J’ai récemment reçu deux lettres sur l’implication des mères dans les Chidoukhim. La première était celle d’une jeune femme qui a malheureusement perdu son papa il y a quelques années. Elle exprime la douleur qu’elle a ressentie lorsqu’elle apprit que la mère du jeune homme à qui elle avait été recommandée s’opposa à sa « candidature » pour son fils, parce qu’elle était orpheline de père. Ses désillusions et déceptions ont été encore davantage exacerbées lorsqu’un jour, elle reçut un appel téléphonique au travail. Une femme qu’elle ne connaissait pas voulait monter au bureau pour la rencontrer, expliquant qu’elle avait été référée par un tiers dont la jeune fille n’avait jamais entendu parler. Une de ses collègues, sentant ce qui se passait, intervint en lui prenant le téléphone des mains et en raccrochant. Il s’avère que la femme au téléphone était la maman d’un jeune homme qui avait été suggéré pour elle et qui venait pour la rencontrer. La jeune femme exprima du ressentiment face à cet espionnage parental.
La seconde lettre, sur le même sujet, était d’une mère qui se plaignait de la demande des parents du jeune homme formulée au Chadkhan (entremetteur) : ils consentaient à une rencontre entre leur fils et sa fille uniquement s’ils pouvaient au préalable venir chez elle pour la rencontrer avec sa fille. Les deux auteurs des lettres s’opposent à cette nouvelle méthode de rencontres et me demandent de traiter ce sujet.
Chères amies,
Dans notre société contemporaine, la méthode traditionnelle de rencontres consiste à ce que le jeune homme se rende chez la jeune fille à la maison, et à cette occasion, il peut rencontrer sa famille (à condition bien sûr qu’elle vive encore à la maison). Ils peuvent se rencontrer des semaines, voire des mois, mais lorsque la relation devient sérieuse et le mariage envisagé, à ce stade seulement, le jeune homme invite la jeune fille chez lui pour rencontrer sa famille.
Examinons cet état de fait objectivement, sans préjugés. En toute honnêteté, pensez-vous que ce soit juste pour la famille du garçon ? Pourquoi n’aurait-elle pas droit aux mêmes prérogatives que la famille de la jeune fille ? Pourquoi doivent-ils rencontrer la jeune fille à un stade aussi tardif de la relation ? De plus, pensez-vous que ce soit juste pour vous (la jeune fille) ? Ne devez-vous pas, tout comme le jeune homme que vous rencontrez, rencontrer sa famille tout comme il a appris à connaître la vôtre, avant de vous engager ?
Si vous lisez mes articles et m’avez entendu parler, vous savez que les conseils que je prodigue ne s’appuient jamais sur ma propre opinion, car je pourrais avoir tort et je ne peux jouer avec la vie d’autrui. Les conseils que j’offre reposent toujours sur les enseignements de notre Torah qui a résisté à l’épreuve du temps et nous a soutenus au fil des siècles. La question que nous devons nous poser est la suivante : quel est l’avis de la Torah sur les Chidoukhim ?
Lorsque notre ancêtre Avraham a été prêt à faire un Chidoukh pour son fils Its’hak, il en a confié la charge à son fidèle serviteur Eliézer, afin qu’il prenne des renseignements sur la jeune fille et sa famille. Eliézer se rendit dans la ville natale de Rivka et lui fit passer un test très difficile. Après l’avoir réussi et après avoir rencontré sa famille, le Chidoukh fut lancé. Il n’y avait rien de neuf à l’idée que les parents d’un garçon souhaitent connaître la jeune fille et sa famille avant d’envisager un Chidoukh possible. En réalité, dans certains cercles très traditionnels, lorsqu’on fait une recommandation pour un Chidoukh, les parents du jeune homme accompagnent leur fils pour le premier rendez-vous afin de rencontrer leurs potentiels Me’houtanim, les parents par alliance ainsi que la jeune fille. Une fois les présentations faites et après que les deux familles ont fait connaissance, le jeune couple sort en rendez-vous. Il existe de nombreuses variantes à ce processus. Parfois, la mère du jeune homme invite la jeune fille à déjeuner, soit au restaurant, soit à la maison. Dans d’autres cas, un tel rendez-vous n’a lieu que lorsque le jeune homme a exprimé un intérêt sérieux. Mais dans tous les cas, cette rencontre a bien lieu. Dans les milieux ‘hassidiques, il va de soi que la mère du jeune homme rencontre la jeune fille avant tout. Ce qui est important, néanmoins, c’est qu’en aucune de ces situations, les parents de la jeune fille, ou la fille elle-même, ne prennent ombrage de telles rencontres. Au contraire, elles l’accueillent avec plaisir. Je pense que vous avez trouvé cette idée repoussante, non seulement parce que vous ne l’avez jamais vécu, mais aussi en raison de la manière sournoise et maladroite dont elle a été appliquée. La méthode pernicieuse de la mère qui voulait vous voir au travail vous a irritée et a renforcé votre sentiment de vulnérabilité. Il n’y a aucune raison pour laquelle la mère d’un garçon doit avoir recours à un tel subterfuge. J’ai entendu parler de toutes sortes de ruses employées par les mères pour observer la jeune fille rencontrée par leur fils, et elles sont toutes déplaisantes. D’un autre côté, si la mère d’un jeune homme s’était montrée transparente et avait demandé une rencontre avec vous, je suis certaine que vous auriez été ouverte à l’idée, et je suis persuadée que votre propre mère l’aurait accepté également. Après tout, un Chidoukh est la décision la plus importante de la vie et il semble tout à fait logique que chaque aspect doive être exploré.
Je déplore que votre collègue ait raccroché au nez à cette mère. Il aurait été bien plus intelligent de lui dire ouvertement que si elle souhaite vous rencontrer, elle doit prendre rendez-vous. Elle aurait pu lui dire que vous êtes adorable et que vous seriez enchantée de lui parler, mais pas de cette manière. Car après tout, cette mère est peut-être une femme dévouée qui tente uniquement de trouver à son fils un parti approprié, mais ne sait pas trop comment s’y prendre. A l’avenir, prenez l’initiative et dites au Chadkhan directement que vous n’avez aucune objection à rencontrer la famille du jeune homme, tout comme le garçon rencontre la vôtre lorsqu’il vient chez vous.
Quant à l’incident lié à une mère qui s’opposait à vous parce que vous avez perdu votre père, je n’ai pas de mots pour un tel manque de sensibilité. Mais en réalité, vous ne voudriez pas non plus d’une telle belle-mère !
Je peux vous assurer que votre père, au ciel, ne garde pas le silence. Il œuvre pour vous et implore Hachem pour que vous trouviez un bon Chidoukh, soyez-en assurée, et avec l’aide de D.ieu, cela se produira très bientôt.