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Middot

Rav Yochiahou Pinto : "Diriger ses mauvaises middot à des fins positives"

Mis en ligne le Mercredi 29 Mai 2013

Les gens se trompent sur la définition d'un ba'al téchouva ; il s'agit pour eux d'une personne coléreuse qui travaille sur elle-même et cesse complètement de se mettre en colère. Ils définissent le ba'al téchouva comme une personne qui brise ses mauvaises midot (traits de caractère) et corrige sa conduite. Ainsi définit-on généralement un ba'al téchouva. Mais le Ba'al Chem Tov réfute cette définition.

"Et ils [les enfants d'Israël] Me prépareront une offrande : de toute personne se montrant généreuse, vous recevrez Mon offrande" (Chémot 25, 2). Le Ba'al Chem Tov explique qu'une personne dotée d'une mauvaise mida (trait de caractère) ne doit pas s'en débarrasser mais la garder, en l’utilisant à des fins positives. Une personne qui a du caractère doit conserver cette nature… et exprimer son mécontentement lorsqu’elle est témoin de transgressions, de mauvaises conduites, par exemple. Il ne faut pas hésiter à extérioriser sa contrariété lorsque cela est nécessaire ! Quiconque connaît un désir, doit orienter cette attirance vers quelque chose de positif. Il ne faut pas le supprimer ! Hachem a fait naître l'homme dans le monde et il lui incombe de se servir de ses traits de caractère à des fins positives.

 
Je vais vous raconter une histoire qui renferme un grand enseignement :

Un homme simple prit une fois le train. Il se retrouva assis à coté d'un homme très riche, qui tenait en main une cage où se trouvait un oiseau de très grande valeur. L'oiseau piaillait et sifflait des mélodies durant tout le trajet. Le pauvre, contemplant la scène, demanda au riche combien coûtait cet oiseau. Le riche lui répondit qu'il valait 500 pièces d'or ;  c'était l'oiseau le plus cher du monde. Le pauvre était stupéfait. Un oiseau valant 500 pièces d'or, une somme aussi énorme !

Le pauvre rentra chez lui et raconta à sa femme ce qui lui était arrivé. La femme lui dit qu'ils étaient déjà âgés de 65 ans et qu'ils avaient eu une vie difficile, remplie d'épreuves. Elle lui suggéra de vendre tout ce qu'ils possédaient et d'acheter l'oiseau, de le cuire et le manger. Ils connaitraient ainsi, une fois dans leur vie, une grande joie. Ils avaient connu tant de tristesse et de difficultés que le pauvre, lui aussi, était d'accord d'éprouver, pour une fois, une grande joie. Il alla ainsi taper à la porte du riche et lui demanda de lui parler de son oiseau. Le riche le lui décrivit : il s'agissait d'un oiseau exceptionnel, de grande valeur… Le pauvre questionna s'il était possible de l'acheter. Le riche lui indiqua une île lointaine où l'on pouvait acheter de tels oiseaux.

Le pauvre vendit sa maison, ses vêtements, les bijoux de sa femme, tout ce qu'ils possédaient et ramassa ainsi 500 pièces d'or. Il se rendit sur l'île, acheta l'oiseau, le plaça dans une cage et tout tremblant, animé d'une grande joie, rentra chez lui avec l'oiseau. Il fit appel à un cho'het qui égorgea l'oiseau d'après la loi. Il proposa ensuite à sa femme de partager cet oiseau, si cher, en cinq morceaux et de le cuire en cinq fois avec cinq saveurs différentes. Il coupa un premier morceau. Ils le préparèrent puis se mirent à table. Mais la viande était sèche, impossible à manger; elle n'avait ni goût ni saveur. Ils se dirent que la recette n'était peut-être pas la bonne. Ils en tentèrent une autre et agrémentèrent le morceau de toutes sortes d'épices. Mais à nouveau, le plat fut totalement fade. Troisième morceau. Ils emploient toutes leurs ressources mais cette fois encore, ni goût ni saveur. Plus que deux morceaux !

Il court chez le riche et lui raconte qu'il a vendu sa maison, les bijoux de sa femme, les vêtements, en fait, qu'il a tout vendu pour acheter un oiseau comme le sien et qu'il désire en faire un bon plat. Le riche éclate de rire et lui répond que cet oiseau est venu au monde non pas pour être consommé mais pour chanter. Ce pauvre avait brûlé tout ce qu'il possédait : la maison, les bijoux, les meubles..! Cet oiseau n'était pas destiné à être cuit mais à chanter.


C'est la même chose. Chaque personne vient au monde pour accomplir une chose en particulier. Celui-ci a du goût, celui-là une belle voix, etc. Chacun vient au monde avec des traits de caractères et doué de potentiels accordés par D. afin d'accomplir ce qui lui incombe. L'un peut réaliser telle chose, l'autre telle autre chose... Ce que l'un peut accomplir, l'autre ne peut l'accomplir. Chacun est complémentaire avec l'autre

 La guemara dit qu'il n'existe pas deux personnes qui se ressemblent. Le Noda Biyéhouda affirme qu'il n'existe pas deux personnes qui se ressemblent. Nous apprenons cet enseignement dans la parachat Toldeot : il n'existe pas même deux jumeaux qui se ressemblent.

