? Lorsque Sarah fut emmenée captive par Pharo pendant une nuit, lui et sa maison furent punis. Moi, j'ai été mise dans les bras de cet homme malfaisant pendant de si nombreuses années et aucun miracle ne m'a aidée. Les femmes juives ont trois Mitsvot particulières, les lois de Nidda, le prélèvement de la 'Halla, et l'allumage des bougies de Chabbath; les ai-je transgressées ?
Pourquoi m'as-Tu abandonnée ?"
Voir Yalkout Chimoni, passage 685 sur Téhilim.
Ces questions ne sont pas restées sans réponse. Hachem a écouté la prière d'Esther et l'a sauvée ainsi que tout son peuple [à l’époque de Pourim].
Par quel mérite ?
Par le mérite de l'observance, dans les moindres détails, du prélèvement de la 'Halla.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.