Vous avez sûrement déjà été invité à un mariage séparé et vous vous êtes demandé comment on peut être extrémiste au point de séparer les hommes et les femmes… Ne vivons-nous pas dans une société mixte et n’y sommes nous pas parfaitement à l’aise ? Il est vrai qu’il faut respecter la tradition religieuse, mais ne faut-il pas aussi être modéré et avoir un minimum d’ouverture d’esprit par rapport à la société moderne ?
Cela s’entend mais si les juifs religieux tiennent tant à cette séparation, c’est qu’il doit y avoir de sérieuses raisons à cela. Quelles sont ces raisons ?
Dans la parachat Kédochim, il est dit (Vayikra 19,2) : « Soyez saints car Je suis saint, a dit Hachem votre D. ». D’après le Midrash, cette injonction contient toutes les mitsvot de la Torah (Vayikra Rabba 24,5). Car l’accomplissement des mitsvot de la Torah ne représente pas un but en soi mais seulement un moyen d’atteindre la sainteté (Sifrei sur Bamidbar 15, 40). D’après certains commentateurs (Rachi), cette injonction désigne essentiellement l’interdiction des relations interdites. Cette interdiction des relations interdites précède tout naturellement l’ensemble des mitsvot de la Torah. En effet le respect des interdits touchant à l’immoralité dans le domaine de la conduite intime permet justement d’atteindre la sainteté. Or s’il n’y a pas de sainteté, cela conduit à une annulation de toutes les mitsvot (Béer Itshak).
En d’autres termes, ce qui ressort des enseignements de nos Maîtres, c’est que la conduite morale dans le domaine spécifique des relations interdites constitue le fondement de toute la Torah. Quel rapport, me direz-vous avec le problème des mariages séparés ?
Pour comprendre la réponse, il faut admettre d’emblée que la Torah est divine et que sa profondeur et sa perspicacité dépassent et de très loin, l’intelligence humaine. Nos Sages, lorsqu’ils nous expliquent les lois de la Torah, telles qu’ont été révélées à Moché Rabbénou par D. Lui-même, ou même lorsqu’ils mettent en place des décrets rabbiniques sont dotés de l’inspiration divine.
La volonté manifeste de D. est que le peuple juif tout entier atteigne la sainteté. C’est pourquoi la paracha de Kédochim a été dite en public, comme l’explique le Alchikh hakadoch. Or pour pouvoir atteindre cette sainteté, il faut adopter une conduite bien spécifique notamment dans le domaine de la séparation des hommes et des femmes. C’est ce qu’explique le Otsar haguéonim en ces termes : « Il est interdit que les hommes et les femmes soient mélangés que ce soit lors d’un repas ou bien lors de toute occasion. Les hommes devront résider seuls et les femmes seules. La source de cette halakha se trouve dans le traité Soucca 52a »
Le mariage est le jour le plus saint dans la vie d’un homme et d’une femme, au point que toutes les fautes sont pardonnées, comme l’explique l’Admour de Belz, Rabbi Yissakhar-Dov Zatsal sur le verset des Tehilim (139,16) « Des jours ont été créés, et à Lui un parmi eux ». Il s’agit du jour de la ‘Houpa comparable à Yom Kippour et plus cher aux yeux d’Hachem que tous les autres jours de la vie de l’homme.
Cela explique le minhag dans certaines communautés, selon lequel les gens viennent voir le visage du ‘Hatan avant la ‘Houpa pour contempler le visage d’un homme lavé de toute faute. Le Chlah hakadoch explique que le ‘Hatan et la Kala doivent se sanctifier à l’extrême avant d’entrer sous la ‘Houpa. En effet, les paroles de nos Sages dans le Talmud Yérouchalmi, traité Bikourim, chapitre 3, halakha 3, sont connues : « Hachem pardonne leurs fautes ». Le ‘Hatan et la Kala doivent avouer leurs fautes devant D. et Lui demander pardon. Ils devront prendre la résolution ferme de servir Hachem dans la droiture et la vérité et de devenir saints et purs. Ils prieront pour que la Chekhina réside entre eux, comme il est dit dans Pirké Avot : « Si l’homme et la femme le méritent, la Chekhina réside entre eux ».
On est bien loin de la vision répandue des choses selon laquelle le mariage ne serait finalement qu’un accomplissement social doublé d’une fête mondaine, accompagnée de feux d’artifices et autres divertissements légers… La tenue vestimentaire, la salle de réception, l’orchestre, le repas, bien loin de constituer l’essentiel, ne sont finalement que des moyens à mettre au service d’un but grandiose qui est celui de transformer le jour du mariage en une expérience spirituelle d’une intensité unique, pas moins élevée que le jour de Yom Kippour !
Les danses mixtes, et le fait même que les hommes et les femmes s’assoient ensemble, ne sont pas compatibles avec la sainteté extrême de ce jour. Il peut arriver que les parents du ‘Hatan et de la Kala ne soient pas d’accord sur le principe d’un mariage séparé pour des motifs divers et variés (manque d’ambiance, peur de froisser les membres non- religieux de la famille etc). On peut leur répondre et l’expérience le prouve que les mariages les plus joyeux et de loin, sont justement les mariages totalement séparés… Tout simplement parce que la joie qui y règne est une joie pure et désintéressée. En effet, comme l’explique le Beth Chmouel au nom du Ba’h sur Even ha’ezer 62,11 : « Il n’y a pas de joie lorsque le Yetser hara domine ». Lorsqu’il y a mixité, cela entraîne la transgression d’interdits graves de la Torah (pensées interdites et visions interdites) ; nous sommes alors dans le domaine du Yetser hara, c'est-à-dire des forces négatives. Par conséquent, la joie qui règne dans ces ambiances de mixité n’est pas authentique ; c’est une joie superficielle.
D’autre part, le ‘Hatan et la Kala doivent prendre conscience qu’il s’agit de LEUR mariage, et que par conséquent, s’ils ont décidé de faire plaisir à Hachem en faisant un mariage séparé, c’est à eux seuls qu’il incombe de prendre cette décision.
Ce jour sublime devra être un jour de téchouva, de bonnes résolutions et par conséquent de joie, mais d’une joie vraie et profonde. Décider de faire un mariage séparé, c’est commencer sa vie de couple dans les meilleures conditions et cela évite de débuter avec un passif dès le premier jour du mariage…Puisse Hachem inspirer les couples en formation et les guider dès leurs premiers pas sur les voies de la sainteté et de la pureté. Amen.