Récemment, j’ai décidé de m’y mettre. On n’ouvre plus un journal sans lire les bienfaits d’une activité physique régulière, à hauteur de 3 fois par semaine au moins. Mon souci de rester « fit » et de me maintenir en bonne santé, « Mens sana in corpore sano », m’a menée à m’inscrire à un cours de gym. Et justement, il y a dans mon quartier un centre communautaire qui offre toutes sortes d’activités, pour tous âges et toutes aspirations.
Ma prof de gym fait son métier avec passion. À première vue, je ne lui donne pas plus de 25 ans, petite, mignonne, souple, gracieuse, pleine d’énergie, elle ne nous lâche pas : « Les filles », nous dit-elle, alors que la moyenne d’âge du public frôle la quarantaine, « on commence… ».
« Flexe, pointe, ramener la jambe, les épaules en bas, pas besoin de crisper le visage, la jambe droite enfoncée dans le sol, pour permettre au corps de rester bien en équilibre, vous sentez comme un fil qui vous tire en haut de la tête, le ventre rentré, allez, on tient… on tient… »
Pas facile. Je sens les longs mois sédentaires peser dans mes jambes et mon corps.
Elle corrige, explique, passe inlassablement entre ces dames, ne se ménage pas et nous montre comment faire l’exercice correctement.
La méthode est celle de Pilatis, et mes courbatures au lendemain du cours me font découvrir des muscles dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
Quand je l’ai entendue dire qu’elle allait fêter la Bar-Mitsva de son fils, je suis restée ébahie. Elle a 10 ans de plus que ce que je lui avais donné.
Au fil des cours, je m’assouplis, les exercices deviennent moins difficiles et je comprends que cette méthode travaille sur « l’intérieur ». L’effort paye. Le corps se raffermit, la posture se redresse, et la sensation d’être bien dans sa peau m’envahit.
Ma prof est bienveillante. Elle nous lance des petits clins d’œil encourageants, ne désespère jamais de nos kilos en trop et de nos corps fatigués.
Elle répète comme un mantra : « Les muscles du ventre, le périnée, serré-serré, ramassé au possible !! » Elle nous dit : « Savez-vous comment une ballerine peut atteindre la délicatesse et la perfection du mouvement et donner cette impression de légèreté et de naturel ? C’est uniquement parce que tous les muscles intérieurs sont retenus, ramassés au possible, contrôlés, et alors seulement, elle peut improviser, faire un port de bras merveilleux, une pirouette époustouflante et s’envoler. »
Le secret, c’est « ramassé » à l’intérieur.
J’ai cogité sa phrase après le cours : la ballerine, le contrôle de soi quand les muscles sont serrés.
Mais n’est-ce pas là, au-delà du cours de gym, une leçon de vie ?
Comment puis-je faire quelque chose de moi, de ma vie, quand à l’intérieur je suis « ramollie », pleine de « self-compassion », à m’apitoyer sur mon sort, à chercher des coupables à mon malheur, à pleurer sur moi et tous ceux qui m’empêchent ou m’ont empêchée de faire des choses ?
Serré !!
Pour vivre la vie intensément et pouvoir improviser, devenir une virtuose, apprécier les instruments si parfaits que D.ieu m’a donnés à moi, personnellement, pour faire mon petit bout de chemin au mieux, je dois être forte, musclée à l’intérieur. Sinon, chaque souffle m’emporte : untel m’a vexée, unetelle ne m’a pas considérée, les enfants sont ingrats, le mari ne me comprend pas et le long cortège des frustrations et déceptions s’enchaine. La vie nous gifle à tort et à travers. On perd l’espoir et la déprime s’installe.
Donc, objectif « number one » : pas de doutes, il faut se muscler !
Mais une fois la décision prise, comment ne pas s’effondrer devant les difficultés et les contrariétés, voir au-delà ?
Pour reprendre l’image de la salle de gym, c’est bien beau de s’inscrire, de passer la porte de la salle de gym, de suer, mais comment, au bout de quelques cours, ne pas claquer la porte du fitness, avec un « y en a marre », déconfit ? Parce que c’est trop dur.
L’objectif « number two » doit donc être : comment tenir le long terme ?
La réponse est que la seule chose qui va nous aider à continuer, c’est de savoir que… Le Coach nous aime !
Oui, si je sais que mon Coach m’aime, est exigeant tout en étant suprêmement bienveillant, et veut mon bien, à l’infini, alors je tiens et je suis prête à faire l’effort.
Parce qu’Il a des ambitions pour moi, mon Coach ! Il veut que je sorte le meilleur de moi-même.
De plus, Il me connait à la perfection, et Il a réglé les instruments du fitness au millimètre près, et chaque fois que j’y arrive, Il se réjouit pour moi.
Et en y réfléchissant bien, un bon coach, c’est un coach qui ne me lâche pas, qui est sans cesse derrière moi. Alors, de quoi est-ce que je me plains ?
Un entraineur qui siroterait un coca, vautré dans son transat, avec sa serviette éponge autour du cou, tapotant son iPhone, et qui daignerait à peine jeter un coup d'œil à mes performances, sans jamais s’en émouvoir, serait un très, très mauvais coach.
Une salle de fitness comme allégorie de la vie ?!
Pourquoi pas !
Tiens ! Mes courbatures sont un peu moins douloureuses cette semaine.
Merci mon Coach !!