Question d’une internaute : Le diagnostic est tombé, mon mari est atteint d'une grave maladie... En quelques minutes, notre vie a basculé. Je me sens tellement impuissante, et chaque jour je vis avec l'angoisse que ce sera peut-être le dernier pour lui. Je sais que je dois rester positive, mais je me sens incapable de le soutenir et de rassurer mes enfants, car je suis comme tétanisée. Comment aider mon mari, si moi-même je n'arrive pas à gérer la situation ?
La réponse de Mme Nathalie Seyman
Quand un proche (parent, enfant, frère, sœur, etc.) tombe malade, notre vie tourne autour de la peur, la douleur, la peine, mais aussi l’espoir. On ne vit plus que pour le soutenir et l’aider au quotidien à adoucir sa vie. Mais lorsque ce proche est notre conjoint, à tout cela s’ajoute le fait de devoir maintenir la qualité de la relation conjugale. Et lorsque l’autre devient dépendant, qu’il ne peut plus jouer son rôle dans le couple, alors il est difficile de maintenir le cap pour lui, mais aussi pour soi.
La maladie, quel impact sur le couple ?
Lorsque la maladie survient au sein d’une vie conjugale, ce n’est pas seulement un individu qui est concerné. La maladie vient perturber le quotidien du couple, car c’est toute la vie que les partenaires avaient mis en place qui est ébranlée : la vie de famille, la vie intime, la vie sociale, l’équilibre financier…
Quand l’un des conjoints est malade, c’est le couple qui souffre. Il faut trouver un nouvel équilibre et ce n’est pas évident. Celui qui était le soutien devient celui qui a besoin d’aide, celui qui comptait sur lui devient l’aidant, sans compter la peur de se retrouver seul si l’issue n’était pas favorable ‘Hass Véchalom. Le conjoint aidant va devoir assurer le soutien moral, la présence affective, le suivi des traitements… Une place qui n’est pas toujours facile, car nous n’avons pas tous les mêmes aptitudes psychologiques ou médicales pour faire face à la maladie d’un proche. Et personne ne peut savoir comment il va réagir avant d’y être confronté.
On peut se sentir totalement démuni face à celui qu’on aime mais que l’on ne reconnaît plus à cause de la maladie. Ou bien tomber dans l’excès de maternage et transformer le lien conjugal en un lien parental, ce qui est évidemment très mauvais pour l’aidant comme pour l’aidé. Mais aussi avoir peur de ne pas savoir faire face, face à sa douleur, face à la peur des enfants, face aux regards trop compatissants des gens, face à la peur de la mort…
Alors on peut finir par être en colère. En colère contre cette situation que l’on n’a pas choisie, mais aussi en colère contre l’autre qui nous a “entrainé”, malgré lui évidemment, dans cette autre vie. Mais comme on sait que cette colère est injuste, alors la culpabilité fait place et si l’on ne prend pas garde, tous ces sentiments négatifs peuvent entraîner la famille vers le fond.
Se préserver ou s’oublier ?
Tous ces ressentis sont normaux. Il n’est pas anormal d’en vouloir à son conjoint pour une situation qu’il subit lui-même et qui n’est en rien de sa faute. C’est la nature humaine qui est ainsi. Cela s’appelle l’instinct de conservation. Pour se maintenir en vie, on attaque l’objet de notre souffrance. Même si cette source n’est pas fautive. Ce n’est pas quelque chose de logique et de réfléchi. Donc ne ressentez pas de la culpabilité. Si vous ressentez cela, c’est que votre esprit vous envoie un signal d’alarme. Il sent que l’effondrement est plus ou moins proche et vous demande d’agir pour l’éviter.
Accompagner l’autre, c’est aussi savoir se préserver. Il est important de se montrer disponible pour l’autre, mais aussi de savoir reconnaître ses limites à soi. Savez-vous pourquoi, dans les avions, on recommande en cas de problème de placer le masque à gaz d’abord sur nous-même et ensuite sur notre enfant ? Parce que si, entre temps, nous nous évanouissons, alors il n’y aurait plus personne pour prendre soin de celui qui nous est le plus cher. Quelqu’un à terre ne peut aider personne. Donc pour pouvoir aider au mieux votre conjoint dans cette épreuve, une des priorités est aussi de prendre soin de vous, en parlant de vos difficultés, en communiquant et en sachant prendre aussi parfois du recul.
Le plus souvent, le malade est conscient de l’implication difficile de son mari ou de sa femme. Il est important de partager ensemble nos ressentis pour que la souffrance de chacun puisse être entendue et reconnue. Si le malade a le droit de souffrir et de se plaindre, il faut que son conjoint se reconnaisse aussi ce droit.
Mes Conseils
- La priorité est de parler de ce que vous ressentez. Tout d’abord à votre mari évidemment. Il faut communiquer ! Si le couple sait préserver le dialogue, cette épreuve peut renforcer ses liens et ils pourront en sortir plus forts Bé’ézrat Hachem. Maintenir une communication sincère avec celui que l'on aime et qui souffre, aide énormément et débouche souvent sur de véritables trésors : on se révèle l'un à l'autre, on s'apprend l'un à l'autre et l'on redécouvre ensemble l'essentiel.
- Parlez de vos difficultés, de vos angoisses à une amie intime, ou, mieux encore, à un groupe de parole. Une thérapie de soutien s'avère souvent très bénéfique, car partager avec d’autres qui vivent la même chose que ce que l’on vit nous permet de nous sentir compris et d’appréhender parfois la situation sur un autre angle.
- Sachez prendre du recul et de la distance pour vous préserver : déléguer à de la famille, sortir avec des amies, prendre du temps pour soi, et si votre conjoint doit se faire hospitaliser temporairement, en profiter pour souffler. Vous devez saisir toutes ces possibilités sans culpabiliser.
- Maintenez ensemble la relation conjugale. Ce n’est pas simple selon la gravité de la maladie, mais il est important de savoir retrouver son rôle de mari et son rôle de femme, même le temps de quelques heures. Sachez vous retrouver tous les deux, comme avant, sans parler de la maladie. S’il ne peut pas quitter son lit, apportez-lui tout ce qu’il faut pour vous faire un dîner ensemble en tête à tête, parlez d’un sujet de l’actualité, etc. Il faut s’efforcer de retrouver vos petits moments de complicité à chaque occasion.
- Gardez la foi envers Hachem. N’est-Il pas Le plus grand de tous les médecins ? Priez ensemble avec votre mari, faites ensemble des Téhilim et ne perdez jamais espoir.
Qu’Hachem protège toute votre famille et que cette épreuve ne soit plus qu’un mauvais souvenir dans une longue vie heureuse avec votre mari. Amen.
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.