La guemara rapporte que de même que l'aspect extérieur des gens est différent, leurs manières de penser sont différentes. Il n'existe pas deux personnes dont les réflexions sont totalement identiques. Il n'existe pas des associés qui pensent exactement pareil. Même une pomme ne ressemble pas à une autre ; ni même une goutte d'eau, ni même un flocon de neige ne ressemble à un autre. L'homme pense qu'ils sont identiques. Ils se ressemblent, certes, mais ne sont pas identiques. Chacun a son propre visage, sa propre manière de penser, ses propres réflexions, sa propre voix, etc.

On raconte que lorsque Baba Salé mangeait une pomme, il la tenait dans la main et disait à tout le monde : "Regardez, cette pomme que D. a créée dans le monde est unique. Les autres pommes peuvent lui ressembler, avoir un goût similaire, mais elles ne sont pas identiques. Chacune est unique."

Remercions Hachem de ce qu'Il nous a donné car chaque chose possède un caractère unique.

Il en est de même dans la vie de l'homme. L'homme a parfois une journée difficile et se questionne à propos du lendemain. Qu'en sera-t-il ? Est-ce que ce sera également difficile ? La réponse est non. Chaque jour possède une existence propre. Chaque heure possède une existence propre. Chaque instant a une existence propre. Il n'en existe pas deux qui se ressemblent. Ça se ressemble un peu, peut-être, mais ce n'est point identique.

Une personne se dispute avec son ami ; elle le déteste, le poursuit. Pourquoi? Car il lui a fait une fois du mal. Pourtant, c'est passé, ce fut une fois.

Chaque instant constitue un monde à part entière. Chaque instant constitue une autre réalité, un autre monde. Chaque instant est totalement différent et ne ressemble en rien au précédent. C'est pourquoi, l'homme doit être lié à la Torah car il se raffine, il se renouvelle et devient une réalité totalement différente.

Lorsque les béné Israël construisirent le michkane, Hachem doua Betsalel d'une grande sagesse : Betsalel savait exactement comment utiliser l'argent que chacun donnait. L'argent du tsadik, pilier du monde, servait pour le kodech hakodachim. Betsalel était capable de placer l'argent de chaque personne d'après l'essence de son âme. Cependant, pour une chose, ils prirent l'argent de tous : pour la construction de l'Arche d'Alliance, où se trouvaient les Tables de la Loi. Tous y participèrent. Pourquoi ? Nous avons pensé expliquer de la manière suivante.

Les personnes sont  attirées par diverses choses. Certains sont davantage tournés vers le 'hessed, d'autres vers la tsédaka, etc. Mais concernant la Torah, chacun doit y participer de la même manière. La Torah hakedocha (sainte Torah) est le fondement de tout le peuple d'Israël. "Tous mes membres diront : "Seigneur, qui est comme Toi ?"" (Téhilim 35, 10) Tous les membres de l'homme, toutes ses pensées, toute son existence, doivent être liés à la Torah hakedocha, qui est le "saint des saints". C'est elle qui élève le peuple juif et le protège.

Chaque personne doit fixer des temps d'étude de la Torah. Chaque personne doit avoir une part dans la Torah, chacun d'après l'essence de son âme. Certains sont davantage attirés par  la halakha (l'étude de la loi) : ils doivent investir tous leurs efforts dans la halakha. D'autres sont davantage tournés vers la guemara : ils doivent investir toutes leurs énergies dans la guemara. Pour d'autres, c'est la 'hassidout : à eux d'y investir tous leurs efforts. D'autres encore sont attirés par les paroles de moussar, par les récits des sages ; ils doivent y investir toutes leurs énergies.

Quoi qu'il en soit, peu importe de quelle manière, l'homme doit posséder une part dans la Torah hakédocha. Il bénéficie alors d'une grande aide divine ; Dieu l'aide dans tout ce qu'il entreprend. Toutefois, si quelqu'un ne peut étudier toute la journée, il doit soutenir la Torah. Celui qui soutient la Torah bénéficie d'une grande aide divine.

Rabbi Ya'akov Abi’hssira rapporte dans [son ouvrage] Pitou'hé 'Hotam le commentaire suivant.

Il est écrit : "A l'ombre de la sagesse, à l'ombre de l'argent" (Kohélète 7, 12). La guemara rapporte que dans la vie future, D. dressera une grande 'houppa (dais nuptial). Il fera une yéchiva où seront assis ceux qui ont étudié la Torah ainsi que ceux qui ne l'ont pas étudiée mais qui l'ont soutenue. Rabbi Ya'akov Abi’hssira dit que cela est très bien pour celui qui a étudié la Torah ! Il pourra écouter les cours des tsadikim. Par contre, comment fera celui qui n'a pas étudié la Torah ; il ne comprendra pas ? L'étude de la guemara est difficile ! Il s'assoira parmi les tsadikim sans être véritablement présent ? Rabbi Ya'akov Abi’hssira apporte des preuves et affirme que celui qui a soutenu la Torah et ne l'a pas étudiée, Hachem, Lui-même, dans toute Sa gloire, lui enseignera la Torah.

 

>> Appel : l'association Torah-Box prépare l'édition du premier livre en français du Tsadik, Rav Yochiahou Pinto. Ceux qui veulent participer à son financement et le dédier à la mémoire d'un proche, nous contacter par email : [email protected] ou par téléphone en France : 01.80.91.62.91)

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